Examiner l’opportunité de soumettre les entreprises publiques à une privatisation

Postulat déposé le 30 septembre 2021 au Conseil national

Les CFF, la Poste et Swisscom se développent de manière extrêmement dynamique dans un environnement qui évolue rapidement. Les trois entreprises publiques adaptent constamment leurs modèles commerciaux à l’évolution des conditions du marché. De nouveaux secteurs d’activité apparaissent et les chaînes de valeur des entreprises s’étendent en permanence. Cette évolution détourne les entreprises publiques de leur mission principale.

Ainsi, ces sociétés sont de plus en plus en concurrence avec les entreprises privées. Certaines entreprises publiques opèrent sur des marchés protégés, agissent comme des monopoles ou remplissent un mandat d’État, de sorte qu’elles peuvent intervenir sur le marché à partir d’une position privilégiée par rapport au secteur privé.

Dans un rapport, le Conseil fédéral est prié:

  • d’examiner les activités des trois grandes entreprises au regard de leur mandat légal de base,
  • d’étudier l’opportunité de privatiser des unités ou des domaines de leur activité,
  • d’ordonner le retrait de domaines d’activité,
  • de réexaminer la nécessité des mandats de prestations ou des situations de monopole actuels et les réorganiser ou les abandonner.

La Poste, cette grande incomprise de la Suisse du XXIe siècle

Ses stratégies sont critiquées de toutes parts. On aimerait qu’elle maintienne un office dans chaque hameau, alors que le service a été profondément bouleversé par Internet. Elle ne fait que répondre aux défis de 2018 plutôt qu’à ceux de 1980.

Lorsque j’étais député, le Grand Conseil valaisan s’excitait pendant des heures à médire du loup. A Berne, c’est presque la même chose, mais c’est La Poste qui remplace le canidé. Elle est la grande mal-aimée. Elle ferme des offices. Elle vend du chocolat et des bouquins. Elle tient des horaires impossibles. Elle est l’image d’une société qui va à vau-l’eau et l’affaire CarPostal a encore donné du grain à moudre aux nostalgiques des PTT.

Moi, je l’admire, La Poste. Sans ironie. En l’espace de deux décennies, son activité a été laminée par Internet. Rien qu’en 2017, le nombre de lettres a reculé de plus de 4%. Les journaux papier suivent la même tendance. Et malgré cela, elle a réussi un tour de force que peu d’ex-régies fédérales seraient capables d’affronter: développer ses affaires, continuer à desservir tout le pays jusque dans les fonds des vallées et accroître son bénéfice. Tout cela sans augmenter le prix des timbres. Chapeau, l’artiste.

Des agences ferment et d’autres se développent. Le géant jaune se met à l’ère de la société d’e-banking, du courriel, de Zalando et du Shop. La Poste n’a pas lancé le mouvement, elle s’adapte à ses clients, nous. Comme les guichets des gares disparaissent pour le ticket électronique et les cabines téléphoniques sont recyclées en œuvres d’art. Comme le pompiste a disparu des stations-services.

A nos regrets…

La Poste endosse malgré elle le rôle d’exutoire de nos regrets d’une époque fantasmée. On aimerait qu’elle maintienne de petites agences bucoliques et un facteur qui s’arrête pour prendre le thé. Mais les offices ne sont pas des bistrots ni les facteurs des assistants sociaux. Dans mon village, l’agence a été remplacée par le comptoir d’un petit magasin accessible sept jours sur sept. Paradoxalement, ma poste n’a jamais été aussi ouverte que depuis qu’on l’a fermée. Il n’y a pas de démantèlement du service. Seulement son adaptation au public.

L’ex-régie fédérale, bon an, mal an, assure le job dans le contexte difficile imposé par les habitants de notre pays, personne d’autre. Et même s’il est populaire de lui tirer dessus, rappelons-nous que ce n’est pas La Poste qui change. C’est nous.