Skip to content

Accueil de la petite enfance: valoriser le travail des mères et pères !

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Accueil de la petite enfance: valoriser le travail des mères et pères !

Motion déposée le 10 mai 2011 au Grand Conseil valaisan

Les cantons suisses font aujourd’hui face à une pénurie de main d’œuvre qualifiée pour la garde de la petite enfance et se voient contraints de fermer certaines crèches lorsque le personnel manque. Afin d’éviter que ce genre de situation ne se produise en Valais, le Conseil d’Etat est prié de proposer une modification de la Loi en faveur de la jeunesse du 11 mai 2000 pour permettre aux mères et aux pères au foyer qui ont élevé des enfants de faire valider leurs acquis pour être considérés comme personnel qualifié pour travailler dans les structures d’accueil de la petite enfance. Une formation, si nécessaire, peut aussi être prévue pour valoriser l’expérience acquise en milieu familial.

Développement

Le texte de mon intervention lors du développement:

La famille de 2011 n’est plus la famille de 1911. Cette banalité est fréquemment rappelée lorsqu’il est question de la mise en place des structures d’accueil pour le placement d’enfants à la journée.
Certains cantons font actuellement face à des situations plus difficiles que la nôtre en la matière : les crèches urbaines connaissent souvent des listes d’attente longues et les parents doivent parfois inscrire leur progéniture avant la conception, c’est dire.
Tout laisse à penser que le Valais pourrait bientôt connaître, si ce n’est pas déjà le cas sporadiquement aujourd’hui, une pénurie de personnel qualifié pour permettre l’ouverture de ces structures d’accueil.
Actuellement, seul un diplôme officiel permet un engagement en qualité de personnel qualifié dans une structure d’accueil, publique ou privée. Cette réglementation laisse de côté toutes les personnes qui ont acquis des compétences et de l’expérience par la pratique, je pense naturellement aux parents qui ont choisi de sacrifier une partie de leur carrière professionnelle pour élever leurs enfants.
Sur les modèles existant en matière de CFC, le groupe PLR propose de permettre aux pères et mères compétents de pouvoir faire valider les compétences acquises et, ainsi, d’être engagés comme personnel qualifié auprès des structures d’accueil.
Evidemment, il n’est pas question d’accepter n’importe qui pour ces postes sensibles, raison pour laquelle le Conseil d’Etat est invité à proposer une procédure de validation des acquis qui peut être, si nécessaire, agrémentée de cours de rattrapage.
La présente motion présente ainsi deux avantages :
– augmenter le nombre de personnes qualifiées pouvant exercer dans une structure d’accueil et donc éviter une pénurie – pour mémoire, la crèche de Bex dans le canton de Vaud nous avait dû fermer en raison d’une telle pénurie, et
– offrir aux parents qui ont consacré plusieurs années de leur vie à élever des enfants une reconnaissance concrète des compétences acquises et une valorisation de leur engagement ô combien important pour la société.
Pour ces raisons, je vous invite à soutenir la motion au stade du développement.
Par 70 voix contre 50, la motion, transformée en postulat, a été rejetée au stade du développement. La proposition est donc enterrée.

Commentaires

9 Comments

  1. L’exemple de JJaques ZUBER m’interpelle beaucoup et peut servir d’exemple « historique » d’insertion professionnelle, réel et… serait-elle régionale ??
    L’apport d’aide sous le titre « d’auxiliaire » comme renfort pour les éducatrices diplômées soulagerait bien des équipes.
    Durant ce temps, la supervision des éducatrices en titre est précieuse pour observer et former les auxiliaires (souvent des mamans), peut-être une étape pour éveiller le goût de s’engager dans la formation certifiante ?
    Et réciproquement, reprendre une vie active, sur la base de gestes-clés connus est très valorisant pour une maman : cela lui permet aussi de tester son endurance aux exigences de la vie professionnelle, sa capacité de s’adapter, d’apprendre, de s’intégrer à une équipe, de respecter des consignes et de tenir le rythme… (et j’en passe…)
    Quoi de mieux pour reprendre confiance en la reprise d’une vie professionnelle et sa capacité de gagner un peut d’autonomie financière et de reconnaissance sociale ?
    Il serait judicieux de vous mettre en relation (Philippe et JJacques) pour étudier les avantages d’une telle expérience, quels ont été les facteurs de succès et de contaminer d’autres communes …

