Catégorie : Le Temps

  • Prix des médicaments génériques: le statu quo n’est pas tenable

    Prix des médicaments génériques: le statu quo n’est pas tenable

    Le Conseil des Etats a refusé toutes les propositions sérieuses pour le réduire. Sous des prétextes fallacieux, les solutions les plus simples ont été enterrées. Une occasion manquée de réduire les coûts de la santé.

    Pour commencer, prenez un problème. Reconnaissez publiquement ce problème. Et combien il est urgent de le résoudre. Qu’une action forte est nécessaire. Indispensable même. Et puis, analysez chaque solution sur la table. Méthodiquement, expliquez en détail pourquoi chacune est trop complexe, présente trop d’inconvénients, soulève des questions juridiques irrésolues. Et puis finalement, quand vous avez pris acte qu’aucune solution simple n’existe, schubladisez le problème. Mieux, faites comme s’il était résolu. Ou encore, faites mine qu’il n’existe pas. Quand il n’y a pas de solution, il n’y a pas de problème, dit-on. Et la vie est belle.

    C’est un peu le mode de fonctionnement du Conseil des Etats. Au moment d’empoigner le dossier sensible du prix des médicaments génériques, après de longs palabres, la chambre «sage» a préféré ne rien faire plutôt que de risquer une solution qui sortait un peu des clous.

    Question de pression

    Le fougueux Conseil national avait repoussé le prix de référence. Un machin administratif assez incompréhensible. A la place, une forte majorité s’était dégagée pour autoriser les importations parallèles de génériques. En résumé, reconnaître unilatéralement les médicaments homologués en Europe, et mettre sous pression les distributeurs suisses.

    Ce n’est pas comme si la solution était nouvelle. Depuis 2009, ces règles s’appliquent à tous les domaines. Aux matériaux de construction, aux produits chimiques, aux jouets pour enfants. Mais pas aux médicaments. Au nom d’une sécurité des patients, prétexte facile. Bidon même. Quand une branche parvient à vendre certains produits 50 fois plus cher en Suisse qu’aux Pays-Bas, elle a bon dos, la sécurité.

    N’importe quelle salade

    On nous a raconté n’importe quelle salade. Que nous allions être envahis de contrefaçons. Que les notices des médicaments seraient toutes en roumain. Les élus au National ne se sont pas fait embobiner. Et se sont rappelé que si les rues françaises ne sont pas jonchées des cadavres des victimes de la mafia du marché noir des produits thérapeutiques, c’est peut-être que le diable sur la muraille n’était que peinture.

    Parce qu’il s’agit d’une question de gros sous. Vraisemblablement, c’est près d’un demi-milliard de francs que les Suisses paient en trop chaque année pour les mêmes médicaments que leurs voisins français et allemands. Par leurs primes maladie, leurs franchises, leurs impôts. Et ça, même après une longue discussion, ça reste encore un problème.

  • Mille francs le kilo de sucre, payé grâce à la LAMal?

    Mille francs le kilo de sucre, payé grâce à la LAMal?

    Dix ans après le débat sur les médecines complémentaires, l’homéopathie a perdu du terrain presque partout. Sauf en Suisse où elle continue à être remboursée, malgré son absence totale d’efficacité.

    Par voyeurisme malsain, je me suis ouvert un compte Telegram. Histoire de tailler le bout de gras avec les complotistes. Le vaccin en prend bien évidemment pour son grade. Avec l’antienne sur sa prétendue inefficacité. Souvent répétée par des partisans du zinc, de la vitamine D et, bien sûr, des «médecines» soi-disant «douces», au premier rang desquelles l’homéopathie dont je veux vous parler aujourd’hui.

    Comme on le sait, l’homéopathie, c’est combattre la maladie en diluant le produit. Et, plus l’agent actif serait dilué, plus le remède serait efficace. Moins la pilule est plus forte, plus l’efficacité est moins faible.

