Pour les Dealers de Cocaïne…

Obligé d’être un peu bête et méchant, voici le résultat d’un sondage internet sur le thème « trouvez le meilleur jeu de mot de la semaine » au sein des jeunes libéraux radicaux valaisans.
1. Le PDC : des grammes d’idées!
2. Le PDC démissionne un député pour avoir sniffé de la coke. C’est dommage, pour une fois qu’ils avaient une ligne
3. Les Options politiques du PDCVR? De la poudre aux yeux!
4. Et la différence entre un sniffeur de coke et un PDC? – Aucune, ils voient pas souvent plus loin que le bout de leur nez…
5. PDC: Pour une Dépendance à la Cocaïne !
6. En réalité un certain nombre de personnes au PDC le savait, alors ça lui pendait au nez…
7. Il s’agirait de farine soit disant : Bagnoud voulait démontrer qu’il savait mettre la main à la pâte… Manquait l’eau…
Votre participation au concours reste ouverte dans les commentaires de la page.
Et encore (nouveau):
– Les blacks à Lausanne, les noirs dans la m…

L'animal n'est pas l'homme

Article 641a CC : les animaux ne sont pas des choses. Très bien, mais à cette disposition de 2003 s’ajoute le principe que, sauf disposition contraire, tout ce qui s’applique aux choses s’applique aux animaux.
Je suis vraiment tombé des nues à l’écoute du Grand 8, ce matin, sur la RSR. Un charmant bonhomme de l’association Lausanimaliste défendait un point de vue selon lequel toute exploitation des animaux devait être abolie.
La lecture de la presse me fait ensuite découvrir que l’Office vétérinaire fédéral avait édicté quelques règlements concernant le traitement des animaux, jusque dans des détails assez comiques ; il est par exemple interdit de congeler vivant un poisson.
Au risque de paraître comme un vieux réac’, je m’offusque de cette tendance actuelle à vouloir mettre sur le même plan l’animal et l’Homme. Nous sommes peut-être bien des mammifères, nous ne sommes néanmoins pas des animaux. De nombreux éléments essentiels nous distinguent des autres espèces et fait de nous une catégorie particulière.
S’il paraît évident que le sadisme envers les animaux doit être puni, en venir à vouloir considérer comme certains que l’être humain doit traiter de manière égale son semblable et un canari ou une vache me semble extrêmement dangereux et d’un relativisme démentiel. Si je me souviens bien, l’amour que portait Adolf Hitler à ses chiens était quelque peu choquante par rapport aux désastres et aux crimes qu’il a commis. La valeur de l’animal était dans la tête de ce cinglé plus importante que celle de son semblable.
J’ai aussi cru comprendre que l’OFV souhaitait imposer aux possesseurs de chien des cours obligatoires. Où va-t-on ? J’admet tout à fait que l’on impose des mesures aux propriétaires d’animaux dangereux, de gros molosses, voire qu’on en interdise certains, mais de là à imposer à tout le monde des cours pour apprendre à éduquer un animal, je suis vraiment étonné. Je rappellerai au passage que les futurs parents n’ont pas à suivre de cours obligatoire sur l’éducation de leur progéniture, et c’est heureux.
Je m’oppose avec véhémence à ce relativisme dangereux, je considère que l’animal fait partie de la nature, pas du genre humain. Or, j’estime que nous avons le droit de l’exploiter. Le devoir de la respecter, mais néanmoins le droit de l’exploiter ; et y compris les espèces animales. Et voilà mon coup de gueule du jour.

