Discours prononcé le 1er août 2014 à Vercorin.
Mesdames et Messieurs, Chers amis de Vercorin, Chers amis de la Suisse, que vous fêtiez ce soir la fête nationale comme Confédéré ou que vous nous fassiez l’honneur de prendre part à nos réjouissances comme nos hôtes, et à vous en particulier, bienvenue en Valais, joyeux premier août !
Député, j’aime m’exprimer pour notre pays ; habitant les Alpes, j’aime le faire à la montagne. C’est donc à double titre – montagnard et politicard – que je vous remercie de m’accueillir ce soir et je vais tâcher de vous transmettre un message de fête nationale, un message pas trop long, mais j’espère pas trop creux non plus.
La fête nationale, en Suisse, comment la définir ? Certes, il y a les incontournables. Les lampions, les cervelas, les Vésuve et nos drapeaux à croix blanche. Ah oui, notre drapeau, celui qui fait couler tant d’encre. Cette polémique qui voudrait que l’on y renonce, au nom d’une indignation assez sélective.
J’invite celles et ceux qui s’indignent à nous imiter, nous les Valaisans qui en connaissons un rayon en matière d’indignation contre Berne et qui avons appris à montrer notre mécontentement au gré des votations populaires et des jugements du Tribunal fédéral. A l’image des satanistes et autres sudistes américains, ce n’est pas en cachant le drapeau que nous montrons notre désapprobation. Non, les vrais anarchistes, comme les vrais révoltés, suspendent le drapeau suisse, mais à l’envers, s’il vous plaît !
C’est aussi la commémoration de l’histoire de notre pays, un peu incongru osons le dire, ce morceau de terre qui a tâché bon gré, mal gré, de rester souverain au fil des siècles et qui a su tirer son épingle du jeu, je crois que nous pouvons l’affirmer sans rougir.
Or, vous ne me contredirez pas si j’affirme que nous subissons depuis quelques années des pressions croissantes de la part de partenaires continentaux et même d’au-delà, des pressions pas toujours amicales. D’ailleurs, on a connu plus sympathique que la dénonciation d’une convention de double imposition sur les successions ou l’espionnage industriel et fiscal mené par le un fisc étranger qui se permet d’acheter sous le manteau des cédéroms de données volées.
Ces pressions, nous le savons, sont le fruit d’une gestion des deniers publics digne des meilleures fables de la fontaine où nos voisins ont joué la cigale, été comme hiver, au point d’accumuler les déficits par milliards.
Nous avons aussi été tenté par ces mauvais plis, en Suisse, en creusant des dettes parfois abyssales dans les années 1990 et dans certaines assurances sociales. Fort heureusement, quelques personnalités politiques et économiques clairvoyantes ont mis sur pied un outil qui fait des jaloux : le double frein aux dépenses et à l’endettement.
Notez une certaine ironie dans ma voix, parce que cet outil, nous l’expérimentons tous, ou presque tous, du moins ceux qui tâchons de tenir notre budget. Il consiste simplement à ne pas dépenser davantage que ce que nous gagnons et, si tel ne devait pas être le cas, de rembourser nos dettes.
Jusqu’ici, rien de bien compliqué. Grâce à ce double frein, depuis le début des années 2000, notre canton a pu liquider plus de la moitié de sa dette, ce qui est réjouissant quand on sait que la Grèce en vient bientôt à vendre aux enchère le Parthénon pour pouvoir continuer à payer la diffusion de ses chaînes de télévision publiques. Mais passons.
Pour paraphraser Louis Aragon, « Rien n’est jamais acquis, à l’homme Ni sa force, ni sa faiblesse ; il n’y a pas de finances heureuses ». A peine pensions-nous échapper aux problèmes de finances publiques que nous nous trouvons face aux mêmes problèmes que nos voisins : le Valais – et peut-être bien la Suisse demain – dépense plus qu’il ne gagne. 80 millions de francs en 2013. Si peu.
