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Vaccin COVID-19: le fiasco suisse se précise

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Vaccin COVID-19: le fiasco suisse se précise

Le programme de vaccination en Suisse est un fiasco. Du début à la fin. Il ne sert à rien de se voiler la face: les promesses de l’OFSP, des cantons et des task force sur notre formidable plan étaient simplement à côté de la plaque.

A commencer par l’approvisionnement en vaccins. Il est maintenant connu qu’alors que d’autres pays négociaient des doses en quantité dans des délais rapides, nous organisions ici des conférences de presse pour vanter un plan compliqué de vaccination en six étapes. En Suisse, on se réjouissait des prochains pictogrammes. Ailleurs, on sortait le chéquier pour mettre le prix et assurer des vaccins pour tout le monde avant la Saint-Glinglin. Israël a dépensé une dizaine de dollars de plus par dose et par citoyen pour assurer d’être les premiers. Pour une somme très raisonnable au regard du coût des confinements, nous aurions pu en faire autant…

Ensuite, le programme de vaccination lui-même. Le 22 décembre, Swissmedic annonce à grands fracas l’autorisation du premier vaccin.

C’est d’abord la stupeur chez les gouvernements cantonaux qui ne s’attendaient absolument pas à une telle nouvelle. Nous pouvons évidemment regretter le peu de coordination entre l’autorité d’homologation et les organes cantonaux. Un coup de fil quelques jours avant, histoire de se préparer, aurait été la moindre des choses. Mais passons.

Parlons plutôt de la vaccination « pour de vrai ». Celle qu’on nous vantait dans les conférences de presse. Le 22 décembre, nous avions 107´000 doses disponibles. Ce n’est pas énorme, mais les a-t-on au moins utilisées ? Impossible à dire avec certitude: l’OFSP ne juge pas nécessaire de communiquer ce genre d’informations, si bien que la Suisse fait partie des pays désespérément gris sur les cartes internationales, indiquant un frustrant « no data available ».

Toutefois, à lire les annonces fracassantes promettant une dizaine de vaccinations par-ci, par-là, tout laisse à penser que la Suisse ne fait pas beaucoup mieux que la France et ses bientôt cinq cents vaccinés. Bref, en dehors des effets d’annonce, il y a fort à parier qu’en deux semaines, la Suisse n’a pas sorti beaucoup de vaccins des super congélateurs de l’armée.

Franchement, c’est honteux. Les arguments pour justifier cette (dés)organisation sont désolants. Il paraît qu’il est très compliqué d’obtenir le consentement éclairé des pensionnaires d’EMS, ou de leur famille. Ah, la belle excuse. Si seulement nous avions su avant décembre qu’une pandémie frappait le monde et qu’un vaccin se préparait, il aurait été possible d’anticiper cette étape ! Caramba, encore raté.

Et puis il y a cette logistique insurmontable. Une conseillère d’Etat m’a surnommé « Yaka Nantermod » pour m’être plaint des lenteurs de l’administration. Cette même administration qui impose à tous les restaurants d’ouvrir, fermer, confiner, protéger, sous 24 heures, a été tout simplement incapable de préparer la logistique de vaccination pour un produit dont les caractéristiques sont connues depuis octobre, période a laquelle 40’000 personnes ont été vaccinées en phase de test.

Mais là où nous avons échoué, là où nous avons des excuses, d’autres ont agi. Preuve s’il en faut que c’est possible. Israël a déjà vacciné plus de 10% de sa population. Dans dix jours, tous ses citoyens âgés de plus de 60 ans auront reçu une dose. En Grand-Bretagne, plus d’un million de personnes sont vaccinées.

Ici, nous organiserons encore des débats ethico-politique pour camoufler le naufrage de notre plan de vaccination, en préparant un troisième confinement qui coûtera encore une fois une blind à notre économie.

Ce retard et cette impréparation s’inscrit dans une lignée d’échecs. Après les stocks de masques fantômes, après SwisscovidApp qui ne fonctionne pas, après le traçage dépassé dès qu’il fut mis en œuvre, après la coordination inexistante des fermetures de la deuxième vague. Mais sachant que le vaccin est notre porte de sortie de crise, cet échec est le plus cinglant et le moins excusable.

Commentaires

3 Comments

  1. Je crois qu’Israël a déjà vacciné plus de 90% de sa population et non 10% comme mentionné plus haut. Autre erreur à mentionner, le vaccin Johnson est agréé par Swiss Medic, mais pas commandé par la Confédération !!!

  2. Cher Monsieur
    Vous avez raison
    Cette vaccination est d’une lenteur exaspérante
    Qu’on choisisse donc le modèle vaccination de masse
    Et tous ceux qui se présentent sont vaccinés
    Bon, on peut dire, pour commencer, n’importe quel soignant ou personne de plus de 70 ans.
    Après, tous ceux qui se présentent…
    Et foin des complications
    Un ami de 80 que son oncologue de Bienne voulait vacciner n’a pas pu l’être car il habite NE….on croit rêver!
    Bonne chance pour votre combat

  3. Vous avez entièrement raison, la gestion désordonnée de la logistique des administrations cantonales et fédérale met en danger l’efficacité attendue de la vaccination. Une seule objection : dans la task force scientifique, le prof EPFL Trono a toujours rappelé dans les émissions de la TSR la situation critique d’une Suisse dont le système fédéraliste est un handicap aux prises de décisions rapides et efficaces en période de crise .
    Vous êtes avec M Feller un des rares PLR à oser poser des questions précises et pertinentes aux autorités exécutives et à leur proposer des mesures concrètes pour améliorer l’efficacité des processus mis en oeuvre. Ainsi en est-il en effet de la la collecte des données (statistiques) utiles à une analyse fondée des problèmes.
    Ne chercher qu’à rassurer quand les événements n’est d’aucune utilité, comme semble le pratiquer le Conseiller d’tat neuchâtelois KL. Ce comportement est comme vous lavez dit démotivant pour ceux qui sont soumis à des restrictions coercitives, et dangereuse car il déresponsabilise les décideurs commettant des erreurs d’appréciation.
    Nous oublions aisément nos fautes lorsqu‘elles ne sont sues que de nous. ~ François de La Rochefoucauld


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