Emission Forum sur la RSR du 1er février 2012.
Cette semaine, on a pu entendre dans « Forum » des « aînés » vanter les mérites du prix unique du livre: Jack Lang mardi et Bernard Pivot la veille. De quoi se demander si le prix unique relève d’un conflit de générations, une querelle des anciens et des modernes, les amateurs transis des petites librairies de quartier, face aux habitués des commandes par Internet.
Débat entre le jeune technophile Philippe Nantermod (PLR) et l’écrivain suisse Bernard Comment, installé à Paris.
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Auteur/autrice : Philippe Nantermod
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Prix du livre: un conflit entre les anciens et des modernes?
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Livre, la guerre des prix ? C'est faux !
Les partisans du prix unique du livre affirment que la nouvelle régulation permettra aux petits libraires de survivre face à la menace des grandes surfaces. A les suivre, Ex Libris (Migros) et compagnie proposeraient des bestsellers à prix cassés pour attirer le client sans lui proposer une offre conséquente, et donc tuer la diversité culturelle. Naturellement, les libraires indépendants seraient incapables de s’aligner sur les prix des géants et souffriraient d’une concurrence déloyale axée uniquement sur quelques ouvrages à prix cassés.
Il est facile de comprendre le mécanisme qui ferait mourir les petits commerces. On peut lire sur le site internet des partisans, que « des dizaines de librairies indépendantes ont dû fermer leur porte, devant l’impossibilité de faire face à quelques grandes chaînes cassant les prix des bestsellers » (Mathias Reynard) et évoquer le « le mammouth du discount des best-sellers Ex Libris » (Jean Zermatten). Lors des différents débats auxquels j’ai eu l’occasion de m’exprimer, j’ai entendu à plusieurs reprises que le prix unique permettrait enfin aux petits d’offrir des bestsellers aux mêmes conditions que les grandes surfaces.
Bref, tout le monde répète que Migros casse les prix, mais quelqu’un a-t-il vérifié ? Je me suis pris au jeu. Sur le site d’Ex Libris, la librairie du géant orange, on trouve deux livres « nouveautés » en une et, sur la page « livres », on découvre les huit meilleures ventes. Il s’agit là des fameux bestsellers sur lesquels les gros pratiquent des prix de discounters pour tuer les indépendants. J’ai ainsi comparé les prix de ces dix ouvrages avec ceux de Payot et de la librairie La Fontaine, dont la directrice m’a fait l’honneur d’un Face à Face dans le Matin du 25 janvier. Voici les résultats.Livre Ex Libris Payot Librairie la Fontaine Différence Une bonne raison de se tuer, Philippe Besson CHF 34.90 CHF 35.60 CHF 35.60 -CHF 0.70 Brigitte Bardot, plein la vue, Marie-Dominique Lelièvre CHF 34.90 CHF 35.00 CHF 35.00 -CHF 0.10 Betty, Arnaldur Indriadson CHF 28.90 CHF 28.80 CHF 28.80 CHF 0.10 La femme au mirroir, Eric-Emmanuel Schmitt CHF 38.90 CHF 39.30 CHF 39.30 -CHF 0.40 Remède Mortel, Harlan Coben CHF 34.90 CHF 35.00 CHF 35.00 -CHF 0.10 Le Turquetto, Metin Arditi CHF 30.90 CHF 31.40 CHF 31.40 -CHF 0.50 Le ravissement de Britney Spears, Jean Rolin CHF 28.90 CHF 28.70 CHF 28.70 CHF 0.20 Avant d’aller dormir, Seve J. Watson CHF 37.90 CHF 38.30 CHF 38.30 -CHF 0.40 Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, Jonas Jonasson CHF 37.90 CHF 38.30 CHF 38.30 -CHF 0.40 Désolations, David Vann CHF 37.90 CHF 38.00 CHF 38.00 -CHF 0.10 Total CHF 346.00 CHF 348.40 CHF 348.40 -CHF 2.40 On constate donc qu’il n’y a quasiment pas de discount. Parmi ces bestsellers, deux sont plus avantageux auprès du petit libraire. Si j’achetais les dix ouvrages, je ferais une économie totale de 2 francs 40 sur 346 francs en achetant à la Migros plutôt que chez mon libraire de quartier. Quel discount ! En moyenne, la grande surface est meilleure marché de 24 centimes, soit 0.7%, alors que la nouvelle loi permettrait des rabais jusqu’à 5%. A Noël 2011, je m’étais prêté au même jeu avec la regrettée librairie les Yeux Fertiles et j’étais arrivé aux mêmes résultats.
Qu’en conclure ? En Suisse romande, il n’y a pas de guerre des prix entre les indépendants, les grandes librairies et les grandes surfaces. Le prix unique du livre vise à uniformiser le prix de vente final des ouvrages entre les détaillants. Chez nous, on vit déjà une situation proche du prix unique du livre, avec les surcoûts que l’on connaît. Accepter la LPL, c’est renforcer une situation qui péjore déjà les lecteurs. Encore une bonne raison de dire NON le 11 mars 2012.
Sources (état au 27 janvier 2012):
Ex Libris: www.exlibris.ch
Payot: www.payot.ch
Librairies La Fontaine: www.lelivre.ch
Dans le tableau, la colonne « différence » correspond au prix Ex Libris moins le prix La Fontaine. -
Non au prix unique le 11 mars 2012
Les jeunes libéraux-radicaux suisses ont lancé le référendum contre le prix unique du livre qui sera soumis en votation le 11 mars 2012.
Par ce référendum, nous nous engageons contre une loi dépassée avant d’entrer en vigueur, néfaste pour le lecteurs, les libraires et les auteurs. Les grands gagnants de la loi seront les importateurs qui bénéficient déjà d’une situation de monopole.
Pour de plus amples informations:
– Tous mes articles concernant le prix unique du livre.
– Le site internet des opposants au prix unique du livre
– La loi qui sera soumise à votation
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Le prix unique, un soutien aux livres ?
Le « Face à face » du Matin du 25 janvier 2011 au sujet du prix unique du livre.
Mes réponses complètes aux questions d’Eric Felley.
Le livre est-il un objet commercial comme un autre ?
Non. Le livre est particulier car il constitue un bien culturel. C’est la raison pour laquelle les collectivités dépensent plus de 200 millions de francs chaque année pour le soutenir, notamment par les aides à l’édition ou les bibliothèques. Il bénéficie aussi d’une TVA avantageuse de 2.6% au lieu de 8%. Par contre, le livre souffre du monopole des importateurs que la loi veut cimenter.
Le prix unique permet-il de soutenir la diversité de l’offre ?
Non. La Suisse, sans prix unique, n’a jamais édité autant de livres que ces dernières années. Avec le prix unique, les petits libraires seront condamnés à vendre les livres au même prix que les supermarchés, mais ne bénéficieront pas des rabais de quantité pour leurs achats : leurs marges seront plus faibles et leur existence menacée.
La grande distribution menace-t-elle la diversité des petites librairies ?
Là où il y a un prix unique, comme en France, les librairies indépendantes disparaissent à une vitesse plus rapide qu’en Suisse. Chez notre voisin, malgré un prix identique chez les petites et les grandes librairies, les lecteurs préfèrent souvent les secondes. Les petites librairies seront menacées si elles ne trouvent pas des solutions innovantes, le prix unique ne fera que soutenir les plus gros, comme ailleurs en Europe.
Le lecteur est-il prêt à payer un peu plus pour l’ensemble des services d’une librairie ?
Certains lecteurs sans doute. Avec le prix unique, il ne sera plus possible de faire payer plus cher un service de qualité. Et a contrario, pour les budgets modestes, les livres vendus sur Amazon verront leurs prix adaptés aux tabelles suisses et les rabais que l’on connaît seront interdits, pour les étudiants par exemple. Les comportements des lecteurs varient, il est regrettable de vouloir tous les faire entrer dans un même moule.
Avec le prix unique, le livre sera-t-il plus cher ?
Evidemment. Les prix actuels sont fixés par une poignée d’importateurs étrangers qui se sucrent sur le dos des consommateurs suisses. Avec la loi, on bétonne leur monopole : les livres sur Internet seront plus chers et les rabais seront interdits. Quant à M. Prix, je suis sceptique. C’est le même qui, depuis des années, ne parvient pas à faire baisser les prix des transports publics, des médicaments ou des télécommunications… -
Stop au diktat des importateurs : Payot ouvre la voie
Communiqué de presse du 16 décembre 2011
Les importateurs de livres usent et abusent de leur position dominante en Suisse. Par sa décision de s’approvisionner directement auprès des éditeurs étrangers en contournant le réseau de diffusion, Payot montre la voie pour soutenir à la fois les libraires suisses et les consommateurs.
Les libraires suisses souffrent de la mainmise d’une poignée d’importateurs qui font la pluie et le beau temps sur le marché du livre. Le prix d’achat pratiqué en Suisse met en péril le petit commerce et réduit, ainsi, le tissu de librairies dont le rôle dans la diversité culturelle n’est plus à démontrer.
