Auteur/autrice : Philippe Nantermod

  • Le coronavirus et la cuillère en argent

    Le coronavirus et la cuillère en argent

    Le désastre économique de la pandémie se traduit de manière très concrète pour les petits indépendants, les PME et les employés du privé. Dans ce contexte, les plaintes de certains syndicats de la fonction publique sonnent particulièrement faux.

    Deux mille vingt, annus horribilis, c’est maintenant connu. Il n’y a rien de bien original à considérer que l’année qui a vu s’abattre sur notre monde la pandémie de covid est à ranger dans la catégorie de celles que l’on aurait volontiers évitées.

    D’abord, il y a les victimes, pour lesquelles cette année pourrie sera la dernière. Quoi qu’en disent les complotistes de tout poil pour qui le virus est un mauvais gag inspiré par Bill Gates, leur nombre dépasse amplement le million. Cela sans parler des rescapés: tous n’en reviennent pas la fleur au fusil.

    Et puis, bien entendu, il y a le volet économique de la crise. Un désastre qui ne connaît pas beaucoup de comparaisons. Un compatriote sur huit bénéficie des fameuses RHT, la réduction de l’horaire de travail. Le mot pudique pour dire chômage technique. Le taux de sans-emplois, lui, a augmenté de moitié. A leurs côtés, on trouve ces nombreux indépendants, chauffeurs de taxi, professionnels de l’événementiel, hôteliers, qui se retrouvent parfois sans aucun revenu, passant entre les mailles d’un filet social que le Conseil fédéral a tenté, tant bien que mal, de bricoler en milieu de pandémie. Sans oublier ces entreprises, petites et moyennes, des exploitations liquidées ou précipitées vers une faillite attendue. C’est parfois le travail de toute une vie qui se trouve laminé.

    Face à ces drames humains, j’ai été frappé ces derniers jours par une certaine indécence. Celle de ces professeurs d’université qui se disent à bout de forces un mois après la rentrée. Ou de leurs étudiants, éreintés à la seule idée de suivre assis leurs cours en ligne. Et, surtout, de ces manifestants de la fonction publique genevoise, vent debout contre une proposition de loi qui mènerait à réduire leur revenu d’un malheureux pour cent.

    On ne demande à personne de se réjouir d’une baisse de salaire ou d’une péjoration de ses conditions de travail. Mais au temps où l’ensemble de la société se serre la ceinture face à un cataclysme sanitaire et économique, au moment où les employés du secteur privé espèrent avoir encore un travail à Noël, les plaintes, cuillère en argent dans la bouche, d’une partie de la fonction publique qui bénéficie d’une complète sécurité de l’emploi, confinent à la grossièreté.

  • Quel bilan pour les communales ?

    Quel bilan pour les communales ?

    À écouter le 19h30 de ce soir, il s’est passé deux choses en Valais. Un effondrement du PDC. Qui s’explique par une vague verte.

    J’imagine que le sujet a été écrit avant les élections. C’est tout un art que de se proclamer victorieux d’une élection. Et les Verts sont assez bon à ce jeu. Surtout qu’ils peuvent compter sur la rédaction du service public qui se charge de leur comm.

    Est-ce que les Verts ont gagné les élections communales 2020 ? Si gagner signifie progresser, alors oui. Mais avec un seul siège à défendre sur l’ensemble du canton, c’était une campagne imperdable.

    Les Verts gagnent sept sièges. Bravo, sincèrement. Ils les gagnent à Mont-Noble (deux), à Salvan (un), à Savièse (un), à Martigny-Combe (un), à Sierre (un), à Grimisuat (un). Ils gardent celui de Sion. Pour l’essentiel, des villages, où l’on a accepté massivement la loi sur la chasse. Allez savoir.

    Les Verts échouent par contre à entrer à Monthey, à Martigny, à Collombey-Muraz, à Bagnes, à Crans-Montana, à Conthey, à St-Maurice, à Fully. Dans tout le Haut-Valais. Bref, dans l’immense majorité des villes et des très grands villages, les Verts ratent magistralement leur élection.

    Avec huit élus sur environ 700 sièges, la vague verte est une tempête dans un verre d’eau. Une vaguelette. Là où se trouvaient les vrais enjeux de l’élection (Bagnes après les affaires, Collombey-Muraz après Buttet, les villes), les Verts étaient largués.