Effroi, ce double frein qui doit nous imposer, nous députés, à serrer les cordons de la bourse pour éviter que nous retombions dans la spirale infernale de l’endettement, le gouvernement veut nous pousser à le mettre de côté. Au nom des besoins soi-disant incompressibles, faisant fi des moyens qui eux, sont limités je vous le rappelle. Au diable l’avarice, il reste toujours la possibilité d’emprunter, et peu importe les défauts de paiement, l’Argentine porte bien son nom pour ouvrir une voie intéressante dans la gestion du patrimoine public.
Mesdames et Messieurs, chers amis. Je vous l’accorde, ce n’est pas très glamour de vous parler de chiffres et de gros sous un jour de fête nationale, mais comme je sais mieux compter avec « MPT » que conter avec « NT », j’aimerais vous expliquer pourquoi nous devons vraiment faire attention aux dépenses publiques.
Chaque année, l’Etat du Valais dépense trois milliards de francs. Dit comme ça, c’est difficile de se faire une idée de ce que représente trois milliards de francs. J’ai bien réfléchi comment imager ce chiffre, mais même les familles nombreuses acquièrent rarement un tunnel autoroutier, il est donc difficile pour le commun des mortels de comprendre exactement ce que représente une somme pareille, trois milliards de francs.
Alors divisons. Chaque heure, de chaque jour, de chaque nuit, travaillée comme chômée, l’Etat du Valais dépense 340’000 francs. Chaque jour, l’Etat du Valais pourrait s’offrir un petit quartier de villa dans une commune du canton.
Chaque semaine, notre canton pourrait remplir le parking de la pleine Bellevue à Sierre de Ferrari flambant neuves.
Depuis que j’ai commencé à parler soit environ 5 minutes, l’Etat du Valais a déjà dépensé presque 30’000 francs. Ce n’est pas rien, d’autant plus que c’est le soir et que c’est férié. Et que je m’exprime gratuitement.
Et combien devrions-nous économiser, me direz-vous, pour atteindre l’équilibre… Et bien si nous voulons éviter de nous endetter, et surtout d’endetter la génération de demain pour couvrir nos dépenses d’hier, nous devrions diminuer notre train de vie de 340’000 à 330’000 francs à l’heure, ce qui reste très raisonnable me semble-t-il.
Lorsqu’on vous parle d’équilibre budgétaire ou de diminution des dépenses, nombreux sont ceux qui parleront de diminution des prestations, d’atteintes aux plus faibles. Compenser la dette de 2013, pour certains, c’est revenir à une époque damnée, renoncer à l’Etat providence, détruire ce que nous avons construit, retourner au moyen-âge, que n’a-t-on pas entendu ? On vous parle de fermeture des écoles, de liquidation des hôpitaux, lorsqu’on n’évoque pas des mutineries dans les prisons.
J’en appelle à votre mémoire. Pour compenser la dette de 2013, nous devrions revenir au niveau de dépenses que nous connaissions en… 2011, cette époque médiévale dont certains de vous se souviennent peut-être encore. Ce n’était pas vraiment les heures les plus sombres de notre histoire, et l’Etat remplissait malgré tout son rôle.
En six ans, le niveau de dépenses a passé de deux à trois milliards de francs, notre Etat fut glouton, nous avons suivi le chemin des pires élèves du continent, il est grand temps de revenir en arrière, pas de lâcher la bride et de nous endetter sans limite.
Nombreux sont les oiseaux de mauvais augure qui vous diront que l’avenir et sombre, que les votations sur l’immigration, les résidences secondaires ou sur l’aménagement du territoire plombent notre avenir, que la force du franc nous coule et que la situation internationale nous condamne. Je n’y crois pas.
La Suisse est forte parce qu’elle s’appuie sur des citoyens libres, sur des individus engagés et responsables qui savent se prendre en main et qui ont toujours trouvé le moyen de relever la tête et de construire leur avenir. Il en va de même aujourd’hui, certainement plus que jamais.
Soyons heureux d’être suisses, soyez fiers de votre héritage et continuons à avoir confiance dans chaque individu qui fait que notre pays pourra continuer sur la voie du succès.
Ce qui nous arrive, les défis que nous rencontrons, sont une chance pour nous, parce que chacune de ces difficultés ne nous tuera pas, mais nous rendra plus fort !
Que vivent les Suisses, et que vive la Suisse !