  2. le problème relevé dans plusieurs de ces commentaires est intéressant ! la peur de perdre la validité de cette formation…
    c’est fou! ce qui est appris d’après ce que je lis, est exactement ce qui se passe naturellement lorsque l’on s’occupe d’un enfant en tant que parents dans la vie quotidienne, la différence est que la formation est justement faites pour des jeunes n’ayant pas pu jouir de cette formation naturelle, la voilà la différence elle d’ordre théorique !la différence c’est que lorsque l’on sort de cette formation il reste encore à assimiler la pratique le terrain que ces jeunes formés n’on pas encore acquis

  3. J’ai proposé aux autorités communales d’une vallée latérale qui ne parvenait pas à recruter du personnel diplômé d’ouvrir une crèche avec des mères de famille ayant une expérience avérée et disposées à se soumettre à un examen.
    Personne n’a voulu prendre le risque d’un bras de fer avec le Conseil d’Etat et, partant, susciter un débat démocratique.
    J’ai eu l’occasion de conduire une médiation dans la crèche d’un canton romand qui accepte un quota d’auxiliaires (jeunes filles ou mères de famille) sous la responsabilité de personnes diplômées.
    Pas de problème au niveau du fonctionnement. Pas de chômage chez les diplômées dudit canton. En revanche, diminution des coûts de fonctionnement et possibilités élargies pour les parents disposant de peu de moyens de placer leurs enfants à la crèche.
    Faut-il rappeler que la loi ne peut pas avoir pour seule finalité de protéger un groupe professionnel sans égard des besoins sociaux?

  4. Reconnaissance et validation des acquis
    Les femmes se sont battues depuis des années pour obtenir une validation des acquis. La proposition défendue par Philippe Nantermod va exactement dans ce sens. Cela ne veut pas dire non reconnaissance des dipômes mais au simplement reconnaissance des compétences acquises par des femmes qui diminuent ou interrompent momentanément leur activité professionnelle à l’extérieur pour s’occuper de leurs enfants en bas âge.
    Bases légales
    Si un adulte possède les compétences exigées pour un titre professionnel, la loi permet de les attester « par un examen global, par une combinaison d’examens partiels ou par d’autres procédures de qualification reconnues par l’office », de se faire ainsi reconnaître des compé-tences acquises au travers d’expériences professionnelles et extra-professionnelles et de pouvoir ainsi accéder à des certifications fédérales (cf. Loi fédérale sur la formation profes-sionnelle du 13.12.2002, entrée en vigueur le 01.01.2004, art. 33).
    Chantal Balet

  5. Bonjour,
    Il n’est pas question de vous enlever le diplôme que vous avez et sa qualité, bien au contraire.
    Seulement, il y a une différence entre la formation prodigué et le choix des formations exigées pour pouvoir être embauché par l’Etat.
    J’estime en effet, et je ne suis pas le seul, que l’expérience parentale a une valeur suffisante, à certaines conditions (validation des acquis), pour travailler comme personnel qualifié dans les UAPE. C’est l’Etat qui décide quel est l’objectif de ces UAPE, ce qu’on y fait, comment on garde les enfants, etc.
    Je comprends que vous défendiez un système de crèche reprenant tel quel les objectifs de votre formation. A mon avis, on va trop loin et on arrive avec des structures qui dépassent les objectifs que l’on peut se fixer. A mon avis, nous avons principalement besoin de structures permettant de laisser ses enfants à garder pendant que l’on travaille, pas d’une éducation des enfants prodiguée par l’Etat.
    Dans tous les domaines, les employeurs sont habilités à choisir qui ils veulent embaucher. Ils ne sont quasiment jamais tenu d’engager du personnel issu uniquement d’un type de formation et peuvent très souvent choisir des gens en fonction de leur expérience personnelle.
    L’exemple de l’électricien est parlant. Savoir changer une ampoule ne fait pas de vous un électricien avec CFC. Par contre, avoir travaillé dans le domaine pendant des années, même sans formation ad hoc, vous permet certainement d’être choisi dans le domaine.
    La plupart des métiers ne souffrent pas de barrière légale à l’entrée sur le marché. Que l’on parle des coiffeurs, informaticiens, juristes, ingénieurs, menuisier ou plombier, nul besoin d’un CFC, d’un diplôme ES ou EPF pour avoir le droit d’exercer une profession dans ce domaine et s’affirmer professionnel. La qualité de professionnel se définit dans le fond par elle-même: votre profession. Celui qui fait profession de développement de logiciels informatiques, par exemple, sans pour autant disposer du moindre diplôme, peut se qualifier légitimement de professionnel de l’informatique.
    Bref, avec cette motion, nous ne voulons pas dévaloriser une formation. Celle-ci, vous l’aurez toujours, et vous disposerez toujours d’un avantage évident sur toute personne qui ne dispose pas de cette formation. Vous serez par contre en concurrence, c’est vrai, avec des personnes qui ne l’ont pas, mais une validation des acquis professionnels. Si la formation d’EDE est vraiment de qualité, ce dont je ne doute pas, votre avantage concurrentiel restera. Mais ce n’est pas la loi qui définit ce qui a de la valeur ou non, c’est le point de vue de l’employeur.
    Au final, on vise deux objectifs avec cette motion:
    – permettre de créer davantage de crèches, notamment privées, en ouvrant la profession;
    – permettre aux parents qui ont élevé des enfants de valoriser cette expérience qui implique souvent la renonciation à toute autre forme de carrière.
    En aucun cas, il ne s’agit de dévaloriser une autre profession.
    Merci pour le débat,
    Philippe Nantermod

