Il y a quelques jours, le Matin s’indignait des propos de la Conseillère nationale Gaby Huber qui affirmait que l’élection du Conseil fédéral s’appuyait avant tout sur la force des partis, la compétence étant une question accessoire. Certes, dite ainsi, la chose peut paraître de prime abord abrupte, mais relève du principe même de démocratie.
Gaby Huber a raison. La compétence prime lorsqu’on élit un Chef de Service ou un fonctionnaire, elle est secondaire lorsqu’il s’agit d’élire un ministre. Le nier revient à renoncer aux fondements de la démocratie représentative. D’ailleurs, il est certain que les dirigeant arabes « dégagés » cette année s’estimaient tous très compétents, la démocratie n’en a pourtant pas tenu compte.
Cette notion subjective de compétence a une valeur qui varie au gré des mois. Ceux qui, la bouche en cœur, tressent aujourd’hui des lauriers à EWS, éjectaient il y a une année la candidate PLR la plus compétente afin de placer mon parti dans une situation inconfortable à la veille des élections.
La réélection du Conseil fédéral devient un cirque insupportable. Jusqu’ici, une formule magique accordait aux trois premiers partis deux sièges et un à la quatrième force politique. Cette solution, sans être parfaite, a au moins le mérite de la clarté et d’une certaine légitimité démocratique. Maintenir le siège d’EWS et laisser un siège PLR à l’UDC aboutirait indéniablement à un gouvernement incohérent. Comment justifierait-on alors que le PBD profite d’une place à l’exécutif alors que les Verts, pourtant plus forts, resteraient sur la touche ?
Le Parlement peut décider de sortir de la formule magique, et désigner un gouvernement de coalition. De gauche, du centre, de droite, peu importe, ce serait un choix assumé par les parlementaires, créant ainsi une dualité majorité – opposition que la Suisse n’a plus connue depuis des décennies. Je ne sais pas si l’efficacité gouvernementale en sortirait gagnante, mais cela correspondrait à une certaine interprétation du choix populaire.
Actuellement, de nombreux parlementaires, peut-être une majorité, considèrent l’élection du Conseil fédéral comme sept désignations indépendantes l’une de l’autre. Le choix de tel ou tel ne dépend pas de la cohérence du groupe ou de la volonté populaire, mais de la possibilité de placer le ou les siens à la fonction suprême. Il en ressortira un gouvernement décousu, sans aucune assise parlementaire ou légitimité populaire.
Je crois sincèrement que la solution viendra d’une élection du Conseil fédéral par le peuple. Les scrutins cantonaux ont déjà montré qu’il était possible d’élire un gouvernement au suffrage universel et de bénéficier par la même occasion d’un vrai débat de fond. Entre une grande discussion nationale sur des thèmes et des personnes et l’épicerie parlementaire actuelle, mon choix est fait.
Publié dans le Confédéré du 11 novembre 2011
L’élection du Conseil fédéral, ce cirque infernal

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