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  • M2 le mégalo

    Je me permets dans cet article de critiquer le choix lausannois pour son métro. Je ne suis ni urbaniste, ni vaudois, mais quelques éléments dans ce choix me font penser que nous n’allons pas forcément dans le bons sens en matière de transports publics…

    Pour commencer, je tiens à préciser que j’ai vécu 4 ans à Lausanne, en n’utilisant que les transports publics. Je vis désormais à Zurich, où je n’emploie aussi que les transports publics.

    Le constat est affligeant pour Lausanne. Pourquoi diable avoir voulu investir tant d’argent (on parlera sans doutes d’un milliard une fois le projet réalisé) dans une seule ligne au détriment des autres ? Les bus lausannois ne peuvent aujourd’hui pas être remplacés, faute de moyens semble-t-il, les nouveaux horaires prévoient des suppressions de bus (le numéro trois par exemple), les bus de nuits sont quasiment inexistants. Il n’y a pas ou peu de correspondances à la gare avec l’arrivée des trains. Le M2, durant la durée des travaux, pose de gros problèmes à la circulation en ville, tant pour les piétons que pour les voitures et les TL. Le M2 aura aspiré tout le capital disponible pour améliorer l’offre des transports publics… alors que l’on parle de développer le quartier de la Blécherette, zone hors de la ligne du futur métro.
    En vivant à Zurich, ville autrement plus grande que Lausanne, je constate que le choix n’a pas été de bâtir un projet faramineux et mégalomane, mais de favoriser LES transports publics, avec une offre en trams et bus qui sert vraiment l’ensemble de la population, avec un réseau dense, des horaires intéressants et qui s’étalent de 5 heures du matin jusqu’à 2 heures du matin (sans compter les bus de nuit). Les transports y sont rapides, confortables, les lignes de trams bien aménagées et – en règle générale – à l’heure. La population zurichoise avait pourtant refusé un projet de métro.

    J’espère de tout mon cœur que le choix lausannois s’avérera payant au final, mais j’en doute. Pourquoi privilégier une seule ligne au détriment de toutes les autres ? Aujourd’hui, les le parc automobile des TL est constitué en grande partie des restes des autres grandes villes, on y est mal installés, secoués, en retard. Le sacrifice auquel l’ensemble de la population lausannoise consent me semble complètement démesuré par rapport à un projet qui rendra les TL asymétriques : d’un côté, le top du métro, et de l’autre le « tiers monde ».
    Que se serait-il passé si nous avions utilisé ce milliard pour améliorer sensiblement l’offre en bus et trolleys ? On se serait passé des chantiers faramineux, mais on aurait pu bénéficier immédiatement d’un service de qualité.

    Bon, j’ai un peu de retard dans le débat. Quel « has-been » !

  • Taxer la pensée

    Jamais à court d’idées quand il s’agit de copier les âneries de nos voisins, notre cher parlement va voter une révision de la loi sur les droits d’auteur. Au cœur de problème : adapter la législation à l’évolution technologique informatique.

    Une partie des sauveurs autoproclamés de la propriété intellectuelle proposent d’établir une taxe sur les supports numériques comme les baladeurs MP3 au prorata de la capacité de stockage, considérant que l’utilisateur est forcément un voleur avide de téléchargements gratuits pour le grand malheur de tous ces pauvres artistes exploités mais heureusement bien défendus.

    Je ne peux pas accepter que l’on établisse une loi qui adopte comme principe l’idée que les utilisateurs sont tous des criminels. Imaginez une taxe sur la bière punissant la conduite en état d’ivresse… Ce serait plutôt contraire à la présomption d’innocence, et bien c’est ce que l’on cherche à imposer pour les droits d’auteurs. S’il est vrai que, comme le dit la publicité, violer le droit d’auteur, c’est voler, alors un vol est un vol et doit être puni. Mais celui qui ne vole pas ne doit pas être puni. C’est pourtant ce que l’on fait en imposant une taxe sur les supports vierges, qui pourront accueillir du contenu non protégé par les droits d’auteur, mais aussi du contenu protégé mais pour lequel on a déjà acquis les droit en achetant un disque.