    Pas d’étude sérieuse

    La «puissance» se calcule en «CH», pour centésimale hahnemannienne, du nom de l’auteur de la trouvaille homéopathique. Un CH, c’est une dilution de 1 pour cent. 1 CH, c’est un litre de la substance active, dans cent litres d’eau. 5 CH, c’est un verre de bière dans 1000 piscines olympiques. 14 CH, c’est une molécule dans le volume de la terre. 40 CH, c’est une molécule dans l’ensemble de l’Univers. 200 CH, c’est l’Oscillococcinum. Autrement dit, rien. Ou rien d’autre que du sucre.

    L’homéopathie, c’est espérer se saouler en buvant l’eau du lac à Genève, après avoir vidé une bouteille de fendant au Bouveret. C’est sauver le climat en retenant sa respiration. Aucune étude sérieuse n’a évidemment jamais prouvé l’efficacité de la méthode. Récemment encore, plusieurs pays européens ont décidé de biffer l’homéopathie du catalogue des prestations remboursées par l’assurance maladie. La Suisse fait aujourd’hui figure d’exception.

    Une pseudoscience

    L’homéopathie est à la médecine ce que le sparadrap est au capitaine Haddock. Une pseudoscience dont on n’arrive pas à se défaire depuis deux cents ans. Un truc qu’on avait tenté de dérembourser il y a quinze ans mais que, sur la pression de crédules, on a finalement continué à payer. Pour acheter la paix plus que la santé.

    Il est piquant de trouver parmi les pourfendeurs de la vaccination qui, sans être infaillible, a sauvé des milliers de vies en Suisse depuis le début de l’année, et probablement des centaines de milliers depuis un siècle, des personnes qui n’hésitent pas à promouvoir la vente sous appellation médicale de pilules de sucre à 1000 fr. le kilo. On peut débattre des heures sur les effets positifs ou négatifs de la vaccination, de l’opportunité de rembourser certains traitements au-delà d’un certain âge. Il est pour le moins agaçant, même si les mythologies populaires restent tenaces, de continuer à dépenser l’argent de nos caisses maladie pour payer des traitements qui, on le sait, ne fonctionnent pas.

  • Vivement le 29 novembre

    Vivement le 29 novembre

    La campagne contre la loi covid bat son plein. Comme jamais. Et de dérapage en dérapage, même les plus férus de débats politiques en viennent à se réjouir de passer à autre chose.

    Rarement une campagne n’aura autant basculé dans le surréalisme, presque psychédélique. Avec ces gros doigts qui nous pointent et nous promettent la piqûre obligatoire, on se croirait dans le film The Wall, fondé sur le double album de Pink Floyd.

    Les sondages, les taux de vaccination et le vote de juin ne laissent pourtant guère de place au doute quant au résultat à venir. Jouant leur va-tout, les opposants inventent quotidiennement de nouveaux arguments, toujours plus farfelus. Non, la Confédération n’a pas fermé de lits en soins intensifs. Elle n’a pas adopté en cachette une prochaine révision cachée de la loi covid. Vous n’allez être ni pucé, ni filtré, ni moulu, ni malaxé. Le Conseil fédéral fait ce qu’il peut, avec ce qu’il a. Plus ou moins mal, mais plutôt bien dans le fond.

    Marre, marre et marre

    La majorité reste silencieuse et lève les yeux face aux excès de tout poil de cette opposition tapageuse. Ces centaines de milliers de personnes qui voteront oui font le dos rond face à la stratégie de tsunami d’informations que les anti-covid veulent imposer. Une majorité qui en a marre de ces vidéos YouTube «à regarder absolument» d’un obscur scientifique néo-zélandais en délicatesse avec sa hiérarchie. Marre de se voir imposer la prose illisible de sites de réinformation vaccinale. Marre de ces mauvais enregistrements de manifestations anti-covid auxquelles on n’a jamais voulu participer. Tout le monde ne sent pas de grand frisson – autre que celui du froid – à descendre dans la rue scander des banalités.

    De prétendus gros lézards

    Bien sûr, les élus ramassent un peu plus. Il y a les insultes, mais aussi les nouvelles promesses d’échafaud ou d’un futur tribunal de Nuremberg 2.0. Et même des trucs complètement dingues. Des avertissements pour quiconque obéirait aveuglément à une élite mondialisée. Les reptiliens même parfois. Et je pense alors à ceux qui se retiennent justement de m’écrire, pris par le doute que je serais moi-même un de ces gros lézards.

