LAVI : une plus grande autonomie pour les cantons

Le Conseil fédéral est prié de proposer une modification de la loi sur l’aide aux victimes en cas d’infraction (LAVI), prévoyant que le droit cantonal puisse prévoir des plafonds supérieurs à ceux prévus à l’art 23 alinéa 2, lorsque le montant de la réparation morale est fixé par un juge.

L’art. 23 LAVI plafonne le montant des indemnités versées par les cantons pour tort moral en cas d’infraction à 70’000 fr. pour la victime et à 35’000 fr. pour un proche. Ces aides sont versées dans les cas où l’auteur d’une infraction ne peut s’acquitter des montants alloués en raison de l’infraction commise contre la victime. Dans ces circonstances, l’Etat est subrogé dans les droits de la victime.

Suite à la demande d’un canton, l’Office fédéral de la justice (OFJ) a constaté que les cantons ne disposaient plus de marge de manœuvre en la matière et ne pouvaient pas verser davantage que les plafonds arrêtés à l’art. 23 LAVI.

Cette situation est souvent révoltante. Il est connu que les montants alloués à titre de tort moral sont relativement faibles, en comparaison internationale. Si la victime a de surcroît la malchance d’être la cible d’un auteur insolvable, l’indemnité se trouve plafonnée et réduite d’autant.

La présente initiative parlementaire a pour objet de permettre aux cantons de verser des indemnités plus importantes, uniquement dans les cas où le montant est fixé par un juge. Les problèmes soulevés par l’OFJ dans son rapport paraissent bien maigres au regard de la situation complexe des victimes.

La gauche et le Conseil fédéral, unis pour que vous restiez locataire!

C’est pour votre bien que la Confédération, la FINMA et la gauche, depuis dix ans, luttent de concert pour que vous ne deveniez pas propriétaire de votre logement, en limitant l’utilisation de votre deuxième pilier (LPP). Pour habiter chez vous, il vaut mieux être riche et héritier que travailleur et épargnant. La fortune sourit aux audacieux. Chez nous, l’audace sourit aux fortunés. Tout ça pour éviter une bulle immobilière. La FINMA ne s’est pas trop gênée à taper sur la génération qui n’avait pas encore eu le temps de construire. Mais bon, comme disaient les Shadoks, pour faire le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes. Les baby-boomers, eux, auront profité sans gêne de leur deuxième pilier.

«Locataire de votre caisse de pension»

Pour votre bien, on vous aura ainsi empêché de devenir propriétaire du lieu que vous habitez. A la place, vous êtes devenu locataire de votre caisse de pension, quel progrès. Cette même caisse de pension qui a construit les quatre appartements vides à côté du vôtre. Mais il faut bien investir vos économies, non ? En termes de lutte contre la bulle immobilière, on pouvait imaginer plus efficace.

Si (malgré votre intérêt bien compris de la FINMA) vous savez compter, vous avez sans doute souffert de voir les intérêts hypothécaires baisser. Et payez un loyer toujours plus élevé alors que vous auriez pu vous acquitter de service ridicule d’une dette, de moins de 1% sur l’emprunt de votre propre maison. On vous évite ainsi une économie de loyer. Mais c’est pour votre bien, souvenez-vous.

En Suisse, seuls 40% des gens sont propriétaires

En Europe, 70% des personnes vivent chez eux. Ce taux monte jusqu’à 90% en Croatie par exemple, où les gens ont pu acheter leur appartement à la chute du régime communiste. En Suisse, on plafonne en-dessous de 40%, peuple de locataires.

Contre l’avis du Conseil fédéral, sans doute contre votre propre bien, le Conseil national a accepté de revenir sur cette règle de 2012. Et propose de vous rendre votre argent, de vous laisser investir dans la pierre. En la matière, on a connu plus idiot. Alors le gouvernement s’inquiète et nous explique que vous allez vider vos comptes. Que vous n’aurez plus de capital à la retraite et disparaîtrez dans la pauvreté et l’assistance publique. Même si les retraits sont limités à 50 ans. Même si les statistiques montrent que ceux qui ont retiré leur deuxième pilier touchent moins de prestations complémentaires. Même si tout démontre que le Conseil fédéral trouve des prétextes là où il faudrait chercher des solutions. Et à la retraite, vous ferez quoi de votre appartement? L’habiter? Quelle idée!

