Frankenstein, Terminator et la 5G

La technophobie nourrit les fantasmes les plus irrationnels et les chefs-d’œuvre de science-fiction. Elle est aussi devenue le moteur de campagnes électorales malsaines. C’est pourtant l’ignorance qui doit être crainte.

«Les premières recherches faites de manière indépendante sur les effets sanitaires des émetteurs de téléphonie mobile donnent des résultats effrayants.» C’était l’accroche d’un article publié en 1999 dans le Journal du regretté Franz Weber: Les Natels pollueur.

On y apprenait qu’à Neuhausen, les ondes créaient des troubles de la vue et du cœur. A Zurich, les habitants dormaient dans des caves pour échapper aux radiations des téléphones. Les gens, pris de peur, fuyaient leur domicile. Les prix de l’immobilier s’effondraient. Comble de l’horreur, les opérateurs corrompaient les autorités pour multiplier les antennes et nous empoisonner tous. La téléphonie mobile allait aboutir à une mutation génétique généralisée.

Je n’exagère rien. Ce sont les mots d’un résistant de la première heure à l’invasion numérique. Avec du recul, on sourit de cette fin du monde absurde. Le Natel D nous aura finalement épargnés.

Des superstitions

La technophobie n’est pas fille de la 5G. Elle ravage les esprits depuis l’époque industrielle. Au moins. Elle a donné naissance à quelques mythes. A Frankenstein, à Terminator. Aux romans de Philip K. Dick, comme dans Blade Runner, où l’humanité de 2019 devait combattre des androïdes tueurs. Avec nos smartphones, on n’est pas passé loin.

Plus le savoir croît, plus les superstitions prolifèrent. Contre la robotisation. Contre le génie génétique. Contre les pesticides. Par le mouvement anti-vaccins, imperméable à toute pensée sérieuse. Prêt à laisser s’étendre des pandémies de rougeole et crever la population. Au diable l’intelligence humaine, Dieu reconnaîtra les siens.

Panique réactionnaire

La panique réactionnaire a maintenant saisi les députés. Les Don Quichotte cantonaux combattent la fleur au fusil les antennes-relais. Les prenant dans leur délire pour des monstres de métal magique. En année électorale, on défend un principe de précaution qui protège surtout de la raison, au profit de pseudosciences farfelues. Des voix mal acquises, sur le dos du progrès technique indispensable à l’amélioration de notre quotidien et de notre développement.

Le rôle des élites est de raisonner. De prendre du recul. Pas de flatter l’ignorance et la peur. En violation crasse de leurs compétences, plusieurs élus imaginent bloquer le progrès. Au mieux, on rira d’eux comme des Natel tueurs. Au pire, comme avec les vaccins, ils nous tueront.