Prix unique du livre – Réponse à Ivan Slatkine

Monsieur Slatkine,
Je réagis ici au texte qui m’était adressé par votre blog interposé (http://ivanslatkine.blog.tdg.ch/archive/2010/03/02/prix-unique-du-livre-reponse-a-m-philippe-nantermod.html)
Que les choses soient claires d’emblées, même si je ne prétends pas être un « grand lecteur », j’aime lire, je lis, et j’achète toujours avec plaisir des ouvrages tant sur Internet ou chez Payot que dans des petites librairies.
Là où vous vous trompez, à mon avis, c’est lorsque vous affirmez que « le livre n’est pas un produit de consommation courant ». Je ne vois pas ce qui vous permet de l’affirmer de manière si péremptoire. Certes, le livre est culturel. Et alors ? Est-ce incompatible ? Quid d’un DVD, d’un CD, d’une toile d’artiste ? Quid du livre audio ? Une pomme de terre est agricole, cela en fait-elle autre chose qu’un produit de consommation courant ?
L’affirmation sur le caractère non courant ou non consumériste du livre vous permet d’imposer un traitement différencié pour un produit qui est en réalité un vrai produit commercial, bien davantage que les produits de première nécessité ou que les médicaments, par exemple. Le temps des moines copistes est révolu et l’impression d’un ouvrage n’a plus grand chose de sorcier. L’objet, même s’il est beau, n’en est pas moins devenu un produit de consommation .Un éditeur, et vous ne me contredirez sans doute pas, est aussi soumis aux règles du marché, à la nécessité de rentabilité, doit s’abaisser parfois à faire du marketing pour les produit qu’il vend et est très certainement soumis au Code des obligations. Bien sûr, il agit pour la culture, promeut des auteurs de qualité, souvent compense des opérations non rentables par d’autres plus lucratives, mais je ne vois pas en quoi cela diverge d’un autre chef d’entreprise en général, ou encore, de manière plus flagrante, du directeur d’un label musical.
La diversité culturelle ne s’obtient pas forcément à coup de législation contraignante ou de subventions. Au contraire, je pense que la concurrence peut mener à une amélioration de la qualité. Les pays qui ne connaissent pas de prix unique du livre ne sont pas pour autant devenus des déserts culturels. Les grandes améliorations technologiques se sont faites dans le cadre d’un marché ouvert, je suis persuadé que la compétition peut accoucher des plus belles œuvres imaginables.
Certes, la vie est dure pour les petites librairies. Pour les épiceries, les boulangeries, les disquaires et les kiosquiers indépendants aussi. Le fait de bénéficier de salaires supérieurs en Suisse ne justifie nullement un prix unique. Les vendeurs de fers à repasser font aussi face à des salaires et des charges supérieurs et ne profitent pas de prix unique. Je ne saisis pas pourquoi le libraire devrait être traité à une autre enseigne.
Vous êtes éditeur et je comprends que vous défendiez votre métier. Les banquiers trouvent aussi ces jours d’excellentes excuses pour que les Etats les aident, les agriculteurs aimeraient des interventions étatiques plus musclées. De même, les employés de Reconvillier ont certainement estimé que leur situation justifiait un traitement différencié.
L’industrie du disque s’est crue toute puissante il y a quinze ans. Les premiers lecteurs MP3 faisaient rire et le téléchargement sur internet était quasiment inexistant. Le résultat ne s’est pas fait tellement attendre et il a fallu que les Majors se retrouvent à genoux pour qu’ils tempèrent leur arrogance et cessent de considérer que seules les procès et les lois leur permettraient de répondre aux nouvelles modes de consommation.
Le livre est aujourd’hui dans la même situation.
Prétendre que la tablette numérique est complémentaire au format papier me semble assez illusoire : pensez-vous véritablement que ceux qui achètent des iPod n’écoutaient pas de musique avant le MP3 ? Croyez-vous vraiment que celui qui fera l’acquisition d’un Stendhal en version numérique s’embarrassera aussi d’un exemplaire papier ? Miser là-dessus me semble plutôt risqué, mais c’est votre métier et je n’ai pas la malhonnêteté de vous donner des leçons.
Ce qui est certain, c’est que le prix unique ne s’appliquera jamais qu’aux acteurs suisses du livre. Les concurrents américains qui produiront les livres électroniques de demain ne seront pas soumis à ces contraintes légales et la concurrence n’en sera que plus difficile pour les compétiteurs helvètes.
En tant que libéral-radical, sachez que j’ai toujours autant de plaisir à débattre et j’espère que nous aurons l’occasion de croiser à nouveau le fer sur cette question, épineuse.
Philippe Nantermod
PS : Rassurez-vous, je critique aussi les tarifs des  opérateurs téléphoniques en Suisse, vous pourrez d’ailleurs lire diverses interventions à ce sujet.