    Je me pose aussi la question de la répartition de cette taxe. Cette taxe doit revenir aux artistes, ouio, mais auxquels ? Et dans quelle proportion ? Des artistes vont toucher des droits d’auteur auxquels ils n’ont pas de droit légitime et d’autres ne toucheront pas les droits qui leur reviennent, c’est évident. Cette loi revient à violer les droit d’auteurs des artistes qui ne font pas partie du club des « très connus » et qui bénéficient d’une surprotection.

    Enfin, il est essentiel de souligner que les droits d’auteurs sont souvent déjà payés au moment où une chanson est chargée sur un iPod. Sur le mien, par exemple, je n’ai presque que des disques que j’ai acheté. Pourquoi devrais-je encore payer un droit pour pouvoir écouter ces morceaux ? Il s’agit là d’une double imposition scandaleuse qui profite à tous ceux qui ont pour l’instant triché en téléchargeant illégalement. En achetant mes disques, j’ai acheté le droit de les écouter dans mon cercle familial. Vu le prix des CD, cela me paraît être encore la moindre des choses. Pourquoi diable devrais-je encore m’acquitter d’une taxe ?

    De même, il est franchement inacceptable d’interdire le dézonage des lecteurs de DVD, principe complètement contraire au libre-échange : pourquoi ais-je le droit d’acheter un DVD lors d’un voyage à l’étranger, mais une fois de retour chez moi, je ne peux que regarder l’emballage ? Pourquoi l’Etat devrait soutenir par sa loi des ententes commerciales illégales qui n’ont pour but que d’empêcher les importation hors du réseau traditionnel ? Pourquoi vouloir à tout prix empêcher la concurrence ? J’espère que notre parlement ne cèdera pas à la pression des majors. Si tel n’est pas le cas, comptez sur moi pour participer au référendum. Heureusement, la révision actuelle ne va pas aussi loin que la loi française, mais on peut s’attendre à tout pour les années à venir. Tiens, c’est comique, voilà que mon iPod joue Taxman des Beatles… c’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité.

  • Expulsions et intégration

    L’agression barbare qui a eu lieu samedi soir en ville de Monthey renforce le sentiment d’insécurité et une certaine xénophobie dans la population, et c’est bien malheureux.

    Le nouveau Code Pénal qui est entré en vigueur au premier janvier a supprimé la mesure d’expulsion du territoire. C’est à mon avis une imbécillité de plus de notre nouveau droit pénal.
    Celui qui est au bénéfice d’un permis de séjour ou d’établissement en Suisse doit respecter certaines règles (c’est déjà dans la loi), dont la première est le respect de l’ordre public suisse. Je pense qu’il serait bon d’assortir systématiquement une peine de prison pour des délits très graves (meurtre, lésions corporelles graves ou viol) d’une mesure d’expulsion du territoire et une interdiction de territoire.
    Il ne s’agit pas là d’une peine pénale, mais d’une mesure administrative : celui qui commet ce genre d’infraction ne remplit plus les conditions d’autorisation de séjour. De nombreux pays appliquent ce genre de mesure, et je ne comprends pas pourquoi on a voulu supprimer cela dans le nouveau code pénal. C’est un message qui s’adresse non pas aux étrangers, mais aux criminels, dans le cas où ceux-ci sont étrangers. Je pense que l’on peut débattre de l’opportunité de permettre à des repris de justice étrangers de séjourner en Suisse sans tomber dans le racisme ou la xénophobie.
    Il est certain que des mesures d’intégration et de prévention doivent être entreprises. Je me suis opposé à la nouvelle loi sur l’asile, je défends le droit de vote communal accordé aux étrangers ou encore les diverses mesures en matière de langue ou de travail. Mais la répression est aussi une condition au maintien de l’ordre public. L’intégration n’étant pas le fait seulement de la société ou de l’Etat, mais aussi de la personne qui doit être « intégrée », je pense qu’une violation aussi crasse de l’ordre public doit être considérée comme une intégration complètement ratée.

