Covid-19: plaidoyer pour des tests payants

La majorité des partis a tourné casaque et réclame maintenant que les tests antigéniques Covid ne deviennent pas payants. En oubliant toujours le vieil adage: rien n’est jamais gratuit, c’est seulement payé par quelqu’un d’autre. Vous.

A propos de la gratuité des tests, ils ont presque tous retourné leur veste. Les vérités d’hier sont conspuées aujourd’hui. Il y a dix jours, tous les partis admettaient qu’il fallait enfin encaisser le coût de ces tests. Que le contribuable ne devait pas financer cette fantaisie. Et puis il y a la «real politik», paraît-il. La crainte de perdre le 28 novembre. La pression des manifestants. La trouille plus forte que le courage.

Pourtant, la constitution l’exige: l’activité de l’Etat doit répondre à un intérêt public. Il y a un intérêt public à une vaccination très large: réduire la pression sur les hôpitaux et leurs soins intensifs, alléger les conséquences douloureuses de la pandémie. Il n’y a pas d’intérêt public au test gratuit pour une soirée en discothèque ou une sortie au restaurant. Il n’y a pas d’intérêt public à préférer le test au vaccin. Pas de bras, pas de chocolat. Pas d’intérêt public, pas de subvention.

Chaque test coûte deux fois plus qu’un vaccin

Si chacun est libre de se faire ou non vacciner, au nom d’une liberté personnelle qui impose certaines limites irrévocables, on ne saurait pour autant exiger que l’Etat, devenu notre mère à tous en cette période de folie pandémique, acquitte rubis sur ongle les tests de pur confort.

Chacun de ces examens coûte 47 francs. Je passe sur le fait que ce prix exorbitant justifie à lui seul qu’on mette enfin en concurrence le marché médical. C’est un autre débat, essentiel. Cela dit, chaque test coûte deux fois plus qu’un vaccin. Et chaque test gratuit est une mauvaise incitation à ne pas se vacciner.

Durant le week-end passé, 307 659 tests ont été réalisés. C’est 14,5 millions de francs de dépensés pour offrir un sésame aux citoyens qui refusent souverainement le vaccin. Je vous laisse calculer le tarif pour les mois à venir. Un bon demi-milliard, une paille.

Cher Ignazio, Chère Karin, et tous les autres, tenez bon. Certes, ils sont des milliers à manifester. Bien sûr, nous pourrions perdre le 28 novembre et voir la loi Covid-19 balayée. Il faudra alors respecter le choix démocratique. La politique en Suisse ne s’est toutefois jamais construite par le rapport de force de la rue. Gardez votre ligne et maintenez les tests payant à partir du 1er octobre. Parce qu’il y a toujours pire en politique que prendre une décision impopulaire: prendre une décision irrationnelle.

Vaccinez-vous. Tout de suite

La première vague de coronavirus fut celle de la stupéfaction. La deuxième, celle de la résignation. La troisième sera celle de l’égoïsme et de l’ignorance. A moins que le mouvement anti-vaccins ne s’essouffle très rapidement.

A la fin, nous connaîtrons tous le Covid-19. C’est maintenant une certitude. Le contact se fera soit par la vaccination, soit par l’infection. Et choper le dernier variant en date, c’est un peu se lancer dans une séance de tirs aux penaltys en ne pouvant que perdre: on ne se qualifie jamais pour rien de réjouissant quand on tombe malade.

La vaccination plafonne un peu partout. Les discours complotistes bêtifiants parviennent malheureusement à convaincre des milliers de citoyens. Des personnes qui n’écoutent plus leur médecin, les autorités ou les hôpitaux, se fient désormais à des vidéos sur YouTube, le nouvel eldorado des charlatans.

Un spectre…

Alors qu’on rêvait de voir la pandémie prendre vraiment fin, le spectre d’une nouvelle vague plane. Et cette fois-ci, il y aura des responsables assumés. Les 30 à 40% de réfractaires au vaccin laissent une brèche béante dans la protection immunitaire de notre société. Ils seront à l’origine de la prochaine vague épidémique, espérons au moins par négligence.

