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Après l’ordre mâle aux Chambres fédérales, l’ordre divin

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Après l’ordre mâle aux Chambres fédérales, l’ordre divin

Publié dans le Temps, le 18 décembre 2017.

La session des Chambres fédérales a pris fin, avec des débats sur le budget et sur le harcèlement sexuel, avec la pire des conclusions possibles, celles où les victimes sont prises pour les responsables.
Avec des amis pareils, elles n’ont pas besoin d’ennemis. Il n’aura fallu que deux semaines pour réaliser que le Palais fédéral reste un truc de mecs, avec quelques femmes à côté, pour faire joli.
En politique, tous les coups sont permis. Sauf quand il est question de bibine et de fesses. Les mêmes qui, d’ordinaire, se tirent dans les pattes à la moindre occasion, se découvrent soudainement une franche camaraderie dès lors qu’il est question de se protéger parmi, de justifier une main baladeuse ou d’expliquer un commentaire dégradant.
Ce même parlement censé adopter des règles pour protéger les victimes. Ces mêmes parlementaires qui vous bassinent lors des élections fédérales pour durcir le droit pénal contre les délinquants. Ces mêmes élus qui vous pondent une motion à chaque fait divers et exigent la démission d’un juge fédéral à chaque fois que l’internement à vie n’est pas prononcé.
Et là, tout à coup, dès lors qu’il est question d’un collègue qui a fauté, on se serre les coudes. On balance sa voisine. A tel point que les autres n’osent plus rien dire. J’en ai entendu des détails, des histoires de mains égarées jusque sous des jupes non consentantes. Et croyez bien qu’après le traitement fait à celle qui a le courage de parler, plus personne ne s’exprime.
Il y a celui par qui tout a commencé. Pour lui, c’est fini. Mais ils sont nombreux, les autres, ceux qui cautionnent sans trop le dire. Qui, derrière leurs mauvaises blagues à faire semblant d’éviter l’ascenseur, n’en pensent pas moins, et se disent qu’une « main au cul », c’est pas si grave. D’ailleurs, on « l’a tous fait », m’a-t-on dit.
Alors voilà, peut-être qu’il est temps d’admettre qu’on s’est trompé. Que l’on ne peut encore pas attendre du Parlement qu’il se montre moderne et en phase avec la société qui l’a élu. Quand on découvre qu’un parlementaire se comporte en harceleur, on reproche aux victimes de se taire. Et quand on en trouve une qui s’exprime, on lui jette sa jupe à la figure.
Lundi passé, le lobby suisse du cinéma nous a offert l’« Ordre divin », un bon film sur l’octroi du droit de vote aux femmes. En DVD. Vu la fraicheur de certaines mentalités, il fallait distribuer en vieilles cassettes VHS.

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