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L’humiliation suprême : la justice

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

L’humiliation suprême : la justice

En politique, apprendre les choses les plus essentielles prend du temps. Par exemple, il m’aura fallu presque dix ans d’engagement politique pour découvrir que la honte absolue du pays, c’est de diriger le département fédéral de la justice. Je l’ai appris hier au détour d’une émission de radio, en écoutant le chef de file des socialistes s’énerver et accuser ses collègues de le marginaliser, de lui avoir fait subir une humiliation publique, de le clouer au pilori.
La politique compte des moments de tactique et je regrette qu’un président de parti aussi aguerri que Christian Levrat l’apprenne si tard. Le 12 décembre 2007, c’est pourtant ce même Christian Levrat qui se gargarisait d’avoir habilement manœuvré l’éjection d’un Conseiller fédéral zurichois. Je me dis, non sans ironie, que le plaisir de la tactique n’est légitime que contre les méchants, ou seulement les années impaires.
Soyons clair : le bilan de Moritz Leuenberger est mauvais. Quinze ans de règne pour deux tunnels, une taxe sur les poids lourds et un blog, c’est un peu maigre. Il est pour le moins légitime que la droite qui ne représente finalement « que » 70% des électeurs revendique parfois ce département et tente de trouver enfin des solutions concrètes aux problèmes énergétiques, de transport, environnementaux ou en matière de télécommunications.
La stratégie de la victimisation qui a si bien réussi à d’autres semble donc aujourd’hui devenir le nouveau crédo de la gauche helvétique. Cette stratégie se fait malheureusement au prix d’un dénigrement malheureux de nos institutions, à commencer par celui du département de justice.
Les jérémiades du PS ne doivent pas nous faire oublier que la nouvelle ministre aura du pain sur la planche pour gérer la politique migratoire de notre pays et les nombreuses modifications législatives attendues, à commencer par celle du Code pénal. Après avoir incendié les politiques successives des Ministres de la Justice, les socialistes ont enfin l’occasion de faire mieux. Je ne partage pas l’opinion de Christian Levrat : je suis convaincu que Simonnetta Sommaruga se révèlera une excellente garde des sceaux et qu’elle saura gérer tous ces épineux dossiers avec le doigté de la pianiste qu’elle a été. Et je lui souhaite bonne chance, la Suisse a bien besoin d’elle, comme de ses six autres collègues.
Publié dans le Nouvelliste, le 29 septembre 2010

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