Le prix unique du livre, une mesure pour soutenir l’innovation… aux USA !

Lors de la prochaine session des chambres fédérales, le prix unique du livre va revenir sur le comptoir et sera certainement approuvé. Après quelques mois de libre commerce, voilà que nos élus fédéraux choisissent de revenir aux bonnes vieilles méthodes corporatistes. L’évolution de la société ne plaît visiblement pas à tous et certains croient qu’il suffira de créer une loi pour sauver une forme de commerce qui ne rencontre plus l’adhésion du public.
Les problèmes rencontrés par les petites librairies ne découlent heureusement pas d’un désintérêt pour la lecture. La population suisse est une population de grands lecteurs, le nombre d’universitaires – population particulièrement susceptible de lire – croît année après année, le budget des ménages augmente fortement pour les dépenses liées aux médias (lecture, musique, cinéma, etc.). Le problème des petites librairies n’est pas le problème du livre, mais le problème d’une structure de marché inadaptée aux modes de consommation actuels.
Certains n’ont pas pu ou su s’adapter à l’évolution de la demande du consommateur et veulent un coup de main de l’Etat pour protéger une forme de commerce en perte de vitesse. Si les petites librairies sont dépassées par les grandes, ce n’est pas parce que le consommateur a un pistolet sur la tempe. C’est parce que les services offerts par les chaines pèsent lourd : stock important, libraires aux horaires d’ouverture larges, espace de lecture aménagés, personnel formé et compétent,  prix attractifs. Ces
Cette concentration des espaces de vente est le choix du consommateur. Nous voulons un grand choix à des prix bas, ce que proposent  les grandes chaînes. Le livre n’est pas le premier produit à subir cette évolution : les épiceries de quartier ont quasiment disparu, les petits disquaires sont de plus en plus rares, les kiosks indépendants ne font plus le poids face aux groupes. Pourtant, le pain reste bon, la musique variée et les journaux de qualité. Les petits commerces indépendants souvent réagi à cette évolution en offrant des services nouveaux : une qualité supérieure, des conseils avisés ou encore un choix de produits rares.
Je ne suis pas de ces nostalgiques qui cherchent un caractère sacré dans le livre pour justifier une mesure complètement anachronique. Le livre est un produit comme un autre, vecteur de culture, oui, tout comme le disque et le journal. La diversité de l’offre ne dépend pas du nombre de librairies mais du nombre de lecteurs et brandir la menace de la mort de la culture relève du chantage.
Le dernier cri technologique, les tablettes électroniques, laissent à penser que les appareils numériques concurrenceront demain nos libraires. La vraie bataille se livrera alors entre les vendeurs de livres papier et de livres électroniques. Ces derniers ne seront pas touchés par notre réglementation du prix du livre. Acheté sur Internet, le prix du livre électronique sera indécemment bas face aux ouvrages dans les rayons des magasins. Les vrais perdants du prix unique seront tous ceux qui vendent des livres en Suisse aujourd’hui, petits ou grands. Et les gagnants, les sociétés essentiellement américaines de vente de livres électroniques ou par correspondance.

« Le Valais, No 1 du bilinguisme »

