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L'Etat, de deux à trois milliards en six ans.

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

L'Etat, de deux à trois milliards en six ans.

Publié dans le Nouvelliste, le 5 mars 2014.
A entendre la gauche et certains élus du centre, la crise budgétaire que connaît le Valais proviendrait d’une réduction irresponsable des impôts, de l’ordre de 200 millions de francs et donc d’un assèchement volontaire des caisses publiques.
Il n’en est rien. A aucun moment, le Valais n’a baissé sa fiscalité. En prenant un peu de recul, on constate même que les impôts ont passablement augmenté depuis le début du millénaire.
Ainsi, de 2003 à 2012, les recettes d’impôt des personnes physiques ont cru de 37%, celles des personnes morales de 53% et les « autres impôts » de 52%. En chiffre absolu, cela signifie 363 millions de francs de revenus supplémentaires. Cette augmentation dépasse largement tant la croissance démographique (+14%) que la croissance de nos salaires (+15%) durant la même période. En réalité, le taux d’imposition moyen des Valaisans a augmenté de 10% en dix ans.
Comment l’expliquer ? Par la progressivité de l’impôt. Si le revenu moyen augmente (ce qui fut le cas) et que la courbe fiscale reste inchangée, le taux moyen augmente. En renonçant à adapter les barèmes à la croissance économique, la progressivité de l’impôt dépasse son rôle de redistribution, et devient un instrument propre à augmenter automatiquement la fiscalité. Les quelques déductions votées par le Grand Conseil n’ont compensé que très partiellement cette hausse. On trouvera certainement des catégories de contribuables qui ont vu leur note fiscale baisser, mais ce n’est pas le cas de l’ensemble des revenus, loin s’en faut.
En réalité, ces affirmations ne servent qu’à camoufler le vrai problème : la perte de contrôle de l’Etat du Valais sur ses dépenses. De 2006 à 2013, les charges d’exploitation de notre canton ont augmenté de presque un milliard pour atteindre la coquette somme de 2’943 millions de francs. Il nous aura fallu 150 ans pour créer un Etat à deux milliards. Et seulement dix ans pour atteindre le troisième.
Dopé à l’explosion de ses dépenses, notre Etat est aujourd’hui incapable de faire face à la moindre petite baisse de régime. Il est grand temps de s’inquiéter d’une politique qui n’envisage que les besoins – pourtant infinis – sans ne jamais tenir compte des moyens. Après le frein à l’endettement, l’urgence est à l’introduction du frein à l’expansion de l’Etat, planche de salut pour une administration trop dépensière.

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