    En vingt petites années de politique, nous atteignons les limites du système. Voter deux fois en six mois sur le même objet, et c’est l’overdose. Débattre ne sert plus à rien. Ceux-là mêmes qui crient à la dictature partageaient la semaine passée une vidéo d’Alexandre Loukachenko, ce «président qui en a» et qui «sait écouter son peuple». Quand on adopte le dernier dictateur d’Europe comme modèle ou que l’on compare les non-vaccinés à Anne Frank, le débat a peut-être assez duré. Vivement le 29 novembre.

  • Soins infirmiers: les applaudissements dans la Constitution?

    Soins infirmiers: les applaudissements dans la Constitution?

    Difficile de s’engager contre l’initiative sur ce sujet. Chacun reconnaît les difficultés d’une profession qui a besoin d’un appui nouveau. Mais à bien y réfléchir, on peut douter qu’un oui le 28 novembre apporte davantage que des remerciements réitérés.

    Une initiative soutenue par quatre personnes sur cinq, c’est assez exceptionnel. Les infirmiers peuvent se dire heureux: la population les entend et votera oui les yeux fermés. C’est en tout cas ce qui semble sortir des premiers sondages en vue des votations de novembre.

    Dans l’euphorie de ces annonces, le Syndicat des services publics (SSP) a exposé ses demandes. Tellement irréalistes qu’on a de la peine à dire si elles reflètent plus de candeur que d’arrogance. Parmi ces exigences, citons la semaine de 36 heures payée à 110%, la retraite complète à 60 ans, ou le «libre choix des postes et des fonctions» par les employés.

    Ce n’est là qu’une partie de revendications invraisemblables et sans rapport avec la réalité du monde du travail en Suisse. L’initiative très populaire introduit dans l’ordre juridique suisse un ovni jusqu’ici refusé par le souverain. Sans contester la légitimité du combat syndical, celui-ci aboutit traditionnellement par la négociation entre les partenaires sociaux.

    Digne de l’époque Martine Aubry…

    Avec l’initiative sur les soins, employés et employeurs se retrouvent sur le banc de touche, marginalisés. C’est le politique qui, demain, devrait définir les salaires et les conditions de travail. Et par-dessus le marché, le monde politique fédéral, lui qui n’exploite aucun hôpital, ne planifie pas la santé en Suisse et n’emploie pas d’infirmiers. Le système de santé est peut-être un capharnaüm incompréhensible, on a encore réussi jusqu’ici à distinguer les compétences fédérales des tâches cantonales. Pour combien de temps?

    On peut se demander si les initiants espèrent vraiment obtenir gain de cause. Non avec l’initiative, mais avec leurs revendications farfelues dignes de la France de Martine Aubry. Ou s’il s’agit de promesses en l’air, évoquées dans l’allégresse d’une campagne où, la victoire étant à portée de main, l’on rase gratis et l’on raconte n’importe quoi. Pourquoi se priver, d’ailleurs?

    Réveil difficile en prévision

    Le réveil sera malheureusement difficile pour tout le personnel des soins, auquel les syndicats et leurs revendications irréalistes donnent de faux espoirs. Les deux dernières initiatives sur la santé (médecine de famille et médecines complémentaires) ont été acceptées par le peuple, contre l’avis du Conseil fédéral, avec des arguments similaires, des bons sentiments. Et elles se sont ensuite heurtées au même principe de réalité: inscrites dans la Constitution, ces textes grandiloquents ont accouché de souris et n’ont permis aucune avancée majeure pour les personnes qui les ont portés.

    Le parlement s’est engagé dans un autre processus. Celui d’un contre-projet. Peut-être moins open bar, il libère néanmoins 1 milliard de francs pour la formation et une forte autonomisation du personnel. Des améliorations concrètes et immédiates en cas de rejet de l’initiative. A l’inverse, l’initiative rajouterait une couche de poésie législative, sans rien de concret avant des années, et peut-être pour toujours. Une forme d’applaudissements supplémentaires, ceux-là mêmes que l’on dit ne pas suffire.

