Auteur/autrice : Philippe Nantermod

  • Des arguments un peu malheureux

    L’Union Démocratique du Centre a eu l’occasion dans le Nouvelliste de vendredi d’exposer ses deux arguments principaux relatifs au fond de cohésion pour les pays de l’Est. Etonné de leur impertinence, je profite de cette tribune pour y répondre.

    Le premier concerne l’absence de « négociations » qui entoure notre participation. Ces messieurs du « centre » prétendent que nous aurions au moins pu négocier la résolution du problème de Kloten ou régler des questions liées à la fiscalité helvétique en échange des 100 millions par an pendant dix ans. Il faut savoir que cet argent va dans une caisse collective, le fond de cohésion, doté chaque année d’un budget d’environ 40 milliards d’euros. Sans vouloir minimiser notre contribution, ces 100 millions de francs ne constituent pas une manne suffisamment considérable pour réclamer une génuflexion de l’UE. L’Allemagne et la France, malgré une situation économique assez moyenne en ce moment, contribuent assez fortement au fonds de solidarité. Ces pays n’ont rien exigé pour participer à la reconstruction de l’Est, s’agissant simplement d’un geste humain d’aide à des pays frères qui ont eu la mauvaise idée de se faire envahir par les Russes. Nous ne donnons rien pour l’ancienne Europe des 15, il est par conséquent difficile d’obtenir un retour de leur part. De ce point de vue, nous devrions plutôt demander des compensations à la Pologne. Imaginez Micheline Calmy-Rey partir à Varsovie demander une aide polonaise pour la formation en Suisse, ce serait la meilleure blague de l’année. C’est un peu comme si on s’attendait à être invité à manger par Jean-Marc Richard à chaque fois que l’on fait un don à la chaîne du bonheur. Il s’agit là de solidarité entre les pays d’Europe et je ne vois pas la raison pour laquelle tous les pays occidentaux feraient un effort sauf la Suisse. Même la Norvège, non membre de l’Union Européenne, contribue pour le fond de cohésion à hauteur de 1.6 milliards de francs. Nous ne sommes pas un pays particulièrement pauvre incapable de solidarité, l’histoire l’a même montré par nos nombreuses aides au développement. Réclamer un droit de passage pour nos avions au Sud de l’Allemagne en échange de notre solidarité serait le comble de la mesquinerie.

    Le second argument tient au fait qu’il n’existe pas de plafond financier dans la loi. C’est le fameux chèque en blanc que le peuple Suisse donne à ses élus. Connaissez-vous beaucoup de lois qui fixent un plafond au budget de la Confédération ? Non, évidemment. La loi sur l’AVS ne fixe pas le nombre de rentiers ni le montant des rentes. Je suis surpris qu’après trois ans au Conseil National, Oskar Freysinger ne sache toujours pas ce qu’est un budget. Une loi contient des normes générales et abstraites, l’ordonnance réglemente l’application de la loi. C’est le budget, arrêté fédéral voté par le parlement, qui fixe le montant alloué à l’application des lois. Le parlement le fait pour un montant de 50 milliards de francs chaque année, pourquoi devrait-il en être autrement pour ces 100 millions ? Chiffrer dans la loi un plafond à la contribution Suisse serait tout simplement contraire à l’ordre juridique. Malgré ce qu’a l’air de prétendre l’UDC, le parlement peut légitimement gérer les comptes de la Confédération. Même si les chambres ne sont pas systématiquement du même avis que le plus grand parti du pays, elles gardent le droit d’administrer l’Etat. Si le problème est vraiment la question du contrôle du peuple sur les dépenses fédérales, les opposants à la loi sur la coopération avec les dix nouveaux membres de l’UE auraient été plus cohérents en proposant une initiative introduisant le référendum budgétaire.

    Je crois que nos amis agrariens sont à court d’argument sur le sujet. Ils prétendent désormais être d’accord sur le principe du milliard, voire même exiger cette contribution, mais dans un cadre légal assez douteux d’un point de vue juridique. Peut-être admettront-ils en fin de campagne que le référendum n’était qu’une question de principe anti-européen. Ces parlementaires me semblent tellement regretter la douce période de l’URSS, où les démocraties populaires n’avaient pas besoin de notre soutien, où l’armée pouvait encore justifier des budgets gigantesques et où l’on pouvait si facilement schématiser le bien du mal dans notre bonne vieille Europe…

  • Pour un aéroport au service du Valais

    Pour les jeunes radicaux et libéraux valaisans, demain, vendredi 10 novembre, sera un grand jour. La première initiative populaire cantonale lancée par les jeunes politiciens sera publiée dans le Bulletin Officiel, ce qui marquera le début de la récolte des 4000 signatures requises.