En septembre, vos primes-maladie exploseront

Les coûts de la santé de l’année passée sont les primes maladies de l’année prochaine. Et la rumeur gronde, sévère. Les coûts ont augmenté de 5 à 6% en 2021. Ce chiffre sera vraisemblablement celui de l’explosion des factures LAMal de 2023.

Cette augmentation, c’est celle des revenus des hôpitaux, des médecins, des labos, des pharmas, des pharmacies. La santé en Suisse est un système complètement planifié. Et les tarifs sont étatisés à souhait. À chaque seconde de consultation, à chaque sparadrap, à chaque cachet d’aspirine, correspond un prix, fixé par l’État ou par les partenaires tarifaires. Rien n’est laissé au hasard. Ou pire encore, au marché.

Les prix étatiques sont un oreiller de paresse qui nous coûte cher. Très cher. Bien sûr, dès qu’on le dit, on nous rétorque les mêmes lieux communs sur la santé, un bien «pas comme les autres». Mais soyez rassurés: les revenus des acteurs de la santé, eux, sont des revenus comme les autres.

Absence de concurrence, hausse des coûts

Je suis intimement convaincu que c’est l’absence de concurrence qui provoque les hausses des coûts. La preuve par l’exemple. Lorsqu’il est remboursé par l’État, le test PCR coûte 150 francs. Quand vous le payez de votre poche, on le paie 15 francs.

Les soins dentaires constituent un autre contre-exemple parfait au modèle LAMal. Depuis son entrée en vigueur, le chiffre d’affaires des cabinets dentaires a augmenté moins vite que les salaires. Tout le contraire des autres domaines de la santé, remboursés, protégés. Et malgré cela, la qualité de la santé bucco-dentaire en Suisse s’améliore.

La concurrence a permis l’apparition des chaînes d’opticiens, de cliniques orthodontaires, des centres de remise en forme. La qualité des soins n’a pas diminué, la compétition a contenu les prix. On trouve aujourd’hui des lunettes de vue à un prix inférieur à celui de 1990, sans s’imposer un look de premier secrétaire du parti communiste soviétique.

Il ne faut pas secouer le cocotier

Dans la santé publique, administrée, solidarisée, l’innovation échappe à la règle qui veut qu’elle induise une réduction des prix. C’est même l’inverse: à l’hôpital, chaque invention justifie d’augmenter les dépenses. Quand les scanners ou les machines deviennent plus efficaces, les prix augmentent. Contre le bon sens, sauf pour l’ensemble des acteurs qui bénéficient directement de cette rente de situation.

Cette semaine, le Conseil national s’est encore rangé du côté du statu quo. Ma proposition pour permettre les importations parallèles de médicaments a été rejetée. Une autre proposition, pour négocier des rabais avec les fournisseurs de prestation, a aussi été rejetée. Parce que l’édifice est trop complexe, parce qu’il ne faut pas secouer le cocotier.

En septembre, on s’indignera à nouveau de l’augmentation des primes-maladie. Mais qu’attendez-vous d’autre d’un système dans lequel tout est planifié, à commencer par les prix?

L’UE punit l’intelligence humaine et prend la science en otage

L’exclusion de la Suisse du programme de recherche Horizon laisse un goût amer. Le sentiment d’une vendetta déplacée, d’un acte puéril de la part d’une Europe qui se vante tellement de sa sagesse. Pourtant, c’est bien la vexation provoquée par l’accord cadre qui a poussé la Commission à nous exclure de la recherche publique européenne.

A priori, on pourrait se dire que c’est de bonne guerre. Mais à y regarder de plus près, non. Il ne s’agit pas de bloquer un contingent laitier ou d’imposer des formalités administratives. La recherche, c’est une vache sacrée. Un domaine qui ne souffre aucune atteinte à son indépendance, du moins dans les démocraties où l’on s’abstient de suspendre des portraits géants du «Líder Máximo» sur les bâtiments publics.