Les jeunes libéraux-radicaux valaisans ont à cœur de faire du Valais le canton numéro 1 en matière d’apprentissage des langues dans les écoles publiques. Le Valais est bilingue, la Suisse quadrilingue, nous devons saisir cette chance. Les jlrvs lancent le projet LINGUA dont le but est de faire du Valais le canton formant les meilleurs étudiants dans le domaine des langues.
A l’heure de la mondialisation, on ne peut que constater que trois langues ont vocation de gouverner en Europe, par ordre de locuteurs: l’Allemand, le Français et l’Anglais.
Nous avons la chance de vivre dans un pays qui connaît les deux premières, la troisième est inculquée dès le plus jeune âge par l’immersion constante que nous imposent les nouvelles technologies, la musique ou le commerce international.
L’Allemand et le Français sont importants pour nous Valaisans, Suisses et Européens. Les jeunes libéraux-radicaux constatent avec regret que 11 années d’apprentissage d’une seconde langue nationale n’offrent pas au jeune des capacités d’expression et de compréhension suffisantes. Etant donné leur présence importante au Grand conseil, les jlrvs déposeront durant la session de mars 2010 une série de postulats pour renforcer considérablement l’apprentissage des langues.
Les trois premiers postulats ont un objectif simple et ambitieux : que la majorité des jeunes Valaisans puisse se prévaloir d’un séjour linguistique avant la fin de leur formation. L’immersion – et c’est incontestable – est le meilleur moyen de découvrir tant une langue qu’une culture. En outre, quitter le cocon familial tôt est un moyen de pousser les jeunes à se responsabiliser et à devenir autonome.
Le quatrième postulat vise à réformer le système des diplômes de langues en adaptant les exigences scolaires à celles des institutions internationalement reconnues, telles que l’Institut Goethe en Allemagne ou l’Université de Cambridge en Grande Bretagne.
Le cinquième et dernier postulat a pour objet la création d’un programme de rating entre les programmes scolaires cantonaux en matière linguistique, à l’image du programme international PISA. Cet instrument doit devenir à terme la boussole des départements de l’instruction publique.
Ces postulats veulent faire des jeunes valaisans, issus d’un canton bilingue, les champions toutes catégories dans l’apprentissage des langues.
La discussion sur le sujet sur Forum, sur la RSR, le 23 février 2010
L’article du Matin du 24 février 2010
L’article de Signature de la RSR.

Déductions fiscales: la famille traditionnelle en question

Les déductions fiscales permettent de transcrire une réalité économique sur la déclaration d’impôt ou, au contraire, de comptabiliser un élément virtuel à des fins incitatives. La dépense d’acquisition du revenu, soit le franc investi pour générer le suivant, est la première de ces réalités économiques. En toute logique, le parlement fédéral a reconnu récemment que les frais de gardes des enfants constituaient une dépense d’acquisition du revenu déductible : quand deux parents travaillent, il faut bien trouver à garder ses enfants quelques heures par jour.
Certains demandent aujourd’hui que cette déduction soit aussi accordée aux parents qui font le choix de garder eux-mêmes leurs enfants. Idée sympathique qui sent l’égalitarisme à plein nez, mais difficilement justifiable.
La déduction forfaitaire proposée de 10’000 frs. par an ne correspondant par définition à aucune dépense concrète, elle doit certainement être conçue comme une mesure incitative. Mais incitative de quoi ? Est-ce un moyen de favoriser le modèle familial « traditionnel » : maman aux fourneaux et papa au boulot ?
Je tire mon chapeau à ces femmes qui se sacrifient pour leurs enfants. Il n’est cependant pas forcément de bon augure que trop de citoyens abandonnent toute velléité de carrière professionnelle au nom de la famille. Non que je conspue la famille, mais plutôt que je me méfie des visions nostalgiques qui aboutissent à vivre dans un monde chimérique.
Cette soif de famille traditionnelle repose sur une vision moralisatrice et dogmatique de notre société. Quand 50% des mariages ont pour finalité le divorce, il est irresponsable d’encourager les mères de famille à se déconnecter du marché du travail. Celui qui abandonne sa carrière pendant les dix à quinze ans que prend l’éducation d’une petite famille contribuera certes à élever la nouvelle génération, mais se marginalisera complètement des exigences de l’économie. Sachant combien il est périlleux de se reconvertir après une longue activité au sein d’une même entreprise, on imagine les difficultés d’une réinsertion après 15 ans à élever des enfants.
Pousser les femmes à rester à la maison revient à les condamner à se retrouver un jour démunies face à un marché du travail en perpétuelle évolution. C’est condamner une partie des citoyennes divorcées à la précarité. Parallèlement, c’est la situation des pères qui prend aussi un coup : le droit civil veut que les époux séparés s’entraident, même après le mariage. Et quand on sait que deux ménages coûtent fatalement plus cher qu’un…
Cette déduction fiscale proposée ne valorise en rien le travail des mères de famille. Dix mille francs l’an, c’est encore moins bien payé qu’avocat stagiaire ! Belle valorisation du travail de nos mères qui ne comptent jamais leurs heures. Cette défiscalisation forfaitaire n’apporte aucune valeur ajoutée à l’expérience d’une mère pour retrouver un emploi en cas de coup dur. Elle ne fait qu’encourager les familles à adopter un modèle qui a fait ses preuves dans une autre société, celle qui prévalait avant la guerre, quand on comptait une poignée de divorces par année en Valais. Non que le modèle traditionnel soit désuet, mais qu’il n’est plus adapté à la moitié de nos familles. Encore faudrait-il savoir quelle moitié.