Payot a décidé de mettre une vraie pression sur ces importateurs, en les contournant simplement par le mécanisme des importations parallèles. Ainsi, son prix d’achat sera enfin juste, et le prix de vente au consommateur pourra baisser, ce sans mettre en danger la marge nécessaire à la survie du détaillant.
Pour résoudre le problème du livre, il est aujourd’hui clair que les petits libraires doivent s’unir pour augmenter encore la pression sur les importateurs cartellisés. D’autre part, la COMCO doit prendre ses responsabilités et dégeler son enquête sur le livre. Ce cartel des importateurs doit disparaître au plus vite !
Cette solution privée et concurrentielle rend totalement inutile la loi sur le prix réglementé du livre, pour ne pas dire contreproductive. L’article 4 de la loi prévoit que « L’importateur ou l’éditeur détermine le prix de vente final des livres qu’il a édités ou importés ». Si le peuple devait adopter ce texte, les consommateurs ne pourraient ainsi plus bénéficier de la baisse des prix annoncée par Payot et le cartel des importateurs serait cimenté pour de bon dans la loi.
Pour le livre, pour les consommateurs, pour la culture et pour les libraires, il est essentiel de rejeter une loi obsolète avant même son passage en votation populaire. -
Homologation du plan de zone des Portes du Soleil: Pas une mesure prioritaire pour le Grand Conseil
A mon grand regret, le Grand Conseil valaisan a refusé d’inscrire comme mesure prioritaire pour 2012 l’homologation du plan de zone des Portes du Soleil, décision qui empêche actuellement la mise à jour de notre domaine skiable côté suisse. Il doit toutefois être souligné que la décision du Parlement semble davantage s’appuyer sur une question de forme que de fond: cette question n’aurait pas dû être inscrite comme mesure prioritaire au budget. A mes yeux, les objectifs politiques inscrits au budget constituent le cahier des charges du gouvernement et, comme c’est le cas en l’espèce, il se justifie de modifier ce cahier des charges lorsqu’un dossier traine particulièrement (2 ans au lieu de six mois). La réponse de Jean-Michel Cina laisse malgré tout penser que le dénouement du dossier est proche. Au final, le groupe PLR et une petite partie du PDC a soutenu la proposition.
Mon discours au plénum:
Monsieur le Président,
Madame, Messieurs les Conseillers d’Etats,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Le 1er mars 2010, les Assemblées primaires des communes de Troistorrents, Val-d’Illiez et Champéry et le Conseil général de Monthey ont adopté des plans d’aménagement concernant le développement et la rénovation de la partie suisse du domaine skiable des Portes du Soleil. Vous l’aurez certainement lu dans la presse, ces dernières années (pour ne pas dire décennies), l’accouchement de ces plans a été pour le moins pénible et l’entente trouvée entre les communes, sociétés de remontées mécaniques, associations écologistes et autres services n’a pas été évidente, et c’est peu dire.
Depuis bientôt 2 ans, le projet est donc en mains du Conseil d’Etat qui doit homologuer ces plans. Les raisons qui justifient les retards sont multiples : un jour, c’est la faute des communes, un autre, il s’agit des services fédéraux, ensuite, c’est la coordination entre départements qui plaide coupable, puis, disons-le, le pointillisme juridique de certains services.
Ma commune, ma station, souffre terriblement de cette situation. Nous n’avons pas pu investir un franc depuis vingt ans dans nos remontées mécaniques. Nos installations de ski sont vétustes, les liaisons avec les Portes du Soleil ne sont plus garanties. Ajoutez à cela le franc fort et la météo et ce sera bientôt des ORP qu’il faudra construire à Morgins à la place de télésièges.
Je n’exagère pas ici inutilement : cette année, 2 nouvelles remontées mécaniques sont réalisées à quelques kilomètres, dans la partie française du domaine skiable. Chez nous, nos clients trouvent de moins en moins pittoresque le côté « musée des transports » de nos liaisons.
Plusieurs promesses d’homologation avaient été formulées pour l’été passé. A cet effet, la société des remontées mécaniques de Morgins s’est engagée auprès d’un constructeur d’installations suisse, et a déjà consenti à des investissements lourds pour un télésiège qui rouille au lieu de tourner. Aujourd’hui, 15 décembre 2011, les plans sont toujours dans les tiroirs de l’Etat. Un hiver de perdu. Un de plus.