Auteur/autrice : Philippe Nantermod
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Discours de 1er août 2014
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Impôt sur les successions : pas de convention, pas de collaboration !
Communiqué de presse des jeunes libéraux-radicaux suisses du 24 juillet 2014
Le 17 juin, le gouvernement français a dénoncé unilatéralement la convention de double imposition sur les successions de 1953. S’il était en droit de le faire, notre voisin n’a pas montré une volonté d’apaisement en liquidant un texte qui régissait de manière tout à fait équitable les conflits de compétence fiscale depuis soixante ans. Contre toute attente et avec une base légale plus que douteuse, la Confédération continue toutefois de collaborer sur les questions successorales. Les jeunes libéraux-radicaux exigent que ces pratiques cessent immédiatement et que Berne cesse toute entraide fiscale sur ces questions.
Si la France ne désire pas que nos rapports fiscaux soient fondés sur une convention de double imposition répartissant clairement les compétences de taxation, et c’est son droit le plus strict. Il est toutefois incompréhensible que, malgré la dénonciation totalement inamicale du texte de 1953, la Confédération mette toujours à disposition du fisc français les moyens de l’administration fédérale pour taxer les successions des personnes présentant un rapport franco-suisse.
Pour les jeunes libéraux-radicaux suisses, il ne peut y avoir de collaboration administrative et fiscale que lorsqu’une convention acceptée par toutes les parties, fixe le cadre de la fiscalité et protège les contribuables contre l’ignominie de la double imposition. C’est d’ailleurs ce que prévoit la loi fédérale sur l’assistance administrative et fiscale (LAAF) qui exige une convention contre les double impositions ou une autre convention prévoyant un échange d’informations pour admettre une telle collaboration.
Or, en l’espèce, il n’existe plus de convention sur les successions entre la Suisse et la France. Dès lors, l’administration fédérale doit désormais rendre une fin de non recevoir à toute demande française visant à taxer une succession ou une donation, et cela tant qu’aucune convention de double imposition équitable ne sera pas acceptée par les deux parties. Vouloir le beurre et l’argent du beurre est une pratique courante à l’étranger qui, fort malheureusement, trouve un soutien inespéré du Conseil fédéral.
En refusant une nouvelle CDI humiliante pour la Suisse, les chambres fédérales ont envoyé un signal clair au Département fédéral des finances. Il est regrettable que le message peine toujours autant à passer et que la ministre des finances ne saisisse toujours pas que les intérêts fiscaux français ne doivent en aucun cas être confondus avec les intérêts de la Suisse à défendre ses avantages économiques et ses valeurs libérales.
Contacts: Johanna Gapany, vice-présidente des jlrs, et Philippe Nantermod, député PLR. -
La ligne du Simplon via Monthey ? Une évidence !
Publié dans la revue « Transports Romands » du mois de juin 2014.
Depuis de nombreuses années, Monthey et Collombey-Muraz forment une unité urbanistique constituant de loin la deuxième ville du Valais. Avec près de 25’000 habitants, le chef-lieu du Chablais est devenu l’une des zones les plus dynamiques d’un point de vue économique et démographique du canton. On ne compte plus le nombre de pendulaires qui s’installent chaque semaine dans la région et le boom immobilier qui s’en suit.
Le développement des transports publics joue un rôle central dans l’activité économique et l’attractivité d’une région, chacun le sait. Actuellement, toutes les villes valaisannes sont reliées à la ligne centrale du canton, la ligne du Simplon qui relie Brigue à Lausanne, à l’exception notoire de Monthey.
Pourquoi Monthey est-elle laissée pour compte dans la répartition des transports ? A cette question, on peut obtenir des réponses variées, mais pas nécessairement contradictoires. Pour certains, c’est l’influence vaudoise à Berne qui a poussé dans la seconde moitié du XIXème siècle les autorités fédérales à encourager le chemin de fer via Bex. Pour d’autres, ce sont les mines de sel qui ont poussé la Compagnie du Jura-Simplon à choisir le Nord du Chablais comme voie de passage. Pour d’autres enfin, ce seraient les Montheysans eux-mêmes qui auraient renoncé à la ligne pour d’obscurs motifs conservateurs.