    Qu’en pensez-vous ?

  • Une fiscalité inique

    En bon politicien, il faut reconnaître que nos adversaires mènent parfois des combats d’une grande justesse. Ce n’est pas tous les jours que je défend une idée du Parti Socialiste, mais, cette fois-ci, je dois admettre que la gauche a totalement raison de se battre contre la sous enchère fiscale menée en Suisse centrale.

    Certes, la concurrence entre cantons est en général une excellente chose, par exemple en matière de promotion économique. Fiscalement, elle est aussi intéressante et permet une régulation des taux d’imposition : grâce à elle, on ne recourt pas systématiquement aux hausses d’impôts pour couvrir le déficit étatique. Mais certains petits cantons ne parviennent pas à développer une économie fondée sur la création de richesse et la compétitivité et préfèrent se contenter de ramasser à la pelle les très riches contribuables des grandes villes voisines, grâce à une mesure fiscale inique, contraire à toutes les valeurs qui font notre pays.

    L’impôt dégressif est probablement la mesure fiscale la plus scandaleuse que je connaisse. Celui qui gagne 120’000 francs par ans travaille jusqu’au mois de mai uniquement pour payer ses impôts, celui qui gagne 500’000 sera libéré de ses obligations fiscales en mars. Appliqué dans quelques petits cantons, cette fiscalité est contraire à tous les principes qui font la bonne cohésion sociale et a pour unique but de « piquer » les très riches contribuables des grands cantons.
    La Suisse s’est aussi construite sur une idée de partage des richesses et de solidarité entre les régions riches et les régions moins favorisées pour offrir des perspectives de développement à tous. Un canton comme Zurich a des frais de fonctionnement gigantesque, offre des infrastructures aux entreprises novatrices, à la population de toute la Suisse centrale, et contribue d’une manière gigantesque à la péréquation financière qui aide les cantons moins biens munis. Ces dépenses ont des effets : Zurich est une des locomotives économique du pays. Comment pouvons-nous imaginer que cette formule, où Zurich qui porte le poids d’une lourde dette, donne plusieurs centaines de millions de francs par an aux cantons défavorisés, accepte à long terme de voir de petits cantons se contenter de récupérer les gros contribuables zurichois comme seule mesure de développement économique ? Je ne parle pas ici d’incitations fiscales pour essayer d’attirer de nouvelles entreprises, mesures qui seraient bénéfique à tous sur le long terme, mais le calcul est froid et ne va que dans un sens : quand on habite la Goldküste, on peut facilement déménager à 20 minutes de la plus grande ville du pays, voir ses impôts diminuer par deux et néanmoins passer sa vie à Zurich. Les premiers à perdre, facile, c’est la classe moyenne zurichoise qui devra bien voir ses impôts augmenter pour combler le trou causé par le départ de Ospel & Co. La ville perd mais paie, le petit canton gagne sans créer une seul emploi et sans contribuer du tout à la croissance du pays.

    Les clowneries de Joseph Zysiadis à Obwald ne doivent pas nous faire oublier qu’une bonne entente entre les cantons est la garantie d’une Suisse qui fonctionne. Des coups bas, en dessous de la ceinture, sont tout le contraire d’un Etat durable et prospère. Le débat avait déjà existé avec les accords fiscaux destiné à déplacer les contribuables dans le pays. Le résultat en a été la loi sur l’harmonisation fiscale qui exclut ces accords avec des ressortissants Suisse. Le système fiscal dégressif n’est pas un système fiscal compétitif, il ne s’agit que d’un moyen de contourner la loi sur l’harmonisation fiscale : ne concernant que les très riches contribuables et négligeant complètement la classe moyenne, ce système n’est en tous cas pas le reflet d’une bonne gestion de l’Etat et des deniers publics. Attirer les contribuables étranger ne nécessite nullement un impôt dégressif : les arrangements fiscaux règlent déjà la question. Si ces cantons veulent être attractifs sur le plan fiscal, qu’ils baissent les impôts, mais ceux de tous, pas seulement ceux des multi millionnaires !
    En tant que radical, soucieux de garantir la pérennité des institutions de notre pays et une bonne cohésion nationale, je ne peux que m’opposer à de tels système fiscaux et soutenir l’initiative « pour des impôts équitables ». La Suisse vaut mieux qu’un paradis fiscal.

