Auteur/autrice : Philippe Nantermod

  • Réduire les émoluments en matière de poursuite et de faillite

    Réduire les émoluments en matière de poursuite et de faillite

    Le Conseil fédéral est prié soit de réduire les montants prévus dans l’ordonnance sur les émoluments perçus en application de la loi fédérale sur la poursuite pour dettes et la faillite (OELP), soit de permettre aux cantons d’introduire de telles réductions sur leur territoire.

    Motion déposée le 9 mars 2020.

    Les émoluments devront être adaptés à la baisse pour assurer globalement l’équilibre des comptes des offices des poursuites et des faillites et éviter ainsi tout bénéfice excessif.

    Le nombre de procédures de poursuites et de faillites est en constante augmentation, cela dans l’ensemble du pays. En vingt ans, le nombre de poursuites a plus que doublé, les gains en productivité ont été réels et le prix des émoluments n’a pas été globalement revu.

    Suite à l’adoption du postulat 18.3080, il a pu être constaté que dans de nombreux cantons, les émoluments des poursuites et faillites ne respectent plus le principe de couverture des coûts et d’équivalence. Ainsi, la structure tarifaire en vigueur permet de dégager de l’activité de poursuites des bénéfices importants en faveur des collectivités publiques, parfois par dizaines de millions de francs par année Or, ces revenus sont réalisés à charge des créanciers, souvent des PME, qui cherchent légitimement à obtenir le paiement de leurs prestations, soit à charge des débiteurs qui souffrent déjà d’une situation précaire.

    Les principes constitutionnels relatifs à la fiscalité exigent que les émoluments de l’OELP soient réadaptés, soit de manière générale pour l’ensemble du pays, soit en permettant aux cantons qui réalisent des bénéfices trop important de réduire les émoluments, dans l’intérêt des citoyens.

  • Le vent lugubre du protectionnisme souffle sur la Suisse

    Le vent lugubre du protectionnisme souffle sur la Suisse

    Cette absurdité économique consiste à s’imposer un poison en étant convaincu qu’il nous fera du bien. Malheureusement, ce genre d’attitude masochiste a le vent en poupe.

    Un vent de protectionnisme souffle. Un de ces vents froids, secs. Il n’a pas l’air bien méchant, il porte pourtant la désolation et vous fiche un sacré rhume qui vous cloue au lit. Ça a commencé par ces votations successives pour boucler les frontières. Pour cause d’huile de palme ou pour empêcher les réfugiés syriens d’arriver jusqu’à nos portes. Et puis maintenant, ceux qui prônaient hier l’internationale socialiste se vantent ouvertement d’être «protectionnistes» quand ils se proposent de diriger leur parti.

    Le vent souffle aussi à Berne. Mû par le genre de patriotisme économique qui vaut à la France ce succès éclatant qu’on lui connaît, le parlement veut bloquer les investissements chinois en Suisse. Les contingenter. Par méfiance, avec une pointe de racisme aussi. Sans savoir – ou faisant semblant de l’ignorer – que celui qui rachète les entreprises de l’autre, c’est surtout la Suisse. On se venge comme on peut du coronavirus.

    La Commission de l’économie vous protège

    Le Conseil fédéral voulait aussi supprimer les droits de douane des produits industriels. Favorable aux entreprises et aux consommateurs, le projet n’est combattu que par les syndicats des douaniers et quelques enragés de la décroissance. Eh bien, malgré cette quasi-unanimité, c’est non. Au nom d’un intérêt public invraisemblable, la Commission de l’économie vous protège. Et s’assurera que vous payerez votre dû sur chaque boulon qui franchira la frontière. Il faut bien sauver les gens d’eux-mêmes.

    L’embargo est un acte de guerre que le droit international prohibe, en principe. Avant le tapis de bombes, on essaie d’asphyxier son adversaire en lui interdisant de commercer. On ne le souhaite en principe à personne. Ce sont des méthodes réservées pour les régimes d’affreux tyrans. Et pourtant. Le protectionnisme, c’est la même chose, mais on se le fait à soi-même. Curieusement, ses partisans sont persuadés que ce qui tue votre ennemi vous rendra plus fort quand vous l’appliquerez à vous-même, à vos concitoyens. Allez comprendre.

    Depuis quatre ans, la gauche se moque de Trump et son America First. Mais comme tout se passe en Suisse avec des années de retard, c’est elle qui applique aujourd’hui le même programme absurde, convaincue que les formules qui ont échoué partout ailleurs et à toutes les époques cartonneront ici et aujourd’hui.

  • Le 17 mai, c’est le plan C, comme Chaos.

    Le 17 mai, c’est le plan C, comme Chaos.

    Chronique publiée en allemand, le 28 février 2020, dans le Walliserbote.

    Pendant les deux minutes de lecture de cette petite chronique, l’économie suisse aura échangé un peu plus de 2,6 millions de francs avec l’économie européenne. C’est un chiffre qui donne le tournis. Inlassablement, jour et nuit, vingt-quatre heures par jour, dimanche et jours fériés inclus, nous commerçons quotidiennement pour plus de deux milliards de francs avec notre voisin.

    Autant dire que la qualité des relations qui nous lient est importante. Pour notre prospérité. Pour l’emploi. Pour notre qualité de vie.

    Avec l’Europe, il y a eu le plan A, comme adhésion. Rejeté en 1992. C’est le plan B, comme bilatérales, qui a été choisi. Des centaines d’accords et de conventions taillées sur mesure pour la Suisse. Et ce plan fonctionne assez bien, on doit l’admettre. Il n’est pas parfait, mais il a au moins eu le mérite de nous apporter un certain confort de vie tout en maintenant notre souveraineté.

    Le 17 mai prochain, nous voterons sur une initiative qui réclame la fin de l’accord de libre-circulation des personnes. Or, dans ce cas, l’article 25 de cet accord prévoit expressément la fin automatique des autres accords bilatéraux du premier paquet. Ce n’est pas négociable, discutable, c’est la loi.

    En pratique, nous choisirons si la Suisse doit se passer de la libre-circulation des personnes, mais aussi de l’accord sur le transport aérien, sur le transport par rail et route, sur les échanges de produits agricoles, sur les reconnaissances mutuelles de conformité, sur les marchés publics ou sur la coopération scientifique et technologique.

    Ce ne sont pas des broutilles. L’accord agricole ouvre le marché européen à l’industrie agroalimentaire, par exemple celle du fromage qui a connu un essor extraordinaire au cours des vingt dernières années. L’accord sur la reconnaissance des produits assure que les produits autorisés en Suisse le soient aussi en Europe, notamment dans le secteur pharmaceutique. C’est grâce à l’accord sur les marchés publics que Stalder Rail a pu concourir et remporter le marché des transports publics de Darmstadt en Allemagne. Sans lui, nous serions exclus des marchés publics dans les secteurs de l’énergie, des transports et des télécommunications.  

    La libre-circulation, elle, garantit à 450’000 Suisses de pouvoir vivre et travailler dans l’Union européenne. Elle constitue un modèle de gestion de l’immigration qui fait primer les besoins de l’économie sur une bureaucratie tatillonne. Les contingents que l’on applique avec les pays tiers sont déjà la bête noire des entreprises qui prospèrent, à commencer par celles qui ont investi massivement sur le site industriel de Viège.

    La libre-circulation a aussi sa face sombre, c’est vrai. Il y a des citoyens, en Suisse, qui souffrent de la concurrence des travailleurs européens. Le parlement créera en session de printemps une rente-pont pour les chômeurs en fin de droit de plus de 60 ans. Quelque 6’000 personnes en Suisse. Il est plus efficace d’aider les perdants d’un système qui a fait ses preuves que de démolir ce même système.  

    La Suisse doit faire le choix entre la voie bilatérale, taillée sur mesure ou le modèle des pays qui n’ont aucun lien particulier avec ce grand marché unique, comme la Turquie ou l’Ukraine. Après le plan A et le plan B, on peut essayer le plan C, comme Chaos. Par sûr que ce soit une expérience très amusante.

  • Une rente-pont qui ne décourage pas le travail

    Une rente-pont qui ne décourage pas le travail

    Après deux jours de commission, nous avons mis sous toit un nouveau concept de rente-pont pour les chômeurs âgés de plus de 60 ans. Le but est d’éviter la précarité aux travailleurs proches de l’âge de la retraite qui perdent le droit au chômage et peinent à retrouver une place sur le marché du travail.

    Concrètement, la solution proposée permettra d’offrir à 6’200 personnes au plus un accès à une rente similaire aux prestations complémentaires.

    L’économie suisse est forte et offre beaucoup d’emplois. Mais le marché du travail est aussi difficile pour certains, en particulier les séniors. Notre système social ne doit laisser personne sur le bas-côté de la route. Notre concept soutient ceux qui en ont besoin tout en garantissant que le travail soit toujours plus attractif que les prestations sociales. C’est un modèle équilibré, efficace et juste.

    Je me réjouis de défendre le résultat de nos travaux au plénum, comme rapporteur de la commission.