    L’initiative attribue une nouvelle tâche au Canton : la gestion de son aéroport dans un but touristique et économique. Actuellement, la structure est en mains de la Commune de Sion et occupe pour l’essentiel une place de base aérienne pour notre chère armée.
    Trente pourcents du PIB cantonal proviennent directement ou indirectement du tourisme. Nos clients sont anglais, hollandais et français. Un aéroport capable de recevoir des Boeing 737 sert aujourd’hui principalement aux vols des FA/18. Cherchez l’erreur. Dans un canton alpin et touristique, ce formidable instrument devrait servir prioritairement à l’accueil de nouveaux touristes, sans pour autant cherche à tous prix à évacuer l’armée.

    Le transfert de la commune au canton est la mesure la plus décriée de notre texte. Nous n’avons jamais voulu ternir la qualité de la gestion de l’aéroport par la ville de Sion, mais seulement donner à la plateforme un cadre de gestion plus régional. En effet, si l’aéroport de Sion devient l’aéroport du Valais et sert en primeur aux stations de Crans Montana, Verbier ou Nendaz, il est illogique de laisser le conseil communal de Sion s’occuper de son développement. Pas pour cause de manque de compétence, mais de perspectives cantonales. En comparaison, l’EPFL est à Lausanne et ce n’est pourtant pas l’Etat de Vaud qui la gère…

    Si nous obtenons le nombre requis de signatures et que le projet est accepté par le peuple en votation, le parlement et le conseil d’Etat seront amenés à rédiger une loi et une ordonnance d’application de l’article constitutionnel. Il faudra alors réfléchir comment attirer de nouvelles compagnies aériennes à Sion. Premièrement, nous proposons que l’offre soit orientée en priorité sur les quatre mois de l’hiver et les deux mois de l’été. Les taxes d’aéroport restent actuellement trop élevées pour convaincre des « low-cost ». Il faudra par conséquent réorganiser quelque peu l’aéroport pour parvenir à baisser ces taxes. Des négociations devront être menées avec l’OFAC pour obtenir des créneaux avec les villes de provenance de nos clients, comme Londres, Amsterdam ou Paris ; une étude de marché le définira. Enfin quelques modestes améliorations techniques devront être planifiées pour améliorer l’accueil. Tout cela ne constitue que des pistes de réflexion. Au Grand Conseil de creuser plus en profondeur la question pour faire de cet aéroport un véritable atout pour notre canton.

    Je crois fermement que mon canton peut améliorer son offre touristique et augmenter ainsi son niveau de vie. L’aéroport du Valais est une pierre à l’édifice d’une croissance économique durable, fondée sur des domaines où nous sommes forts. Nous verrons si l’avenir me donne raison, mais, quoi qu’il arrive, l’enjeu en vaut la chandelle. Tiens, je ne peux plus attendre de retourner récolter des signatures aux pieds des pistes de ski !

  • Le pragmatisme ne suffit pas

    Il est des mots à la mode. Le terme « pragmatisme » en est un. Le pragmatisme est présenté comme le contraire d’une idéologie ; une action politique calquée sur la réalité et pas sur des dogmes théoriques. La pratique contre la théorie.
    Je crois que cette conception des choses est mauvaise et peut-être même dangereuse. L’idée que le pragmatisme dépasse l’idéologie, ou constitue une forme d’action politique en tant que tel, nie l’existence de différentes formes de mener de la politique. Il y aurait, d’un côté, les discussions théoriques entre la gauche et la droite, et de l’autre l’action politique qui répondrait à des critères de pragmatisme sans philosophie politique.

