Catégorie : Autres

  • Citoyen à 16 ans, responsable à 18 ?

    On parle beaucoup du droit de vote des jeunes de mois de 18 ans. C’est à mon avis une solution excellente pour détourner le débat de sa question centrale : comment enrayer le désintérêt croissant de nombreux citoyens de la vie politique.

    Je m’offusque de l’argument qui voudrait que l’on compense le vieillissement de la population par une augmentation de la tranche de jeunes votants. Si plus de personnes âgées votent, c’est parce qu’elles sont plus nombreuses, cela va de soi. Cela n’est pas un mal en soi, c’est simplement la représentation de la population, principe assez important en démocratie. On pourrait aussi imaginer d’autoriser le vote des jeunes dès 5 ans dans les régions romanches pour compenser la diminution de la population parlant la quatrième langue nationale…

    Pour moi, le droit de vote s’accompagne du droit l’éligibilité. Or, je trouve un peu paradoxal d’imaginer qu’un jeune de 17 ans puisse siéger à l’exécutif d’une commune, voter des millions de francs de budget sans être pour autant habilité à signer un contrat d’abonnement téléphonique pour lui-même.

    Le droit de vote implique une grande responsabilité. Je pense qu’il n’est pas sain de différencier les droits et les devoirs. C’est là un coup marketing socialiste, peu réfléchi. Laissons plutôt aux jeunes ces deux années, de 16 à 18 ans, pour apprendre les mécanismes de la politique et la comprendre. La politique n’est pas innée, elle prend du temps pour être appréhendée. Le gros problème n’est pas l’âge de la majorité, mais la compréhension qu’a la population de notre politique. Et avec 50% d’abstention aux votations, c’est ce problème là qui mérite le plus d’attention.

  • Droit de recours: le Conseil Fédéral a raison

    La presse s’en est donnée à cœur joie contre la décision du Conseil Fédéral de soutenir notre initiative sur le droit de recours. Depuis hier après-midi, j’ai tout entendu. Petit tour d’horizon.

    Sur la TSR, on a osé mettre sur un même pied la défense du droit de recours et la lutte contre le réchauffement climatique. Cette comparaison est fallacieuse, on ne saurait lier quelques projets en Suisse et le réchauffement global. J’ai de la peine à comprendre comment la protection du grand Tétras est liée à la production de CO2 dans le monde… J’imagine que l’argument est le même que celui servi par Ségolène Royal hier soir : tout est lié. Facile mais un peu faible.

    Dans le Temps, on peut lire que la position sent l’électoralisme et la sauvegarde d’intérêts privés. C’est tout le contraire. Cette initiative a été menée en dehors des combats électoraux, et c’est un hasard du calendrier si c’est aujourd’hui qu’elle arrive sur le tapis, contrairement au PS qui lance une initiative fiscale avec le but avoué de récolter les signatures pour les élections fédérales.
    Il est aussi faux de prétendre que notre initiative vise la sauvegarde d’intérêts privés. Le droit de recours qui sert aujourd’hui les positions des associations de protection de l’environnement, qui n’ont pas nécessairement toujours raison. Trente association ont un droit que personne d’autre n’a : le droit de s’auto proclamer seul avocat de la nature et de la défendre comme si elles étaient elle-même touchées.

    L’aménagement du territoire est une des tâches principales de l’Etat. Chaque projet aura un effet sur l’environnement, c’est certain. Mais le choix entre construire et ne pas construire doit relever de la politique et non pas de la justice. Il n’est pas normal que l’aménagement du territoire soit l’affaire des juges : il s’agit là de décisions d’opportunité. Est-il plus opportun de conserver 55 hectares de terres agricoles à Galmiz – dans un canton qui en compte plus de 100’000 – ou d’installer une entreprise amenant 1’500 emplois ? Notre initiative ne répond pas à cette question. Elle dit simplement que ce genre de décision n’est pas l’affaire des associations et de la justice, mais du pouvoir politique, qu’il soit parlementaire, exécutif ou populaire.

    Ces décisions sont des décisions très importantes, elles influencent notre avenir et relèvent d’un choix de société. Dans une démocratie, ce genre de choix de société doit être dans les mains de l’Etat, pas dans celles de quelques associations privées. L’Etat doit d’ailleurs être renforcé sur la question, étudier et décider en connaissance de cause. Il ne s’agit pas d’un combat entrepreneur contre écologiste, mais de redéfinir comme tâche de l’Etat la gestion de notre territoire.

    Enfin, je m’offusque de la position de Moritz Leuenberger, si peu enclin à respecter le principe de collégialité. On a accusé à juste titre Christoph Blocher de violer les règles du jeu en prenant par exemple position contre Schengen. Cette règle vaut aussi pour les socialistes, qu’on le veuille ou non.

  • Une première victoire !

    Merci au Conseil Fédéral qui a décidé de changer sa position et de soutenir notre initiative sur le droit de recours des organisations.