Quelle mouche a donc piqué Bruxelles? Exclure la Suisse du programme, c’est notamment éconduire deux Universités classées parmi les cinquante meilleures au monde. C’est se passer d’instituts parmi les leaders mondiaux de l’innovation. Plus que la Suisse, c’est la recherche elle-même qui est pénalisée. Ce sont les personnes qui comptent sur les résultats concrets de la lutte contre le cancer, Alzheimer ou sur un nouveau moteur moins polluant qui seront les victimes de cette politique.

Pour punir la Suisse, l’UE punit ses chercheurs et punit l’intelligence humaine. Des universités européennes pressent désormais la Commission de revenir sur sa décision absurde. Et de plus en plus d’États rejoignent ce cortège de critiques. Parce qu’utiliser les scientifiques comme monnaie d’échange, c’est non seulement mesquin, mais c’est surtout idiot.

Géographiquement, allez comprendre. La Turquie, la Géorgie ou l’Islande sont associés au programme. Mais la Suisse, out! Politiquement, il est pourtant difficile de croire qu’Erdogan soit plus sympathique aux yeux d’Ursula von der Leyen qu’Ignazio Cassis.

On lit beaucoup de critiques acerbes et excessives contre le Conseil fédéral. Nos pro-européens les plus radicaux prennent encore une fois le parti de Bruxelles. Les mêmes qui vantent le projet d’amitié entre les peuples, applaudissent encore lorsque l’Europe recourt au chantage et à la menace.

On peut aimer l’Europe du libre-échange et de la paix continentale. J’ai toujours défendu les bilatérales, et l’intégration européenne de la Suisse en dépend. Mais on ne peut que détester l’UE qui fait un usage politique de la science, comme d’autres s’appuyaient sur les théories fumeuses de Lyssenko ou empêchaient Sakharov de recevoir son prix Nobel. Quand la science est l’otage du pouvoir, ni l’une ni l’autre ne sont vraiment gagnantes. Ni très fiables d’ailleurs.

Les Verts se soucient plus des toilettes mixtes que du climat

Vous les avez élus pour sauver la planète, vous aurez des toilettes unisexes. Que sont devenus ces Verts qui promettaient le sursaut écologique? Deux ans après leur tsunami et leurs dix-sept sièges gagnés au National, on les entend sur tout, mais surtout sur n’importe quoi.

Supprimer les Madame et les Monsieur des formulaires de l’administration. Tout un programme. Distribuer des serviettes hygiéniques dans les écoles. Un «changement de paradigme de société». La grande réforme de la législature? Parsemer les affiches électorales de «-x-e-s» à la fin des mots. Et de la prévention à qui mieux-mieux, jusqu’à la nausée. Déboulonner des statues. Colorier les plaques des rues en mauve. Imposer le train de nuit pour les commissions parlementaires en Europe. Super.

Ce ne sont pas les Verts qui ont gagné. C’est le minuscule univers de sciences-po, la cour fumeurs du BFSH2 pour les intimes de l’Université de Lausanne.

Pour l’environnement, il faudra repasser. On leur a pourtant filé une loi CO2 prête-à-voter. Toutes options. Avec le soutien des partis bourgeois, du grand capital et du Conseil fédéral. Ils ont réussi la sortie de route improbable. En se brouillant au passage avec leurs propres grévistes du climat. Chapeau. Donnez-leur le désert, ils manqueront de sable dans six mois.

Organiser des danses de la pluie devant les tribunaux, des ZAD et des sit-in au pont Bessières, ça ne sert à rien. Ça n’impressionne pas les magnats du pétrole, ça ne fait pas baisser le mercure. La politique des symboles, c’est un peu court quand on prétend sauver le monde.

On dira ce que l’on veut. Que le PLR est préhistorique avec son débat sur nucléaire sans gaz à effet de serre. Mais pour nos pompes à chaleur et nos voitures électriques, il faudra du jus. Et pas qu’un peu. Quand on veut faciliter la construction de barrages ou d’éoliennes, les écologistes s’évaporent. Ironie du sort, les Verts jouent l’autruche, à faire semblant que les Suisses accepteront de consommer moins de courant, de vivre moins bien pour adapter leur quotidien à leurs projets.

