RBI, le revers de la médaille

Les partisans du revenu de base inconditionnel (RBI) s’époumonent : le peuple suisse ne votera le 5 juin que sur un principe, le mode de financement n’étant pas arrêté dans l’article constitutionnel proposé.
S’ils ont raison, cela ne signifie pas pour autant que le coût de l’opération – devisée annuellement à environ CHF 200 milliards de francs (6.7 mios de majeurs X 2’500.- X 12 mois) – sera nul. Dépenser un tiers du PIB, soit de l’ensemble des richesses produites en Suisse en une année, n’est pas négligeable. Si l’on peut s’extasier à l’idée de recevoir ce fameux RBI, en posant à qui mieux mieux la question « et vous, que feriez-vous de votre revenu de base ? », on peut aussi regarder le revers de la médaille, et poser la question : « et vous, qu’auriez-vous fait des milliers de francs que l’on vous a volé ? ».
Contrairement aux soi-disant expériences menées en Inde, sur le continent africain ou au Canada, ceux qui paieront ce RBI sont les mêmes que ceux qui le toucheront, et certains paieront plus que ce qu’ils ne percevront. C’est une grande différence : si l’on nous proposait de faire financer notre revenu de base par les Français ou par l’ONU, je serais naturellement le premier à m’engager en sa faveur. Mais dans la mesure où personne n’a encore proposé d’envoyer des bateaux pirates sur les mers pour ramener des richesses produites ailleurs et que ce sont bien certains Suisses qui paieront pour d’autres Suisses, le projet ne vise qu’à étaler les richesses comme la confiture sur une tartine.
Réparti sur l’ensemble de la population, le RBI vise donc à redistribuer un tiers des richesses. Il correspond ainsi à une augmentation globale de la fiscalité de 30%. Sachant qu’une grande partie de la population n’est tout simplement pas fiscalisée, les masses laborieuses, celles qui créent des richesses, se verront largement spoliées pour payer un revenu de base aux autres. Ce que le RBI leur donnera d’une main, il le leur reprendra plusieurs fois de l’autre.
Pour nous faire croire que l’opération sera blanche, les joyeux amis du RBI tentent le coup de l’impôt gratuit : micro-taxe sur les transactions financières, intégration du RBI dans les revenus, voire carrément la planche à billet (alors qu’ils affirmaient un peu plus tôt que l’on ne votait que sur un principe, mais passons). Certes, lorsque les impôts sont prélevés par petites doses, ils sont moins visibles, ils ne coûtent toutefois pas moins cher. Mais un franc est un franc, dirait l’enseigne PAM. Prélever 200 milliards de francs vous appauvrit de 200 milliards de francs, qu’on vous les prenne à coup de centimes ou de millions.
Comme le disent justement les partisans, le RBI vise à changer de paradigme de société. D’un monde où les libertés individuelles sont protégées, au premier rang desquelles figure la garantie de la propriété qui assure à chacun de pouvoir disposer du fruit de son travail, nous opterions pour un monde de redistribution forcée des richesses, au mépris de ces garanties. Le tissu social que l’on connaît, malgré tous les défauts que l’on peut lui trouver, repose sur une idée de cause et d’effets, de mérite et sur un contrat social. Le RBI ne repose que sur l’idée qu’une partie de la population a le droit de faire les poches de l’autre partie, sans raison, sans condition.
Cette société a déjà existé, chez nous. Au Moyen-Âge, elle portait le nom de servage, où une petite caste pouvait voler les masses laborieuses pour assumer ses propres besoins et prélever les moyens d’assurer sa survie, sans avoir à fournir de travail. Le RBI n’est rien d’autre que l’introduction d’un servage moderne.
Publié sur le blog du PLR d’Orsières.
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