Plusieurs options ont été évoquées durant les dernières décennies pour améliorer la desserte de la capitale chablaisienne. Les variantes évoquées ont toujours constitué, à mes yeux, un emplâtre sur une jambe de bois. En admettant que la rupture de charge constitue sans aucun doute l’adversaire premier d’une utilisation rationnelle des transports publics, la solution consistant à améliorer la ligne AOMC revient forcément à renoncer à la solution la plus optimale en terme de temps de parcours, tout en promettant des dépenses pharaoniques et en opposant les villages les uns contre les autres. Quant à la solution prévoyant une nouvelle boucle via Massongex, elle interdit le passage des trains importants ou internationaux via Monthey, notamment les directs en provenance de Genève, et ne résout en rien la question de la connexion de Monthey avec Sion. Ces deux solutions apparaissent certainement comme de bons palliatifs à court terme, mais certainement pas comme une solution durable pour les prochaines décennies.
Un choix devenu inopportun peut être corrigé, et c’est l’objet du postulat demandant de placer Monthey sur la ligne du Simplon. L’idée est simple. La ligne du Simplon doit être améliorée avec l’ajout d’une voie reliant Aigle à Collombey-Muraz, faisant la liaison avec la ligne du Tonkin, elle même directement reliée à St-Maurice. Ainsi, un train sur deux circulant sur l’axe Lausanne – Brigue pourra s’arrêter à Monthey et l’autre à Bex.
La proposition de déplacer la ligne du Simplon par Monthey est certes l’option la plus ambitieuse, mais aussi la seule qui pose la question de la connectivité de Monthey sur un plan romand, et non pas seulement chablaisien. Nombreux sont les pendulaires montheysans qui se rendent travailler dans le Valais central ou sur l’arc lémanique. Il suffit d’ailleurs de constater à quel point les P+R d’Aigle et de Bex sont remplis de véhicules aux plaques valaisannes pour s’en convaincre. La zone à desservir, l’ancien site industriel « Giovanola », appartient aux collectivités publiques et pourrait devenir un pôle fort de développement économique de l’arc lémanique, à 35 minutes de Lausanne. Il convient encore de rappeler que le Chablais valaisan est une région touristique d’importance avec le domaine skiable des Portes du Soleil ; une connexion directe à l’aéroport de Genève prend tout son sens dans ce contexte.
Du point de vue du temps de parcours, la solution proposée présente certainement le meilleur rendement. En considérant que la distance pour rejoindre Monthey sera peu ou prou la même que celle qui permet de relier aujourd’hui Bex (selon nos calculs, environ 800 mètres de plus), la solution proposée permet d’économiser 17 minutes de parcours en provenance de Lausanne et 6 minutes en provenance de Sion.
Le principal écueil du projet ne réside pas tant dans la ligne que dans la politique des arrêts. Avec une nouvelle gare à Monthey, il se peut que les arrêts doivent être réorganisés pour tenir la cadence imposée par Rail 2000. Cette discussion ne doit toutefois pas devenir un tabou. En effet, mettre en comparaison les dix connexions horaires dans chaque sens pour Montreux et Vevey avec l’absence de connexion pour Monthey, c’est constater le problème d’équité de l’organisation du réseau.
Le projet de ligne du Simplon via Monthey ne pose qu’une question simple : peut-on envisager le développement à long terme de la ligne Brigue – Lausanne en laissant de côté l’une des trois plus grandes agglomérations du parcours, et la ville dont le potentiel de développement est le plus intéressant ? Poser la question, c’est y répondre. -
L'Etat doit-il cesser de s'occuper du tourisme?
Débat sur Forum, sur la RTS La Première, le 26 juin 2014, face à Dominique de Buman et interview sur La Télé Vaud Fribourg à midi.
Débat radio
Et si l’Etat cessait de s’occuper du tourisme? C’est le voeu du PLR Philippe Nantermod, qui aimerait qu’on le considère comme un vrai secteur économique et non pas, pour reprendre ses termes, « un grand atelier protégé ». Au cœur de la réflexion du député valaisan: les entraves, selon lui, mises par le monde du tourisme au développement d’hébergement de type Airbnb, ces sites de location entre particuliers. Le débat entre Philippe Nantermod, député (PLR/VS), et Dominique de Buman, conseiller national (PDC/FR), président de la Fédération suisse du tourisme.