  • Réformons les successions

    Notre Code Civil fêtera cette année son centième anniversaire. Il contient parmi les éléments les plus essentiels du droit privé suisse, comme le droit des personnes, des choses, de la famille ou des successions. J’aimerais m’arrêter sur cette dernière partie, le droit des successions, qui a pris un sérieux coup de vieux ces dernières décennies.

    Quel est le but de notre système successoral ? Il me semble que l’idée générale est que les biens accumulés durant notre vie doivent revenir dans la mesure du possible à notre descendance. La preuve en est l’absence d’impôt sur les successions en ligne directe dans la plupart des cantons, alors que les successions « indirectes » sont largement taxées.

    Le droit actuel fonctionne très bien pour la famille dite « classique ». Au décès d’un époux, la moitié des biens revient aux enfants, l’autre moitié à l’époux survivant. Au décès de l’époux survivant, les biens reviennent aux enfants, qui bénéficient au final de l’ensemble de la succession. Si ce système fonctionne très bien pour une famille unie avec des enfants, tous légitimes et issus du même mariage, le problème est tout différent en cas de divorce, de second mariage, d’enfant d’autre lit, etc. Si ces situations existaient il y a un siècle, elles étaient sans doute bien moins fréquentes qu’aujourd’hui. Sachant que presque la moitié des couples divorcent, il est intéressant de réfléchir aux conséquences successorales de ces divorces.

    Prenons un exemple. Imaginez un père de famille, Pierre, qui divorce après avoir eu un enfant, Jean, avec une première femme, puis se remarie avec une seconde, Sophie, sans avoir de nouvel enfant. Que se passe-t-il si Pierre décède avant Sophie ? La moitié des biens de Pierre ainsi que tous les biens de sa famille reviendront à Jean, l’autre moitié à Sophie. Au décès de celle-ci, l’ensemble des biens reviendront à sa famille, mais rien à Jean, pourtant l’enfant de Pierre. Une partie de l’héritage familial de Pierre va se retrouver dans une famille complètement extérieure alors qu’une succession directe était possible.

    Imaginons la situation inverse, où Sophie décède en premier. Pierre héritera des trois quarts des biens de Sophie, le quart restant étant destiné aux parents (et aux frères, cousins, etc.) de la seconde épouse. Au décès de Pierre, Jean touchera l’ensemble des biens de sa famille, tous ceux de son père, et les ¾ de ceux de sa belle-mère !

    L’exemple est peut-être difficile à suivre, mais imaginez que vous ajoutez un enfant commun, un enfant de Sophie d’un premier lit, et une première épouse mariée, on arrive à un remake de top model, situation finalement pas si extraordinaire. On voit ici que pour un enfant issu d’une famille recomposée, la différence en part d’héritage peut varier du simple au quasi quadruple, selon l’ordre des décès de son entourage. Il est temps que le Code Civil soit adapté aux évolutions de notre société, et en particulier aux nouvelles formes de familles. Même s’il serait sans doute préférable que le nombre de divorce diminue, on ne peut pas légitiment faire porter aux enfants le poids du choix des parents. Beaucoup de partis parlent aujourd’hui de politique familiale. Il ne faut pas oublier qu’une famille n’est pas seulement un couple marié avec deux enfants. Les familles monoparentales ou recomposées constituent une part important des familles de ce pays et les oublier n’est ni juste, ni opportun.

