Skip to content

Le prix unique, un soutien aux livres ?

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Le prix unique, un soutien aux livres ?

Le « Face à face » du Matin du 25 janvier 2011 au sujet du prix unique du livre.
Mes réponses complètes aux questions d’Eric Felley.
Le livre est-il un objet commercial comme un autre ?
Non. Le livre est particulier car il constitue un bien culturel. C’est la raison pour laquelle les collectivités dépensent plus de 200 millions de francs chaque année pour le soutenir, notamment par les aides à l’édition ou les bibliothèques. Il bénéficie aussi d’une TVA avantageuse de 2.6% au lieu de 8%. Par contre, le livre souffre du monopole des importateurs que la loi veut cimenter.
Le prix unique permet-il de soutenir la diversité de l’offre ?
Non. La Suisse, sans prix unique, n’a jamais édité autant de livres que ces dernières années. Avec le prix unique, les petits libraires seront condamnés à vendre les livres au même prix que les supermarchés, mais ne bénéficieront pas des rabais de quantité pour leurs achats : leurs marges seront plus faibles et leur existence menacée.
La grande distribution menace-t-elle la diversité des petites librairies ?
Là où il y a un prix unique, comme en France, les librairies indépendantes disparaissent à une vitesse plus rapide qu’en Suisse. Chez notre voisin, malgré un prix identique chez les petites et les grandes librairies, les lecteurs préfèrent souvent les secondes. Les petites librairies seront menacées si elles ne trouvent pas des solutions innovantes, le prix unique ne fera que soutenir les plus gros, comme ailleurs en Europe.
Le lecteur est-il prêt à payer un peu plus pour l’ensemble des services d’une librairie ?
Certains lecteurs sans doute. Avec le prix unique, il ne sera plus possible de faire payer plus cher un service de qualité. Et a contrario, pour les budgets modestes, les livres vendus sur Amazon verront leurs prix adaptés aux tabelles suisses et les rabais que l’on connaît seront interdits, pour les étudiants par exemple. Les comportements des lecteurs varient, il est regrettable de vouloir tous les faire entrer dans un même moule.
Avec le prix unique, le livre sera-t-il plus cher ?
Evidemment. Les prix actuels sont fixés par une poignée d’importateurs étrangers qui se sucrent sur le dos des consommateurs suisses. Avec la loi, on bétonne leur monopole : les livres sur Internet seront plus chers et les rabais seront interdits. Quant à M. Prix, je suis sceptique. C’est le même qui, depuis des années, ne parvient pas à faire baisser les prix des transports publics, des médicaments ou des télécommunications…

Commentaires

No comment yet, add your voice below!


Add a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *