Climat: paniquer moins, réfléchir davantage

Une semaine après les manifestations pour le climat, la population a rejeté sèchement le texte qui demandait de bloquer les zones à bâtir. En matière de climat, le peuple suisse est prêt à prendre des mesures. Mais pas n’importe lesquelles.

Par dizaines de milliers, à quelques dizaines de milliers près, ce fut, selon les sources, la Klimatwelle. Je n’y étais pas, peu friand de ces démonstrations de force, mais il est difficile d’y rester indifférent. La lutte contre le réchauffement préoccupe, on peut le comprendre.

La radio le répète tous les matins: il faut s’attendre à un tsunami vert en octobre, lors des élections fédérales. A voir. En refusant de geler toute la zone à bâtir, l’électeur de dimanche a un peu tempéré les ardeurs des plus enragés.

Agir, oui. Pas n’importe comment. Pas à n’importe quel prix. Et pour commencer, il faut détricoter les vieilles ficelles du populisme écologiste. L’esprit culpabilisateur et catastrophiste. Celui d’une jeune ferrovipathe suédoise qui nous ordonne de paniquer plutôt que de réfléchir.

La Suisse, pas un cancre

La Suisse n’est pas un cancre du climat. Depuis 1990, la production industrielle a crû de plus de 60%, la population d’un bon quart, les véhicules de moitié. En même temps, la production de gaz à effet de serre a été réduite de plus de 10%. C’est un succès indéniable.

Les plus extrémistes exigent maintenant l’impossible. Fermer les usines et les aéroports. Envoyer les voitures à la casse. Bannir autant la viande que les chauffages à mazout. Du jour au lendemain, la Suisse sera propre et retrouvera la qualité de vie du XIXe siècle. Est-ce que le climat s’améliorera? Un peu. A peine. Un Helvète émet en moyenne deux fois moins de CO2 qu’un Allemand. Quatre fois moins qu’un Américain. La fin du carbone en Suisse ralentira le réchauffement climatique de 8 heures 45. Au prix de sacrifices humains énormes, on ne limitera même pas les émissions de carbone d’une demi-journée par année.

Hors de notre seule portée

En face, d’autres se contentent de projets symboliques. A coups de trains de nuit, de résolutions non contraignantes et de petits règlements sur les déchets. Bon pour la conscience, quasiment inutile pour l’environnement. Passez-moi l’expression, mais autant pisser dans un violon. Les mesures les plus efficaces sont hors de notre seule portée tant elles dépendent du bon vouloir des plus grands. Ou d’une violence telle qu’elles en deviennent absurdes.

Nous avons besoin d’une action raisonnable et réaliste. Qui aboutisse à des solutions. Demander au parlement fédéral de régler le problème climatique, c’est un peu comme attendre de lui la paix dans le monde. Il doit y contribuer, mais il ne peut porter seul ce fardeau.