Pour le dire ouvertement, je m’attends à recevoir des dizaines de messages, même les plus insultants. Pourtant, en catimini, on l’affirme jusqu’aux plus hautes autorités. En public, la pudeur qu’impose la liberté de se vacciner interdit de l’exprimer clairement: les réfractaires aux vaccins nous précipiteront dans la prochaine vague. Ils auront sur la conscience des morts et peut-être, en fin de compte, un nouvel arrêt d’urgence de l’économie.

Au mieux, pour septembre

Et comme chaque vague se révèle d’une plus grande ampleur que la précédente, attendons-nous à ressortir les crédits covid, les RHT et les sempiternels clubs-sandwichs de la pause de midi pour suppléer les restaurants fermés.

Bref, il n’y a qu’un message à faire passer avant les grandes vacances d’été. Si vous ne l’avez pas déjà fait, si vous n’avez pas déjà été malade, vaccinez-vous. Pour vous et pour tous les autres. Et tout de suite: entre la première dose et le déploiement de la seconde, il faut compter huit semaines. En vous inscrivant aujourd’hui, vous serez au mieux immunisé pour le début de septembre. Pile pour la prochaine vague? Il sera trop tard pour penser au parapluie au beau milieu de l’averse.

La poule qui pondait des œufs à ARN messager

Le projet de levée des brevets des vaccins contre le Covid-19 met en péril la recherche à long terme. Contre les nouveaux variants, mais aussi contre les futurs virus. Et cela ne répondra à aucun besoin concret sanitaire, uniquement idéologique.

Les fables de La Fontaine regorgent de bons principes dont on devrait s’inspirer. Malheureusement, on s’arrête trop souvent au milieu des histoires, en négligeant sciemment la morale de l’affaire.

Prenez la poule aux œufs d’or. Pas le jeu télévisé amoral, mais la fable. Le fermier, impatient de voir sa poule ne pondre qu’un œuf d’or par jour, finit par la trucider en espérant y trouver un trésor. Et Jean de La Fontaine de conclure: «L’avarice perd tout en voulant tout gagner.»

Dans nos démocraties occidentales, le plus beau de nos biens, notre poule aux œufs d’or, c’est sans doute notre capacité d’innovation. Ces grandes universités, ces entreprises qui vous envoient dans l’espace ou ces chercheurs qui inventent des microprocesseurs de la taille d’un atome.

Il nous aura fallu des siècles pour nous débarrasser de la rage, de la peste ou de la polio. C’est l’intelligence qui a vaincu. De 1900 à 2000, les progrès de la science ont permis d’augmenter l’espérance de vie de 49 à 80 ans. Inlassablement, notre poule aux œufs d’or a produit ces petits miracles technologiques qui rendent le monde meilleur.

Vous me voyez venir. En à peine six mois, des laboratoires du monde entier sont parvenus à créer une solution hyper-efficace pour mettre un terme à un fléau que nous n’avions pas connu depuis cent ans, le Covid-19. Avec un succès extraordinaire. Et selon les prévisions, on devrait disposer d’au moins une dose par être humain d’ici à la fin de l’année.

Alors, que demander de plus?

Comme dans la fable, tuer la poule. Une certaine gauche altermondialiste, emmenée par Joe Biden, s’offusque moins de la pandémie que du succès des firmes qui lui ont trouvé une parade: il faudrait au plus vite exproprier les brevets. On dépècera la bête, on extirpera l’ARN de son estomac et chacun fabriquera des vaccins dans sa cuisine.

A suivre les efforts de Lonza pour augmenter sa production de Viège – déléguée par Moderna, faut-il le rappeler? – la partie s’annonce plus compliquée. On peut aussi douter que la poule déplumée produira encore beaucoup de remèdes contre les futurs virus qu’on nous annonce par légions ou contre les variants aux noms de pays tropicaux. Et puis, les besoins en vaccins étant couverts d’ici à la fin de l’année grâce à l’industrie, le projet américain répond davantage à des visées doctrinales que sanitaires.

