1er août à Neuchâtel

Discours prononcé le 1er août 2017, à Neuchâtel.

Chers amis Neuchâtelois, Chers amis Confédérés,
Mesdames et messieurs d’ailleurs qui jouissez des plaisirs de notre pays en cet été 2017.
L’honneur est grand de s’exprimer ce soir devant vous. Et quand je lis la liste des personnalités qui m’ont précédé à cette tribune, je me dis que la barre est placée haute.
Nous sommes réunis ce soir pour fêter notre pays, la Suisse, ses valeurs, sa cohésion. Non seulement un pacte conclu entre quelques alémaniques il y a plus de 700 ans, mais aussi les épreuves qu’elle a traversées depuis, et qu’elle a surmontées. Un peuple, qui malgré ses différences, a toujours su trouver dans ce qui le rassemblait les raisons de surpasser ce qui le divisait.
Diviser. C’est le mot à la mode. On peut opposer le Haut au Bas. Le Haut Valais au Bas Valais. Romands et alémaniques. Chrétiens et protestants. Béliers et sangliers. La Suisse ne s’est pas faite de nos ressemblances, mais de nos différences.
La Suisse n’a pas été facile à construire, et cette construction se poursuit jour après jour. Quand Moutier choisit son destin, quand des cantons se posent la question de leur identité face aux choix fédéraux ou quand l’impression d’être soumis aux choix de l’autre, du plus fort.
La Suisse, c’est cette capacité d’entendre le minoritaire, de l’intégrer pour éviter que le tout ne se désintègre, et c’est ce que nous avons pu tenter d’apporter au monde ces dernières années.
Il est treize heures trente, le quatorze d’un mois de juin beaucoup trop chaud à Berne. La pause de midi des parlementaires, c’est l’occasion de rencontrer des amis, des lobbyistes, ou simplement de se changer les idées.
Un événement nous sortira de la torpeur estivale. Personne ou presque, ne s’attendait à ce que notre ministre des affaires étrangères, votre ministre, Didier Burkhalter, annoncerait sa démission quelques minutes plus tard.
Je veux profiter de cette tribune aujourd’hui pour rendre hommage à M. Burkhalter qui a su porter les valeurs de la Suisse dans le monde entier, mais aussi à l’intérieur de la Suisse elle-même. Votre Didier Burkhalter, qui fut président de la Ville, député du canton, conseiller national, conseiller aux Etats avant d’entrer dans le gouvernement fédéral, succédant à un autre Valaisan dont je ne parlerai pas ce soir, même si ce n’est pas l’envie qui manque.
Didier Burkhalter ne fut pas seulement un ministre de beau temps. Collégial à chaque instant, il a su porter la politique étrangère de la Suisse auprès de nos partenaires européens sans jamais trahir les idéaux helvétiques.
Votre compatriote fut l’homme des situations de crise partout dans le monde, en Ukraine, à la tête de l’OSCE, au lendemain du 9 février, main dans la main avec John Kerry et les autres décideurs du monde. Didier Burkhalter a pu faire briller la Suisse sur la scène internationale comme presqu’aucun ministre des affaires étrangères avant lui, et sans user d’artifices inutiles pour autant.
Burkhalter, c’est aussi l’homme des convictions. Je me souviens de ses prises de position claires et franches au parlement. Face à des élus qui surfaient sur des vagues populistes à propos de migrants ou d’Erythrée, qui proposaient des solutions toutes faites tenant sur une affiche SGA, Didier savait répondre du tac au tac, avec une précision et une humanité qui remettait à sa place celui ou celle qui se laissait aller à des discours de café du commerce à la tribune du National. Ce Burkhalter-là, il va nous manquer.
Une année et demi à Berne, pour moi, c’était encore le temps de mieux connaitre le conseiller fédéral vu de l’intérieur, au sein du groupe, dans des commissions. L’homme qui maitrise ses dossiers et répond à n’importe quelle question sans coup férir. L’homme qui ne cède jamais sur ses positions, mais qui ne s’emporte pas pour autant lorsqu’il est minorisé. L’homme à l’écoute, et présent pour soutenir un jeune conseiller national qui découvre le métier.
Aujourd’hui, Didier Burkhalter s’en va. Il aura incarné notre pays comme on l’aime : humaniste, intelligent, ouvert. Ses successeurs auront du pain sur la planche pour relever le défi de le remplacer.
Un jour, il a dit que le monde avait besoin d’un peu de Suisse pour aller moins mal. Et bien on peut dire aujourd’hui que la Suisse a besoin d’un peu de Burkhalter pour aller bien.
Merci pour votre travail Monsieur Burkhalter, vous avez su représenter la Suisse que l’on fête aujourd’hui. Vive le canton de Neuchâtel, vive son conseiller fédéral, et, surtout, vive la Suisse !