La ligne du Simplon via Monthey ? Une évidence !

Publié dans la revue « Transports Romands » du mois de juin 2014. 
Depuis de nombreuses années, Monthey et Collombey-Muraz forment une unité urbanistique constituant de loin la deuxième ville du Valais. Avec près de 25’000 habitants, le chef-lieu du Chablais est devenu l’une des zones les plus dynamiques d’un point de vue économique et démographique du canton. On ne compte plus le nombre de pendulaires qui s’installent chaque semaine dans la région et le boom immobilier qui s’en suit.
Le développement des transports publics joue un rôle central dans l’activité économique et l’attractivité d’une région, chacun le sait. Actuellement, toutes les villes valaisannes sont reliées à la ligne centrale du canton, la ligne du Simplon qui relie Brigue à Lausanne, à l’exception notoire de Monthey.
Pourquoi Monthey est-elle laissée pour compte dans la répartition des transports ? A cette question, on peut obtenir des réponses variées, mais pas nécessairement contradictoires. Pour certains, c’est l’influence vaudoise à Berne qui a poussé dans la seconde moitié du XIXème siècle les autorités fédérales à encourager le chemin de fer via Bex. Pour d’autres, ce sont les mines de sel qui ont poussé la Compagnie du Jura-Simplon à choisir le Nord du Chablais comme voie de passage. Pour d’autres enfin, ce seraient les Montheysans eux-mêmes qui auraient renoncé à la ligne pour d’obscurs motifs conservateurs.
Plusieurs options ont été évoquées durant les dernières décennies pour améliorer la desserte de la capitale chablaisienne. Les variantes évoquées ont toujours constitué, à mes yeux, un emplâtre sur une jambe de bois. En admettant que la rupture de charge constitue sans aucun doute l’adversaire premier d’une utilisation rationnelle des transports publics, la solution consistant à améliorer la ligne AOMC revient forcément à renoncer à la solution la plus optimale en terme de temps de parcours, tout en promettant des dépenses pharaoniques et en opposant les villages les uns contre les autres. Quant à la solution prévoyant une nouvelle boucle via Massongex, elle interdit le passage des trains importants ou internationaux via Monthey, notamment les directs en provenance de Genève, et ne résout en rien la question de la connexion de Monthey avec Sion. Ces deux solutions apparaissent certainement comme de bons palliatifs à court terme, mais certainement pas comme une solution durable pour les prochaines décennies.
Un choix devenu inopportun peut être corrigé, et c’est l’objet du postulat demandant de placer Monthey sur la ligne du Simplon. L’idée est simple. La ligne du Simplon doit être améliorée avec l’ajout d’une voie reliant Aigle à Collombey-Muraz, faisant la liaison avec la ligne du Tonkin, elle même directement reliée à St-Maurice. Ainsi, un train sur deux circulant sur l’axe Lausanne – Brigue pourra s’arrêter à Monthey et l’autre à Bex.
La proposition de déplacer la ligne du Simplon par Monthey est certes l’option la plus ambitieuse, mais aussi la seule qui pose la question de la connectivité de Monthey sur un plan romand, et non pas seulement chablaisien. Nombreux sont les pendulaires montheysans qui se rendent travailler dans le Valais central ou sur l’arc lémanique. Il suffit d’ailleurs de constater à quel point les P+R d’Aigle et de Bex sont remplis de véhicules aux plaques valaisannes pour s’en convaincre. La zone à desservir, l’ancien site industriel « Giovanola », appartient aux collectivités publiques et pourrait devenir un pôle fort de développement économique de l’arc lémanique, à 35 minutes de Lausanne. Il convient encore de rappeler que le Chablais valaisan est une région touristique d’importance avec le domaine skiable des Portes du Soleil ; une connexion directe à l’aéroport de Genève prend tout son sens dans ce contexte.
Du point de vue du temps de parcours, la solution proposée présente certainement le meilleur rendement. En considérant que la distance pour rejoindre Monthey sera peu ou prou la même que celle qui permet de relier aujourd’hui Bex (selon nos calculs, environ 800 mètres de plus), la solution proposée permet d’économiser 17 minutes de parcours en provenance de Lausanne et 6 minutes en provenance de Sion.
Le principal écueil du projet ne réside pas tant dans la ligne que dans la politique des arrêts. Avec une nouvelle gare à Monthey, il se peut que les arrêts doivent être réorganisés pour tenir la cadence imposée par Rail 2000. Cette discussion ne doit toutefois pas devenir un tabou. En effet, mettre en comparaison les dix connexions horaires dans chaque sens pour Montreux et Vevey avec l’absence de connexion pour Monthey, c’est constater le problème d’équité de l’organisation du réseau.
Le projet de ligne du Simplon via Monthey ne pose qu’une question simple : peut-on envisager le développement à long terme de la ligne Brigue – Lausanne en laissant de côté l’une des trois plus grandes agglomérations du parcours, et la ville dont le potentiel de développement est le plus intéressant ? Poser la question, c’est y répondre.