  • Des crèches plutôt que des lois

    Conjuguer harmonieusement l’existence d’une vie familiale et l’exercice d’une activité professionnelle est aujourd’hui très compliqué et l’existence de crèches est une réponse à certains de ces problèmes. Les nombreuses lois et règlements en la matière compliquent malheureusement des choses qui devraient pourtant être simple. Il est aberrant de voir une crèche fermer à Bex pour des raisons de manque de personnel dit « qualifié ». Ce genre de problèmes se répète dans le pays et ce sont les parents qui trinquent.

    Les jeunes radicaux valaisans exigent que les lois sur la petite enfance soient simplifiées et que les réglementations soient drastiquement assouplies. Il est incroyable de considérer insuffisamment qualifiée pour garder des enfants une personne ayant effectué le travail de mère au foyer pendant 15 ans et ayant élevé des enfants. Un tel assouplissement doit entraîner la création de nouvelles entreprises et de nouveaux emplois tout en rendant un service précieux aux familles dont les deux parents travaillent.

    Pour des considérations obscures, nous sommes parvenus à transformer ce qui devait relever de l’initiative privée, parfois subventionnée, en un mastodonte administratif. Pour les jeunes radicaux valaisans, la solution au problème des places de crèches ne passera pas par une augmentation de subventions destinées à compléter l’arsenal législatif, mais par une déréglementation et une plus grande immixtion de l’initiative et de la responsabilité individuelle.

  • Du juridisme, en veux-tu ? En voilà !

    J’ai eu le plaisir de suivre les séances du Conseil National ce matin au sujet du traitement de l’initiative Hofmann, ce que d’aucun appelle déjà le contre-projet à l’initiative des radicaux. Ardent défenseur de cette initiative, je m’interroge sur la pertinence des arguments juridiques du camps adverse.

    Nous parlons de places de travail, on nous rétorque l’ordre hiérarchique des tribunaux, nous évoquons la croissance économique, on nous répond par la subsidiarité du droit fédéral. Mais où est passé l’environnement dans ce débat ? Les méchants promoteurs que nous sommes maintenons notre discours sur la nécessité d’un aménagement du territoire appuyé sur des prises de décision de l’autorité publique et non pas par des groupements de privés. En face, on ne fait plus que du juridisme jusqu’au-boutiste.

    Le point controversé dans la motion Hofmann et dans notre projet réside dans la question de tenir compte des choix du peuple en matière d’aménagement du territoire. Il n’a jamais été question de supprimer la hiérarchie des normes et d’accepter soudainement que le droit communale puisse renverser le droit fédéral. Depuis quand peut-on légalement mettre un projet en consultation populaire pour un sujet illégal ? Dans ces cas-là, la voie du recours au tribunal cantonal puis au tribunal fédéral est ouverte, nous ne parlons nul part de la fermer. Nous prétendons seulement que dans le cadre de leurs compétences, les communes ont une latitude suffisante pour appliquer et interpréter la parcelle de loi qui leur est dévolue. Donner aux associations le pouvoir de jouer les zorros de la juste application de la loi est contraire à tous les grands principes qui garantissent une démocratie à étage comme en Suisse. Pour assurer que les communes et que les cantons font bien leur travail, nous avons toute une série de mécanismes de surveillance dont le droit de recours en est un.

    Le droit de recours crée des problèmes d’envergure dans le pays : on parle de 20 à 30 milliards de francs de bloqués par des recours ou par des négociations en vue d’éviter un recours. Dans ce contexte, on peut difficilement se payer le luxe d’empêcher la création de logements dans des cantons saturés ou de bloquer le développement économique de zones déjà en rade en comparaison internationale. Peu importe, on continue à laisser bénéficier d’un droit de recours absolu même contre des décisions de cercles démocratiques dans leur domaine de compétence pour des motifs purement juridique et dont l’application matérielle est plus que sujette à caution.

    Le parlement est en train de refuser une version édulcorée de notre projet. J’espère que le peuple saura comprendre que ce ne sont pas à 30 associations de protection de l’environnement de dicter la politique d’aménagement du territoire…

  • L'illusion de l'indépendance

    J’ai encore entendu un ami vanter les mérites de l’indépendance de la Suisse face à l’Union européenne. Contrairement à lui, Je pense que cette indépendance relèvera gentiment du mythe si nous persistons dans notre voie solitaire, à croire que 450 millions de personnes sont des imbéciles et que nous, Sonderfall que nous sommes, détenons la vérité.

    J’aime comparer la relation entre la Suisse et l’Europe à la relation qui existe entre le Lichtenstein et la Suisse. La Suisse est une espèce d’Europe miniature d’un point de vue géographique : 26 Etats, quatre langues, différentes cultures, régions économiques, et j’en passe. Avec 150 ans de retard, l’Union est confrontée à des problèmes majeurs que nous avons dû régler en 1848.

    A côté de cette Union Helvétique se dresse un petit Etat indépendant, sur le papier du moins.

    Le Lichtenstein peut constituer un gouvernement mais ses compétences sont assez limitées. La Poste, les Affaires Etrangères, la monnaie, l’armée, et j’en passe, sont des domaines qui sont complètement régis par la Confédération. Comparons maintenant la petite principauté à mon cher canton. Le Valais est un « petit Etat » de la Confédération, avec une représentation de seulement 9 parlementaires sur 246. Et bien, malgré sa petite taille, le Canton parvient tout de même à avoir une des représentations les plus en vue du pays, avec un président de parti national, deux conseillers fédéraux ou un catogan gueulard. Les Valaisans ont de l’influence, même s’ils sont rares. Maintenant, réfléchissons, quel est l’Etat le plus indépendant ? Celui qui peut prendre position le jour où la BNS demandera une dévaluation, ou celui qui ne pourra que regarder le Franc suisse perdre de sa valeur ? Je crois que la participation constitue une garantie d’indépendance.

    Nous devons absolument éviter de devenir le Lichtenstein de l’Europe. Non pas que je n’aime pas ce micro Etat, mais parce que nous sommes trop grands pour nous contenter d’une place de suiveur dans la logique internationale. Je crains cependant que notre indépendance se réduise déjà comme peau de chagrin. Etudiant en droit, je constate que le terme « euro compatible » sort presque aussi souvent de la bouche du professeur que le principe de la protection de la bonne foi. Euro compatible, c’est quoi en pratique ? C’est simple : après de longs débats, nos parlementaires finissent par appliquer le papier carbone pour reprendre les directives de Bruxelles.
    Le Luxembourg est sans doute un nain sur l’échiquier européen, mais il peut contribuer à l’élaboration des lois européenne et chercher un consensus. Nous, les Suisses, nous ne pouvons pas. Les Pays-Bas peuvent influencer la rédaction de la Constitution européenne, nous ne pourrons que la ratifier le jour où nous nous déciderons à adhérer. Chaque jour qui passe nous enlève un peu de notre marge de manœuvre sur la politique internationale et nationale. En d’autre termes, on appelle ça une perte d’indépendance. Progressivement, nous risquons de ne devenir que l’ombre de cette Europe politique qui avance, pas toujours au même rythme, mais qui avance quand même. Regardez, on peut déjà payer en euros dans presque toutes les grandes surfaces du pays, et même aux automates des T-L !

    Certes, tous les malheurs prédits en 1992 ne se sont pas réalisés, tant mieux, nous pouvons réfléchir plus sereinement à une adhésion.
    Du côté des partis politiques, l’ambiance européenne est sinistre. Personne – à part les opposants – n’osent aborder de front la question, et c’est bien dommage. Car l’adhésion est une question plus importante que l’AOC Fromage des Grisons. Malheureusement, il reste bien peu de politiciens suffisamment courageux pour défendre une idée à contre-courant.

