Après l’ordre mâle aux Chambres fédérales, l’ordre divin

Publié dans le Temps, le 18 décembre 2017.

La session des Chambres fédérales a pris fin, avec des débats sur le budget et sur le harcèlement sexuel, avec la pire des conclusions possibles, celles où les victimes sont prises pour les responsables.
Avec des amis pareils, elles n’ont pas besoin d’ennemis. Il n’aura fallu que deux semaines pour réaliser que le Palais fédéral reste un truc de mecs, avec quelques femmes à côté, pour faire joli.
En politique, tous les coups sont permis. Sauf quand il est question de bibine et de fesses. Les mêmes qui, d’ordinaire, se tirent dans les pattes à la moindre occasion, se découvrent soudainement une franche camaraderie dès lors qu’il est question de se protéger parmi, de justifier une main baladeuse ou d’expliquer un commentaire dégradant.
Ce même parlement censé adopter des règles pour protéger les victimes. Ces mêmes parlementaires qui vous bassinent lors des élections fédérales pour durcir le droit pénal contre les délinquants. Ces mêmes élus qui vous pondent une motion à chaque fait divers et exigent la démission d’un juge fédéral à chaque fois que l’internement à vie n’est pas prononcé.
Et là, tout à coup, dès lors qu’il est question d’un collègue qui a fauté, on se serre les coudes. On balance sa voisine. A tel point que les autres n’osent plus rien dire. J’en ai entendu des détails, des histoires de mains égarées jusque sous des jupes non consentantes. Et croyez bien qu’après le traitement fait à celle qui a le courage de parler, plus personne ne s’exprime.
Il y a celui par qui tout a commencé. Pour lui, c’est fini. Mais ils sont nombreux, les autres, ceux qui cautionnent sans trop le dire. Qui, derrière leurs mauvaises blagues à faire semblant d’éviter l’ascenseur, n’en pensent pas moins, et se disent qu’une « main au cul », c’est pas si grave. D’ailleurs, on « l’a tous fait », m’a-t-on dit.
Alors voilà, peut-être qu’il est temps d’admettre qu’on s’est trompé. Que l’on ne peut encore pas attendre du Parlement qu’il se montre moderne et en phase avec la société qui l’a élu. Quand on découvre qu’un parlementaire se comporte en harceleur, on reproche aux victimes de se taire. Et quand on en trouve une qui s’exprime, on lui jette sa jupe à la figure.
Lundi passé, le lobby suisse du cinéma nous a offert l’« Ordre divin », un bon film sur l’octroi du droit de vote aux femmes. En DVD. Vu la fraicheur de certaines mentalités, il fallait distribuer en vieilles cassettes VHS.

Vente de médicaments en-ligne: une ouverture dans l’intérêt de tous

Interpellation déposée au Conseil national, le 15 décembre 2017.

Les acteurs qui souhaitent vendre par correspondance des médicaments non soumis à ordonnance (over the counter, OTC) se retrouvent dans une situation absurde.
La loi actuelle interdit la vente de ces médicaments par correspondance. Or, le commerce électronique encourage le tourisme d’achat à l’étranger et les ventes en ligne sont en progression pour les médicaments dont la qualité et la sécurité n’est alors pas contrôlée. Ces produits importés sur le marché gris constituent une concurrence déloyale mais aussi un danger sanitaire.
La pratique actuelle selon laquelle une ordonnance établie par un médecin est nécessaire pour la vente par correspondance de médicaments OTC – alors que ceux-ci sont en vente libre dans les pharmacies et drogueries stationnaires – est un obstacle pour les vendeurs et pour les consommateurs. Lors de la séance d’informations réglementaires du 11 décembre 2017, Swissmedic a annoncé que l’automédication devait être encouragée et la vente libéralisée. Outre les assurés, les personnes à mobilité réduite, les patients souffrant de maladies chroniques, les citoyens des régions périphériques et les entrepreneurs innovants sont pénalisés. Quant aux pharmacies et drogueries suisses, elles ne peuvent pas développer d’activité d’e-commerce au XXIème siècle !
1. Quelles mesures le Conseil fédéral prévoit-il pour encourager l’automédication et permettre la vente?
2. Comment juge-t-il le potentiel de la vente par correspondance pour approvisionner les régions périphériques?
3. Estime-t-il possible d’autoriser le conseil par des spécialistes en-ligne, y-compris avec des outils automatiques de restriction ?
4. Sachant que la branche estime que la vente par correspondance peut engendrer jusqu’à 12% d’économies pour les médicaments soumis à ordonnance et jusqu’à 30% pour les OTC ; comment le gouvernement se positionne-t-il à ce sujet ?
5. Vu les expériences vécues dans les autres marchés en lien avec le e-commerce et les échecs du commerce de détail traditionnel, que propose le Conseil fédéral pour permettre à la branche de faire face aux nouveaux modes de consommation des patients ? Le gouvernement ne craint-il pas que la législation actuelle ne bride la branche en faveur des concurrents étrangers ?

Numérisation : un nouveau statut pour le marché du travail

Postulat déposé au Conseil national par le PLR, dont je suis le porte-parole, le 14 décembre 2017. Le Conseil fédéral recommande d’accepter ce postulat (21.2.2018)

Le postulat demande que le conseil fédéral examine un nouveau statut pour les travailleurs actifs dans les domaines numérisés, par exemple sur des plateformes électroniques. Le statut doit contenir une protection sociale adaptée, mais qui reste en dessous du niveau des employés. Dans ces situations, le nouveau statut doit pouvoir , être choisi par les parties. Il doit avoir des critères de sélection clairs afin de garantir une forte sécurité juridique et de planification.
Développement
Les personnes actives par l’intermédiaire de plateformes numériques ne bénéficient souvent pas d’un statut clair. Cette forme de travail augmentera en lien avec la digitalisation. En cas d’incertitudes il est actuellement décidé qu’il s’agit d’une relation de travail. En plus des conséquences financières, la flexibilité des personnes concernées est restreinte et l’insécurité juridique est créée.
Dans son rapport sur les conséquences de la transformation numérique sur le marché du travail, le Conseil fédéral a admis qu’une action était nécessaire. Avenir suisse propose un nouveau statut mixte d’employé indépendant dans son étude « Quand les robots arrivent ».
Le postulat propose ainsi d’analyser la création d’un nouveau statut pour les indépendants actifs sur les plateformes. Au lieu de devoir choisir entre les statuts actuellement disponibles, ce nouveau statut permettrait de proposer une solution intermédiaire aux personnes concernées. Les contenus obligatoires du nouveau devraient être maintenus à un minimum. Il s’agirait ainsi principalement de mettre en place une protection sociale adaptée. Les parties contractuelles devraient renouveler leur engagement envers ce nouveau statut à chaque nouveau mandat. Les solutions sociales peuvent être maintenues.