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Le débat en MP3Interview Télé
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Budget 2015 : violer la constitution et endetter nos enfants
Mise à jour le 1er septembre 2014: le Conseil d’Etat annonce son budget qui prévoit en effet, en violation de la Constitution et de la loi, un décret introduisant l’amortissement de la dette 2013 sur trois exercices (au moins). L’engrenage infernal de l’endettement démarre pour l’Etat du Valais, mais personne ne sait quand il s’arrêtera.
Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du frein à l’endettement, le compte 2013 de l’Etat du Valais présente un déficit qui devra être intégralement compensé dans le budget 2015. Globalement, le canton cherche 135 millions de francs d’économies pour équilibrer l’exercice.
La tâche est ardue et tant l’administration que les députés savent qu’ils devront travailler âprement pour remettre les finances cantonales sur les rails, ce d’autant plus que le compte 2014 s’annonce encore plus mauvais. Je ne m’aventurerai même pas à spéculer sur un retour aux chiffres noirs dès l’année suivante.
Coup de tonnerre, le Conseil d’Etat convoque quelques commissions mercredi matin pour partager son grand projet pour le futur budget : amortir la dette sur plusieurs années. En français, cela s’appelle ne pas appliquer le frein à l’endettement. C’est tout simplement violer la constitution et la loi qui ne permettent d’exception que « lors de catastrophe naturelle, de crise économique ou de situation présentant un caractère grave ou extraordinaire ». Il suffit d’un minimum d’honnêteté intellectuelle pour constater qu’aucun motif de dérogation n’est rempli. En d’autres termes, manquant du courage nécessaire pour procéder aux mesures d’économies imposées par la loi, le gouvernement envisage purement et simplement de violer l’Etat de droit et de s’asseoir sur les principes démocratiques les plus fondamentaux.
En 2001, lorsque Maurice Tornay, alors député, s’engageait avec ses collègues députés pour que le parlement et le peuple adoptent le double frein, c’était précisément pour que nous tenions la barre lorsque les comptes vireraient au rouge. Aujourd’hui, le gouvernement projette de mettre le doigt dans l’engrenage infernal de l’endettement public avec les conséquences désastreuses que l’on a déjà connues par le passé et auxquels on assiste dans d’autres contrées, en Grèce ou en France.
La rigueur budgétaire que nous impose la constitution a du sens : éviter de faire porter aux générations futures la dette et les intérêts des dépenses de la génération d’aujourd’hui. Il est invraisemblable que le Conseil d’Etat envisage, sans rougir, de violer l’ordre constitutionnel et ses propres principes de gestion maintes fois réaffirmés.
Certes, il sera difficile d’équilibrer le budget. Mais l’Etat du Valais a réussi à augmenter ses dépenses d’un milliard entre 2006 et 2013. Economiser 135 millions, ce n’est même pas revenir au niveau de dépenses de 2011. Difficile, oui, insurmontable, non. -
Les Chambres fédérales se défaussent de leur mission constitutionnelle
Article rédigé avec Matthieu Carrel et publié dans le Temps du 13 juin 2014.
Les règles qui prévoient l’invalidité d’une initiative sont extrêmement restreintes et les cas d’invalidité patente demeurent rares. L’art. 139 de la constitution fédérale prévoit toutefois que lorsqu’une initiative populaire ne respecte pas le principe de l’unité de la matière, l’Assemblée fédérale la déclare totalement ou partiellement nulle. Cette règle de l’unité de la matière est centrale. Pour que la démocratie directe fonctionne convenablement, les citoyens doivent pouvoir s’exprimer de manière univoque sur un objet cohérent ; un objet qui n’appelle qu’une réponse : oui, ou non.
