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Initiative parlementaire pour l'intégration: le GC accepte l'opportunité !

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Initiative parlementaire pour l'intégration: le GC accepte l'opportunité !

L’initiative parlementaire visant à mieux intégrer les demandeurs d’aide sociale en Valais, sur le modèle de Winterthur, a été soumise au vote sur son opportunité. Le Grand conseil l’a estimée opportune part 85 voix contre 36 et 5 abstentions ! Le projet est donc renvoyé en commission qui devra le mettre sur pied et proposer une ou des variantes au Parlement cantonal.
Vous trouverez ci-après la vidéo de mon intervention ainsi que le texte que j’avais sous les yeux.
[youtube=http://www.youtube.com/watch?v=bVhXuOc5feE]
Monsieur le Président du Grand conseil,
Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat,
Mesdames et Messieurs les députés et députés suppléants,
Si je signe le projet dont vous devez aujourd’hui décider de l’opportunité, je ne saurais pour autant prétendre en être le véritable auteur.
Il y a bientôt dix ans, c’est la ville de Winterthur qui, la première, a initié un programme d’occupation immédiat des requérants de l’aide sociale.
Complémentaire de toutes les mesures de réinsertion existants à l’époque, la mesure est simple : exiger de toute personne apte au travail, en âge de travailler et sans enfant à charge, de se mettre, durant une période de trente jours, au service de la collectivité lorsqu’elle en demande le soutien.
Cette mesure permet de placer très rapidement le requérant dans une situation d’activité, dès le premier jour normalement. Le travail comme moyen de réinsertion, Winterthur l’a fait… et en tire les conclusions.
En 2008, une étude indépendante a été commandée par la ville de Winterthur pour évaluer les résultats de sa mesure. Le résultat fut impressionnant : la moitié des personnes soumises au programme n’étaient plus inscrites à l’aide sociale après un mois. Les chiffres détaillés montrent même qu’une part importante d’entre eux ont déniché un vrai emploi, rémunéré et ont pu ainsi concrétiser l’essai et se réinsérer très rapidement.
La mesure a fait tache d’huile.
Lors du dépôt de l’initiative sur laquelle nous nous prononçons aujourd’hui, Zürich et Lucerne avait déjà mis en place un système similaire et les cantons de Vaud et de Berne étudiaient la réalisation d’un projet identique. Aujourd’hui, les cantons de Bâle-Ville et du Jura ont rejoint la barque et je sais par le biais d’un ami député socialiste neuchâtelois qu’eux aussi vont prochainement se pencher sur la question.
Ce n’est donc pas une proposition particulièrement originale, mais simplement la reprise des bonnes expériences que permet le fédéralisme.
Cette proposition toute simple se fonde sur deux principes fondamentaux:
–    le premier principe réside dans l’idée qu’une personne apte au travail, en âge de travailler et sans enfant à sa charge qui s’inscrit à l’aide sociale est un constat d’échec autant pour l’individu que pour notre société.
–    le second est que le travail est la meilleure voie pour réinsérer cette personne.
Là où elle a été appliquée, cette mesure a fait ses preuves. Même si elle ne concerne qu’une minorité des gens qui s’inscrivent à l’aide sociale – et j’ai envie de dire, encore heureux ! – environ la moitié a pu sortir de l’aide social durant le premier mois de travail, à Winterthur.
Cette initiative parlementaire ayant déjà jusqu’ici eu l’occasion de générer beaucoup de débat, je me permets d’anticiper quelque critiques.
Contrairement à ce qui a pu être affirmé jusqu’ici, cette mesure peut s’appliquer en Valais, aussi. D’ailleurs, on en parle très sérieusement pour les cantons de Vaud, de Berne ou du Jura qui, pas plus que le Valais, ne sont des microcosmes urbains.
Le nombre de cas concerné par la proposition a été articulé par le département. 200 à 300 personnes seraient touchées par la mesure. En cas d’acceptation, il faudra donc trouver 200 à 300 stages de trente jours dans ce canton, soit l’équivalent de 20 à 25 équivalents plein temps. Si nous parvenons, comme ailleurs, à éloigner la moitié des requérants de l’aide sociale, l’investissement me paraît être largement opportun.
A ce propos, les chiffres de Winterthur sont limpides : pour chaque franc investit dans le programme, 4.15 ont pu être épargnés.
A ce sujet, j’ajouterai qu’une personne bien informée, malgré son opposition au projet, a eu l’occasion de montrer qu’en Valais, la mesure pourrait permettre d’économiser jusqu’à 10 francs pour chaque franc investi !
Il est faux d’affirmer que le Valais en fait déjà assez. Certes, moins de personnes sont concernées en Valais qu’à Winterthur. Certes, nos CMS, le personnel social et les communes travaillent d’arrache-pied et obtiennent d’excellents résultats.
Est-ce là une raison suffisante pour affirmer que, chez nous, il ne reste plus rien à faire ? Est-ce parce que la Suisse compte proportionnellement moitié moins de chômeurs qu’en France que nous devrions considérer le chômage comme inexistant dans nos contrées ?
Evidemment, non. Les idées développées dans d’autres cantons et surtout expérimentées à la chaine ont aussi leur place chez nous.
Contrairement à ce qui a été affirmé, la proposition ne s’oppose nullement à la réalisation du contrat d’intégration ou des autres mesures existantes ou en devenir. Celui qui poursuivra son chemin au sein de l’aide sociale sera évidemment candidat aux autres mesures de réintégration. La mesure n’aura joué qu’un simple rôle de filtre, permettant d’ailleurs de se concentrer sur les cas les plus lourds.
Cette complémentarité entre les mesures a été relevée ailleurs et explique notamment le succès de l’expérience.
J’espère que ce projet remportera votre soutien. Je n’ai pas seulement à cœur les quelques économies réalisables, mais surtout la réinsertion de jeunes gens, notamment de ma génération, qui, par un malheureux hasard de la vie, se sont retrouvés mis à l’écart. Pour eux, c’est souvent un petit électrochoc qui s’impose. C’est ce que cette mesure propose.
Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, vous êtes invités à vous prononcer sur l’opportunité d’étudier le projet, pas encore sur ses contours concrets, qu’il conviendra à votre commission de définir.
A l’heure où trois grandes villes et quatre cantons s’engagent dans cette voie – et ce n’est qu’un début – il est certainement utile que le Valais ne fasse pas l’économie d’une réflexion sur ce sujet.

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