  6. De changer une ampoule donne le droit de prétendre à être électricien !
    Je ne suis pas d’accord de faire valider les compétences d’un parent pour obtenir le titre de professionnel sans passer par une formation.
    Dans la petite enfance nous ne faisons pas du gardiennage! Nous travaillons auprès d’enfants, c’est à dire auprès de futurs citoyens de notre société. Je suis bien placée pour en parler car je suis une maman et une professionnelle de l’enfance. Le côté maternel a peu à voir avec la réalité d’une structure d’accueil de l’enfance, en famille on pense pour la famille avec les liens qui nous unissent.
    A la crèche nous agissons et travaillons pour l’institution , en collectivité en mettant l’enfant au centre, en pensant à la ligne éducative que nous allons suivre, en approfondissant les réflexions ,les diverses problématiques rencontrées.
    Pour moi il s’agit de 2 choses différentes, déjà au niveau du lien si nous parlons du côté familial il y a l’affect. Du côté professionnel cet affect est différent et doit être équitable avec tous les enfants. Au même titre qu’un avocat au niveau privé agira d’une certaine manière, du côté professionnel il le fera autrement, en lien avec la formation suivie et en lien avec ses propres valeurs.
    Cet apprentissage ne se fait pas du jour au lendemain, la formation l’intérêt et la motivation donne un moteur à ce véhicule, auquel on peut ajouter des options qui font partie de la formation et de la réflexion que nous mettons derrière les actes au quotidien. Il ne suffit pas de donner à manger à l’enfant, il y a d’abord tout un travail de préparation au repas qui doit se faire afin de lui montrer ce qu’il mangera. Quand je parle de manière correcte c’est de trouver le moyen de le faire pour que les enfants comprennent ce qu’ils mangeront. Tout ceci en respectant leur âge et leur développement. Afin de mettre derrière ces actes des valeurs en lien avec la ligne pédagogique de l’institution.
    Pour vous il suffirait d’avoir des enfants pour savoir s’en occuper dans une structure d’accueil. Toute la pratique réflexive que nous utilisons dans nos actes quotidiens serait bannie! Les 3 ans de formation, de réflexion, d’investissement, de stage, d’apprentissage, d’imprégnation des diverses théories, du développement psychologique, de l’analyse de situation, de gestion des émotions et j’en passe, tout ceci pour ne pas être reconnu comme professionnel de l’enfance! Je ne suis pas de votre avis, nous réduire alors que notre formation est reconnue ESTS, drôle de manière de voir les choses !

  7. Valoriser le travail des pères et des mères au foyer ne signifie pas DEVALORISER le travail éducatif d’une personne formée. Que les parents aient des notions d’organisations , d’éducations suite à leur propre expérience ne signifient pas qu’ils puissent ensuite prendre en charge des enfants avec toutes les compétences requises pour englober la complexité de notre profession. Compétences que l’on acquiert lors de 3 années de formation; dois-je le rappeler; au niveau ESTS. Non ma profession ne se limite pas à donner une poupée à un enfant et à lui donner à manger à leur dites. Elle requiert un bagage théorique important qu’il est impossible d’acquérir en côtoyant ses propres enfants. J’en sais quelque chose puisque je suis également mère de 2 enfants… Vous voulez recycler les parents ou démolir une profession ?


Add a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *