Discours prononcé le 1er août 2014 à Vercorin.
Mesdames et Messieurs, Chers amis de Vercorin, Chers amis de la Suisse, que vous fêtiez ce soir la fête nationale comme Confédéré ou que vous nous fassiez l’honneur de prendre part à nos réjouissances comme nos hôtes, et à vous en particulier, bienvenue en Valais, joyeux premier août !
Député, j’aime m’exprimer pour notre pays ; habitant les Alpes, j’aime le faire à la montagne. C’est donc à double titre – montagnard et politicard – que je vous remercie de m’accueillir ce soir et je vais tâcher de vous transmettre un message de fête nationale, un message pas trop long, mais j’espère pas trop creux non plus.
La fête nationale, en Suisse, comment la définir ? Certes, il y a les incontournables. Les lampions, les cervelas, les Vésuve et nos drapeaux à croix blanche. Ah oui, notre drapeau, celui qui fait couler tant d’encre. Cette polémique qui voudrait que l’on y renonce, au nom d’une indignation assez sélective.
J’invite celles et ceux qui s’indignent à nous imiter, nous les Valaisans qui en connaissons un rayon en matière d’indignation contre Berne et qui avons appris à montrer notre mécontentement au gré des votations populaires et des jugements du Tribunal fédéral. A l’image des satanistes et autres sudistes américains, ce n’est pas en cachant le drapeau que nous montrons notre désapprobation. Non, les vrais anarchistes, comme les vrais révoltés, suspendent le drapeau suisse, mais à l’envers, s’il vous plaît !
C’est aussi la commémoration de l’histoire de notre pays, un peu incongru osons le dire, ce morceau de terre qui a tâché bon gré, mal gré, de rester souverain au fil des siècles et qui a su tirer son épingle du jeu, je crois que nous pouvons l’affirmer sans rougir.
Or, vous ne me contredirez pas si j’affirme que nous subissons depuis quelques années des pressions croissantes de la part de partenaires continentaux et même d’au-delà, des pressions pas toujours amicales. D’ailleurs, on a connu plus sympathique que la dénonciation d’une convention de double imposition sur les successions ou l’espionnage industriel et fiscal mené par le un fisc étranger qui se permet d’acheter sous le manteau des cédéroms de données volées.
Ces pressions, nous le savons, sont le fruit d’une gestion des deniers publics digne des meilleures fables de la fontaine où nos voisins ont joué la cigale, été comme hiver, au point d’accumuler les déficits par milliards.
Nous avons aussi été tenté par ces mauvais plis, en Suisse, en creusant des dettes parfois abyssales dans les années 1990 et dans certaines assurances sociales. Fort heureusement, quelques personnalités politiques et économiques clairvoyantes ont mis sur pied un outil qui fait des jaloux : le double frein aux dépenses et à l’endettement.
Notez une certaine ironie dans ma voix, parce que cet outil, nous l’expérimentons tous, ou presque tous, du moins ceux qui tâchons de tenir notre budget. Il consiste simplement à ne pas dépenser davantage que ce que nous gagnons et, si tel ne devait pas être le cas, de rembourser nos dettes.
Jusqu’ici, rien de bien compliqué. Grâce à ce double frein, depuis le début des années 2000, notre canton a pu liquider plus de la moitié de sa dette, ce qui est réjouissant quand on sait que la Grèce en vient bientôt à vendre aux enchère le Parthénon pour pouvoir continuer à payer la diffusion de ses chaînes de télévision publiques. Mais passons.
Pour paraphraser Louis Aragon, « Rien n’est jamais acquis, à l’homme Ni sa force, ni sa faiblesse ; il n’y a pas de finances heureuses ». A peine pensions-nous échapper aux problèmes de finances publiques que nous nous trouvons face aux mêmes problèmes que nos voisins : le Valais – et peut-être bien la Suisse demain – dépense plus qu’il ne gagne. 80 millions de francs en 2013. Si peu.
Effroi, ce double frein qui doit nous imposer, nous députés, à serrer les cordons de la bourse pour éviter que nous retombions dans la spirale infernale de l’endettement, le gouvernement veut nous pousser à le mettre de côté. Au nom des besoins soi-disant incompressibles, faisant fi des moyens qui eux, sont limités je vous le rappelle. Au diable l’avarice, il reste toujours la possibilité d’emprunter, et peu importe les défauts de paiement, l’Argentine porte bien son nom pour ouvrir une voie intéressante dans la gestion du patrimoine public.
Mesdames et Messieurs, chers amis. Je vous l’accorde, ce n’est pas très glamour de vous parler de chiffres et de gros sous un jour de fête nationale, mais comme je sais mieux compter avec « MPT » que conter avec « NT », j’aimerais vous expliquer pourquoi nous devons vraiment faire attention aux dépenses publiques.
Chaque année, l’Etat du Valais dépense trois milliards de francs. Dit comme ça, c’est difficile de se faire une idée de ce que représente trois milliards de francs. J’ai bien réfléchi comment imager ce chiffre, mais même les familles nombreuses acquièrent rarement un tunnel autoroutier, il est donc difficile pour le commun des mortels de comprendre exactement ce que représente une somme pareille, trois milliards de francs.
Alors divisons. Chaque heure, de chaque jour, de chaque nuit, travaillée comme chômée, l’Etat du Valais dépense 340’000 francs. Chaque jour, l’Etat du Valais pourrait s’offrir un petit quartier de villa dans une commune du canton.
Chaque semaine, notre canton pourrait remplir le parking de la pleine Bellevue à Sierre de Ferrari flambant neuves.
Depuis que j’ai commencé à parler soit environ 5 minutes, l’Etat du Valais a déjà dépensé presque 30’000 francs. Ce n’est pas rien, d’autant plus que c’est le soir et que c’est férié. Et que je m’exprime gratuitement.
Et combien devrions-nous économiser, me direz-vous, pour atteindre l’équilibre… Et bien si nous voulons éviter de nous endetter, et surtout d’endetter la génération de demain pour couvrir nos dépenses d’hier, nous devrions diminuer notre train de vie de 340’000 à 330’000 francs à l’heure, ce qui reste très raisonnable me semble-t-il.
Lorsqu’on vous parle d’équilibre budgétaire ou de diminution des dépenses, nombreux sont ceux qui parleront de diminution des prestations, d’atteintes aux plus faibles. Compenser la dette de 2013, pour certains, c’est revenir à une époque damnée, renoncer à l’Etat providence, détruire ce que nous avons construit, retourner au moyen-âge, que n’a-t-on pas entendu ? On vous parle de fermeture des écoles, de liquidation des hôpitaux, lorsqu’on n’évoque pas des mutineries dans les prisons.
J’en appelle à votre mémoire. Pour compenser la dette de 2013, nous devrions revenir au niveau de dépenses que nous connaissions en… 2011, cette époque médiévale dont certains de vous se souviennent peut-être encore. Ce n’était pas vraiment les heures les plus sombres de notre histoire, et l’Etat remplissait malgré tout son rôle.
En six ans, le niveau de dépenses a passé de deux à trois milliards de francs, notre Etat fut glouton, nous avons suivi le chemin des pires élèves du continent, il est grand temps de revenir en arrière, pas de lâcher la bride et de nous endetter sans limite.
Nombreux sont les oiseaux de mauvais augure qui vous diront que l’avenir et sombre, que les votations sur l’immigration, les résidences secondaires ou sur l’aménagement du territoire plombent notre avenir, que la force du franc nous coule et que la situation internationale nous condamne. Je n’y crois pas.
La Suisse est forte parce qu’elle s’appuie sur des citoyens libres, sur des individus engagés et responsables qui savent se prendre en main et qui ont toujours trouvé le moyen de relever la tête et de construire leur avenir. Il en va de même aujourd’hui, certainement plus que jamais.
Soyons heureux d’être suisses, soyez fiers de votre héritage et continuons à avoir confiance dans chaque individu qui fait que notre pays pourra continuer sur la voie du succès.
Ce qui nous arrive, les défis que nous rencontrons, sont une chance pour nous, parce que chacune de ces difficultés ne nous tuera pas, mais nous rendra plus fort !
Que vivent les Suisses, et que vive la Suisse !
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