    Une grande majorité des intervenants de ce site sont des jeunes qui ne risquent pas leur carrière politique à défendre un sujet impopulaire. Profitons de cette plate-forme pour relancer le Grand débat de la décennie à venir !

  • Des arguments un peu malheureux

    L’Union Démocratique du Centre a eu l’occasion dans le Nouvelliste de vendredi d’exposer ses deux arguments principaux relatifs au fond de cohésion pour les pays de l’Est. Etonné de leur impertinence, je profite de cette tribune pour y répondre.

    Le premier concerne l’absence de « négociations » qui entoure notre participation. Ces messieurs du « centre » prétendent que nous aurions au moins pu négocier la résolution du problème de Kloten ou régler des questions liées à la fiscalité helvétique en échange des 100 millions par an pendant dix ans. Il faut savoir que cet argent va dans une caisse collective, le fond de cohésion, doté chaque année d’un budget d’environ 40 milliards d’euros. Sans vouloir minimiser notre contribution, ces 100 millions de francs ne constituent pas une manne suffisamment considérable pour réclamer une génuflexion de l’UE. L’Allemagne et la France, malgré une situation économique assez moyenne en ce moment, contribuent assez fortement au fonds de solidarité. Ces pays n’ont rien exigé pour participer à la reconstruction de l’Est, s’agissant simplement d’un geste humain d’aide à des pays frères qui ont eu la mauvaise idée de se faire envahir par les Russes. Nous ne donnons rien pour l’ancienne Europe des 15, il est par conséquent difficile d’obtenir un retour de leur part. De ce point de vue, nous devrions plutôt demander des compensations à la Pologne. Imaginez Micheline Calmy-Rey partir à Varsovie demander une aide polonaise pour la formation en Suisse, ce serait la meilleure blague de l’année. C’est un peu comme si on s’attendait à être invité à manger par Jean-Marc Richard à chaque fois que l’on fait un don à la chaîne du bonheur. Il s’agit là de solidarité entre les pays d’Europe et je ne vois pas la raison pour laquelle tous les pays occidentaux feraient un effort sauf la Suisse. Même la Norvège, non membre de l’Union Européenne, contribue pour le fond de cohésion à hauteur de 1.6 milliards de francs. Nous ne sommes pas un pays particulièrement pauvre incapable de solidarité, l’histoire l’a même montré par nos nombreuses aides au développement. Réclamer un droit de passage pour nos avions au Sud de l’Allemagne en échange de notre solidarité serait le comble de la mesquinerie.

    Le second argument tient au fait qu’il n’existe pas de plafond financier dans la loi. C’est le fameux chèque en blanc que le peuple Suisse donne à ses élus. Connaissez-vous beaucoup de lois qui fixent un plafond au budget de la Confédération ? Non, évidemment. La loi sur l’AVS ne fixe pas le nombre de rentiers ni le montant des rentes. Je suis surpris qu’après trois ans au Conseil National, Oskar Freysinger ne sache toujours pas ce qu’est un budget. Une loi contient des normes générales et abstraites, l’ordonnance réglemente l’application de la loi. C’est le budget, arrêté fédéral voté par le parlement, qui fixe le montant alloué à l’application des lois. Le parlement le fait pour un montant de 50 milliards de francs chaque année, pourquoi devrait-il en être autrement pour ces 100 millions ? Chiffrer dans la loi un plafond à la contribution Suisse serait tout simplement contraire à l’ordre juridique. Malgré ce qu’a l’air de prétendre l’UDC, le parlement peut légitimement gérer les comptes de la Confédération. Même si les chambres ne sont pas systématiquement du même avis que le plus grand parti du pays, elles gardent le droit d’administrer l’Etat. Si le problème est vraiment la question du contrôle du peuple sur les dépenses fédérales, les opposants à la loi sur la coopération avec les dix nouveaux membres de l’UE auraient été plus cohérents en proposant une initiative introduisant le référendum budgétaire.

