Débat du 27 février 2012 sur One FM face à Véra Weber.
Les Suisses se prononceront le 11 mars prochain sur l’initiative « Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires ». Débat entre Véra Weber, du comité d’initiative, et Philippe Nantermod, vice-président des jeunes PLR Suisse et député au Grand conseil valaisan.
Ecouter le débat.
Auteur/autrice : Philippe Nantermod
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Faut-il limiter les résidences secondaires
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Le livre, un bien comme un autre ?
Le débat de Canal 9, du 22 février 2012.
Un livre doit-il avoir le même prix, qu’il soit vendu dans une librairie indépendante ou une grande surface? C’est la question que nous serons amenés à trancher le 11 mars prochain!
Pour y voir plus clair, Canal 9 diffuse ce soir un débat sur le sujet!
Philippe Nantermod, opposé au prix unique croise le fer avec Oskar Freysinger, favorable à ce prix unique!
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Le jeune Nantermod se bat seul contre tous les grands penseurs
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Infrarouge: Fureur du livre, mais à quel prix ?
Emission Infrarouge sur la TSR du 14 février 2012
Le sujet est a priori austère; pourtant, il concerne tout le monde, que vous achetiez des best-sellers, des contes pour enfants, des ouvrages de cuisine ou de la haute littérature. Pour ses défenseurs, la loi permet de garantir une grande diversité de l’offre et des librairies de qualité. Des arguments que réfutent les opposants pour qui la loi ne tient pas compte du changement des habitudes des consommateurs.
Le livre peut-il être considéré comme un simple objet commercial? Est-il désuet? Et surtout, comment faire baisser son prix?
Infrarouge ouvre le débat mardi prochain. Une émission présentée par Elisabeth Logean.
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Prix unique: économie contre culture ?
Emission « Entre les lignes » sur Espace 2, du 14 février 2012
Après sept ans de délibération, la Loi fédérale sur le prix unique du livre a été acceptée par l’Assemblée fédérale mais combattue par les Jeunes Libéraux-Radicaux.
Le peuple et les cantons auront à se prononcer par référendum sur un objet éminemment culturel mais que sa dimension économique rend polémique.
Avec Claude Frochaux, écrivain, ancien libraire et éditeur, Philippe Nantermod, député libéral-radical au Grand Conseil valaisan, membre du comité référendaire et les témoignages de Bertil Galland, ancien éditeur et journaliste et Jean-Jacques Schaer, directeur d’une librairie en ligne.
Débat animé par Christine Gonzalez et Christian Ciocca
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Résidences secondaires: lettre à mes Confédérés
Mes Chers Confédérés,
Le 11 mars 2012, nous voterons une initiative populaire exigeant que la part communale de résidences secondaires ne dépasse pas 20% de la totalité des logements.
Pour nous, Valaisans, le tourisme ne constitue pas qu’un loisir, mais une véritable industrie. La branche assure directement le tiers de nos emplois. Malgré plusieurs tentatives, nous avons constaté que le « tourisme doux » ne constituait pas une solution miracle pour faire vivre des vallées entières. Le tourisme a besoin d’infrastructures, de logements et, aussi, d’une clientèle de propriétaires de résidences secondaires.
Contrairement à l’image véhiculée par la propagande nous dépeignant comme de bons crétins bourrus à mulette, nous n’avons pas attendu Franz Weber pour comprendre la nécessité de disposer de lits « chauds », à savoir des logements occupés un maximum en saison. Nous mettons en place d’importantes mesures en la matière, comme le montrent les exemples des quotas instaurés à Crans-Montana, à Anzère ou encore à Champéry. Notre Conseil d’Etat, particulièrement concerné, intervient régulièrement pour éviter le mitage du territoire et de nouvelles règles sont déjà en cours d’élaboration.
Oui, comme les Grisons et l’Oberland, nous vivons du tourisme. Est-ce condamnable ? Pourquoi construire quatre résidences principales pour une secondaire dans des villages de quelques centaines d’habitants qui accueillent des milliers de clients en haute saison ? On n’impose pourtant pas à Novartis de n’exporter que 20% de sa production. Sauf à considérer que nos villages de montagne doivent rester des lieux sans débouchés économiques pour leurs habitants, on ne peut imposer de telles cautèles à une branche qui souffre déjà beaucoup d’un franc fort et d’une concurrence étrangère toujours moins limitée dans son développement.