  • Le maigre bilan de la vague verte

    Le maigre bilan de la vague verte

    Deux ans après les élections, on peut se demander ce qui sort concrètement de la législature verte. A ce stade, c’est une législature de perdue, bilan bien triste si l’on en croît l’urgence du dossier.

    C’était le 11 décembre 2018. Jugeant le résultat trop mou, la gauche s’était alliée avec l’UDC pour saborder la révision de la loi CO2 au vote d’ensemble. La suite, on s’en souvient : grève du climat, des dizaines de milliers de personnes dans les rues, des slogans qui claquent et une gêne assez visible des partis qui avaient cru quelque chose d’acceptable. Et puis, en octobre 2019, avec la vague verte : jamais n’ont siégé autant d’élus écologistes sous la coupole.

    Deux ans après, l’heure du bilan. La semaine passée, le Parlement a mis sous toit une révision de la loi CO2 actuelle. Après le camouflet en votation populaire en juin, les Chambres ont dû se résoudre à se contenter d’une version ad minima de la loi climat, pour ne pas liquider les fondamentaux de la politique fédérale : objectifs de réduction, mécanismes de compensation, prolongation des petites taxes existantes. Rien de plus. Malgré la faiblesse du projet, les Verts ont appuyé sur le bouton de la même couleur. Et accepté dans une belle unanimité une loi bien plus timorée que celle qu’ils refusaient trois ans plus tôt à grand renfort de mégaphones dans les rues.

    Que s’est-il passé entre deux ? Les belles affiches de 2019 ont un peu terni. Sans politique de compromis, les idéologies s’écrasent sur les rochers de la realpolitik, du consensus indispensable. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Après les dernières élections, même les partis bourgeois ont accepté de mettre de l’eau dans leur vin et ont soutenu une mouture plus stricte de la législation. Peine perdue : on ne construit rien en Suisse sans le peuple, et celui-ci n’a pas voulu d’un projet jugé trop contraignant.

    A mi-législature, le bilan de la vague verte est bien faible. Hormis un référendum gagné par les poils contre la loi sur la chasse, nous n’avons vu passer que quelques maigres postulats et autres interpellations. Le reste est désespérément vide. Et face à l’urgence climatique, le parlement, même plein de bonnes intentions, n’a pas réussi à apporter une réponse acceptable, c’est-à-dire capable de majorité (mehrheitsfähig comme on dit en face).

    C’est trop peu et c’est décevant. Mais c’est sans doute la preuve que les grands bonds en avant ne donnent pas de résultats dans une Suisse qui préfère les petits pas. Un peu moins de paillette, un peu plus d’actions concrètes. C’est ce qu’il nous reste à faire pour les deux ans qu’il reste de la législature verte.

  • Covid-19: plaidoyer pour des tests payants

    Covid-19: plaidoyer pour des tests payants

    La majorité des partis a tourné casaque et réclame maintenant que les tests antigéniques Covid ne deviennent pas payants. En oubliant toujours le vieil adage: rien n’est jamais gratuit, c’est seulement payé par quelqu’un d’autre. Vous.

    A propos de la gratuité des tests, ils ont presque tous retourné leur veste. Les vérités d’hier sont conspuées aujourd’hui. Il y a dix jours, tous les partis admettaient qu’il fallait enfin encaisser le coût de ces tests. Que le contribuable ne devait pas financer cette fantaisie. Et puis il y a la «real politik», paraît-il. La crainte de perdre le 28 novembre. La pression des manifestants. La trouille plus forte que le courage.

    Pourtant, la constitution l’exige: l’activité de l’Etat doit répondre à un intérêt public. Il y a un intérêt public à une vaccination très large: réduire la pression sur les hôpitaux et leurs soins intensifs, alléger les conséquences douloureuses de la pandémie. Il n’y a pas d’intérêt public au test gratuit pour une soirée en discothèque ou une sortie au restaurant. Il n’y a pas d’intérêt public à préférer le test au vaccin. Pas de bras, pas de chocolat. Pas d’intérêt public, pas de subvention.