Cher électeur UDC,

Nous nous sommes rencontrés sur les marchés, à la foire du Valais, lors de débats durant la campagne électorale pour le Conseil national en 2007. Vous vous êtes vanté de choisir l’UDC pour soutenir Blocher, pour changer les choses. Je vous ai répondu invariablement que le parti que vous prétendiez pragmatique ne l’était pas, qu’il n’avait que faire du changement et s’appliquait plus à gagner les élections qu’à aider le pays.
Je crois que le temps me donne pour l’instant raison. Le parti que vous défendiez vous a menti : voter UDC au Conseil national ne garantissait pas la réélection de Christoph Blocher. Vous avez choisi, comme moi, des parlementaires, pas des Conseillers fédéraux.
Où sont passées les grandes promesses de l’UDC ? N’avez-vous pas remarqué que le seul sujet qui intéresse le premier parti de Suisse est le sort de Mme Schlumpf ? Qu’il préfère tirer à vue sur une des siennes plutôt que sur la gauche ou la droite molle, comme vous l’appeliez sur ces marchés ? Vous prôniez la fin de la classe politique, et n’est-ce pas de la pure politicaille que de se déchirer sur des structures, sur l’avenir d’une section cantonale ?
Vous défendiez aussi les valeurs suisses alors que mon parti,  vendu à l’économie et à l’Europe, persistait à vouloir détruire le fédéralisme. N’est-ce pas aujourd’hui paradoxal de voir un parti fédéral s’acharner à vouloir détruire une section cantonale qui fonctionne et qui prend des décisions en toute indépendance ? N’est-ce pas bafouer les valeurs helvétiques que de réclamer la démission d’une Conseillère fédérale élue qui n’a pour l’instant pas violé ses devoirs de Conseillère fédérale ?
Où sont passées les grandes promesses sur les étrangers, l’Europe et les impôts ? Qu’ont fait vos élus ? Pourquoi passent-ils plus de temps à parler de complots plutôt que des abus ? Là aussi, vous avez été trompés. Reste le discours incroyablement creux sur un pseudo contrat que l’UDC aurait passé avec le peuple.
J’espère que vous avez finalement compris que les politiciens, UDC, radicaux, socialistes, démocrates-chrétiens étaient avant tout des politiciens, hommes et femmes, qu’aucun d’entre eux n’avait le monopole du pragmatisme, qu’aucun d’entre eux n’échappait à la soi-disant classe politique que votre parti condamne.
Il existe beaucoup de bonnes raisons de voter pour votre parti. Il en existe aussi de moins bonnes. Celles qui ont érigé les autres partis en brasseurs d’air étaient visiblement mal venues. Les faiblesses que vous condamniez, on les retrouve chez vos élus.
Vous savez aussi bien que moi que notre Conseil fédéral dans sa forme actuelle peut faire appliquer votre « contrat ». Que MM Couchepin, Mertz, Schmidt ne sont pas de dangereux communistes, pas plus que les deux femmes de droite. Au nom de ce pacte avec le peuple, n’est-il pas temps pour vos élus de travailler à la réalisation du programme électoral plutôt qu’à organiser des procès publics ? Pour vous, le mouton noir était étranger, abuseur de l’aide sociale et méritait l’expulsion. Pour eux, il est féminin, grison et membre du gouvernement.
En espérant que vous comprendrez le malin plaisir à constater que je ne me trompais pas autant que vous le disiez, je vous adresse, cher électeur UDC, mes meilleures salutations.

Un gouvernement d'administrateurs ?

Le 1er juin, le peuple suisse sera invité à se prononcer sur énième initiative issue de milieux proches de l’UDC. Elle réclame que notre gouvernement ne prenne plus position dans le cadre des votations. Concrètement, cela signifie la fin de l’implication du Conseil fédéral dans les médias, des discours, des prises de position. Seule la brochure rouge aussi lue que la feuille des avis officielle sera encore autorisée.
Les arguments sont issus pour l’essentiels de mécontents des résultats des votations populaires. Il est pour certains scandaleux que le peuple accorde presque systématiquement sa confiance dans ses élus ; il faut bien donner du grain à moudre au discours démago sur une  soi-disant « classe politique ».
Les arguments du comité d’initiative sont effarants. Le Conseil fédéral est vu comme une instance d’exécution et de direction, les initiants lui contestent tout rôle politique. On se souvient d’ailleurs tous de la finesse et de la retenue dont faisait preuve un proche de ces milieux, évincés il y a quelques mois du gouvernement.
Le Conseil fédéral n’est pas qu’un simple organe administratif. Il est un collège élu par nos représentants, il a un rôle politique à jouer. Je n’attends pas de mon gouvernement une mentalité de fonctionnaire, mais plutôt qu’il prenne des options politiques sur l’avenir de la Suisse. Ces décisions doivent pouvoir être défendues devant le peuple, et souvent contre des projets populaires.
L’initiative populaire n’est pas un instrument anodin : il aboutit à la réforme de notre Constitution. Un petit tour d’horizon dans les pays qui nous entourent nous montre que le droit d’éditer le texte fondamental suite à une votation d’impulsion populaire est presque unique. Doit-on pousser le sonderfall jusqu’à faire de nos élus de simples administrateurs ?  On pourrait aussi bien remplacer l’exécutif par une équipe de consultant de Ernst & Young. Les droits fondamentaux fonctionnent précisément parce qu’ils confirment en général les choix de notre gouvernement. Ils garantissent la confiance entre le souverain et le gouvernement, cette même confiance que quelques partis cherchent à saper pour remporter les suffrages des mécontents. Imaginons que le gouvernement ne puisse plus réagir face aux projets proposés par tous les milieux, qu’il ne puisse plus faire valoir sa position… Je ne suis pas persuadé qu’un Conseil fédéral désavoué quatre fois l’an par ses citoyens soit d’une efficacité redoutable ; alors qu’on se plaint de la lenteur du système !
Nos élus ont beau être au service du peuple, ils restent des politiciens, pas des administrateurs.
Lorsque le peuple Suisse est amené à se prononcer sur l’avenir des OGM, sur le nucléaire ou sur l’adhésion du pays à l’Espace économique européen, il est particulièrement utile que les seuls politiciens fédéraux à exercer ce métier à plein temps nous fassent profiter de leur expérience.
Le problème qui se pose est un problème de responsabilité. Est-ce que notre Etat est gouverné par sept fonctionnaires dont le seul rôle se borne à appliquer à la lettre les textes proposés par les partis de tous bords ? Non, on peut exiger des élus du gouvernement qu’ils se lèvent et participent activement au débat. Quitte à perdre. Et d’autant plus sur les projets issus de leur rang : l’initiative vise indistinctement les initiatives et les référendums !
L’initiative « Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale » cherche à accentuer le clivage entre un soi-disant  « peuple » et sa « classe politique ». Elle n’est pas digne d’un pays qui connaît des siècles de démocratie directe, elle est une insulte à l’intelligence des citoyens, faisant croire que l’opinion est corrompue par une poignée de dirigeants peu scrupuleux, face à quelques organisations pures et idéales. Cette initiative pue et j’espère que les Suisses suivront encore une fois l’opinion avisée de leurs élus.