Je me permets de citer l’art. 38 al. 2 deuxième phrase de la Loi concernant l’application de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire, sous le titre homologation : « Le Conseil d’Etat prend une décision dans un délai de six mois ».
Aujourd’hui, pour les citoyens des quatre communes concernées, peu importe de savoir qui est responsable de l’affaire. Mais nous voulons une fois savoir qui commande à l’Etat : les élus, leurs Chefs de Service ou leur bataillon de juriste. Avec cette mesure prioritaire au 1er mars, nous vous accordons un délai de deux ans pour homologuer les plans, à la place des six mois légaux.
Je finirai par souligner que nous pouvons dépenser les millions que nous voulons pour la société Promotion Valais, ce sera inutile tant que nous laisserons nos stations mourir dans les méandres des procédures.
Pour ces raisons, je vous remercie d’accepter le présent amendement. -
SEMO: Subvention refusée… mais promise
Ma demande de subvention de CHF 500’000.- pour les SEMO pour l’année 2012 a été refusée par le Grand Conseil. Le Conseiller d’Etat en charge du dossier a cependant promis qu’il trouverait les moyens pour assurer le fonctionnement de ces institutions et éviter que des mineurs ne soient inscrits durant des mois sur des listes d’attente, sans solution de formation.
Petit détail, la gauche a majoritairement rejeté l’amendement, à son propre regret… ils se seraient trompé de bouton au moment du vote, dixit un député. Chapeau bas.
Mon discours en plénum:
Monsieur le Président,
Madame, Messieurs les Conseillers d’Etats,
Chers Collègues,
Mesdames, Messieurs,
Dans leur budget 2011, les Semestres de motivation ont dû faire face à une réduction de 8% de leurs moyens. Après des mesures d’économies, il s’est rapidement avéré que le budget 2012 allait faire l’objet de coupes de 10%.
La raison de cette diminution vient de Berne : dépendant du Secrétariat fédéral à l’économie, le SEMO voit sont budget évoluer au gré du taux de chômage, à l’image de celui des Offices régionaux de placement. Pourtant
Le SEMO joue, malheureusement, un rôle important pour de nombreux jeunes en rupture. Nous, députés, avons constaté que l’orientation professionnelle de plusieurs mineurs posait un réel problème et nous y avons répondu en votant la nouvelle loi sur le Cycle d’orientation qui ne déploiera malheureusement pleinement ses effets que dans quelques années.
Dans l’intervalle, les SEMO jouent un rôle primordial et sont efficaces. En 2010, 82 % des jeunes qui y sont passés ont trouvé une solution à leur problème durant leur stage. En 2011, les chiffres sont comparables, mais, vu les réductions budgétaires, la liste d’attente pour bénéficier d’un stage s’allonge dangereusement. Rien qu’à Martigny, plus de 60 jeunes attendaient une place en août de cette année. Avec les coupes annoncées, cette liste sera bientôt aussi longue qu’un jour sans pain.
A 16 ou 17 ans, quand on a pas de projet de formation, patienter un semestre ou une année pour bénéficier d’un coup de pouce à l’orientation, c’est affreusement long et risqué.
Je ne prétends pas ici que les SEMO sont parfaits, qu’ils correspondent à un quelconque idéal. Mais ils sont malheureusement nécessaires. Pour preuve, les juges des mineurs de notre canton, par un courrier particulièrement percutant, ont confirmé, dans les grandes lignes, qu’il valait mieux que les jeunes se trouvent dans les mailles du SEMO que dans les leurs, ce que personne ici ne saurait contester.
Pour 2012, les Semestres de motivation font face à un déficit de financement de CHF 800’000.-. Vu les sombres perspectives sur le marché de l’emploi, par son amendement, le groupe PLR propose de compenser une partie de ces coupes, de manière ponctuelle, en 2012, à hauteur de CHF 500’000.-. Il est d’ailleurs vraisemblable que les budgets fédéraux repartent à la hausse dès l’année prochaine vu l’évolution du chômage et le problème de l’insertion des jeunes devrait s’atténuer dans les années à venir avec la nouvelle loi du cycle.