    Je crois que nos amis agrariens sont à court d’argument sur le sujet. Ils prétendent désormais être d’accord sur le principe du milliard, voire même exiger cette contribution, mais dans un cadre légal assez douteux d’un point de vue juridique. Peut-être admettront-ils en fin de campagne que le référendum n’était qu’une question de principe anti-européen. Ces parlementaires me semblent tellement regretter la douce période de l’URSS, où les démocraties populaires n’avaient pas besoin de notre soutien, où l’armée pouvait encore justifier des budgets gigantesques et où l’on pouvait si facilement schématiser le bien du mal dans notre bonne vieille Europe…

  • Pour un aéroport au service du Valais

    Pour les jeunes radicaux et libéraux valaisans, demain, vendredi 10 novembre, sera un grand jour. La première initiative populaire cantonale lancée par les jeunes politiciens sera publiée dans le Bulletin Officiel, ce qui marquera le début de la récolte des 4000 signatures requises.

    L’initiative attribue une nouvelle tâche au Canton : la gestion de son aéroport dans un but touristique et économique. Actuellement, la structure est en mains de la Commune de Sion et occupe pour l’essentiel une place de base aérienne pour notre chère armée.
    Trente pourcents du PIB cantonal proviennent directement ou indirectement du tourisme. Nos clients sont anglais, hollandais et français. Un aéroport capable de recevoir des Boeing 737 sert aujourd’hui principalement aux vols des FA/18. Cherchez l’erreur. Dans un canton alpin et touristique, ce formidable instrument devrait servir prioritairement à l’accueil de nouveaux touristes, sans pour autant cherche à tous prix à évacuer l’armée.

    Le transfert de la commune au canton est la mesure la plus décriée de notre texte. Nous n’avons jamais voulu ternir la qualité de la gestion de l’aéroport par la ville de Sion, mais seulement donner à la plateforme un cadre de gestion plus régional. En effet, si l’aéroport de Sion devient l’aéroport du Valais et sert en primeur aux stations de Crans Montana, Verbier ou Nendaz, il est illogique de laisser le conseil communal de Sion s’occuper de son développement. Pas pour cause de manque de compétence, mais de perspectives cantonales. En comparaison, l’EPFL est à Lausanne et ce n’est pourtant pas l’Etat de Vaud qui la gère…

    Si nous obtenons le nombre requis de signatures et que le projet est accepté par le peuple en votation, le parlement et le conseil d’Etat seront amenés à rédiger une loi et une ordonnance d’application de l’article constitutionnel. Il faudra alors réfléchir comment attirer de nouvelles compagnies aériennes à Sion. Premièrement, nous proposons que l’offre soit orientée en priorité sur les quatre mois de l’hiver et les deux mois de l’été. Les taxes d’aéroport restent actuellement trop élevées pour convaincre des « low-cost ». Il faudra par conséquent réorganiser quelque peu l’aéroport pour parvenir à baisser ces taxes. Des négociations devront être menées avec l’OFAC pour obtenir des créneaux avec les villes de provenance de nos clients, comme Londres, Amsterdam ou Paris ; une étude de marché le définira. Enfin quelques modestes améliorations techniques devront être planifiées pour améliorer l’accueil. Tout cela ne constitue que des pistes de réflexion. Au Grand Conseil de creuser plus en profondeur la question pour faire de cet aéroport un véritable atout pour notre canton.

    Je crois fermement que mon canton peut améliorer son offre touristique et augmenter ainsi son niveau de vie. L’aéroport du Valais est une pierre à l’édifice d’une croissance économique durable, fondée sur des domaines où nous sommes forts. Nous verrons si l’avenir me donne raison, mais, quoi qu’il arrive, l’enjeu en vaut la chandelle. Tiens, je ne peux plus attendre de retourner récolter des signatures aux pieds des pistes de ski !