  • Forum 16 février 2020 – Affaire Crypto AG

    Forum 16 février 2020 – Affaire Crypto AG

    J’étais l’invité de l’émission Forum de ce dimanche 16 février pour parler de l’Affaire Crypto. A écouter ou réécouter ici!
  • Peines pénales: stop au sursis automatique

    Peines pénales: stop au sursis automatique

    Récemment, une affaire judiciaire montheysanne a montré à nouveau toute l’absurdité du Code pénal en vigueur. Depuis la révision de 2007, la première infraction punie d’une peine privative de liberté (la prison pour les intimes) de moins de 2 ans est assortie d’un sursis complet à l’exécution de la peine.
    Les grandes réflexions de criminologie arrivaient à la conclusion que la peine assortie du sursis était suffisante pour les cas légers et suffisamment dissuasive. Or, on constate qu’un certain nombre d’auteurs n’ont pas les capacités pour comprendre cette sanction « virtuelle ». Ils ont le sentiment d’être acquittés et le rôle de la peine disparaît (la photo de l’article du Nouvelliste en exergue est assez symptomatique).
    Mais ce n’est pas tout. Avec le sursis automatique à la première infraction, ce coup gratuit si l’on peut dire, c’est le public qui se sent trahi, à juste titre. Qu’un criminel, auteur d’infractions parfois graves contre l’intégrité physique, puisse être libéré sans sanction véritable, cela heurte profondément le sentiment de justice. Et rappelons que le droit pénal n’est pas là que pour resocialiser, mais aussi pour punir des faits qui sont parfois très graves.
    Cela étant, je déposerai lors de la session de mai la motion ci-après, pour réclamer la fin du sursis aux peines de moins de deux ans lorsqu’il n’est pas compatible avec le sentiment de justice ou avec la gravité des faits retenus.
     
    Motion
    Sanctions pénales. Limiter les cas de sursis à l’exécution des peines.
    Le Conseil fédéral est prié de soumettre aux Chambres une révision du Code pénal qui prévoit une restriction de l’octroi du sursis à l’exécution des peines privatives de liberté de moins de deux ans.
    Le sursis ne doit plus être octroyé lorsqu’il serait contraire au sentiment de justice ou à la gravité des faits retenus contre le prévenu. Au besoin, le Conseil fédéral pourra prévoir que le sursis sera l’exception et plus la règle pour certaines infractions dont il établira la liste.
    Développement
    Avec la révision du Code pénal du 1er janvier 2007, le sursis est devenu la norme pour toutes les peines privatives de liberté de moins de deux ans. L’art. 42 CP dispose expressément que « le juge suspend en règle générale l’exécution d’une peine pécuniaire ou d’une peine privative de liberté de deux ans au plus lorsqu’une peine ferme ne paraît pas nécessaire pour détourner l’auteur d’autres crimes ou délits. »
    Il arrive ainsi que des peines privatives de liberté pour des actes graves soient assortis du sursis complet, créant un sentiment d’impunité généralisé. La peine assortie du sursis n’est manifestement pas comprise comme une sanction pour un grand nombre de délinquants et criminels. Dès lors, la fonction punitive de la peine n’est pas remplie, tout comme celle de resocialisation.
    La présente motion se veut large dans les moyens requis. Il appartient au Conseil fédéral de proposer une formulation qui évite de sanctionner d’une peine ferme les délits pour lesquels le sursis reste adapté. A contrario, les actes notamment d’une violence particulière doivent faire l’objet d’une sanction appropriée incompatible avec le sursis.
    Au besoin, le Conseil fédéral pourra proposer une liste de délits, notamment certains infractions contre la vie, l’intégrité corporelle, le patrimoine, la liberté ou encore l’intégrité sexuelle.

  • Assurances sociales. Analyser les avantages du suivi post-réhabilitation à long terme (SPRALT).

    Assurances sociales. Analyser les avantages du suivi post-réhabilitation à long terme (SPRALT).

    Postulat déposé le 12 mars 2019

    Le Conseil fédéral est chargé d’analyser les avantages du suivi post-réhabilitation à long terme (SPRALT), soit le suivi par des activités physiques adaptées des personnes paralysées. Le rapport devra analyser les avantages que ces programmes offrent aux personnes concernées et les conséquences financières que représenteraient une prise en charge par les assurances sociales (LAA, LAMal, etc.) pour les personnes concernées.
    En Suisse, chaque année, 200 nouveaux cas de personnes paralysées sont recensés. Ces personnes bénéficient de mesure de réhabilitation puis par des soins médicaux au domicile du patient. Régulièrement, les personnes paralysées sont hospitalisées pour faire face aux conséquences négatives de leur handicap.
    Le suivi post-réhabilitation à long terme (SPRALT) concerne les mesures de remise en activité physique de l’ensemble du corps, y-compris des membres paralysés. L’inactivité physique entraîne des conséquences très compliquées pour les personnes souffrant d’une paralysie. Ces mesures ont été développées dans les pays anglo-saxons et font leur apparition chez nous.
    Un centre offrant des prestations SPRALT a vu le jour à Villeneuve, dans le canton de Vaud. Il offre un tel suivi et permet à des personnes paralysées d’améliorer leur situation quotidienne et d’éviter de nouvelles hospitalisations.
    Le Conseil fédéral est chargé d’analyser les avantages que présenteraient une prise en charge de ces prestations, tant pour les personnes concernées que pour les finances des assurances sociales (LAA, LAMal, etc.).

