Avant la Constituante, la politique sans les partis en Valais

L’Appel citoyen veut proposer des listes sans étiquette, mais aussi sans programme commun, snobant les autres partis, qui pourtant garantissent le débat démocratique. Pas étonnant d’ailleurs qu’ils comptent en général parmi les premières victimes des totalitarismes.

Avec le retard convenu d’un canton à majorité conservatrice, nous, les Valaisans, allons réviser aussi notre Constitution. Comme avant-dernier canton, nous nous inspirerons du travail des autres. C’est une Assemblée constituante qui rédigera le nouveau texte. Elue à la fin de l’année.

Un mouvement autoproclamé «citoyen» prétend dépasser les clivages partisans en proposant des listes communes. Sur ces listes figureront des personnalités que rien ne rassemble. En tout cas pas un projet politique. Faire de la politique sans parti est une mode qui rejaillit de temps à autre. Le débat politique est stérile, pense-t-on. Alors on l’anesthésie. On affirme une fois pour toutes que tout le monde est en réalité du même avis. Que ce sont les étiquettes qui créent la confrontation, pas les opinions.

Même Poutine n’a pas osé

Un temps, les partisans de la «société civile» ont même soutenu l’idée de ne présenter qu’une liste réunissant tous les partis. Sans ces ennuyeux combats politiques. Un petit groupe décide seul de ceux qui méritent de représenter le peuple. Et finalement, une élection tacite, c’est plus économique. Même Poutine n’a pas osé. On tend à prendre l’affirmation de valeurs pour une forme de sectarisme. C’est pourtant méconnaître le fonctionnement de la démocratie.

Toutes les idées ne se valent pas. J’espère toujours une défaite cuisante de mes adversaires politiques. Non qu’ils me soient antipathiques. Mais je ne crois pas à leur projet de société, à défaut de quoi j’y adhérerais. Cela est encore plus flagrant pour la rédaction d’une Constitution. Droit de vote des étrangers, frein aux dépenses, rôle de l’Etat: on n’appuie pas sur le même bouton que l’on soit libéral, socialiste ou conservateur.

Comme aimer le foot sans équipes

Pourtant, la pluralité partisane a mauvaise presse. Et pas seulement dans les grandes démocraties russe ou vénézuélienne. Chez nous aussi, on tend à prendre l’affirmation de valeurs pour une forme de sectarisme. C’est pourtant méconnaître le fonctionnement de la démocratie. Elle impose le pluralisme et la confrontation des idées. Avec, à la fin, un gagnant et un perdant. Vouloir faire de la politique sans partis, c’est comme aimer le football sans équipes. Des joueurs qui courent dans tous les sens, sans direction et sans but. Un spectacle qui perd tant de sa substance que de son intérêt.