Bonjour, je suis du gouvernement et je viens vous aider

A tout problème privé, il existe une solution publique. Qui n’est pas forcément la meilleure. Parfois la pire. La définition du rôle de l’Etat suscitera encore de longs débats philosophiques, mais elle n’est pas immuable.

Plus encore qu’un acteur et un président, Ronald Reagan était l’homme de la formule. De celles qui font mouche et que j’adore recycler. Par exemple: «Les dix mots les plus terrifiants de la langue sont: bonjour, je suis du gouvernement et je viens vous aider.»

Comme élu, le tout-à-l’Etat, on connaît. Nos messageries regorgent de supplications pour des réponses publiques aux problèmes privés. Avec de grandes idées pour dépenser l’argent des autres. Toujours pour le bien commun, s’entend. On se vante pourtant assez peu des inventions des collectivités. Je crois à l’intelligence individuelle. Et si la Suisse fonctionne, c’est peut-être aussi qu’elle a confié à des privés le soin de mettre en œuvre ses grandes institutions comme la plupart des assurances sociales ou certains services publics.

La chasse et les déchets

Même entre cantons, on diverge. A Genève, chasser est le rôle d’un fonctionnaire. En Valais, des passionnés paient, et cher, pour le faire pendant leurs loisirs. La gestion des déchets est considérée par la plupart comme une tâche quasi régalienne. C’est pourtant l’apanage de sociétés privées très profitables et les acteurs les moins efficaces du secteur, d’un point de vue tant financier qu’écologique, sont les régies publiques.

Il est classique d’opposer aux libéraux qu’il faut un Etat fort pour construire les routes. Qui s’amuserait à poser du bitume et des trottoirs si ce n’est la collectivité? Et pourtant… En Amérique, Domino’s Pizza fait sa pub en réparant les réseaux routiers mal entretenus. Le but prétendu est de protéger leur production contre les nids-de-poule lors des livraisons. En réalité, ils pointent du doigt le tarissement des dépenses d’entretien du réseau routier à la faveur de nouvelles tâches prétendument publiques.

A l’inverse, plus près de chez nous, on sait que l’Etat n’en finit pas de ne pas finir l’autoroute du Haut-Valais. Incapable manifestement de réaliser une infrastructure élémentaire, suscitant d’éternelles moqueries.

Nous, les politiciens, sommes par essence incompétents pour presque tout et spécialistes pour presque rien. Comme tout le monde. Et c’est certainement pour cela qu’il est souvent plus efficace de confier des tâches au marché et aux citoyens plutôt que de chercher à tout gérer nous-mêmes.