  • Médicaments. Baisser les coûts en autorisant les importations parallèles.

    Médicaments. Baisser les coûts en autorisant les importations parallèles.

    Motion déposée le 21 mars 2019

    Le Conseil fédéral est prié de proposer une modification de la législation pertinente pour autoriser les importations parallèles de médicaments en provenance des Etats membres de l’Espace économique européen (EEE). Par ailleurs, ces médicaments devront être remboursés par l’assurance-maladie de base à concurrence des tarifs en vigueur en Suisse au maximum.
    Les importations parallèles de produits en provenance de l’Espace économique européen (EEE) sont en principe autorisées. Seuls font exception les médicaments, pour lesquels s’applique le principe de l’épuisement national. Or, nombre de médicaments sont vendus bien plus cher en Suisse que dans les pays voisins. Ce protectionnisme coûte chaque année des millions de francs aux payeurs de primes. En limitant les importations parallèles à l’EEE, les citoyens pourront bénéficier de médicaments à un prix juste, en provenance de pays au pouvoir d’achat comparable. Ces médicaments doivent être remboursés par l’assurance-maladie lorsqu’une ordonnance les prescrits, à concurrence des tarifs en vigueur en Suisse maximum.
    Les craintes en matière de qualité, de surveillance du marché et de responsabilité en cas de complications ne sont pas fondées. Les Etats membres de l’EEE disposent d’instances sérieuses, responsables et réalisant des contrôles stricts. Personne ne remet en question les normes s’agissant des produits agricoles, des produits thérapeutiques ou dans le domaine des machines. Rien ne justifie une approche différente dans le domaine des médicaments. Enfin, l’innovation est soutenue en Suisse. Ce n’est toutefois pas le rôle de l’assurance maladie obligatoire et sociale d’en porter la responsabilité du financement.

    Update : Le Conseil fédéral a proposé d’intégrer ma proposition directement dans la loi.

  • Révision de l’AI. Une réforme équilibrée et porteuse d’avenir

    Révision de l’AI. Une réforme équilibrée et porteuse d’avenir

    La session de printemps du Conseil national fut notamment marquée par la réforme de l’assurance invalidité. Deux jours de débats. Comme rapporteur de commission, je les ai suivis dans tous leurs détails techniques et politiques. Ma conclusion : nous avons adopté une réforme équilibrée et porteuse d’avenir.
     
    Or, la presse et la gauche ne se sont arrêtés qu’à la mesure d’économie, sans même évoquer les grands éléments de la réforme, leur cœur de la réforme.
     
    L’assurance invalidité revient de loin. Souvenez-vous. C’était en 2008. La sixième révision de l’AI entrait en vigueur, suivie d’une augmentation temporaire de la TVA en 2011. A l’époque, l’AI était littéralement surendettée et continuait de creuser son déficit année après année. En 2009, l’AI perdait encore 1.1 milliard de francs par année.
     
    Pascal Couchepin était aux commandes à l’époque. Son objectif paraissait illusoire : assainir l’AI tout en offrant de meilleures perspectives aux rentiers. Une dizaine d’années plus tard, force est de constater qu’il a réussi.
     
    Le nombre de nouvelles rentes a fortement diminué : de 28’000 en 2003 on est passé à 14’000 en 2016. Le travail des offices AI a permis de maintenir ou de réinsérer sur le marché du travail plus de 20’000 personnes en 2016, contre seulement 6’000 en 2008. Cette évolution est extrêmement positive et elle se retrouve sur les comptes de l’assurance. Sur le plan financier, depuis 2011, la dette de l’AI a pu être réduite de 3.5 milliards de francs, pour s’établir encore à 11.4 milliards de francs aujourd’hui.
     