À mi-mandat, la vague verte de 2019 n’a rien apporté pour ce pour quoi elle a été amenée. Elle turbine dans le vide, milite à tout crin mais ne propose aucune solution concrète, que des gadgets politiques. Pas sûr qu’il en restera grand-chose à recycler en 2023.

La pensée magique et le Covid

Philippe Nantermod a rejoint les rangs des chroniqueurs de Blick. Le Valaisan, conseiller national du groupe PLR, livre ici son premier texte d’opinion pour nos lecteurs. Il y est question de politique de la santé, un thème qui lui est cher.

Si vous me lisez ici, c’est que j’ai quitté «Le Temps». Après une chronique un peu mordante sur la confiserie homéopathique, le journal de référence a publié les défenseurs du vieux Samuel Hahnemann. Les mêmes qui vous rappellent à l’ordre sur la vérité scientifique et l’importance des faits, s’ouvrent aux défenseurs des sciences occultes dès que l’objet du crime ressemble (ça s’arrête à «ressemble») à un truc naturel.

Et personnellement, n’ayant aucune envie de collaborer à la version New Age de «Paroisse vivante», même si on affuble opportunément les papiers d’un bandeau d’avertissement clamant que «les articles d’opinions ne reflètent pas celui du journal». J’ai choisi mon camp, camarade.

Depuis 2009, nous nous infligeons une disposition constitutionnelle sur la «médecine» complémentaire. On les appelle comme ça pour ne pas la confondre avec la vraie médecine, celle qui marche, mais pour la rembourser quand même.

A l’époque, les brillants esprits imaginaient, pour quelques millions, enterrer le débat des croyances ésotériques et des thérapies alternatives. Aujourd’hui, on paie cash les dérives des médecines complémentaires les plus extrêmes.

Financer les sciences occultes, c’est soutenir ces cabinets de médecin qui ont proliféré et qui soutiennent mordicus les théories fumeuses des chakras, des énergies et des vibrations au lieu des découvertes scientifiques des trois derniers siècles, vaccination en tête. C’est financer l’homéopathie ou l’anthroposophie, cette école mystique romantique à l’origine de foyers d’infection de rougeole depuis 2010, et du Covid depuis 2020. On a considéré les médecines douces au pire comme inoffensives. On découvre qu’elles contribuent aujourd’hui à casser les efforts de santé publique en pleine pandémie.

En réaction à la chronique à l’origine de mon déménagement, on a promu les rebouteux et les homéopathes, la pensée magique et même Greta Thunberg (sans rire). On m’a dit que j’étais un moyenâgeux fermé d’esprit, que même les hôpitaux accueillaient ces thérapies. C’est vrai. On y accueille bien des clowns dont les bienfaits sont, eux, démontrés. J’ai pu lire la promotion de l’Ivermectine contre la pandémie. Qu’il était humiliant de contredire les gens qui croyaient à choses irrationnelles.

Chacun est libre de se soigner comme il l’entend. Si vous voulez avaler des sabres, du foie de canard pourri dilué ou du concentré de mercure, c’est votre affaire. Si vous croyez à une énergie vibratoire quantique divine venu de la Lune, grand bien vous fasse. Mais faites-le seul, pas avec mes primes. Il n’appartient à une assurance obligatoire de soutenir ni vos croyances, ni les miennes. Ou alors, il faudra demain rembourser les voyages à Lourdes des catholiques, dont les pèlerinages n’ont en tout cas pas moins montré de résultats probants.

Prix des médicaments génériques: le statu quo n’est pas tenable

Le Conseil des Etats a refusé toutes les propositions sérieuses pour le réduire. Sous des prétextes fallacieux, les solutions les plus simples ont été enterrées. Une occasion manquée de réduire les coûts de la santé.

Pour commencer, prenez un problème. Reconnaissez publiquement ce problème. Et combien il est urgent de le résoudre. Qu’une action forte est nécessaire. Indispensable même. Et puis, analysez chaque solution sur la table. Méthodiquement, expliquez en détail pourquoi chacune est trop complexe, présente trop d’inconvénients, soulève des questions juridiques irrésolues. Et puis finalement, quand vous avez pris acte qu’aucune solution simple n’existe, schubladisez le problème. Mieux, faites comme s’il était résolu. Ou encore, faites mine qu’il n’existe pas. Quand il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème, dit-on. Et la vie est belle.