    Contrairement à son premier message, le CF s’est rendu compte que le contre-projet n’était qu’un emplâtre sur une jambe de bois et qu’il était urgent de redonner à l’aménagement du territoire son caractères plus politique que judiciaire. Espérons que ça dure !

  • Naturalisation

    Pourquoi suis-je Suisse ? Juridiquement, parce que mes parents le sont. Mais je crois que je suis Suisse avant tout parce que j’aime mon pays, que j’y vis et que j’y construis ma vie. Ma nationalité n’est pas une médaille que je porte fièrement autour du cou. Ma nationalité, c’est un rattachement à une communauté, à une nation.

    On parle aujourd’hui beaucoup d’intégration des étrangers. Comment expliquer que 20% de notre population est constituée de personnes qui n’ont pas le droit de se mêler de la vie publique, qui ne peuvent participer aux débats de notre Etat ? Nos lois sont trop restrictives, car elles aboutissent à vider de sa substance le concept de nationalité. Celui qui vit en Suisse depuis des années, et qui décide d’y faire sa vie doit devenir Suisse, il n’y a pas d’alternative. Je rejette catégoriquement cette idée qu’il y a deux catégories de citoyens dans notre pays. Ceux qui ont une relation à la Suisse, par le travail, par la vie sociale ou encore par la langue, doivent pouvoir bénéficier de la nationalité helvétique. Mais ceci n’est pas seulement un droit, c’est à mes yeux aussi un devoir. On ne peut pas vivre avec un pays, être membre d’une communauté et en rester juridiquement à part.

    Le peuple suisse a refusé les naturalisations facilitées. Grave erreur, on dénature aujourd’hui complètement les droits et les devoirs qui s’y rapportent. Comment parler d’expulsion du territoire des étrangers criminels quand ces étrangers ont plus d’attaches à la Suisse que vous et moi ? Comment refuser le droit de vote aux étrangers quand ces mêmes étrangers sont, dans la vie de tous les jours, l’équivalent de vrais citoyens ? Nous devons revenir sur cette idée que notre nationalité est une récompense. Elle n’est que l’expression d’un choix de vie, d’un choix de lieu de vie.

    J’entends déjà les discours dégradants des extrémistes, fiers de quelque chose qu’ils ont acquis à la naissance, fiers de disposer de droits que leur voisin n’a pas.

    Nous devons revoir de fond en comble notre système de naturalisation. Elle doit être pensée comme la reconnaissance de la décision d’une personne à vivre dans notre communauté, et moins comme la médaille qui récompense arbitrairement une assimilation à notre culture. Trouvez-vous normal que le réfugié qui a passé plus de temps dans notre pays ne puisse pas comptabiliser ses années de « réfugié » comme des années passées dans notre pays ? Trouvez-vous normal que de gens naissent et meurent dans notre pays restent rattaché à un pays lointain, presque inconnu ? Ceux qui le pensent, ceux qui croient à ces nationalité fictives n’ont rien compris au sens de la nationalité. La nationalité est un droit, mais elle est aussi un devoir. Nous pourrons alors parler d’intégration.

  • Forum des 100

    Youpie ! L’Hebdo m’a invité au Forum des 100, ça va être passionnant. Nicolas Hulot, Micheline Calmy-Rey, Alexander Zehnder, que du beau monde 🙂

    Mais le plus beau, c’est à 12:30, « Buffet ». Vivement les petits gâteaux !

  • L'UDC est à la masse

    Quelle mouche a bien pu piquer les UDC qui lancent l’initiative pour interdire la construction de minarets en Suisse ? Il existe aujourd’hui deux minarets en Suisse et quelques projets sont actuellement à l’enquête : on n’est pas vraiment en présence d’un gros problème.

    Il existe en Suisse des milliers de musulmans. Selon l’UDC, le minaret est le moyen d’appliquer la loi coranique dans notre pays… Je ne comprends vraiment pas le dixième de leur argumentaire. En qui l’érection d’un bâtiment peut-elle bien modifier le droit appliqué dans notre pays ? Est-ce que Disneyland a imposé le droit américain en France ? Cette fois, je pense profondément que l’action de l’UDC est purement raciste, je ne vois pas comment l’expliquer autrement. Tant que la construction d’un minaret est conforme au plan de zone et aux divers règlements, et quoi peut-il être plus nocif qu’un horrible centre commercial Médiamarkt ?

    Je n’ai encore pas eu vent d’un quelconque terrorisme qui soit né à cause d’un minaret. En revanche, les initiatives racistes peuvent crisper les esprits et mener à l’intégrisme le plus détestable. L’UDC cherche visiblement à mettre de l’huile sur le feu, invente des problèmes pour mieux stigmatiser les musulmans pratiquants de notre pas. Cher Monsieur Freysinger, malgré votre attachement à la foi chrétienne, il est encore permis d’être musulman en Suisse, et même pratiquant. Un minaret pourrait pourtant vous servir de paratonnerre et éviter que vous receviez trop souvent la foudre, comme aujourd’hui.