    Chaque test coûte deux fois plus qu’un vaccin

    Si chacun est libre de se faire ou non vacciner, au nom d’une liberté personnelle qui impose certaines limites irrévocables, on ne saurait pour autant exiger que l’Etat, devenu notre mère à tous en cette période de folie pandémique, acquitte rubis sur ongle les tests de pur confort.

    Chacun de ces examens coûte 47 francs. Je passe sur le fait que ce prix exorbitant justifie à lui seul qu’on mette enfin en concurrence le marché médical. C’est un autre débat, essentiel. Cela dit, chaque test coûte deux fois plus qu’un vaccin. Et chaque test gratuit est une mauvaise incitation à ne pas se vacciner.

    Durant le week-end passé, 307 659 tests ont été réalisés. C’est 14,5 millions de francs de dépensés pour offrir un sésame aux citoyens qui refusent souverainement le vaccin. Je vous laisse calculer le tarif pour les mois à venir. Un bon demi-milliard, une paille.

    Cher Ignazio, Chère Karin, et tous les autres, tenez bon. Certes, ils sont des milliers à manifester. Bien sûr, nous pourrions perdre le 28 novembre et voir la loi Covid-19 balayée. Il faudra alors respecter le choix démocratique. La politique en Suisse ne s’est toutefois jamais construite par le rapport de force de la rue. Gardez votre ligne et maintenez les tests payant à partir du 1er octobre. Parce qu’il y a toujours pire en politique que prendre une décision impopulaire: prendre une décision irrationnelle.

  • Le jour où les talibans ont gagné, et les chiens aussi

    Le jour où les talibans ont gagné, et les chiens aussi

    En pleine débâcle afghane, le rapatriement par l’armée britannique de centaines d’animaux de compagnie laisse pantois. Et fait douter de la supériorité morale de nos valeurs lorsqu’on sauve les bêtes tandis qu’on abandonne les hommes.

    Il est difficile de parler de la débâcle afghane sans connaître le pays. Loin de moi l’idée de dire ce qui aurait dû être fait, ce qui aurait été mieux et pour qui. Mais de ce que j’en sais, de ce que j’en vois, la morale semble de notre côté. On regrette la victoire d’une conception rétrograde du monde, de valeurs qui n’ont que la force des armes pour s’imposer, à défaut de la raison. Même dans la défaite militaire occidentale, il est toujours rassurant de se dire que notre monde vaut mieux que le leur, que nous défendons une société juste face à une barbarie inhumaine.

    Sains et saufs, les clébards

    C’est ce que je me disais. Enfin, jusqu’à l’histoire invraisemblable de l’évacuation britannique. Le genre d’anecdote qui vous fait douter de vos convictions et de notre propre humanité. Au milieu de la catastrophe, les Anglais ont évacué 200 chiens d’un refuge pour animaux. Oui, vous avez bien lu. Le personnel de l’ONG est resté abandonné au djihad islamique, les clébards sont sains et saufs, rapatriés à Londres.

    Alors que des milliers d’Afghans menacés des pires châtiments par les nouveaux maîtres de Kaboul mendiaient une place dans un avion. Alors que d’autres trouvaient la mort dans un train d’atterrissage ou chutant d’une aile à laquelle ils s’étaient désespérément accrochés. Alors que l’ambassade britannique «oubliait» les CV de postulants afghans, candidats d’abord pour un emploi, désormais pour la torture du nouveau régime. Alors que les femmes retrouvent la burqa et voient les portes des écoles se fermer.

    Mme Johnson dans le coup

    Dans un premier temps, le ministère de la Défense s’est refusé à une telle absurdité: les Afghans et les soldats avant les bêtes. C’était sans compter la pression des amis des animaux sur Twitter. Des milliers de messages. Et même, paraît-il, l’intervention de la conjointe de Boris Johnson herself, militante de la cause animalière.

    On a le beau jeu de se croire plus valeureux que ces sauvages, ces fous de Dieu. Quelle sorte de talibans avons-nous créés dans nos sociétés occidentales? Qui sont les plus écœurants de ces extrémistes? Ceux qui, de la main ou de la patte tendues, coupent la première, ou ceux qui saisissent la seconde?