L'intégration sociale passe par l'activité

Voilà 8 ans que Winterthur a initié une nouvelle politique en matière d’aide sociale : l’intégration par le travail. Le modèle développé vise à freiner l’augmentation du nombre de bénéficiaires de l’aide sociale.
Le fonctionnement est simple. Durant le mois qui suit le début des prestations, s’il est apte au travail et en âge de le faire,  le demandeur est tenu d’œuvrer pour la collectivité, dans une activité tenant compte de ses compétences dans la mesure du possible.
L’objectif de la mesure consiste à empêcher à un citoyen actif de se retrouver  à l’écart de la société, par l’exercice quotidien d’une activité professionnelle. Parallèlement, il permet de lutter efficacement contre la pratique qui consiste à exercer une activité non déclarée complétée illégalement par l’aide sociale. Les résultats de la mesure sont impressionnants : en 2007, sur 310 demandeurs de l’aide sociale astreints au programme, seulement 172 étaient admis à l’aide sociale après un mois, soit une diminution de 45 %. Question finances, les charges du projet (salariales, organisationnelles) sont largement compensées : chaque franc investi a permis 4 francs d’économies. Ajoutons que 80% des intéressés ont considéré a posteriori que le caractère obligatoire du projet était une bonne chose.
Le succès de la mesure est tel que plusieurs autres villes alémaniques s’y sont mises, à commencer par Zürich et Lucerne. En Suisse romande – où les cantons sont compétents en matière d’assistance sociale –  le Canton de Berne a décidé de donner suite à une intervention parlementaire allant dans le même sens et une motion a été déposée dans le canton de Vaud.
J’aurai prochainement la chance de défendre une initiative parlementaire du PLR qui propose de reprendre ce programme. Etre intégré dans notre société, c’est avant tout rester actif, en Valais aussi.
Publié dans le Nouvelliste, le 22 décembre 2009

Non combattu, mon postulat sur les cours d'Histoire a passé le stade du développement !

Mon postulat pour une refonte des cours d’Histoire à l’école obligatoire n’a pas été combattu et a donc passé sans coup férir le stade du développement.
A tout hasard, j’avais préparé ce petit texte pour le défendre, au cas où. C’est Brigitte Diserens qui en était chargé étant donné que je ne siégeais pas ce matin. Je vous livre la défense, qui servira peut-être lors de la phase de traitement.
*****
Monsieur le Président du Grand conseil,
Madame la Conseillère d’Etat, Messieurs les Conseillers d’Etat,
Chers collègues, chers concitoyens,
L’actualité récente a révélé que de nombreux jeunes connaissent mal ou trop mal l’Histoire de notre canton, de notre pays, de notre continent et de notre monde. Plus encore qu’un fait divers que je ne rappellerai pas ici, une rapide consultation des forums de discussion sur Internet ou de groupes facebook sont inquiétants tant ils laissent transpirer l’ignorance parfois affligeante de certains de nos concitoyens les plus jeunes.
Un exemple vaut mieux qu’un long discours.
Le texte suivant a été rédigé par une jeune valaisanne de 16 ans pour un groupe facebook intitulé « enlevez la merde qu’il y a dans vos yeux bordels » et ayant compté plusieurs centaines de membres à son actif. Je ne vous épelle pas l’orthographe qui justifierait à elle seule une batterie d’interventions parlementaires.
Extrait. « tous ces yougos qui ont des t-shirt tche guevra […] ils leur disent rien à eux mais si moi je vais me promener avec un t-shirt ou il y a le portrait de Hitler alors la je suis emmerdée !! […] Nous les gentil petits extrémiste de droite qui essayons de garder nos coutumes, nos valeurs et tout on nous engueule pourquoi ? Fuck le métissage !! »
Plusieurs centaines de membres, aux noms biens valaisans pour beaucoup…
Mesdames et Messieurs, ce n’est pas les jeunes qu’il faut blâmer, mais une instruction publique qui a semble-t-il raté le coche en ce qui concerne une certaine culture générale. A l’heure où nous devons former des générations plus compétitives sur le marché du travail intercantonal pour ne pas dire international, à l’heure où les jeunes générations vivent – et vivront encore davantage – avec des personnes issues de cultures et de nationalités hétéroclites, il est irresponsable d’accepter que de nombreux jeunes ignorent tout des guerres mondiales ou froide, du colonialisme, des horreurs du communisme ou de l’Histoire suisse depuis 1847. Comment voulez-vous qu’un jeune comprenne les guerres de Yougoslavie s’il n’a jamais entendu parler de Tito ? Comment voulez-vous comprendre certains problèmes des banlieues françaises si pour vous l’Algérie n’évoque qu’une destination de vacances ?
Actuellement, les jeunes valaisans n’étudient le XXe siècle qu’en troisième année du Cycle d’orientation. Or, cette année est facultative et il suffit d’avoir redoubler une classe pour que sa scolarité obligatoire se termine en seconde.
L’instruction publique obligatoire valaisanne propose déjà des cours d’Histoire obligatoires. Ce C’est leur contenu qu’il convient de recalibrer: davantage que la préhistoire, que les techniques de fabrication de huttes néolithiques ou que d’élaboration de ponts-levis, c’est notre Histoire récente qui doit être prioritaire, celle qui explique notre monde et notre société, celle qui aidera nos jeunes à mieux affronter le monde.
Pour toutes ces raisons, je vous invite à soutenir le postulat.
Merci de votre attention.