La plupart des initiatives, même les plus extrêmes, respecte sans problème cette exigence. Toutefois, d’autres sont plus problématiques. L’exemple le plus récent en est l’initiative démocrate-chrétienne qui réclame d’une part la fin de la discrimination fiscale des couples mariés et, d’autre part, l’inscription dans la constitution du principe que le mariage est l’union durable d’un homme et d’une femme.
On peut s’étonner qu’aucune autorité fédérale n’ait jusqu’ici souligné que l’unité de la matière était de toute évidence violé par l’initiative PDC. Pire, aucune autorité n’a même fait mine de se poser la question.
Cette initiative apparaît pourtant comme un marché de dupe pour une partie conséquente de la population, notamment urbaine et libérale. Que voter si l’on est par hypothèse favorable à la déduction fiscale proposée mais aussi au mariage gay ou même que cette dernière question nous indiffère ? En quoi une modification de la fiscalité des couples mariés impose-t-elle une définition constitutionnelle du mariage à une époque où, qu’on le veuille ou non, les contours mêmes de l’institution font débat ? Une telle initiative aurait pour effet principal de priver la Suisse d’un débat public que la Belgique, la France, l’Espagne, le Portugal, les Etats-Unis ont pu connaître.
Il n’y a en effet aucun lien de connexité entre les deux objets qui sont prévus dans l’initiative, l’un étant purement fiscal, l’autre exclusivement sociétal. Ils se retrouvent pourtant réunis dans un paquet ficelé par malice ou par hasard, qui devrait être, selon les initiants soumis d’un bloc au corps électoral, bien emprunté pour répondre clairement à cette question à double sens. Il est évidemment permis de s’opposer au mariage gay, il est par contre inacceptable de vouloir l’interdire en refusant le débat et en se cachant derrière un cadeau fiscal.
A nos yeux, pour préserver l’intégrité du consentement populaire, cette initiative devrait être invalidée, au moins partiellement au moins. Soit que l’on en fasse une initiative pour la fiscalité du mariage, soit que l’on en fasse une initiative pour la définition du mariage.
Pourtant, plutôt que d’évoquer cette question centrale de la validité de l’initiative au regard de la Constitution, la commission du Conseil national s’apprête à opposer un contre-projet c’est-à-dire un faux fuyant.
Invalider une initiative populaire, même partiellement, nécessite un certain courage et constitue une démarche lourde de sens et délicate. Il s’agit pourtant d’une tâche d’ordre judiciaire qui incombe à l’Assemblée fédérale. En refusant de prendre ses responsabilités et d’assumer son rôle de garant de l’ordre constitutionnel, loin de la renforcer, l’Assemblée fédérale affaiblit d’autant l’institution de l’initiative populaire en la confondant avec la possibilité d’en faire n’importe quoi.
C’est un lieu commun de la politique suisse que de se réjouir de la force de notre démocratie directe, force qui tient notamment à l’extrême souplesse des institutions. Or il faut bien comprendre que les quelques règles de procédures qui existent n’en sont que plus importantes.
il est déjà inquiétant qu’un parti comme le PDC qui s’affiche souvent comme le garant des institutions passe outre ces règles. Il l’est encore plus que l’Assemblée fédérale le laisse faire. -
Motion pour supprimer le recours au Conseil d’Etat contre les décisions communales
Motion déposée le 12 juin 2014 avec Stéphanie Favre et le groupe PLR.
Le Valais connaît le principe du recours administratif devant l’autorité exécutive avant le recours judiciaire devant le Tribunal cantonal. Ainsi, de nombreuses décisions sont d’abord étudiées par le gouvernement cantonal avant de passer dans les mains d’une autorité judiciaire.
Cette pratique a longtemps été celle des cantons. Il s’avère toutefois qu’elle tombe en désuétude ; le recours judiciaire s’avérant plus efficace et plus juste. Le Conseil d’Etat doit faire face à une quantité importante de procédures qui coûtent cher aux citoyens en temps, en frais de procédure et en honoraires d’avocat, pour aboutir malgré tout devant l’autorité judiciaire en dernière instance cantonale.
Afin d’améliorer l’efficacité des procédures et de réduire les frais des administrés, le gouvernement est invité à proposer une modification du droit cantonal prévoyant la suppression de la voie de droit devant le Conseil d’Etat pour maintenir uniquement le recours administratif devant le Tribunal cantonal, au moins en ce qui concerne les décisions des communes. -
A Me Pierre Chiffelle
Publié dans le Nouvelliste du 7 juin 2014.