C’est un peu le mode de fonctionnement du Conseil des Etats. Au moment d’empoigner le dossier sensible du prix des médicaments génériques, après de longs palabres, la chambre «sage» a préféré ne rien faire plutôt que de risquer une solution qui sortait un peu des clous.

Question de pression

Le fougueux Conseil national avait repoussé le prix de référence. Un machin administratif assez incompréhensible. A la place, une forte majorité s’était dégagée pour autoriser les importations parallèles de génériques. En résumé, reconnaître unilatéralement les médicaments homologués en Europe, et mettre sous pression les distributeurs suisses.

Ce n’est pas comme si la solution était nouvelle. Depuis 2009, ces règles s’appliquent à tous les domaines. Aux matériaux de construction, aux produits chimiques, aux jouets pour enfants. Mais pas aux médicaments. Au nom d’une sécurité des patients, prétexte facile. Bidon même. Quand une branche parvient à vendre certains produits 50 fois plus cher en Suisse qu’aux Pays-Bas, elle a bon dos, la sécurité.

N’importe quelle salade

On nous a raconté n’importe quelle salade. Que nous allions être envahis de contrefaçons. Que les notices des médicaments seraient toutes en roumain. Les élus au National ne se sont pas fait embobiner. Et se sont rappelé que si les rues françaises ne sont pas jonchées des cadavres des victimes de la mafia du marché noir des produits thérapeutiques, c’est peut-être que le diable sur la muraille n’était que peinture.

Parce qu’il s’agit d’une question de gros sous. Vraisemblablement, c’est près d’un demi-milliard de francs que les Suisses paient en trop chaque année pour les mêmes médicaments que leurs voisins français et allemands. Par leurs primes maladie, leurs franchises, leurs impôts. Et ça, même après une longue discussion, ça reste encore un problème.

Mille francs le kilo de sucre, payé grâce à la LAMal?

Dix ans après le débat sur les médecines complémentaires, l’homéopathie a perdu du terrain presque partout. Sauf en Suisse où elle continue à être remboursée, malgré son absence totale d’efficacité.

Par voyeurisme malsain, je me suis ouvert un compte Telegram. Histoire de tailler le bout de gras avec les complotistes. Le vaccin en prend bien évidemment pour son grade. Avec l’antienne sur sa prétendue inefficacité. Souvent répétée par des partisans du zinc, de la vitamine D et, bien sûr, des «médecines» soi-disant «douces», au premier rang desquelles l’homéopathie dont je veux vous parler aujourd’hui.

Comme on le sait, l’homéopathie, c’est combattre la maladie en diluant le produit. Et, plus l’agent actif serait dilué, plus le remède serait efficace. Moins la pilule est plus forte, plus l’efficacité est moins faible.

Pas d’étude sérieuse

La «puissance» se calcule en «CH», pour centésimale hahnemannienne, du nom de l’auteur de la trouvaille homéopathique. Un CH, c’est une dilution de 1 pour cent. 1 CH, c’est un litre de la substance active, dans cent litres d’eau. 5 CH, c’est un verre de bière dans 1000 piscines olympiques. 14 CH, c’est une molécule dans le volume de la terre. 40 CH, c’est une molécule dans l’ensemble de l’Univers. 200 CH, c’est l’Oscillococcinum. Autrement dit, rien. Ou rien d’autre que du sucre.

L’homéopathie, c’est espérer se saouler en buvant l’eau du lac à Genève, après avoir vidé une bouteille de fendant au Bouveret. C’est sauver le climat en retenant sa respiration. Aucune étude sérieuse n’a évidemment jamais prouvé l’efficacité de la méthode. Récemment encore, plusieurs pays européens ont décidé de biffer l’homéopathie du catalogue des prestations remboursées par l’assurance maladie. La Suisse fait aujourd’hui figure d’exception.