Assistance sociale : création d’un programme d’occupation des demandeurs de l'aide sociale

Cette initiative parlementaire a été déposée le 11 novembre 2009 au Grand conseil valaisans et sera traitée dans les mois à venir. Pour information, une initiative parlementaire propose de modifier une loi.
Le texte
La Loi sur l’intégration et l’aide sociale (RS 850.1) du 29 mars 1996 est modifiée comme suit:
Art. 10a Programme d’occupation des requérants (nouveau)
1.            Pour obtenir les prestations matérielles de l’aide sociale, la personne qui en fait la demande doit travailler au service de sa commune de résidence ou de l’Etat du Valais durant le mois qui suit l’obtention de l’aide sociale, si
•            elle est en âge de travailler,
•            elle est apte au travail à hauteur d’au moins 50%, et
•            elle n’a pas d’enfants à charge.
2.            Le Conseil d’Etat peut ordonner d’autres motifs d’exclusion du programme d’occupation des requérants, il en fixe les modalités d’application.
Développement
La présente initiative parlementaire se réfère au projet « Passage » qui est réalisé avec succès dans la ville de Winterthur et qui a depuis été repris en ville de Zurich. Le programme est fondé sur le principe « prestation et contre-prestation ». L’engagement d’un mois dès l’obtention de l’assistance sociale doit être une condition sine qua non pour pourvoir percevoir une aide, sauf motif d’exclusion.
L’objectif de la mesure est double tenir à distance de l’aide sociale toute personne réalisant secrètement une activité rémunérée non déclarée ou ne désirant pas exercer d’activité du tout malgré une capacité concrète et pousser les requérants à rester actifs selon le principe du « gate-keeping » dans un objectif d’une meilleure intégration.
L’expérience de Winterthur s’est révélée un grand succès: à la fin du mois d’occupation, plus qu’une seule personne sur deux a encore besoin de l’aide sociale. Une analyse coût-utilité menée de manière indépendante a montré que ces mesures d’intégration par le travail se révèlent payantes à moyen terme: pour chaque franc investi, quatre sont économisés.
Initiative parlementaire du 11 novembre 2009
Débat sur l’initiative parlementaire à Forum sur la RSR, le 11 novembre 2009.

Minarets: lancement d'un comité jeune !


Très inquiétés et scandalisés par les buts de l’initiative « contre la construction de minarets », des jeunes de tous les horizons politiques, sociaux et culturels ont décidé de se réunir sous la bannière d’un comité de campagne intitulé Liberté religieuse.
Nous considérons notamment que cette initiative est dangereuse pour l’avenir et l’image de la Suisse et que les jeunes sont d’autant plus concernés que cet avenir leur appartient. Liberté religieuse s’engage pour la tolérance plutôt que pour l’exclusion, pour l’ouverture plutôt que pour les œillères et pour rappeler à nos concitoyens que le problème des minarets est surdimensionné à l’heure où la Suisse traverse des crises économiques et institutionnelles autrement plus graves.
Liberté religieuse tient à rappeler que, même s’il est vieux de plus de 150 ans, le dernier conflit qui fit rage dans notre pays était précisément lié à des questions religieuses. Il convient aujourd’hui de ne pas répéter les erreurs du passé en humiliant une communauté musulmane bien intégrée. La paix confessionnelle est la résultante directe du respect de la liberté de conscience et de croyance et il est inacceptable que celle-ci soit sacrifiée sur l’autel de l’électoralisme.
Le comité de campagne entend mener une campagne différente, proche de la jeunesse et davantage virulente pour sensibiliser toute la Suisse romande et encourager un NON massif dans les urnes le 29 novembre.
Tous les jeunes de Suisse sont invités à rejoindre le comité en s’inscrivant sur notre site internet www.libertereligieuse.ch.