Si le temps donne raison à Joe Biden, nous laisserons alors aux administrations publiques et aux idéologues de tout poil le soin d’inventer les remèdes contre les nouvelles maladies. Et l’on mourra probablement plus longtemps, mais dans l’égalité et la fraternité.

Vaccin COVID-19: le fiasco suisse se précise

Le programme de vaccination en Suisse est un fiasco. Du début à la fin. Il ne sert à rien de se voiler la face: les promesses de l’OFSP, des cantons et des task force sur notre formidable plan étaient simplement à côté de la plaque.

A commencer par l’approvisionnement en vaccins. Il est maintenant connu qu’alors que d’autres pays négociaient des doses en quantité dans des délais rapides, nous organisions ici des conférences de presse pour vanter un plan compliqué de vaccination en six étapes. En Suisse, on se réjouissait des prochains pictogrammes. Ailleurs, on sortait le chéquier pour mettre le prix et assurer des vaccins pour tout le monde avant la Saint-Glinglin. Israël a dépensé une dizaine de dollars de plus par dose et par citoyen pour assurer d’être les premiers. Pour une somme très raisonnable au regard du coût des confinements, nous aurions pu en faire autant…

Ensuite, le programme de vaccination lui-même. Le 22 décembre, Swissmedic annonce à grands fracas l’autorisation du premier vaccin.

C’est d’abord la stupeur chez les gouvernements cantonaux qui ne s’attendaient absolument pas à une telle nouvelle. Nous pouvons évidemment regretter le peu de coordination entre l’autorité d’homologation et les organes cantonaux. Un coup de fil quelques jours avant, histoire de se préparer, aurait été la moindre des choses. Mais passons.

Parlons plutôt de la vaccination « pour de vrai ». Celle qu’on nous vantait dans les conférences de presse. Le 22 décembre, nous avions 107´000 doses disponibles. Ce n’est pas énorme, mais les a-t-on au moins utilisées ? Impossible à dire avec certitude: l’OFSP ne juge pas nécessaire de communiquer ce genre d’informations, si bien que la Suisse fait partie des pays désespérément gris sur les cartes internationales, indiquant un frustrant « no data available ».

Toutefois, à lire les annonces fracassantes promettant une dizaine de vaccinations par-ci, par-là, tout laisse à penser que la Suisse ne fait pas beaucoup mieux que la France et ses bientôt cinq cents vaccinés. Bref, en dehors des effets d’annonce, il y a fort à parier qu’en deux semaines, la Suisse n’a pas sorti beaucoup de vaccins des super congélateurs de l’armée.

Franchement, c’est honteux. Les arguments pour justifier cette (dés)organisation sont désolants. Il paraît qu’il est très compliqué d’obtenir le consentement éclairé des pensionnaires d’EMS, ou de leur famille. Ah, la belle excuse. Si seulement nous avions su avant décembre qu’une pandémie frappait le monde et qu’un vaccin se préparait, il aurait été possible d’anticiper cette étape ! Caramba, encore raté.

Et puis il y a cette logistique insurmontable. Une conseillère d’Etat m’a surnommé « Yaka Nantermod » pour m’être plaint des lenteurs de l’administration. Cette même administration qui impose à tous les restaurants d’ouvrir, fermer, confiner, protéger, sous 24 heures, a été tout simplement incapable de préparer la logistique de vaccination pour un produit dont les caractéristiques sont connues depuis octobre, période a laquelle 40’000 personnes ont été vaccinées en phase de test.

Mais là où nous avons échoué, là où nous avons des excuses, d’autres ont agi. Preuve s’il en faut que c’est possible. Israël a déjà vacciné plus de 10% de sa population. Dans dix jours, tous ses citoyens âgés de plus de 60 ans auront reçu une dose. En Grand-Bretagne, plus d’un million de personnes sont vaccinées.

Ici, nous organiserons encore des débats ethico-politique pour camoufler le naufrage de notre plan de vaccination, en préparant un troisième confinement qui coûtera encore une fois une blind à notre économie.