  • Un dîner à Locarno pour casser Netflix

    Un dîner à Locarno pour casser Netflix

    Le monde du cinéma est sur le point d’imposer son obligation d’investissement pour les plateformes en ligne. Une manière de faire payer ceux qui ont trouvé une solution au défi d’internet et, indirectement, un public qui n’a rien demandé.

    Un dîner. Une soirée. Un festival. Des politiciens invités. Un puissant lobby qui réunit toute la crème des commissions des Chambres fédérales pour les convaincre de voter une loi, des dizaines de millions à la clé.

    Si cette soirée au Festival de Locarno avait été le fait d’un assureur ou d’une pharma, Le Courrier en aurait fait sa une, scandalisé. Mais bon, c’est pour la culture. Une branche économique sympa, intouchable, qui hyperventile depuis des mois pour faire adopter la taxe Netflix la plus chère possible.

    Grand écran versus grand réseau

    Le grand écran et le grand réseau, c’est vingt ans de relations compliquées. D’abord, on a cru qu’internet ne servirait jamais qu’aux adolescents qui pratiquaient le téléchargement compulsif sur Napster et Kazaa. Puis sont arrivées les plateformes de streaming. De simples diffuseurs, elles sont devenues les plus grands producteurs de films, surclassant allègrement les grandes maisons historiques.

    La partition est connue, répétée. Les Américains ont tout inventé, à peu près dans un garage (il y a vingt-cinq ans, Netflix envoyait des DVD par la poste…). Prime, Netflix, Disney +, Apple TV ou Sky: ils traversent tous l’Atlantique pour nous inonder de films et de séries. Pendant ce temps, l’Europe n’a su que légiférer, taxer, réglementer. A propos de l’ordre de sortie des films, sur les exclus des festivals ou les soutiens aux salles obscures. Pour finalement se rendre à l’évidence: notre cinéma est à la traîne. A tel point qu’il faut maintenant des lois pour forcer les plateformes américaines à accepter nos productions.

    Fière comme un pou

    Derrière l’étendard ridicule de sa propre exception, l’industrie culturelle est devenue bien triste, réduite à supplier le législateur à coups de dîners au bord du lac Majeur de bien vouloir jouer les arbitres face aux grands noms de l’entertainement. Fière comme un pou, elle proclame sans rougir que sa planche de salut ne réside pas dans la qualité de ses productions ou sa capacité à trouver son public, mais dans l’intervention de vos élus pour choisir à votre place ce qui est bon pour vous.

    Sans doute que l’opération sera couronnée de succès. Les parlementaires donneront 4% des recettes des plateformes au cinéma suisse qui se gargarisera de ce succès. A l’inverse, il n’est pas certain que l’histoire du 7e art n’en retienne autre chose que la poursuite de la décadence inéluctable d’une culture autocentrée qui perd son public et son futur.

  • Vaccinez-vous. Tout de suite

    Vaccinez-vous. Tout de suite

    La première vague de coronavirus fut celle de la stupéfaction. La deuxième, celle de la résignation. La troisième sera celle de l’égoïsme et de l’ignorance. A moins que le mouvement anti-vaccins ne s’essouffle très rapidement.

    A la fin, nous connaîtrons tous le Covid-19. C’est maintenant une certitude. Le contact se fera soit par la vaccination, soit par l’infection. Et choper le dernier variant en date, c’est un peu se lancer dans une séance de tirs aux penaltys en ne pouvant que perdre: on ne se qualifie jamais pour rien de réjouissant quand on tombe malade.

    La vaccination plafonne un peu partout. Les discours complotistes bêtifiants parviennent malheureusement à convaincre des milliers de citoyens. Des personnes qui n’écoutent plus leur médecin, les autorités ou les hôpitaux, se fient désormais à des vidéos sur YouTube, le nouvel eldorado des charlatans.

    Un spectre…

    Alors qu’on rêvait de voir la pandémie prendre vraiment fin, le spectre d’une nouvelle vague plane. Et cette fois-ci, il y aura des responsables assumés. Les 30 à 40% de réfractaires au vaccin laissent une brèche béante dans la protection immunitaire de notre société. Ils seront à l’origine de la prochaine vague épidémique, espérons au moins par négligence.