L’art d’inventer des problèmes pour mieux les résoudre

La Suisse connaît une période de crises. Economique tout d’abord, avec les coups de boutoir de nos concurrents qu’accuse notre place financière, un taux de chômage en hausse ou encore l’augmentation dramatique du coût des assurances sociales. Crise institutionnelle ensuite, franchement éclatante dans le conflit libyen ou plus larvée à l’image des dysfonctionnements perpétuels du gouvernement fédéral.  Il  y a ceux qui planchent sur ces crises, qui cherchent à leur trouver une issue favorable. Il y a les autres, ceux pour qui les problèmes sont ailleurs.
C’est par exemple le cas des partisans de l’initiative « contre la construction de minarets », selon lesquels 400’000 combattants musulmans vivent en Suisse, dont une bonne partie bénéficient de la nationalité suisse et sont « chez eux » comme moi, bon chrétien. Quiconque suit quelque peu l’actualité doit constater que ce presque demi million de personnes est très bien intégré, qu’il ne crée pas de problèmes particuliers.
Nous avons la chance en Suisse de ne pas subir les conflits que connaît notre voisin français avec une communauté islamique revendicatrice, peu républicaine pour ne pas dire parfois carrément violente, dans le verbe et dans les actes. Nous avons la chance que « notre » communauté musulmane ne voit pas d’un mauvais œil l’idée de se soumettre à l’ordre juridique qui nous lie, et s’accommode en général sans broncher d’une tradition chrétienne parfois bien présente, pour ne pas dire envahissante pour celui qui ne se reconnaît pas dans la religion du Christ.  A titre d’exemple, je n’ai pas encore vu de fatwa contre les tribunaux valaisans qui affichent ostensiblement un crucifix dans ses salles d’audience. Globalement, on peut se féliciter d’une intégration réussie. J’imagine qu’il ne viendrait  même pas  l’esprit de l’écrasante majorité des musulmans de procéder à une distinction entre la « loi de Dieu » et la « loi des infidèles » pour préférer la première. Ces débats sont surtout théologiques et ne touchent pas au quotidien nos concitoyens fidèles d’Allah.
Il existe en Suisse quatre minarets. Cinq si l’on ajoute celui construit par Louis Suchard pour des raisons esthétiques sur le toit de son usine neuchâteloise. C’est peu. Il y a eu quelques demandes de construction supplémentaires qui se heurtent au droit public des constructions.
Les partisans de l’initiative « contre la construction de minarets » partent d’un constat assez surprenant : nous serions actuellement en guerre contre la civilisation musulmane qui chercherait à nous coloniser. Les minarets seraient des espèces d’avant-postes préparant l’invasion, par la bande évidemment. Cette vision paranoïaque contredit une sorte de présomption d’innocence publique. Elle contredit surtout ce que n’importe quel observateur de bonne foi constaterait. Evoquer les voitures brûlées dans le 93 n’est pas un argument, pas plus que la saison des pluies indienne justifierait la troisième correction du Rhône.
La plupart des musulmans ne revendiquent pas de minaret, preuve en est la quantité négligeable de  demandes. L’initiative « contre la construction de minarets » cherche à résoudre un problème qui n’existe pas. Le minaret en tant que tel n’est pas une question puisque presque inexistant chez nous, pas davantage que l’Islam vu la bonne entente entre les religions de notre pays.
A contrario, le texte proposé s’applique à en créer, des problèmes. Il n’est qu’un moyen d’humilier en Suisse tous ceux qui se revendiquent de la plus grande religion du monde. Elle ne sert qu’à montrer du doigt des gens qui n’avaient jusqu’ici rien à se reprocher. Elle interdit un symbole d’une religion donnée, au motif que certains de ses fidèles se seraient comportés de manière inacceptable, ailleurs. Quand on est musulman comme je suis chrétien, il n’est pas besoin d’être pratiquant ou intégriste pour se sentir visé par une initiative de cet acabit.
La violence existe en Suisse. Elle est – par exemple – le fait de dizaines de hooligans qui démolissent rituellement tous les dimanches les abords des stades de football. Pour eux, nulle initiative, pour eux pas de dénonciation, pas de grande déclaration. Le « courage » qu’ont certain à « dénoncer » des problèmes qui relèvent du fantasme de guerre des civilisations serait bien plus utile s’il était employé pour solutionner de vrais problèmes. Mais je l’admets : quand on est d’extrême droite, il est tout de même plus facile de vomir sur les musulmans que de s’attaquer aux petits fachos qui cassent à coup de chaine de vélo au nom  d’un match nul. On ne crache pas sur son électorat, c’est de bonne guerre.
Si l’initiative sur les minarets devait être acceptée le 29 novembre prochain, nous prenons le risque de casser la bonne entente qui prévaut entre les citoyens de croyances différentes. Nous prenons le risque précisément d’apporter en Suisse un peu de rancœur, de jeter l’opprobre sur une collectivité, de créer une identité musulmane opposée à une identité nationale.
Et si elle devait se voir refusée, nous compterons peut être 3 ou 4 minarets de plus en Suisse dans 30 ans. Non, l’enjeu n’en vaut pas la chandelle.