    Fort de ces expériences, le Conseil national a donc décidé de poursuivre la réforme. Contrairement à ce que l’on peut lire, la révision adoptée n’a pas pour seul objectif l’assainissement de l’assurance. Le parlement a décidé, au contraire, de renforcer encore les mesures de réinsertion, d’étendre certaines prestations pour les rentiers, et de financer tout cela de manière équilibrée au sein de l’assurance. Jugez-en par vous-même.
     
    S’agissant des plus jeunes, la réforme renforce considérablement, pour 40 millions de francs par année, la prise en charge des infirmités congénitales et de maladies rares. La liste des situations prise en charge sera réadaptée et allongée.
     
    Les jeunes de 13 à 25 ans bénéficieront désormais de détection précoce et de mesures de réinsertion très concrètes : des places d’apprentissage financées par l’AI, des mesures d’accompagnement dès la fin de la scolarité obligatoire.
     
    Enfin, les personnes atteintes dans leur santé psychique profiteront d’un accompagnement et d’un conseil renforcé et plus adapté pouvoir maintenir l’employabilité et la réinsertion. D’autres mesures, notamment en ce qui concerne la location de services, seront introduites.
     
    Par ailleurs, le système de rentes par pallier est largement adouci. Contrairement à ce qui prévaut aujourd’hui, les assurés subiront moins les effets de seuil actuels. Les rentes seront linéaires et nous éviterons désormais la situation actuelle où, par exemple, le passage d’un taux d’incapacité de 49% à 50% entraine un doublement de la rente.
     
    Au total, ces mesures supplémentaires entrainent des dépenses supplémentaires de 160 millions de francs par année. C’est généralement un investissement dans l’avenir des personnes concernées. Les succès des réformes précédentes devrait, on l’espère, se répéter ici.
     
    Depuis une dizaine d’années, les Suisses ont contribué largement au renflouement des caisses de l’AI. On est encore loin de parvenir au désendettement de l’assurance. Mais on y travaille. Il était en tout cas exclu pour le parlement de retomber dans la spirale d’endettement de l’assurance que l’on a connu durant les années 1990 et 2000. Les citoyens n’ont pas payé un supplément de TVA pour tout démolir quelques années plus tard.
     
    Alors forcément, des économies ont été réalisées pour réduire le déficit et financer les nouvelles mesures. On parle principalement de la réduction de l’allocation parentale, soit le supplément offert aux parents à l’AI pour leurs enfants, de 40% à 30%. En pratique, cela signifie une réduction de la rente pour les personnes concernées de 140 à 130, soit d’environ 7%. Ce n’est évidemment pas de gaité de cœur que cette mesure-là a été prise. Mais elle apparaît comme proportionnée et nécessaire.
     
    Gardons à l’esprit que chaque franc d’économie est intégralement réinvesti dans l’AI. Pour l’essentiel, sous la forme de nouvelles prestations, pour une autre partie, pour continuer le désendettement qui a commencé à la fin des années 2000. La réforme ne prévoit aucune réduction des moyens de l’assurance, contrairement à ce que l’on a pu lire.
     
    Toutes ces mesures n’ont qu’un seul objectif. Continuer la transformation de l’AI d’une assurance de rente à une assurance de réinsertion. Les premiers résultats sont très positifs, il est essentiel de poursuivre dans cette voie. C’est ce qu’a fait le Conseil national en mars, on peut s’en réjouir.

  • LAMal. Plus de transparence des prix, pour une meilleure concurrence.

    LAMal. Plus de transparence des prix, pour une meilleure concurrence.

    Initiative parlementaire déposée le 12 décembre 2018

    Conformément aux articles 160 alinéa 1 de la Constitution et 107 de la loi sur le Parlement, je dépose l’initiative parlementaire suivante:
    La loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) est modifiée comme suit.
    Art. 43
    1bis Les fournisseurs de prestations informent à l’avance les patients des coûts des prestations. Les organisations de fournisseurs de prestations se mettent d’accord sur le montant à partir duquel cette annonce est obligatoire. Le Conseil fédéral peut déterminer ce montant de manière subsidiaire.
    Aujourd’hui, dans le meilleur des cas, le patient ne prend connaissance des coûts d’une prestation qu’au moment de régler la facture. Or, de plus en plus d’assurés aspirent à participer activement aux processus de décisions liés aux soins. Personne ne peut s’y opposer. Un patient informé des coûts d’une prestation est un patient plus responsable. Par ailleurs, pour un assuré ayant opté pour une franchise élevée, connaitre les différences de prix parfois importantes entre fournisseurs de prestations pourrait influencer ses choix. Plus de transparence des prix doit ainsi permettre une meilleure intégration du patient dans les processus de décisions, renforcer la concurrence entre fournisseurs de prestations et contribuer ainsi à freiner la hausse des coûts de la santé.