    Pour le dire ouvertement, je m’attends à recevoir des dizaines de messages, même les plus insultants. Pourtant, en catimini, on l’affirme jusqu’aux plus hautes autorités. En public, la pudeur qu’impose la liberté de se vacciner interdit de l’exprimer clairement: les réfractaires aux vaccins nous précipiteront dans la prochaine vague. Ils auront sur la conscience des morts et peut-être, en fin de compte, un nouvel arrêt d’urgence de l’économie.

    Au mieux, pour septembre

    Et comme chaque vague se révèle d’une plus grande ampleur que la précédente, attendons-nous à ressortir les crédits covid, les RHT et les sempiternels clubs-sandwichs de la pause de midi pour suppléer les restaurants fermés.

    Bref, il n’y a qu’un message à faire passer avant les grandes vacances d’été. Si vous ne l’avez pas déjà fait, si vous n’avez pas déjà été malade, vaccinez-vous. Pour vous et pour tous les autres. Et tout de suite: entre la première dose et le déploiement de la seconde, il faut compter huit semaines. En vous inscrivant aujourd’hui, vous serez au mieux immunisé pour le début de septembre. Pile pour la prochaine vague? Il sera trop tard pour penser au parapluie au beau milieu de l’averse.

  • Les enfants gâtés de la grève du climat ont tué la vague verte

    Les enfants gâtés de la grève du climat ont tué la vague verte

    Le peuple suisse a refusé une loi sur le climat dont les instigateurs se moquaient éperdument. Par leur attitude, les mouvements radicaux de l’écologie ont tué la nouvelle législation, mais aussi la tendance qu’ils avaient lancée.

    On se souvient de Greta haranguant la foule de la Riponne . Des dizaines de milliers d’étudiants qui faisaient le mur, défilant pour des mesures fortes contre le réchauffement climatique. Pour une taxe sur les billets d’avion. Des mesures prises en Suisse, pas à l’étranger. Changer le système, pas le climat. Des bons slogans sur des pancartes en carton.

    Ils ont bien réussi leur coup. L’automne suivant, ce fut l’inarrêtable vague verte et un résultat jamais atteint pour les groupes écologistes au parlement fédéral. On aurait pu imaginer que la Suisse deviendrait alors plus verte et que les nouveaux élus parviendraient à créer l’union sacrée autour de leurs propositions.

    A côté du débat

    C’est raté. Le peuple a refusé ce que demandaient les grévistes du climat. Certes, cela pouvait arriver, mais pas de cette manière. La campagne fut des plus classiques. Les grévistes du climat, eux, s’en fichent. Complètement. Ils sont passés à côté du débat et se sont concentrés sur la loi sur le terrorisme, imaginant qu’on les confondrait un jour avec… des terroristes. Craignant surtout de ne plus pouvoir mener leur bastringue du vendredi en toute impunité.

    L’objet de leur courroux, la planète, est bien passé au second plan. A lire leurs communications, on n’y trouve rien. Pas un mot pour ou contre la loi CO2. Cet objet n’avait plus aucun intérêt à leurs yeux. Un peu comme un gamin trop gâté qui a réclamé un train électrique toute l’année et qui le snobe le soir de Noël.

    Mouvement gangrené

    On pouvait bien se douter que ce mouvement allait disparaître un jour. Gangrené par une extrême gauche qui a trouvé dans les questions climatiques un prétexte pour vendre sous couverture son idéologie mortifère, XR et les autres mouvements écologistes radicalisés ne pouvaient pas s’imposer durablement dans le paysage politique. Ils ont réussi l’exploit de braquer une majorité de la population, pourtant ouverte en général à des compromis, même quand ceux-ci touchent au porte-monnaie.

    C’est ce même peuple suisse qui a accepté sans trop discuter la Stratégie énergétique 2050, il y a tout juste quatre ans. Un projet fait de taxes, d’interdictions, de contraintes. Un projet que l’on vous promettait coûter 1000 francs par année et par foyer. Seulement, c’était avant la vague verte. Avant que ces groupuscules ne s’érigent en parangons de vertu écologiste. Mais les temps changent. Mme Thunberg est devenue majeure et la vague verte s’est brisée.