Initiative 1:12, une escroquerie sociale

Certains abusent de la peur comme moteur électoral, les jeunes socialistes vont encore plus loin dans l’exploitation des sentiments les moins nobles de l’homme. Avec leur initiative 1:12, les jeunes socialistes offrent un exutoire aux jalousies et aux frustrations populaires.
Une bonne poignée de top managers gagnent en Suisse des salaires gigantesques, rationnellement inexplicables, souvent indécents. C’est évident. Et après ?
Vous voulez que le pauvre se sente moins pauvre ? C’est facile, pendez le riche. Il est autrement plus facile de casser le quotidien des mieux lotis que d’améliorer celui des plus démunis, d’autres plus à gauche l’avaient déjà compris. Aussi simpliste qu’il peut l’être, ce raisonnement a été directement appliqué pour mettre sur pied l’escroquerie sociale qu’est l’initiative lancée par nos amis les jeunes socialistes.
Seulement voilà, ces robins des bois modernes ratent leur cible et se paient les plus démunis en guise de dommage collatéral. Daniel Vasella a gagné la monstrueuse somme de 40 millions de francs l’an passé. Canton, commune, confédération, le patron de Novartis a laissé environ la moitié aux impôts, soit 20 millions de francs. En plafonnant son revenu à un peu moins d’un million de francs, c’est surtout l’Etat qui subira cette baisse de revenu. Appliquée à tous les cadres grassement payée, cette initiative est un véritable siphon pour les finances publiques. Et cela sans évoquer les assurances sociales : Daniel Vasella a laissé en 2008 pas moins de 4’400’000 francs à l’AVS, soit l’équivalent de 1930 rentes mensuelles maximales.
Et la redistribution, me direz-vous ! Je ne crois pas un instant que la masse salariale ici économisée sera redistribuée auprès des bas salaires. Au vu des comptes des sociétés en cause, on peine à imaginer que c’est le salaire des dirigeant qui freine les augmentations salariales.
En réalité, les premiers bénéficiaires de l’initiative « 1:12 » seront les actionnaires qui verront le résultat de leur entreprise prendre (un peu) de couleur. Et si ceux-ci considèrent comme un désavantage le risque de ne plus être concurrentiel sur le marché des cadres, ils pourraient simplement s’amuser à passer d’un côté plus intéressant de nos frontières.
Du côté des perdants ? A votre avis, de Marcel Ospel ou de M. Toutlemonde, qui souffrira le plus de la fermeture d’écoles ou de transports publics ?  Le premier s’en accommodera facilement, je n’en doute pas. On repassera pour le second.
D’ordinaire, les JUSO clament haut et fort que pour financer leurs projets dispendieux, y’a qu’à prendre aux riches. Curieuse initiative socialiste qui revient à appliquer dans tous les sens du terme leur slogan habituellement creux de la « politique des caisses vides ». Utiliser la jalousie des travailleurs pour mieux les rouler ; il est beau le socialisme !