Maître Chiffelle,
D’un état d’esprit utile et positif, l’écologie est devenue au fil des ans une religion qui connaît, comme ses pairs séculaires, ses fondamentalistes les plus dangereux. Après avoir gagné avec votre initiative contre les résidences secondaires, Helvetia Nostra et vous même vous êtes senti investis d’une mission divine consistant à recourir systématiquement contre tous les projets de construction en Valais. Pire, vous vous êtes permis de recourir aussi au nom de personnes qui ne vous avaient jamais consulté, convaincu que votre courte victoire populaire justifiait les procédures les plus chicanières.
Aujourd’hui, pour la première fois, ces méthodes ont été sanctionnées par un blâme. La justice reconnaît que la fin ne justifie pas tous les moyens. Comme tout mouvement intégriste, Helvetia Nostra agit comme si sa cause excusait tous ses agissements, même légaux. Non content de profiter d’un droit de recours exceptionnel, Franz Weber et ses alliés vous êtes permis de recourir sans mandat, de monnayer l’abandon de procédures, de déposer des oppositions préventives contre des résidences principales, d’agir systématiquement contre toute mise à l’enquête publique, convaincu d’avoir été désigné super-héros de la bonne application du droit.
Si l’application de la Lex Weber ne se fait pas sans heurts, elle ne doit en aucun cas permettre qu’une fondation privée se mette à jouer les « zorro » en se substituant aux autorités de surveillance démocratiques et légales.
Depuis de trop nombreux mois, vous vous êtes permis de répéter à qui voulait l’entendre que les autorités valaisannes violaient le droit en octroyant des permis de construire que vous jugiez illicites.
Contrairement à ce que vous semblez croire, nos élus ne se réveillent pas le matin en se demandant comment discrètement violer la loi. Les propos que vous avez tenus à maintes reprises sur notre intégrité sont blessants et malvenus. Le Valais n’est pas mafieux, les Valaisans ne sont pas des voyous.
Helvetia Nostra est sorti de son rôle, en devenant une organisation plus politique qu’environnementale. Les abus manifestes de son droit de recours justifient que celui-ci soit retiré et que vous vous battiez, à l’avenir, avec les mêmes armes que vos adversaires. Il en va d’une question d’équité et de justice, concepts qui vous sont chers si j’en crois vos nombreuses prises de position.
Au plaisir d’en débattre dans mon village de Morgins où vous nous faites fréquemment l’honneur de votre présence.
Philippe Nantermod -
Les banques pourront-elles déduire leurs amendes?
Débat sur Forum sur la RTS La Première le 1er juin 2014.
Déduire ou ne pas déduire les amendes des banques? Telle est la question qui se pose pour les établissements depuis l’annonce stipulant que Credit Suisse va devoir payer aux Etats-Unis. Dès lundi, cette interrogation va s’emparer des élus sous la coupole et peut-être devenir le thème d’un débat d’actualité durant la session d’été. Par Alexandra Lawi, avec les interviews de Filippo Lombardi, sénateur PDC tessinois et Philippe Nantermod, député libéral radical valaisan.
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Supprimer les rentes à vie mais augmenter le salaire des conseillers d'Etat valaisans?
Débat sur Forum sur la RTS La Première le 1er juin 2014
Une rente à vie supprimée, mais une augmentation annuelle de salaire de près de 25%: le système pourrait s’appliquer aux conseillers d’Etat valaisans. Leur salaire atteindrait 300’000 francs, soit l’un des plus élevés en Suisse romande. La proposition provient de la Commission de la révision de la loi sur la prévoyance professionnelle des magistrats. Les membres de l’Exécutif seraient affiliés à une caisse de pension. Le système ne concernerait que les membres du gouvernement élus à partir de 2015. Le dernier mot reviendra au Grand Conseil. Débat entre Philippe Nantermod, député libéral radical valaisan, vice-président de la Commission et Emilie Flamand, ancienne présidente des Verts genevois.
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