Avec son initiative, Franz Weber nous monte les uns contre les autres. Not in my backyard : certains aimeraient que l’on freine la prolifération de la construction mais, tant qu’à faire, autant l’imposer à quelques cantons minoritaires. Les zones villas mitent pourtant davantage le territoire que quelques chalets au centre de Verbier, mais on n’en parle pas.
Nos milieux touristiques n’ont pas toujours tout fait juste, c’est vrai. Mais qui peut se targuer de n’avoir jamais commis d’erreur ? Aujourd’hui, nos communes d’altitude ont saisi l’ampleur du problème et prennent de vraies mesures pour limiter l’augmentation des résidences secondaires, tout en assurant la pérennité de l’économie. Si demain une telle initiative devait passer, c’est la cohésion nationale qui serait menacée, en ne permettant pas à chacun de disposer des mêmes chances de développement économique.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à rejeter un projet qui veut faire porter à quelques uns la conscience environnementale de tous et je vous prie de recevoir, Mes Chers Confédérés, mes plus cordiales salutations.Philippe Nantermod
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Les libraires seront les premières victimes du prix unique
Publié dans le Temps du 9 février 2012
Les partisans du prix unique du livre assènent systématiquement la même rengaine : « acceptons la loi sur le prix du livre (LPL) pour sauver les petites librairies », sans pour autant expliquer en quoi cette nouvelle réglementation permettrait d’aider les détaillants. Certainement parce qu’il n’existe aucun argument solide qui le démontrerait. Dans le Matin du 14 décembre 2011, l’écrivain Bernard Comment appelait le lecteur à voter la loi après avoir affirmé : « Des argumentaires vont circuler. Ils sont trop compliqués. Trop de chiffres, de statistiques ». Autrement dit, écoutez moi au lieu de vous informer, et tout ira bien.
Actuellement, les libraires suisses font face à la colère des consommateurs qui achètent des ouvrages étiquetés en francs le double du montant imprimé en euros. Les commerçants ne sont toutefois pas responsables de cette situation : le marché romand est tenu par une poignée de diffuseurs presque tous propriétés d’éditeurs français, qui empêchent les importations parallèles et fixent des tarifs intenables. Les libraires se plaignent d’ailleurs fréquemment de la faiblesse de leurs marges, situation qui pousse un grand nombre d’entre eux vers la faillite.
Que propose le prix unique pour y remédier ? En réalité, pas grand chose. Avec la nouvelle loi, les diffuseurs qui asphyxient actuellement les détaillants disposeront d’un droit nouveau : jusqu’ici, ils fixaient le prix d’achat des livres, désormais, ils pourront fixer le prix de vente, applicable à tous les vendeurs suisses, qu’il s’agisse des petites librairies ou des supermarchés, mais aussi d’Amazon, à savoir le commerce en ligne qui constitue le dernier moyen de pression efficace contre les importateurs.
Si les librairies veulent pouvoir échapper à l’avidité des diffuseurs, elles seront contraintes de procéder à des importations directes pour contourner leurs fournisseurs, ce qui ne va pas sans peine. Payot s’est engagé courageusement dans la brèche, malgré ses accointances avec les groupes étrangers. Si le prix unique devait être adopté, tous les efforts de la chaîne seraient alors réduits à néant : le diffuseur contourné garderait le pouvoir de fixer les prix des produits qu’il n’a pas importé lui-même.
Les partisans du prix unique s’en remettent alors à M. Prix qui se verra attribuer un nouveau rôle : diminuer les prix des livres en cas d’abus des importateurs. A se remémorer la liste des domaines dans lesquels le Surveillant des prix n’a pas montré toutes ses compétences, à savoir les transports publics, les médicaments ou les télécommunications, on peut sérieusement douter que l’institution soit vraiment la plus efficace pour limiter les prétentions de diffuseurs bientôt tout-puissants.
Le prix unique est un leurre. Non seulement rien ne montre qu’il aidera les libraires, puisqu’il cimentera pour de bon le pouvoir de leur souffre-douleur, mais il a déjà montré son inefficacité à l’étranger. La France, qui connaît un prix unique depuis 1981, voit ses citoyens déserter les petites librairies pour rejoindre les grandes surfaces, malgré un prix strictement identique. Depuis 2003, les libraires ont perdu presque 20% de leur part de marché face aux grandes surfaces et à Internet. Le syndicat français du livre, dans un rapport de l’été 2011, annonçait d’ailleurs que, parmi les 3’500 librairies, 1’000 d’entre elles allaient fermer dans les cinq ans à venir.
