La franchise ou la prime d’assurance maladie, il faudra choisir

Publié dans le Temps, le 10 septembre 2018

A l’approche de la traditionnelle augmentation des primes d’assurance-maladie, il est peut-être temps de réfléchir à cette répartition des coûts de la santé qui ne cessent, et ne cesseront, de croître. Et repenser le système. Sans tabou.
On ne réduira pas les coûts de la santé. Notre société n’en veut pas. Les patients n’en veulent pas. Le personnel médical n’en veut pas. La balance démographique n’en veut pas.
L’automne arrive. Inlassablement, la même mauvaise nouvelle de l’augmentation des primes nous attend. Préparez-vous aux formules magiques des uns, au fatalisme des autres. En fin de compte, il faudra avaler une nouvelle couleuvre.
Les Suisses se plaignent de ces augmentations de prime. Pas de leurs propres coûts de santé. La nuance est de taille. La prime, c’est ce que l’on dépense pour les autres. Ce qui est mutualisé, la part sociale. Elle augmente, que vous soyez très malade ou en parfaite santé. Elle ne tient pas compte de vos comportements. Elle dévore à petit feu le pouvoir d’achat des ménages. La franchise, c’est la part que vous assumez pour vous. Et chaque franc de franchise est un franc qui ne pèse pas sur les primes, par un jeu de vases communiquant.
L’assurance-maladie obligatoire est devenue une assurance tout risque. Une casco complète. Selon le modèle de base, passés les trois cents premiers francs de la franchise, c’est open bar pour le reste de l’année. Ces Frs. 300.- constituent le seuil à partir duquel on considère qu’il serait antisocial d’exiger des patients qu’ils assument leurs propres frais. Or, s’il paraît illusoire de réduire les coûts de la santé, on peut encore diminuer la partie qui plombe les primes. Augmenter les franchises, c’est réduire les primes.
Il est politiquement incorrect de le dire. La grande maladie de notre système de santé, c’est son trop-plein de solidarité. C’est cette idée qu’au-delà de 300.- par année, les autres doivent payer. Vingt-cinq francs par mois : le seuil de la prise en charge individuelle. Trois paquets de cigarettes. Ce que certains dépensent en deux jours pour goudronner leurs poumons, on ose à peine le leur demander pour les soigner.
Les projets d’augmentation de la participation aux coûts sont légion. Ils suscitent toujours la même levée de boucliers. Il n’y a malheureusement pas de gentille fée cachée dans une grotte qui attend impatiemment qu’on lui envoie la facture de notre système de santé. C’est à nous qu’il reviendra toujours de l’acquitter. Et si ce n’est pas en adaptant les franchises, ce sera en augmentant nos primes. Il faudra choisir, encore et toujours.