    Rome ne s’est pas faite en un jour. Il est certain que les écologistes ont une place en Valais comme ailleurs. Elle se fera, cela prend du temps. Et leurs candidats ne sont pas moins honorables que les autres.

    La RTS, par contre, doit arrêter de prendre ses désirs pour des réalités. Quand elle affirme que le fait marquant du jour, c’est la percée des Verts, elle ment. Elle fait de la propagande politique. Elle viole son mandat. Quand elle parle d’une nouvelle vague verte, la RTS s’invente une histoire, facile à raconter peut-être mais qui n’a pas d’ancrage dans la réalité.

    Chacun peut faire son analyse ce soir. La mienne est faite. Ces élections sont celles où le PLR devient le premier parti du Valais romand, arrivant en tête dans les trois plus grandes villes du canton et dans six des dix plus grandes communes. C’est un changement de paradigme sans précédent.

  • Rose-vert-grève: la fin de la lune de miel

    Rose-vert-grève: la fin de la lune de miel

    Le lancement du référendum contre la loi sur le CO2 par un grand nombre de sections de la grève du climat met un terme brutal à l’osmose curieuse que la gauche institutionnelle faisait mine de vivre avec les milieux intégristes de l’écologie.

    Étrange automne qui conjugue des records de chute de neige, Roland Garros et l’alliance surprenante de la grève du climat et de l’union pétrolière pour lancer un référendum contre la loi CO2.

    Jusqu’ici, tout pourfendeur du mouvement portait la marque du vieux ringard. Rôle que j’endosse avec un plaisir masochiste. Il était mal vu de ne pas s’émouvoir devant le sens civique des manifestants. A qui les nostalgiques d’un mai 68 idéalisé offraient une totale immunité, face aux multiples incohérences de la génération la plus prospère, la plus low cost, la plus carbonée et la plus vindicative sur ces mêmes questions. Sans parler de l’amnistie des grèves organisées exclusivement durant le temps scolaire.

    Il aura suffi de passer aux choses sérieuses, d’adopter – enfin – la loi sur le CO2, pour que s’éteigne la béatitude des gens de bonne volonté. La grève du climat ne veut pas de cette loi. C’est son droit le plus strict. Rien ne lui a jusqu’ici été refusé, il était attendu qu’une loi de compromis ne pourrait pas lui convenir.

    Mais il est tordant de voir le chef du groupe socialiste essuyer un « Ok boomer », une semaine après avoir mendié la sympathie des jeunes en brandissant un drapeau « Klimastreik » sur la place fédérale. De voir des écologistes bon teint, dépassés sur leur côté jardin, expliquer que même pour le climat, on doit trouver des solutions réalistes.

    La loi sur le CO2 est un compromis ambitieux qui permettra à la Suisse de tenir ses engagements. Même un peu mieux. Réduire de 50% nos émissions d’ici 2030. Atteindre le zéro net en 2050. Un vrai parcours du combattant nous attend, fait de restrictions, de taxes, de normes. Limiter le réchauffement climatique ne sera ni facile, ni agréable.

    A refuser tout compromis, ces milieux qui réclamaient à cor et à cri un changement sont prêts à tout détruire plutôt que de n’être exaucés que partiellement. Que les deux extrêmes rejettent cette loi est sans doute la preuve de sa bonne facture.

    On est loin du projet décroissant des intégristes écologistes, celui que les élites rose-vertes observaient il y a encore dix jours avec un regard paternaliste, en se disant qu’il sera toujours temps de le capter. La grève du climat fait son adolescence et les sociaux-traitres au pouvoir mèneront demain une campagne aux côtés des forces obscures et bourgeoises pour défendre une loi de compromission. Quitte à passer pour des vieux ringards, à leur tour.

  • Non à Taxflix !

    Non à Taxflix !

    20.030 Encouragement de la culture pour la période de 2021 à 2024

    2 Loi fédérale sur la culture et la production cinématographiques (Loi sur le cinéma, LCin).

    Section 2 (art. 24b, 24c, 24d, 24e, 24f)

    Biffer.

