L’exclusion de la Suisse du programme de recherche Horizon laisse un goût amer. Le sentiment d’une vendetta déplacée, d’un acte puéril de la part d’une Europe qui se vante tellement de sa sagesse. Pourtant, c’est bien la vexation provoquée par l’accord cadre qui a poussé la Commission à nous exclure de la recherche publique européenne.
A priori, on pourrait se dire que c’est de bonne guerre. Mais à y regarder de plus près, non. Il ne s’agit pas de bloquer un contingent laitier ou d’imposer des formalités administratives. La recherche, c’est une vache sacrée. Un domaine qui ne souffre aucune atteinte à son indépendance, du moins dans les démocraties où l’on s’abstient de suspendre des portraits géants du «Líder Máximo» sur les bâtiments publics.
Quelle mouche a donc piqué Bruxelles? Exclure la Suisse du programme, c’est notamment éconduire deux Universités classées parmi les cinquante meilleures au monde. C’est se passer d’instituts parmi les leaders mondiaux de l’innovation. Plus que la Suisse, c’est la recherche elle-même qui est pénalisée. Ce sont les personnes qui comptent sur les résultats concrets de la lutte contre le cancer, Alzheimer ou sur un nouveau moteur moins polluant qui seront les victimes de cette politique.
Pour punir la Suisse, l’UE punit ses chercheurs et punit l’intelligence humaine. Des universités européennes pressent désormais la Commission de revenir sur sa décision absurde. Et de plus en plus d’États rejoignent ce cortège de critiques. Parce qu’utiliser les scientifiques comme monnaie d’échange, c’est non seulement mesquin, mais c’est surtout idiot.
Géographiquement, allez comprendre. La Turquie, la Géorgie ou l’Islande sont associés au programme. Mais la Suisse, out! Politiquement, il est pourtant difficile de croire qu’Erdogan soit plus sympathique aux yeux d’Ursula von der Leyen qu’Ignazio Cassis.
On lit beaucoup de critiques acerbes et excessives contre le Conseil fédéral. Nos pro-européens les plus radicaux prennent encore une fois le parti de Bruxelles. Les mêmes qui vantent le projet d’amitié entre les peuples, applaudissent encore lorsque l’Europe recourt au chantage et à la menace.
On peut aimer l’Europe du libre-échange et de la paix continentale. J’ai toujours défendu les bilatérales, et l’intégration européenne de la Suisse en dépend. Mais on ne peut que détester l’UE qui fait un usage politique de la science, comme d’autres s’appuyaient sur les théories fumeuses de Lyssenko ou empêchaient Sakharov de recevoir son prix Nobel. Quand la science est l’otage du pouvoir, ni l’une ni l’autre ne sont vraiment gagnantes. Ni très fiables d’ailleurs.
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