La gauche et le Conseil fédéral, unis pour que vous restiez locataire!

C’est pour votre bien que la Confédération, la FINMA et la gauche, depuis dix ans, luttent de concert pour que vous ne deveniez pas propriétaire de votre logement, en limitant l’utilisation de votre deuxième pilier (LPP). Pour habiter chez vous, il vaut mieux être riche et héritier que travailleur et épargnant. La fortune sourit aux audacieux. Chez nous, l’audace sourit aux fortunés. Tout ça pour éviter une bulle immobilière. La FINMA ne s’est pas trop gênée à taper sur la génération qui n’avait pas encore eu le temps de construire. Mais bon, comme disaient les Shadoks, pour faire le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. Les baby-boomers, eux, auront profité sans gêne de leur deuxième pilier.

«Locataire de votre caisse de pension»

Pour votre bien, on vous aura ainsi empêché de devenir propriétaire du lieu que vous habitez. A la place, vous êtes devenu locataire de votre caisse de pension, quel progrès. Cette même caisse de pension qui a construit les quatre appartements vides à côté du vôtre. Mais il faut bien investir vos économies, non ? En termes de lutte contre la bulle immobilière, on pouvait imaginer plus efficace.

Si (malgré votre intérêt bien compris de la FINMA) vous savez compter, vous avez sans doute souffert de voir les intérêts hypothécaires baisser. Et payez un loyer toujours plus élevé alors que vous auriez pu vous acquitter de service ridicule d’une dette, de moins de 1% sur l’emprunt de votre propre maison. On vous évite ainsi une économie de loyer. Mais c’est pour votre bien, souvenez-vous.

En Suisse, seuls 40% des gens sont propriétaires

En Europe, 70% des personnes vivent chez eux. Ce taux monte jusqu’à 90% en Croatie par exemple, où les gens ont pu acheter leur appartement à la chute du régime communiste. En Suisse, on plafonne en-dessous de 40%, peuple de locataires.

Contre l’avis du Conseil fédéral, sans doute contre votre propre bien, le Conseil national a accepté de revenir sur cette règle de 2012. Et propose de vous rendre votre argent, de vous laisser investir dans la pierre. En la matière, on a connu plus idiot. Alors le gouvernement s’inquiète et nous explique que vous allez vider vos comptes. Que vous n’aurez plus de capital à la retraite et disparaîtrez dans la pauvreté et l’assistance publique. Même si les retraits sont limités à 50 ans. Même si les statistiques montrent que ceux qui ont retiré leur deuxième pilier touchent moins de prestations complémentaires. Même si tout démontre que le Conseil fédéral trouve des prétextes là où il faudrait chercher des solutions. Et à la retraite, vous ferez quoi de votre appartement? L’habiter? Quelle idée!

Faciliter l’accès à la propriété grâce au 2e pilier

Motion déposée le 28 octobre 2021 au Conseil national

Devenir propriétaire de son logement constitue un objectif important pour une grande partie de la population. Chaque année, des milliers de personnes font valoir auprès de leur institution de prévoyance leur droit au versement d’un montant pour la propriété d’un logement. Cet acte, qui a lieu généralement entre 35 et 45 ans, est responsable et doit être encouragé.

En 2012, la FINMA a modifié les dispositions concernant le prélèvement dans le deuxième pilier afin de rendre l’accès à la propriété plus difficile. La règle exige dorénavant que la moitié des fonds propres soit apportée par le futur propriétaire et que l’autre moitié puisse provenir du deuxième pilier.

En conséquence, l’accès à la propriété a été rendu plus difficile. De surcroit, l’objectif de cette mesure, à savoir la stabilisation du marché immobilier, n’a pas été atteint puisque les institutions de prévoyance ont augmenté de manière conséquente leurs investissements dans l’immobilier en Suisse ces dix dernières années. Paradoxalement, ces investissements sont eux-mêmes financés par le capital des assurés.

Dans ces conditions, il serait opportun de revenir à la situation qui prévalait jusqu’en 2013 : le capital du deuxième pilier doit pouvoir constituer l’entier des fonds propres minimaux nécessaires à l’acquisition du logement. Des instruments – apport personnel minimal, amortissements avec échéances, adaptation du calcul de la capacité de remboursement théorique – existent pour dissiper les éventuelles craintes quant à la solvabilité des futurs propriétaires. En revanche, la limitation de la part prélevée du capital du deuxième pilier n’atteint pas son objectif et a pour seul effet de donner accès à la propriété du logement à une catégorie privilégiée de la population.