    Il est important de faire la différence entre le haut fonctionnaire et le politicien. Le haut fonctionnaire est un exécutant. Il peut proposer des projet, mener une action administrative, mais on n’attend pas de lui des professions de foi. Le politicien, lui, élu, doit apporter une vision globale de la société, à court et à long terme. La gestion quotidienne de l’Etat n’est pas le rôle primordial d’un parti politique, mais celui de l’administration au sens large.
    A mon avis, ce fameux pragmatisme provoque une politique précipitée et électoraliste. Le pragmatisme des années 1990 a mené à un gaspillage des deniers publics et à l’explosion de la dette. Swissair est un autre exemple d’une politique pragmatique : contrairement à tous les grands principes des parti bourgeois majoritaires, le parlement a décidé de mener un sauvetage in extremis de Swissair. Les raisons étaient nombreuses: les emplois, la place de la Suisse dans le monde, l’aéroport de Zürich, mais contraire au principe libéral d’une intervention minimale de l’Etat dans l’économie. Sans porter de jugement qualitatif sur l’opération, on peut légitimement se demander 5 ans plus tard, si favoriser immédiatement la concurrence dans le marché aérien n’aurait pas été plus judicieux.

    Je pense qu’une action fondée exclusivement sur une pensée pragmatique – au cas où elle existe – relève plus du manque de courage que de la lucidité. Un déficit trop important dans le projet des NLFA ? Laissons tomber une partie du projet. Le prix du lait s’effondre ? Interdisons l’importation. Les exemples sont nombreux, tous les politiciens qui auront réalisé ces politiques pourront déclarer fièrement: « Le temps n’était pas aux grandes théories, mais à une action pragmatique ». C’est parfois nécessaire, sans doute, mais de là à penser, comme le font certains sur ce site, qu’un parti peut être « pragmatique », j’en tombe de ma chaise et je me demande ce qui reste alors de la politique. Un peu comme tous ces gentils qui pensent qu’il suffit de se mettre autour d’une table pour réconcilier libéraux et alter mondialistes, écologistes et promoteurs ou pro et anti-européens. Entre nous, quelle tristesse si tout le monde était du même côté à Infrarouge, non ?

  • Pourquoi pas un prix unique du pain ?

    La commission de l’économie du Conseil National a finalement décidé de légiférer en matière de prix du livre. L’évolution de la société ne plaît visiblement pas à tous et certains croient qu’il suffira de créer une loi pour protéger un commerce qui s’effondre.

    Comment explique-t-on le fait que les petites librairies ne marchent plus aussi bien qu’auparavant ? La population suisse est une population de lecteurs en comparaison internationale, le nombre d’universitaires – population particulièrement susceptible de lire – croît année après année. Le budget des ménages augmente fortement pour les dépenses liées aux médias (lecture, musique, film, etc.). Mais quel est le problème ? Les grandes chaînes nous dit-on.

    J’en conclu que le problème principal réside dans le fait que certains n’ont pas su s’adapter à l’évolution de la demande du consommateur et veulent un coup de main de l’Etat pour protéger une forme de commerce en perte de vitesse. Je suis client d’une petite ET d’une grande librairie. Je dois reconnaître que les services offerts par la « grande chaîne » pèsent lourd dans la balance: stock important, libraires disponibles, espace de lecture aménagés, personnel informé et vente en ligne. Mon libraire, lui, m’offre un service à haute valeur ajoutée : des conseils très personnalisés. Ces deux services sont complémentaires, mais je dois noter que la plupart des librairies que j’ai fréquenté n’arrivaient pas à la cheville des services fournis par Payot.
    Face à internet et à Amazon, l’avantage premier d’une librairie est à mon avis le stock. L’immédiateté de l’achat, le fait de pouvoir entamer le premier chapitre de l’ouvrage quelques minutes après l’avoir acquis constitue ce qu’internet ne peut pas encore proposer. Dans ces conditions, une petite librairie au stock réduit n’a que peu de chances de me séduire : je préfère commander un livre qui arrivera chez moi trois jours plus tard que de devoir retourner dans le magasin du coin.

    Cette concentration des espace de vente est le fruit du consommateur. Nous voulons un grand choix à des prix bas, ce que proposent les grandes chaînes. Le livre n’est pas le premier produit à subir cela : les épiceries de quartier ont quasiment disparu, les petits disquaires sont de plus en plus rares, les kiosks indépendants ne font plus le poids face à Relay. Je ne crois pas qu’une loi doive dire ce qui est bien ou mal pour le consommateur. Les commerces indépendants l’ont compris dans bien des domaines en offrant des services nouveaux : une qualité supérieure, des conseils avisés, un choix de produits rares, parmi d’autres.

    Je ne fais pas partie de ces nostalgiques qui cherchent un caractère sacré dans le livre pour justifier une mesure complètement anachronique. Le livre est un produit comme un autre, vecteur de culture, oui, le disque et le journal aussi. La diversité de l’offre ne dépend pas du nombre de librairies mais de la demande du consommateur. Il est trop facile de mettre la faute sur le capitalisme pour expliquer la fin des petits commerces et brandir la menace de la mort de la culture est scandaleux. Payot était il n’y a pas si longtemps une petite librairie, ils ont simplement suivi l’évolution de la demande. Si les petites librairies ne sont pas capables de s’adapter au marché, elles n’ont sans doute plus leur place au XXI siècle. C’est dur, mais c’est ainsi que notre civilisation a toujours avancé.

  • Armée et protection civile

    Dix-sept ans après la chute du mur, l’armée est en réforme permanente et pose quelques malaises à la classe politique. Pour des motifs opposés, UDC et Socialistes se retrouvent alliés pour fusiller les propositions de Samuel Schmidt sans parvenir à trouver une nouvelle dynamique pour la grande muette.
    La mue de notre défense nationale prend du temps ; avec Armée 95, puis Armée XXI, l’armée se cherche. Pendant 50 ans, l’ennemi était défini : les communistes. Seulement voilà, cet ennemi s’est transformé en l’espace de quelques mois en un ami qu’il fallait aider plutôt que combattre. Le budget de l’armée a ressenti ce changement : il a diminué depuis 1987 de 23%, soit beaucoup plus que la moyenne des autres départements fédéraux.

    L’armée peine dans ces conditions à justifier son existence : la probabilité d’un conflit armé en Suisse ou de troubles civils intérieur est devenu si infime que beaucoup ne comprennent plus à quoi nous servent ces 4,5 milliards investis annuellement. Paradoxalement, le monde ne s’est pas pacifié pour autant : les guerres sont courantes aux quatre coins du monde et la menace terroriste plane sur les pensées, notre défense nationale paraît cependant bien mal structurée pour répondre à ce genre de problème.

    Les politiciens se rendent bien compte que les tâches qui sont devenues prioritaires pour nos militaires ne sont plus de faire la guerre – ou de s’y préparer – mais de répondre à des problèmes civils. J’aimerais que les parlementaires aient le courage d’admettre que la conception classique de l’armée est dépassée. Les stratèges s’accordent à dire que les grandes batailles de chars sont révolues, et l’on continue néanmoins à vouloir investir dans une modernisation de nos tanks. Parallèlement, on refuse de fournir à l’armée des avions de transport qui seraient bien utiles pour nos missions de maintien de la paix à l’étranger.

    Sachant que les catastrophes naturelles sont de plus en plus violentes et fréquentes et que l’armée est souvent appelée à la rescousse, on peut s’étonner que la protection civile reste un organe subalterne et moins bien structuré. La PC souffre aujourd’hui de graves problèmes d’organisation et de budget. On y envoie les recrue qui ne sont pas capables de servir alors que ceux sont elles qui vont probablement être mises à l’épreuve. En effet, on a vu ces dernières années plus de bâtiment s’effondrer et de conduite de gaz exploser que de conflits ouverts éclater. Je propose que l’on crée un troisième corps à l’armée – parallèle à l’armée de terre et à l’armée de l’air – qui serait la protection civile. Comme on l’a vu, la hiérarchie militaire se prête bien à la gestion de situation d’urgence et le nombre de soldats pouvant être engagés est un atout pour la protection de la population. Actuellement, en cas de glissement de terrain, ce sont les recrues « inaptes au service » qui viendront me sortir de la boue pendant que les meilleurs feront des pompes à Isone. Cette situation n’est sans doute pas la plus efficace pour répondre aux dangers contemporains.

    Mon idée n’est pas que l’armée est inutile et qu’il faille s’en débarrasser. Elle traverse une crise identitaire compréhensible et je pense qu’il ne faut pas avoir peur de remettre en question ses fondements et ses objectifs. Les compagnies de grenadiers ou de parachutistes constituent à mes yeux des anachronismes. Le parlement aura du pain sur la planche durant la prochaine législature et j’espère que le débat ne se cristallisera plus autour de questions idéologiques.

  • Il fait si chaud sur la banquise

    On dirait que le monde s’est donné rendez-vous en automne 2006 pour (re)découvrir la réalité du réchauffement climatique. Le CO2 est bientôt plus médiatique que Nicolas Sarkozy: citons les numéros spéciaux de plusieurs magazines, le film de Al Gore et même, consécration absolue en Suisse romande, un 19:30 en entier. Malgré l’absence d’un événement nouveau d’importance, certains thèmes peuvent tout à coup, à priori sans raison particulière, redevenir une préoccupation majeure du moment. Espérons que cela durera plus que la canicule…

    La Suisse a ratifié le protocole de Kyoto et doit prendre des mesures efficientes pour réduire sa production de gaz à effets de serre. Le parlement a introduit une taxe sur le CO2 dans ce but, je suis réservé quant au caractère efficace de la démarche. La taxe sur le CO2 touche sans distinction l’ensemble de la population sans tenir compte du quotidien des individus. Les familles, entre autres, s’acquitteront d’une taxe élevée sur le CO2 pour les frais de chauffage. Je doute en revanche que ceux qui roulent en Porsche Cayenne à Genève soient vraiment encouragés par le nouvel impôt à changer leur mode de vie.

    Qu’il faille encourager le chauffage à bois, les économies d’énergie ou encore le ferroutage ne fait aucun doute. Je souhaite apporter ici le fruit d’une réflexion menée avec quelques amis. Sans doute que cette idée n’est ni nouvelle, ni révolutionnaire, mais elle mérite malgré tout d’être débattue. Je salue au passage le travail des jeunes verts qui s’engagent dans cette direction, avec une initiative à mon avis juste trop utopiste pour avoir une chance d’être un jour appliquée dans notre pays.

    Imaginons que nous limitions l’importation de véhicules individuels selon leur consommation moyenne de carburant à une date déterminée. Par exemple, dès 2015, les automobiles neuves consommant plus de 5 litres aux 100 kilomètres ne pourront plus être commercialisées. Prenons ces chiffres à titre d’illustration : je ne suis pas compétent pour évaluer avec précision la date adéquate pour une limite de consommation idéale, d’autres s’en chargeront peut-être un jour.
    Le consommateur ne sera que peu limité dans ses choix : le constructeur sera contraint de produire une gamme de véhicules moins polluants pour continuer à approvisionner le marché suisse (non négligeable soit dit en passant). A titre de comparaison, malgré les limites imposées sur les appareils générateurs de CFC, on se sert toujours de réfrigérateurs.
    Nous pourrions sans doute assister à une vraie diminution de la production de CO2 au fur et à mesure de la rénovation du parc automobile. Le Conseil Fédéral serait ensuite amené à prendre contact avec d’autres pays, par exemple les pays scandinaves, réputés très sensibles aux questions climatiques, pour former une espèce de groupe de pression sur les constructeurs automobiles.

    Cette formule trouvera ses adversaires parmi les conducteurs des véritables rhinocéros de l’automobile, comme les fameux Hummers, mais je crois que dans l’ensemble, la population a beaucoup à y gagner. L’économie ne serait que peu touchée (sans doute moins que par une taxe CO2) alors que LES économies d’énergie (et de pétrole) seraient de plus en plus fréquentes. A terme, de quinze ans en quinze ans, nous pourrons abaisser la limite pour que la technologie adapte nos véhicules aux besoins environnementaux.

    Finalement, je pense qu’il s’agit d’une mesure – il en faudra d’autres évidemment – qui pourra diminuer sensiblement notre production de gaz à effet de serre sans constituer pour autant une grave atteinte aux libertés personnelles. Nous avons perdu trop de temps à nous questionner sur la nature véritable ou l’existence du réchauffement global. Il est temps de cesser de discuter et de passer à l’acte. Si le réchauffement est une réalité (ce qui fait de moins en moins de doute), nous aurons agi. S’il se révèle être une erreur, nous aurons au moins constitué des réserves d’énergie fossile pour l’avenir !

  • Si Georges Marshall était vivant

    Formidable ! Une année après les bilatérales, le peuple suisse va repasser par la case votation pour un sujet européen, et, une fois de plus, c’est l’UDC qui le met sur le tapis.

    Cette fois-ci, il ne s’agit pas de grandes déclarations, de traités internationaux ou de règlement sur la taille des tomes de chèvres, mais d’une question financière : faut-il contribuer au fond européen de cohésion à auteur de cent millions de francs par an et pendant dix ans ?
    Quelle question… Bien sûr ! La Suisse peut se permettre un tel investissement et tous les indicateurs montrent que nous serons gagnants sur toute la ligne. Chaque année, nos échanges avec les dix nouveaux pays de l’Est nous enrichissent de quatorze fois ce que nous allons payer et la courbe n’a pas tendance à fléchir, bien au contraire.

    Pour une fois, je ne vais cependant pas m’arrêter sur un argument économique, mais plutôt éthique. Qui se souvient comment l’Europe occidentale s’est relevée des cendres de 1945 ? Un certain Georges Marshall, ça vous dit quelque chose, messieurs Fehr ou Mörgerli, vous qui prétendez que nous ne devons rien aux dix nouveaux, que puisque « ze n’est pas dans la bilatéral » (à prononcer avec un fort accent zurichois), ? Nous avions la chance d’avoir un plus fort et plus riche que nous, de l’autre côté de l’Atlantique, et ce plus fort a investi des sommes colossales pour redresser la partie libérale du nouveau continent. 13,1 milliards de dollars de l’époque. Grâce à cette somme, l’Allemagne n’a pas mis 50 ans à se relever de son année zéro, l’économie européenne est bien repartie, pour le bien de tous.
    Aujourd’hui, ce sont nous les américains de 1945. L’Europe de l’Est n’est jamais vraiment sortie de la seconde guerre mondiale : a peine terminée, la voilà colonisée par les Russes, les Rouges comme on disait à l’époque. Notre temps est venu, nous devons, comme les américains précédemment, nous montrer solidaires avec ceux qui se sont retrouvé du mauvais côté du rideau de fer.

    J’espère que ce n’est pas la main sur le porte-monnaie que nous irons voter le 26 novembre, mais sur le cœur. Un milliard, ce n’est que le quart de ce que l’on va payer pour remplacer nos vieux Tigers de l’armée. ; mais pour les pays de l’Est, un milliard, c’est une route, une gare, un chemin de fer, peut-être la garantie de pouvoir créer des entreprises et des emplois. J’espère un bon oui à 80%, pour que les vieux radins-idéologues de l’UDC s’en souviennent mieux que du Plan Marshall.

  • Droit de recours: le contre-projet ne suffit pas

    Consultez le site web de l’initiative : www.croissance.ch

    Contrairement à l’avis général exprimé par des politiciens de gauche et de droite, je continue à soutenir l’initiative contre le droit de recours des associations. Je ne la considère aucunement comme extrémiste et le contre-projet proposé par le parlement est à mon avis parfaitement inutile.

    Parlons de ce soi-disant caractère extrémiste de notre texte. Nous demandons que les associations ne puissent recourir contre les projets votés par le peuple ou par des parlements.
    Celui qui ne partage pas le point de vue d’un parlement dispose en Suisse de l’arme du référendum et doit récolter des signatures – comme nous l’avons fait – avant de demander le point de vue du peuple.
    Je m’étonne que l’on qualifie d’extrémiste ceux qui demandent le simple respect des choix du peuple. Enfin, c’est pas nouveau. A chaque fois que le peuple prend une décision qui n’est pas du goût du PS, des Verts au du POP, on taxe de populiste celui qui ose prétendre que le peuple reste souverain et a raison (cf les votations sur l’asile et les étrangers, sur les notes à Genève pour ne citer que les dernières).
    Notre but est que le peuple soit amené à se prononcer sur les questions importantes d’aménagement du territoire et que ce choix soit respecté lorsqu’il existe un conflit. Il me semble que le sujet relève plus du politique que du légal et que ces décisions sont d’ordre d’opportunité plutôt que de légalité. N’est-ce pas plus extrémiste de laisser les choix de politique d’aménagement du territoire dans les mains, d’un côté des associations, de l’autre des investisseurs ? N’est-ce pas là l’un des piliers du rôle de l’Etat et par extension du peuple ? Je refuse en ce qui me concerne que l’on laisse à des privés un poids décisionnel sur le fonctionnement de notre pays.

    Le contre-projet du parlement me paraît quant à lui franchement nul. Notre texte est clair : « plus de croissance pour la Suisse, moins d’obstructionnisme » (si, si ! c’est français). Je pourrais accepter un contre-projet qui garantit qu’une partie des fonds actuellement bloqués soit libérée. Nous estimons à 30 milliards les francs bloqués – à juste titre ou pas. Si on nous propose un moyens de débloquer 5 milliards, nous pourrions entrer en discussion.
    Ici, c’est le contraire. On souhaite interdire les compensations financières (ou écologiques, le résultat est à peu près le même). Aussi immorales qu’elles peuvent être, on doit se rendre compte qu’elles sont souvent un mal nécessaire pour pouvoir finalement mener à bien un projet. Sans ces compensations, nous serions encore au stade des plans pour le barrage de la grande Dixence. Les compensations ne sont pas la source des blocages mais une solution moralement douteuse. On n’arrangera ainsi rien en les interdisant.
    Le parlement est aussi fier de faire payer aux associations les frais de justice d’un recours qui échoue au parlement. Il faut cependant relever trois points :
    – Les associations vont rarement au tribunal. Les négociations entre associations et investisseurs se passent en privé et c’est là que réside le vrai problème.
    – Les associations gagnent presque toujours devant la justice. Dans le peu de cas où elles vont devant les tribunaux, elles font attention d’être quasiment sûres de vaincre, faute de quoi elles en restent au stade de la menace durant la période (très longue) de négociation.
    – Un recours au tribunal fédéral coûte quelques milliers de francs suisses. Sachant que le WWF – à titre d’exemple – a un budget pour la Suisse d’environ 50 millions de francs, je ne pense pas que les frais de justice vont freiner la recourite des associations.
    J’ai entendu beaucoup de politiciens vanter les avantages de la nouvelle loi. Tous ont parlé d’un choix modéré, intelligent, sage et tout le blabla habituel. Personne n’a pu articuler un chiffre, n’a pu dire quel serait l’impact du projet. Je me fiche éperdument de savoir combien le texte est tellement modéré et consensuel, combien la typo du titre est bien choisie ; la seule chose qui m’intéresse est « quelle partie des 30 milliards sera débloquée ». Visiblement, ce n’est pas le but de la réforme. Remarquez que cette réforme est tellement modérée que même les écologistes la soutiennent (du moins ils s’abstiennent de la décrier). Je la classe donc parmi les réformes inutiles, notre parlement ferait mieux de passer du temps sur l’armée et les finances.

    Bref, avec la signature de presque 120’000 personnes, nous avons déposé une initiative pour défendre l’emploi et l’économie. Retirer l’initiative nécessite le soutien d’une majorité du comité d’initiative composé de 27 membres. En tant que membre de ce comité et vu la qualité médiocre du contre-projet, je voterai contre le retrait. A mon avis, une majorité du comité défend la même position que moi. Il n’y a que peu de chances, contrairement à ce que pensent beaucoup de politiciens et journalistes – pour que l’initiative soit retirée. La campagne sera rude, mais nous nous battrons jusqu’au bout. Rendez-vous dans quelques années pour la première votation populaire sur une initiative du PRD !

  • Une bonne leçon de démocratie

    Est-ce que la pédagogie et la démocratie sont compatibles ? On peut en douter à entendre les gourous du nouvel enseignement à Genève. Voilà maintenant plusieurs années que Genève est systématiquement classé dans les pires élèves dans les études PISA et que, fort de ce constat, les responsables de l’instruction public se gargarisent de leurs méthodes avant-gardistes. Le peuple genevois a dit « stop » et je peux le comprendre. Effectivement, les parents ont de la peine à comprendre pourquoi leur enfant a reçu une gommette rose pour son travail personnel créatif sur la mathématique théorique. Loin de moi l’envie d’être rétrograde, mais je pense que maîtriser un tant soit peu l’orthographe et les livrets ne fait de mal à personne. Soit, Genève a tenté l’innovation, on ne peut pas lui en faire le reproche, mais face à un constat d’échec, des mesures s’imposent.
    Contrairement à ce que prétendent les experts en pédagogie, ce n’est pas seulement sur les notes que se sont prononcé les Genevois, mais sur l’école qu’ils désiraient. Je suppose que si l’on avait proposé un retour pur et simple à une école dite « classique », nos confédérés du bout du lac auraient approuvé le projet avec la même majorité.
    Qu’entend-t-on du côté des (ir)responsables de la formation ? Une erreur, un choix rétrograde. Contrairement à ce que pensent ces élites de l’enseignement, l’école est une des tâches prioritaire de l’Etat et, de ce point de vue, le peuple a son mot à dire. J’ai envie de pousser un sérieux coup de gueule face à ces gens qui jouent avec les « apprenants » – comme ils les appellent – et s’offusquent du fait que les parents s’inquiètent du niveau pitoyable de l’école genevoise.

    Issu d’une école catholique, réactionnaire, vieillotte, et j’en passe, je crois que le niveau de formation que nous avons acquis en Valais était bon. Certes, nous avions des devoirs à la maison, des notes, certains d’entre nous ont même redoublé une année. Inégalitaire, l’école ? Oui, encore heureux ! L’école a aussi pour but de sélectionner, parce que 100% de la population ne peut pas faire d’études, parce que, comme dans tous les domaines, il y a des gens qui sont plus compétents que d’autres. On ne peut pas demander à un système qui a pour but de sélectionner d’être égalitaire. Si le petit Nicolas ne connaît pas son livret, n’a pas acquis les connaissances nécessaires à la fin de son année scolaire, qu’il redouble ! Et s’il ne devient pas docteur en physique nucléaire, c’est peut-être qu’il n’en a pas les capacités. Il n’est pas négligeable à mes yeux pour autant.

    On me traitera peut-être de vieux réac, mais le laxisme dont font preuve cette bande d’allumés genevois soucieux d’appliquer les principes marxistes aux écoliers m’enrage. J’espère qu’un jour ces gens comprendront que le mur est tombé, que l’on vit dans un monde libéral où les meilleurs restent les meilleurs et où la concurrence n’est pas une tare. L’école n’a pas pour but de gommer les différences sociales mais de former les générations futures.

  • La dernière dictature d'Europe

    Après quelques jours dans les pays baltes, nous avons pu obtenir un visa de transit pour la Bélarus, dernière dictature d’Europe. Environ 12 heures à Minsk ne nous ont sans doute pas suffi à appréhender correctement le pays, mais nous avons eu une vision assez intéressante du climat général.

    La première épreuve, une fois arrivés dans ce pays, fut d’acheter les billets de train pour quitter le pays. Personne, je dis bien personne, ne parlait anglais dans la gare et le concept d’office du tourisme leur est quelque chose de totalement étranger. A la simple question « English ? », nous n’avons obtenu qu’à un hochement de tête aux nombreux guichets de la gare centrale. Avec un peu de chance, après avoir déambulé dans les grandes avenues de Minsk, nous avons rencontré un groupe d’étudiants bélarus (assez fortunés semble-t-il) qui nous ont accompagnés jusqu’à la gare pour acheter un billet.

    Une petite discussion a suivi. En dehors des sujets aussi passionnants que l’alcool et le cannabis, nous avons légèrement – très légèrement – discuté du système politique bélarus et de la tentative de révolution de mai dernier. Le plus riche d’entre les étudiants a fait l’apologie du régime en déclarant qu’une révolution à l’ukrainienne signifiait « sucking the dick of the americains » et paupériserait la population. Selon lui, les déclarations sur les droits de l’homme que l’on peut lire chez nous sont de la pure fantaisie et qu’il était totalement libre. Quand on porte un jeans Armani à Minsk, je peux assez croire qu’on se sent libre… Les deux (charmantes) jeunes filles qui l’accompagnaient ne m’ont pas paru approuver ses dires mais se sont bien gardées d’intervenir. L’une d’entre elles a seulement esquissé un sourire désapprobateur. De là à dire que nous avons croisé des opposants au régime, il ne faut pas exagérer, mais il était intéressant de voir combien les discussions politiques sont assez limitées à leur plus simple appareil: l’apologie du régime.

    La visite s’est poursuivie par une longue promenade, notamment devant les bâtiments officiels et le palais présidentiel (le Palais de la République, laissez-moi rire). Il était interdit de photographier la moindre poubelle liée d’une manière ou d’une autre à l’administration. Les gens semblent, en dehors des quelques étudiants, assez peu éduqués et la connaissance des langues, à part le Russe, est nulle.
    Un dernier constat: la publicité omniprésente dans nos cités occidentales est très peu développée. A part quelques entreprises américaines qui s’y sont installées (Coca-Cola et Mc’Donalds), il n’y a que peu de panneaux publicitaires. Curieusement, ca manque. Une ville sans pub, c’est une ville assez grisâtre.

    Nous avons finalement pris nos affaires et sommes partis par un train de nuit aux alentours de 20h30. Il sera sans doute très enrichissant d’y retourner une fois que la révolution, inévitable à mon avis, aura eu lieu. Je ne crois pas qu’un pays peut rester au centre d’une Europe en mouvement avec un gouvernement digne de l’URSS.