  • Munitions et traditions

    À l’heure où la commission de sécurité du Conseil des Etats propose la fin de la conservation des munitions militaires à domicile, de quelques voix conservatrices crient au viol des soi disantes traditions qui font le Sonderfall.

    Après le souvenir d’une conférence du Pr. Martin Killias à l’UNIL et quelques vérifications, je peux affirmer haut et fort que la distribution des munitions ne constitue pas une tradition helvétique. C’est en 1940 lors de la démobilisation partielle de l’armée suisse, que l’état-major a pris la décision de délivrer quelques balles à chaque soldat de retour à la vie civile afin de résister à l’envahisseur dans un temps record en cas de guerre.

    À la fin de la guerre, ces munitions ont été retirées et si le soldat gardait toujours son arme de service, il n’avait plus de quoi l’alimenter. Au début des années 1950, avec les divers coups d’Etat est européens, la décision fut prise de reprendre la distribution de la munition. Les forces du pacte de Varsovie planifiaient d’envahir l’Europe occidentale en trois jours, il fallait que nos soldats soient à même de se battre dès la première minute de la guerre.

    On voit ainsi que les munitions sont traditionnellement données aux citoyens lorsqu’une menace concrète plane sur le pays. Qui peut aujourd’hui affirmer qu’il existe un risque comparable à ceux de la guerre froide et de la seconde guerre mondiale ? Personne. La tradition veut par conséquent que l’on retire cette munition, dont le seul résultat, pour les citoyens qui ne pratiquent pas de tir récréatif, est au mieux nul, au pire la mort. Je salue donc la sagesse de la commission des Etats.

  • Candidature au CN

    Samedi, les jeunes radicaux et les jeunes libéraux ont présentés leurs candidats, en fait treize sur les quinze qui soutiendront les listes en octobre.

    Après quatre ans de travail dans tous les domaines, par le biais d’initiatives fédérale et cantonale, de motions et postulats et d’actions politiques permanentes, nous tentons le grand saut en présentant trois listes de jeunes au Conseil National.

    Quinze candidats, répartis sur trois listes (Chablais & Région, Martigny & Région et Centre) pour couvrir tout le canton et permettre à des jeunes de se faire connaître et, surtout, de défendre nos idées au plus proche des gens.

    Bref, nous n’avons pas fini de vous casser les pieds, du moins jusqu’en octobre !

    Les candidats, par liste:
    Chablais & Région: Emilie Chaperon, Fabien Lafarge, Philippe Nantermod, Damien Petrucci, Damien Roch
    Martigny & Région: Michaël Hugon, Julien Monod, Samuel Nanchen
    Centre: Léonard Bruchez, Cédric Cagnazzo, Mathieu Fardel, Nicolas Huser, Laura Salamin

    Pour plus d’infos: www.up2007.ch !

  • Sondages contre scrutin majoritaire

    Je termine à l’instant l’écoute en Podcast de l’émission « Histoire Vivante » de la semaine passée consacrée aux élections présidentielles françaises, et plus particulièrement aux sondages.

    On imagine tous que Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royale pourront être présents au second tour des élections, nul besoin de sondage pour cela. Il y a une grande différence de mon point de vue quand un « petit » candidat voit sa côte de popularité monter dans les sondages. Si François Bayrou restait à 10% des intentions de vote ou qu’il ne soit même pas représenté dans les sondages, je suis persuadé qu’il n’aurait jamais vu le mouvement en sa faveur se créer.

    Les sondages ont montré qu’une percée du petit candidat était possible, le rendant du même coup crédible pour l’élection. Or, les sondages sur le second tour le donnent gagnant contre les deux favoris du premier. Cet élément lui donne une crédibilité gigantesque pour les anti-ségo et les anti-sarko. Le vote de rejet d’un des deux candidats, qui peut s’expliquer de différentes manières, mène alors à voter pour François Bayrou dans la seule intention de faire barrage à un candidat d’un des grands partis français.

    Je ne crois pas que c’est le discours du candidat centriste qui explique sa poussée dans les intentions de vote, mais seulement sa poussée elle-même qui s’auto alimente. Le résultat est tout de même surprenant : on voit un cinquième, voire un quart, des Français prêts à soutenir un candidat sans avoir cure de son programme électoral mais prioritairement pour son résultat dans les enquêtes d’opinions.

    Dans ces conditions, on peut se dire que le sondage remplace réellement la politique d’idées et montre, avant tout, les faiblesses du scrutin majoritaire à deux tours. Ce genre de scrutin, avec une barrière à l’entrée au second round, n’est peut-être plus valable dans un monde « sondagisé » où la qualification pour le deuxième tour est conditionnée par les enquêtes d’opinions. Comme on dit dans le milieu, « si la tendance se poursuit », seules les élections proportionnelles garderont leur intérêt politique. J’en suis malheureusement persuadé.

  • Joyeuses Pâques

    Juste un petit mot pour souhaiter à tous une excellente crise de foie au Chocolat (avec une majuscule) et de joyeuses Pâques!