Une pseudoscience

L’homéopathie est à la médecine ce que le sparadrap est au capitaine Haddock. Une pseudoscience dont on n’arrive pas à se défaire depuis deux cents ans. Un truc qu’on avait tenté de dérembourser il y a quinze ans mais que, sur la pression de crédules, on a finalement continué à payer. Pour acheter la paix plus que la santé.

Il est piquant de trouver parmi les pourfendeurs de la vaccination qui, sans être infaillible, a sauvé des milliers de vies en Suisse depuis le début de l’année, et probablement des centaines de milliers depuis un siècle, des personnes qui n’hésitent pas à promouvoir la vente sous appellation médicale de pilules de sucre à 1000 fr. le kilo. On peut débattre des heures sur les effets positifs ou négatifs de la vaccination, de l’opportunité de rembourser certains traitements au-delà d’un certain âge. Il est pour le moins agaçant, même si les mythologies populaires restent tenaces, de continuer à dépenser l’argent de nos caisses maladie pour payer des traitements qui, on le sait, ne fonctionnent pas.

AVS 21 : Débat contre Gabriella Medici, secrétariat central de l’USS.

La gauche lance le référendum contre le nouveau projet AVS 21 . L’attitude de la gauche était attendue et prévisible, la gauche avait initialement annoncé qu’elle s’opposerait à toute réforme réaliste.

Cependant, cette réforme est essentielle. Les compensations sont suffisantes, elles représentent d’ailleurs 1/3 des mesures prises dans la réforme. Concrètement pour CHF 3.- mis dans la réforme, il y a un CHF 1.- de compensation. On augmente les rentes de CHF 160.- par mois pour les petites revenus dans les neuves ans qui suivent la réforme. On a également la possibilité pour les petits revenus de continuer à prendre la retraite à 64 ans, même de prendre la retraite à 62 ans avec un taux plus favorable à ce que prévoit le régime actuel. On cible les petits revenus qui ne peuvent compter que sur l’AVS, et ces mesures sont comptabilisées en dehors des prestations complémentaires. C’est réforme très sociale, celle dont nous avons besoin.

Où en sommes-nous dix ans après l’introduction des méthodes de traitement de la médecine complémentaire ?

Le Conseil fédéral est chargé de procéder à une évaluation des médecines complémentaires à l’aune des critères de l’efficacité, de l’adéquation et de l’économicité et de proposer les mesures adaptées aux résultats de l’analyse.

Depuis une dizaine d’années, suite à une décision populaire de 2009, les médecins peuvent (à nouveau) facturer les prestations de médecine complémentaire à la charge de l’assurance obligatoire des soins (AOS). Depuis lors, les prestations de la médecine anthroposophique, de la médecine traditionnelle chinoise, de l’homéopathie et de la phytothérapie et de la thérapie neurale sont remboursées. Dans un premier temps, les cinq méthodes de traitement citées n’ont été intégrées que provisoirement dans le catalogue de base de l’AOS, puis définitivement à partir de 2017. Pour qu’un fournisseur de prestations puisse facturer des prestations de médecine complémentaire par le biais de l’assurance de base, il doit disposer d’une attestation de capacité correspondante. 

Il est connu que l’efficacité de diverses méthodes de traitement de la médecine complémentaire ne peut pas être prouvée selon des méthodes scientifiques. Ainsi, l’Australie et la France ont récemment décidé que l’homéopathie ne devait plus être prise en charge par les assureurs maladie. L’autorité sanitaire française soutient cette décision en s’appuyant sur une évaluation de quelque 800 études selon lesquelles l’efficacité de l’homéopathie n’est tout simplement pas prouvée.  

En Suisse, les prestations de médecine complémentaire sont soumises au principe de confiance. Elles sont remboursées en partant du principe qu’elles sont efficaces, adéquates et économiques (principe EAE). En cas de réserves, il est possible d’intervenir en conséquence et d’exiger un contrôle EAE. Dans le cas d’un tel examen, les organisations professionnelles concernées doivent prouver l’utilité des prestations par des études scientifiques. On ne sait toutefois pas si cette procédure a été appliquée par le passé, ni à quelle fréquence. Le présent postulat demande donc qu’après dix ans, le Conseil fédéral intervienne lui-même et procède à une évaluation de toutes les méthodes de traitement complémentaires.