Prétendre dans ces conditions que le prix unique sauvera les libraires indépendantes est mensonger. Si nous voulons aider nos petits commerces, et c’est dire si nous sommes prêts à les soutenir, nous devons rejeter cette hérésie qu’est le prix unique et agir, au moyen d’une COMCO renforcée, contre les cartels verticaux mis en place par les éditeurs français qui ne voient dans le lecteur Suisse qu’un mouton à tondre. Certes, les librairies romandes penchent pour le Oui, persuadées de sortir sauvés de la loi. En Suisse alémanique, un nombre grandissant de libraires indépendants se rebiffent et appellent à voter Non : le marché doit s’adapter au lecteur, pas l’inverse.
Le tissu de libraires est peut-être crucial pour la culture et le livre constitue un objet commercial pas comme les autres qui mérite d’être aidé. Cela ne doit pas pour autant nous pousser à accepter n’importe quoi. A l’image de l’industrie de la musique et du film confrontée aux évolutions des modes de consommations, les solutions proposées, alliant actions judiciaires et arsenal législatif, se sont souvent avérées plus dévastatrices encore que ces évolutions elles-mêmes. Ne faisons pas les mêmes erreurs avec le livre, il ne le mérite pas. -
Débat sur les incompatibilités
Ouvrir les portes du Grand Conseil à toute la fonction publique ?
Les milieux économiques ne veulent pas de cette proposition contenue dans l’avant-projet de loi sur les incompatibilités parlementaires.
L’UDI, l’UVAM et la CVCI se font d’ores et déjà menaçants en brandissant l’arme du référendum.
Le texte sort pourtant tout juste de sa phase de consultation.
Coup de bluff des milieux économiques ?
La réponse au travers de cet extrait tiré du « Face-à-face » de ce mercredi soir entre Marylène Volpi Fournier et Philippe Nantermod.
Voir le débat sur Canal 9 -
Pour survivre, la librairie doit se réinventer
La loi sur le prix unique du livre soumise à votation le 11 mars prochain, devrait, selon ses partisans, permettre aux petites librairies de faire face à la concurrence des grandes, des supermarchés et du commerce électronique.
Leur argument est à priori convaincant : en proposant des prix « cassés » de l’ordre de – 20%, les grandes surfaces siphonneraient la clientèle des indépendants. En établissant une égalité des tarifs, les clients des grands commerces retourneraient ainsi naturellement vers les petites librairies dont le service est forcément meilleur.
Il n’en est rien. Si ce raisonnement tenait, les petites librairies devraient voir leur part de marché augmenter là où le prix est unique, c’est à dire identique dans tous les points de vente. Or, en France, la part de marché des librairies s’établissait à 33.2% en 1994 pour reculer à 24.4% en 2007. Durant la même période, les grandes surfaces (type Leclerc) et les grandes surfaces spécialisées (type FNAC) ont vu leur part de marché cumulée passer de 25% à 42.6%. Ajoutons à cela l’arrivée d’Internet (7.9% en 2007) et on constate que, malgré des prix strictement égaux, le client préfère le monde « froid » de la grande distribution à celui sympathique et pittoresque de la librairie de quartier[1].
Aussi surprenant que soit ce constat puisse paraitre, il s’explique notamment par une modification profonde des habitudes des consommateurs. Les partisans de la LPL affirment que ce que la petite librairie offre en plus, c’est le service. Que grâce à elle, la concurrence ne s’exercera plus sous l’angle du prix, mais sous celui de la qualité du service : l’intimité du libraire, le conseil, le climat chaleureux ou le contact humain. Le service de la grande distribution est nié, voire méprisé. Cette approche est manifestement fausse. La grande distribution offre en réalité un type de service qui plaît de plus en plus.
Je ne cherche pas ici à porter un jugement de valeur sur ces services. Je n’ai ni les compétences, ni l’autorité pour distinguer ce qui est culturellement bon de ce qui ne l’est pas. Je cherche simplement à comprendre pourquoi le prix unique ne renforce pas la librairie.