    Développement

    Depuis qu’Internet est Internet, l’industrie cinématographique souffre du piratage. Des studios entiers ont disparu sous les assauts d’un fléau qui s’est longtemps expliqué par un manque de compréhension des attentes du public.

    Alors que l’on pouvait craindre un affaiblissement massif de l’offre, la solution est venue de l’innovation : les plateformes de streaming. Des offres de qualité, payantes mais à un prix raisonnable, qui contrent le téléchargement illicite.

    D’une situation de vol généralisé, nous sommes passés à un modèle commercial à succès qui a vu naître de nouvelles maisons de production. Seulement voilà, l’offre n’est pas suisse. Ni même européenne. Elle est principalement américaine.

    Malheureusement, en raison de l’anti-américanisme en vogue dans certains milieux culturels, nous sommes souvent plus prompts à adopter les mauvaises idées de nos voisins qu’à copier les bonnes idées américaines. Cette appréciation est manifeste à la lecture de la révision de la LCin.

    Plutôt que de pousser les cinéastes européens à offrir leur contenu sur des plateformes de streaming performantes, ou du moins à les imiter, « l’innovation » à l’européenne consiste à imposer, limiter, contrôler ce qui a du succès, celles qui fonctionne.

    Le projet de loi veut introduire une taxe de 4% qui frappera toutes les plateformes de streaming en ligne. C’est-à-dire Netflix, Prime Video, HBO, Disney, AppleTV. Le produit de cette taxe servira à financer la culture nationale, sous-entendue celle qui le mérite.

    Comme tous les citoyens, ceux qui sont abonnés à ces plateformes s’acquittent des impôts et de la redevance dont une part non négligeable finance déjà la production nationale. Il n’y a aucune raison valable pour faire payer une deuxième fois aux citoyens qui s’abonnent à ces plateformes plutôt qu’aux autres. Personne n’est coupable de préférer Netflix à la RTS, AppleTV aux cinémas. Ces consommateurs n’ont pas à supporter davantage l’effort culturel national.

    Pour ces raisons, il s’impose de biffer la section 2 de la loi pour que chacun contribue selon les mêmes principes et les mêmes barèmes à la culture nationale.

  • LSAMal. Participation aux excédents.

    LSAMal. Participation aux excédents.

    La loi fédérale sur la surveillance de l’assurance-maladie sociale (LSAMal) est modifiée comme suit.
    Art. 14bis (nouveau): Participation aux excédents
    Lorsque les réserves d’un assureur dépassent 150% du niveau minimum, l’excédent est redistribué aux assurés l’année suivante, sous la forme d’un acompte sur les primes à payer. Le montant est réparti par canton et par catégorie d’assurés au prorata du montant des primes payées.

    Initiative parlementaire déposée le 23 octobre 2020

    Les réserves des assurances-maladie atteignent des niveaux largement supérieurs au minimum prévu par le Conseil fédéral. Si la loi permet certaines redistributions limitées, il apparaît que le caractère discrétionnaire de l’opération la rend pour le moins compliquée. Les assureurs sont naturellement tentés de faire preuve d’excès de prudence. Une assurance faisant cavalier seule pourrait provoquer aussi par une telle redistribution un afflux non souhaité de nouveaux assurés; une obligation de distribuer les excédents appliquée à toutes les assurances éviterait cet écueil.

    Le projet du Conseil fédéral d’intégrer les réserves supplémentaires dans le calcul des primes est par ailleurs dangereux. Les primes doivent être calculées en fonction des coûts futurs attendus et non selon la fortune des assurances qui dépend des coûts passés. Intégrer les réserves dans le calcul des primes aboutira à un effet « yoyo » désastreux.

    En permettant une réserve d’une fois et demi le minimum légal, les assurances bénéficieront d’une marge de sécurité largement suffisante. Au besoin, il appartient au Conseil fédéral de redéfinir le montant des réserves légales pour que celles-ci suffisent à assurer la pérénité des caisses-maladie.

    Le montant distribué devra enfin être calculé en fonction du montant des primes payées par canton et par catégorie d’assurés, pour éviter une redistribution croisée inéquitable.

    Les assurances privées de toutes sortes pratiquent déjà largement le mécanisme de participation aux excédents. Les réserves appartenant aux assurés, il paraît utile d’étendre ce système à l’assurance obligatoire des soins.