Ce retard et cette impréparation s’inscrit dans une lignée d’échecs. Après les stocks de masques fantômes, après SwisscovidApp qui ne fonctionne pas, après le traçage dépassé dès qu’il fut mis en œuvre, après la coordination inexistante des fermetures de la deuxième vague. Mais sachant que le vaccin est notre porte de sortie de crise, cet échec est le plus cinglant et le moins excusable.

Vaccin : « y’a pas le feu au lac »

Voilà, la lumière n’est plus au bout d’un tunnel sans fin. Elle est là. Chez votre pharmacien. Dans un frigo. Swissmedic a autorisé un vaccin le 19 décembre. 2020 se termine en beauté, avec le remède contre le maudit virus qui nous a pourri toute l’année. On dirait un conte de fée.

Et… non. Bien sûr, le vaccin est là, disponible, en Suisse. Il est autorisé, depuis maintenant quelques jours. Mais pourtant, à l’heure où j’écris ces lignes, pas une seule personne n’est encore vaccinée. On attend. Je ne sais pas quoi, mais on attend. Et il paraît qu’il faudra attendre encore plusieurs jours, même des semaines.

Le vaccin, ce n’est pourtant pas vraiment la chose la plus inattendue de l’année. On en rêvait déjà avant le premier malade en février au Tessin. Depuis des mois, on suit les aventures palpitantes de Pfizer, Moderna, Astrazeneca ou du sulfureux Sputnik V. Leurs tests, leurs réussites, leurs échecs. On parle compare leurs pourcents d’efficacité. Le nombre de cobayes. On s’en réjouit comme d’un cadeau de Noël avant l’heure.

Mais au moment où le vaccin arrive, les autorités feignent la surprise. On va se presser à la Bernoise. Les centres de vaccination vont être mis en place. C’est-à-dire qu’ils ne le sont pas déjà. Comme si, ces derniers mois, il y avait beaucoup de choses plus importantes à préparer que notre vaccination.

Bref, selon notre catégorie de risque, nous pourrions être vacciné dans les six prochains mois. La gestion de la vaccination par le Conseil fédéral, c’est un peu la même stratégie que ces gens qui achètent des pneus d’hiver à Noël et qui les installent à Pâques.

Cela dit, ce programme colle assez bien avec l’ambiance générale. Il paraît que seulement 35% de la population veut se faire immuniser contre le COVID-19. On peut s’inquiéter que, face à la statistique macabre des 6’000 morts, la majorité prête encore une oreille attentive aux délires complotistes des antivax. On préfère probablement porter un masque, fermer les restaurants et dépenser des milliards de francs qui seront remboursés par nos enfants, pour le plaisir de regarder mourir à petit feu nos PME

« Ecoutez la science ». C’était le message des militants du climat l’année dernière. Elle est là, la science. Cette technique extraordinaire qui produit en moins d’une année, une dizaine de vaccins différents contre une nouvelle maladie. Et que fait-on de cette science ? Lors d’un échange avec les autorités fédérales, j’ai compris que nous comptions davantage sur le retour du printemps que sur le vaccin pour sortir de la crise sanitaire.

Notre Suisse, pays aux deux écoles polytechniques classées dans les meilleures du monde, siège de Novartis, de Roche et de Lonza, terre aux 28 prix Nobel, attend le beau temps. Peut-être espère-t-on un vaccin homéopathique ? Une cure au Reiki et aux huiles essentielles ?

Mon cœur bat pour les commerçants. Pour les restaurateurs. Les bistrotiers. Tous ces indépendants qui restent pendus aux décisions de presse du Conseil fédéral qui, avec une régularité de métronome, ouvre, ferme, rouvre, plexiglase, distancie. Les ordres suivent les contre-ordres. Ce qui était une évidence hier devient une infraction aujourd’hui. Ce monde de fou qui rappelle Full Metal Jacket, avec un officier-instructeur qui vous hurle des ordres incohérents à tout bout de champ.

Avec l’arrivée des vaccins et le peu d’empressement du Conseil fédéral de vacciner la population, on pourrait croire que le véritable plan contre le coronavirus, c’était de laisser disparaître les gens et l’économie, plutôt que de promouvoir avec énergie et sérieux la seule solution technique et médicale qui vaille : celle de la science.