Contrairement à une idée reçue, l’anonymat des grands magasins constitue pour beaucoup un vrai plus : l’achat d’un livre est considéré comme un acte éminemment individuel. L’absence de contact humain éloigne le regard approbateur ou désapprobateur du vendeur. Le client n’a aucune gêne à passer à la FNAC sans ne rien acheter, le vendeur du supermarché ne juge pas à vos goûts. Dans une grande librairie ou une grande surface, le lecteur n’est emprunté ni à l’idée de payer CHF 20.- avec une carte de crédit, ni à ramener un ouvrage qui ne lui plaît finalement pas.
Le stock est un immense atout des grandes librairies face aux petites. Les consommateurs ont acquis une habitude de disposer immédiatement de tout, tout de suite. Les fameux « nous n’avons pas en stock, mais nous pouvons commander » représente à mes yeux un vrai obstacle à la consommation. Grâce à Internet, je peux aussi commander un livre, sans avoir à repasser par le petit commerce. Le temps gagné, je le passe à lire.
La diversité des produits culturels proposés constitue encore une force importante de la grande distribution. Lors d’un passage à la FNAC, j’acquiers à la fois un film, un billet de concert, un jeu vidéo et un livre. Même si cette approche donne l’image d’un fourre-tout culturel sans intérêt, le client s’y retrouve et s’y est habitué.
On peut encore citer les avantages géographiques (places de parc), la standardisation de la présentation des produits, la livraison gratuite à domicile ou la fidélisation du client par des actions marketing fortes.
Comment le lecteur choisit son livre ? Un sondage Ipsos/Livre-Hebdo de novembre 2005 a montré que 59% des lecteurs ne savent pas ce qu’ils vont acheter en entrant dans un point de vente. Leur choix se fait grâce à la couverture et au résumé pour 45% des lecteurs alors que le conseil du libraire n’est déterminant que dans 13% des cas[2]. Finalement, l’expertise présentée comme l’argument tueur de l’indépendant n’est pas aussi fort qu’il peut paraître de prime abord.
Ces éléments permettent d’expliquer en partie pourquoi à prix égal, le consommateur français préfère toujours plus les grandes surfaces aux petites librairies indépendantes. Le dumping sur les prix n’y existant plus, force est de constater que les habitudes de consommation ont fondamentalement changé. Vu les expériences étrangères, la librairie doit se réinventer si elle veut survivre, le nivellement des prix ne lui permettra a priori pas de récupérer ses clients perdus. Dans le pire des cas, la LPL empêchera même libraire de monétiser la valeur de son service offert à une clientèle particulière : un livre à CHF 20.-, c’est un livre à CHF 20.-, pas plus. Avec le prix unique, que vous l’ayez acheté à la Migros entre deux boîtes de petits poids ou auprès d’un libraire qui vous a consacré trente minutes de conseil n’y changera rien.
On peut considérer ce constat malheureux. On peut critiquer ces habitudes, regretter le client d’antan. N’en demeure pas moins que le libraire doit vendre des livres au lecteur de 2012, pas à celui de 1970.
L’approche du problème par les partisans de la LPL me fait singulièrement penser à celle des acteurs de la musique au début des années 2000. Persuadés que le client ne cherchait sur Internet qu’à acquérir de la musique gratuitement, ils ont tenté par un arsenal législatif et judiciaire de démolir le partage de fichiers, convaincu que les internautes finiraient bien par retourner chez leur disquaire. Il s’est avéré avec le temps que les consommateurs étaient prêts à payer pour disposer de contenu, d’où les succès d’iTunes et de Spotify. Même le cas Megaupload montre l’abîme qui existe entre les attentes du producteur de contenu et celles du consommateur : des clients du monde entier ont déboursé des centaines de millions de francs pour disposer d’un service de mauvaise qualité, souvent incomplet et fourni par une société à moitié mafieuse.
Au risque de vivre le psychodrame de Napster et de Megaupload sous une forme différente, les éditeurs, diffuseurs, distributeurs et libraires feraient bien de comprendre que le monde a changé et de s’y adapter avant qu’il n’en soit trop tard.
[1] Rapport Gaymard, Annexe 5, Notes Statistiques, 2008, p. 8
[2] http://lafeuille.blog.lemonde.fr/2011/11/18/la-fin-de-la-librairie-2e-partie-pourquoi-nous-sommes-nous-detournes-des-librairies/