  • L’arbre mort de Noël

    L’arbre mort de Noël

    J’admire la France. En particulier sa capacité à faire de n’importe quelle ânerie une polémique nationale. La semaine passée, les nouveaux maires écologistes ont particulièrement marqué le coup avec des propos aussi farfelus qu’emblématiques d’un mouvement fait d’austérité et de puritanisme. Douce France. Les banlieues et les forêts américaines brûlent, le monde se reconfine sous la menace d’un retour du coronavirus, l’économie mondiale suffoque. Et la France s’enfonce dans une terrible polémique pour une histoire de sapin de Noël. C’est Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, un Vert issu de la dernière vague écologiste, qui a lancé les hostilités alors qu’il s’épanchait sur sa vision moderne du monde d’après.

    Parmi les grands projets qu’il porte, M. Hurmic veut biffer du budget municipal celui du sapin de Noël. Tout un programme. Pas pour une forme de laïcité radicale qui aurait suscité des initiatives populaires du côté d’Egerkingen. Non. Notre social justice warrior de maire ne veut pas fêter Noël avec des «arbres morts». Un cadavre étranger au concept de végétalisation de Bordeaux. Et dans la foulée, voilà qu’il lance l’entreprise fondamentale d’une charte des droits des arbres.

    Dans un pays qui ne connaît pas de problème plus grave, cette déclaration fracassante n’a pas manqué de susciter l’indignation générale. La polémique a occupé les plateaux des chaînes d’info en continu. Et suscité l’ire du président de l’Association française du sapin de Noël naturel, l’AFSNN (www.afssnn.fr ), pour ceux qui doutent du sérieux de ma chronique). Son président, M. Naudet, n’a pas manqué de regretter une décision qui jette l’opprobre sur tous les professionnels de la branche. Sans rire.

    De l’autre côté du pays, à Lyon, c’est l’écolomaire Doucet qui se faisait remarquer en tirant à boulets rouges sur le vélo. Original. Il se plaignait que le Tour de France fasse arrêt dans sa ville, accusant la manifestation d’être «machiste et polluante». Pour le représentant d’un mouvement qui promeut la petite reine jusqu’à refuser le casque et le partage des pistes cyclables, c’est cocasse.

    La même semaine, le pape a déclaré que «le plaisir de manger, comme le plaisir sexuel viennent de Dieu». En l’espace de quelques jours, on a ainsi pu voir les représentants de l’écologie politique se montrer plus conservateurs, puritains et moralisateurs que la plus haute autorité catholique. De la viande aux sapins de Noël, de la Grande Boucle aux compagnies low cost, les écologistes seront toujours là pour punir les petits bonheurs terrestres. Par cette forme de grande dépression écologiste, une austérité censée nous protéger d’une prétendue fin du monde que l’on finira par regretter.

     

  • Une initiative pour châtier les « 74 » ?

    Une initiative pour châtier les « 74 » ?

    Le 27 septembre, une initiative propose de résilier la voie bilatérale. Prétendument destinée à nous donner plus d’air, de verdure et d’emplois, elle démolit l’ensemble du cadre juridique qui nous assure des relations harmonieuses avec notre premier partenaire économie, social et culturel. J’avais huit ans, mais comment oublier ce 6 décembre 1992 ? A force de le seriner à chaque campagne, il s’est incrusté dans nos mythes fondamentaux. Comme Guillaume Tell et la prairie du Grütli.

    Le peuple a refusé l’UE. Trente ans après, deux constats s’imposent. La volonté populaire a été respectée, la Suisse reste indépendante. Mais aussi, un plan B, une autre solution, pragmatique, a été trouvée : la voie bilatérale. Ces accords encadrent les relations qui nous lient au partenaire avec lequel nous échangeons chaque jour un milliard de francs. Pour la rentrée politique, on nous propose de casser tout ça.

    L’initiative a le mérite de la clarté. En cas de Oui, nous détruirons en un dimanche ce que nous avons mis trente ans à construire. Bazarder les accords acceptés et confirmés par 70% du peuple. D’un trait de plume, comme on résilie un abonnement de téléphone.