Voyez ce coup de main comme une mesure de transition aussi nécessaire que bienvenue. « Ne laisser aucun jeune de côté » : au-delà du slogan, tentons d’en faire une réalité aujourd’hui. Je vous remercie d’accepter cet amendement. -
Dans nos campagnes
DANS NOS CAMPAGNES – Un film de Marie-Eve Hildbrand, David Maye, Andreas Fontana
A travers la campagne électorale de trois candidats romands au Conseil national en 2011, filmée sur le long terme, ce documentaire révèle des faces méconnues de la politique suisse. La vaudoise et candidate UDC Fabienne Despot, le socialiste genevois Manuel Tornare, le liberal-radical Philippe Nantermod mènent campagne dans des styles différents, défendent des idées opposées, mais tous permettent de décrypter la richesse et la complexité d’un rituel propre à la vie démocratique. Avec à la clef, un soir d’octobre, les gagnants et les perdants.
Voir le film -
Prix unique du livre: interview du Nouvelliste
Interview du Nouvelliste du 10 décembre 2011.
Le prix règlementé du livre est en vigueur dans tous les pays voisins. En France, il a permis de maintenir un réseau de librairies et donc de diffuseurs de culture. Pourquoi la Suisse n’opterait pas le même système?
Le prix unique a été introduit en France il y a trente ans pour lutter contre le bradage des livres. En Suisses, nous vivons la situation exactement inverse. Ici, le prix des livres est trop élevé : il n’est pas rare de payer en francs suisses plus du double du tarif en euros.
La Suisse dispose d’une librairie pour environ 11’000 habitants. La France n’en connaît qu’une pour 24’800 habitants. Malgré son prix unique, notre voisin francophone dispose d’un réseau de librairies plus faible que le nôtre et des commerces y ferment chaque semaine : c’est la preuve que cet instrument est dépassé.
Sans réglementation de prix, les grandes surfaces cassent les prix de certains best-sellers ce qui éloigne les lecteurs des petites librairies. Celles-ci ont tendance à disparaître, ce qui est mauvais pour les éditeurs et les auteurs romands. Que proposez-vous pour aider les librairies à s’en sortir?
Avec ou sans prix unique, les librairies ont de la peine à tourner, on le voit à l’étranger. Les habitudes des consommateurs changent, tous les petits commerces peuvent en dire autant. Croyez-vous vraiment que, sous prétexte que les best-sellers seront vendus quelques francs plus cher, les clients des supermarchés vont se ruer sur les petites librairies ? C’est illusoire. A l’étranger aussi, les libraires voient leurs clients fréquenter les grandes surfaces. Preuve que le prix unique n’y change rien.
Le vrai problème, c’est le monopole des distributeurs qui imposent des tarifs de mercenaires. Les achats sur Internet permettent encore de faire pression sur les prix. Avec la loi, tout le monde devra se plier au dictat qui asphyxie aujourd’hui les libraires. Nous n’aurons plus aucun moyen de pression sur les importateurs étrangers.
Pour aider les libraires et les auteurs, nous avons besoin d’une Commission de la concurrence plus forte pour permettre aux commerces suisses de payer les produits importés au prix juste. Accepter la loi, c’est faire payer au consommateur la mainmise du cartel des importateurs sans sauver les libraires.
Les partisans du prix réglementé estiment que le livre est un bien culturel, ce qui fait qu’il doit être traité de manière différente qu’un produit de consommation standard. Pour vous, le livre est-il un objet comme un autre qui ne mérite pas protection?
Le livre mérite d’être protégé ; l’industrie d’importation, non.
En tant que bien culturel, le livre bénéficie d’un taux de TVA réduit, ce qui représente une économie annuelle de 40 à 50 millions pour la branche. De surcroît, la Confédération participe pour des dizaines de millions de francs à l’édition avec ses Offices, Pro Helvetia ou la Bibliothèque nationale. Tout cela sans compter l’apport des cantons. Au total, on estime que plus de 200 millions de francs sont consacrés annuellement pour le livre. Affirmer que le livre n’est pas soutenu est mensonger. -
La Suisse, paradis de l'Internet illégal?
Débat du 30 novembre 2011 dans l’émission Forum sur la RSR.
La Suisse est-elle en passe de devenir le paradis du téléchargement illégal d’oeuvres artistiques sur Internet, comme la musique, les films ou les jeux vidéos? Le Conseil fédéral estime en tout les cas que la loi actuelle est suffisante pour combattre le phénomène. Il juge inappropriée une démarche répressive telle que la loi Hadopi, adoptée en France en 2009. Les dommages causés à l’économie du divertissement sont limités, avance le Département fédéral de justice et police (DFJP), en réponse à un postulat de la conseillère aux Etats socialiste vaudoise Géraldine Savary. Sur le vif: Philippe Nantermod, vice-président des jeunes radicaux suisses, et Raphaël Noir, Musicien à Yverdon-les-Bains.
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Et la pub pour le fesitval de Morgins !
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