    Vous trouvez le ton catastrophiste ? Énumérons ces accords, on saisira mieux l’enjeu. La libre-circulation. Celle qui assure le statut d’un demi-million de Suisse qui vivent, travaillent, étudient en Europe. Qui encadre l’embauche européenne en Suisse. Celle dont nous avons tant besoin dans les hôpitaux, l’industrie ou le tourisme. Cela selon les besoins des entreprises plutôt que des aspirations bureaucratiques.

    L’accord « marchés publics ». Celui qui permet à Stadler Rail de vendre des trams à coups de milliards. L’accord sur les entraves techniques au commerce qui épargne la double homologation de nos exportations. L’accord sur les produits agricoles transformés qui offre des perspectives à des pans entiers de l’agriculture, par exemple aux producteurs de Gruyère. Des accords sur le trafic aérien ou terrestre, sur la recherche scientifique. Et puis les centaines d’accords techniques qui en découlent.

    Hors UE, nous profitons d’un statut taillé sur mesure. Nous avons su trouver quelque chose entre tout et rien. L’initiative ne veut plus rien. Nous jeter dans l’inconnue. Nous laisser le même statut que la Turquie, l’Ukraine ou le Kosovo. Et tout ça pour se venger des plaques « 74 » qui nous dépassent sur l’autoroute ou d’un Polonais qui a travaillé moins cher pour un boulot qu’on n’aurait de toute manière pas voulu faire. Alors que l’économie boîte encore du coronavirus, ce serait faire preuve de démence que de s’infliger pareille punition.

  • Réduire les coûts de la santé avec plus de concurrence entre prestataires de soin

    Réduire les coûts de la santé avec plus de concurrence entre prestataires de soin

    La Commission de la santé du National a mis sous toit le deuxième paquet d’économies dans la LAMal. Je serai rapporteur au plénum pour défendre cet objet important, ce d’autant plus que plusieurs de mes propositions ont remporté une majorité, notamment…

    • les importations parallèles facilitées de médicaments génériques pour faire baisser leur prix en Suisse,
    • un incitatif financier pour les assurances qui négocient des prix inférieurs aux tarifs officiels pour les prestations médicales (appareils médicaux, médicaments, forfaits ambulatoires ou stationnaires, imagerie médicale, laboratoires, etc.).

    Ces propositions doivent permettre des innovations dans l’assurance maladie pour la rendre moins chère sans réduire la qualité, mais en faisant jouer la concurrence des prestataires de soins.

    https://www.parlament.ch/press-releases/Pages/mm-sgk-n-2020-08-28.aspx

  • 70% des journalistes de la SSR se disent de gauche. Et leurs programmes ?

    70% des journalistes de la SSR se disent de gauche. Et leurs programmes ?

    L’impossible neutralité journalistique impose un numéro d’équilibriste permanent, qui implique un certain renoncement personnel pour celui qui s’y astreint. Ce n’est toutefois pas une raison pour la passer par pertes et profits, comme on en a malheureusement pris l’habitude dans certaines émissions du service public.

    Pourquoi les protections menstruelles ne sont-elles pas encore gratuites? Ce n’est pas le titre d’un sketch, d’un commentaire d’opinion ou d’une thèse de doctorat, mais celui, tout à fait sérieux, d’un épisode du podcast Le Point J produit par la RTS. La journaliste, épousant l’opinion du groupuscule partisan de la mutualisation de toutes les dépenses quotidiennes, constate que les «menstruateurs» (un terme fleuri qui, paraît-il, n’est pas réservé qu’aux femmes) sont bien obligés de se procureur des tampons et des serviettes hygiéniques. Et ainsi, à l’Etat de payer.

    Le raisonnement bout de bois est le suivant: tout ce qui est nécessaire doit être collectivisé. Le produit du travail sert soit aux impôts, soit au superflu. Et si l’on ne gagne pas assez, on ne travaille que pour le superflu. Drôle de conception. Si l’on peut débattre des heures durant de ce modèle de société fondé sur la déresponsabilisation individuelle, il est agaçant (et illégal, cela dit) que les canaux financés par la redevance radio-TV, non moins obligatoire que les protège-slips, adoptent unilatéralement une opinion politique dont les immondes opposants sont dépeints comme les derniers réactionnaires.

    J’entends déjà la réplique convenue des comptables de l’apparition médiatique. Il paraît que je crache dans la soupe, étant presque au bénéfice d’un abonnement général pour les plateaux du service public. Je ne m’en plains pas. Mais pour le vice-président du premier parti politique de Suisse romande, c’est le contraire qui serait surprenant. Et d’ailleurs, ce n’est pas tant l’avis des invités des médias dont il est question ici, mais l’avis du média lui-même.

    De la déontologie, SVP

    Selon une étude de 2017 de la Haute Ecole de sciences appliquées de Zurich, 70% des journalistes de la SSR se déclaraient «de gauche». L’inverse de la population. Chacun est libre de ses opinions. Pas la SSR. Ses émissions doivent être neutres. Equilibrées. Dans le ton, dans les avis publiés des employés du service public, dans les thématiques abordées.

    Nous avons la chance de compter sur de nombreux journalistes très professionnels. A l’actu, dans les débats. Ils se montrent impartiaux et parviennent à énerver avec la même constance les auditeurs de gauche et ceux de droite. C’est un bon signe. Il n’en va pas de même des heures d’émissions thématiques, de quelques magazines, des podcasts destinés aux «jeunes» ou des capsules pour les réseaux sociaux. Là, le média devient partie. Il est tentant de s’engager. Arrêter cette recherche permanente de la neutralité, impossible à trouver définitivement. De là à «assumer sa subjectivité» comme s’en vantent quelques reporters, il y a un pas que la déontologie et la loi interdisent.

     

  • De la magie en politique

    De la magie en politique

    Même si la Suisse figure parmi les pays qui testent le plus, une fronde réclame la gratuité des tests du Covid-19. Sans gratuité, il n’y aurait, disent-ils, pas de dépistage efficace. Mais la générosité, en politique, est toujours feinte, elle n’est qu’artifice. Le risque, quand on est élu, c’est de se prendre pour l’Elu. De se croire super-héros. Un type avec des pouvoirs magiques, surnaturels. Même que les gens vous écrivent en pensant que, pour eux, vous allez défier les lois de la physique. Changer le plomb en or. Inventer le mouvement perpétuel. Achever l’autoroute dans le Haut-Valais. Et il faut admettre que ça marche. Parfois.

    Je reste par exemple toujours fasciné par l’histoire du veau. Il a suffi de modifier l’ordonnance sur la protection des animaux pour que cette viande, que je croyais immuablement blanche comme un cachet d’aspirine, devienne soudainement rouge. Epatant, non? Par un autre tour de passe-passe, en pleine crise du coronavirus, Guy Parmelin a transformé le vin d’Agroscope en gel hydroalcoolique. Si ce n’est pas christique, ça, c’est quoi?

    Abracadabra!

    Parmi les formules magiques préférées des parlementaires, il y a la gratuité. Ce qui coûtait le lard du chat hier sera gratuit demain. Abracadabra, dans leur légendaire sagesse, les Chambres fédérales ont rendu le test de dépistage du coronavirus gratuit.

    Cette grandeur d’âme devrait vous tirer une larme. Cette force de Jedi des parlementaires fédéraux, qui, par les pouvoirs magiques qui leur sont conférés, parviennent à rendre gratuit ce qui coûtait 95 francs. A se demander ce qu’on attend pour les primes maladie, les dîners gastronomiques à l’Hôtel de Ville de Crissier et les vacances dans les Grisons.

    Il y a toujours un truc

    Au risque de décevoir l’enfant qui sommeille en vous, il y a toujours un truc. En fait, ce n’est jamais gratuit. C’est seulement payé par quelqu’un d’autre. Si vous ne payez pas la facture du test du Covid-19, soit elle sera financée par la caisse publique, soit elle le sera par la caisse maladie. Mais en fin de compte, ce seront vos impôts ou votre prime. Le diagnostic, vous le paierez quand même. Sauf si le médecin vous le fait à l’œil, mais alors c’est pour sa pomme.

    Pas plus que de magie, il n’y a pas de générosité en politique. Lorsque nous offrons des subventions et distribuons les deniers publics, nous ne faisons que déshabiller Pierre pour habiller Paul. Un Paul reconnaissant, mais qui ne comprend pas que son vrai héros, malgré lui, soit Pierre. Certains élus ont pourtant fait de la prestidigitation leur métier. Et tant que le public veut bien croire à cette magie, il y aura un marché pour cela.