J'adore ça

Rien à voir avec les posts habituels, juste un petit mot pour dire signaler un CD à ne pas manquer, New Grids de « Coming Soon », un groupe français vraiment excellent. J’adore et j’écoute en boucle, j’espère que ça me donnera la pêche pour écrire quelque chose aussi inintéressant que d’habitude dans la semaine à venir.
Si vous me croyez pas: www.myspace.com/starsoon

Ca ne me regarde pas !

Je suis aussi américain que fan de Britney Spears : autant dire que la politique américaine n’est pas mon problème. Ca ne me regarde pas, et pourtant, difficile d’y échapper ces jours. Evidemment, il est assez compliqué de se faire une idée du fonds du problème puisque notre presse ne nous informe – grosso modo – que des phrases assassines entre candidats et des résultats des caucus et des primaires. Pour nous, Suisses, suivre l’élection américaine, c’est un peu comme s’intéresser à la Superleague en se contentant des déclarations de Christian Constantin et des scores de fin de match.
Pourtant, beaucoup suivent ce pari mutuel urbain américain, moi le premier. Et je vous donne mon pronostique, pour le côté démocrate ; la course républicaine étant terminée. D’ailleurs, pour détourner un vieux slogan, McCain, c’est celui  dont on parle le moins qui en mange le plus, des délégués bien sûr.
Aucun des candidats ne peut plus obtenir la majorité absolue en comptant seulement sur les  « pleged delegates », il faudra le soutien des « super délégués » qui, en grands garçons et grandes filles, ont le privilège de voter comme ils veulent. Sans vouloir m’étaler, je pense que le candidat qui remportera un maximum de simples délégués remportera aussi l’avantage général. Tout simplement parce qu’il aura besoin de moins de super délégués et parce que ceux-ci se positionneront plutôt en faveur du candidat qui aura remporté le meilleur score auprès de la base démocrate, par soucis de remporter l’adhésion des électeurs démocrates en novembre.
Obama a actuellement, en gros, 100 délégués d’avance sur Hillary. Elle en aurait gagné entre 12 et 20 de plus que son concurrent lors des quatre élections de mardi, et il reste 12 primaires. J’ai trouvé un site intéressant qui nous permet de calculer la répartition des délégués en fonction du résultat que chacun ferait dans ces derniers Etats. Ces chiffres sont évidemment approximatif, le système de calcul reste assez compliqué.
Alors je fais plusieurs calculs. Je commence par prendre les quelques sondages que l’on trouve sur Internet pour se faire une idée du résultat que chaque candidat pourrait faire lors des prochains rounds. Je donne les deux candidats à 50/50 pour les Etats où aucun sondage n’est disponible. J’arrive à une victoire de 1’651 à 1’562 pour Obama.
Donc ce scénario est favorable au sénateur de l’Illinois. Que faut-il pour que Hillary Clinton gagne l’élection. Je m’amuse de nouveau avec ce petit programme sur internet, et j’arrive à un résultat pas très réjouissant pour elle. Hillary Clinton aurait 3 délégués de plus qu’Obama si elle obtenait… 62% à chacune des douze prochaines primaires, score qu’elle n’a atteint qu’une fois, en Arkansas. ! Avec son avantage actuel, l’homme bat la femme même en perdant toutes les autres primaires malgré 22% de retard…
Autant dire qu’il paraît mathématiquement impossible pour l’ancienne première dame de trouver dans les « pleged delegates » un soutien majoritaire. Il lui reste alors les super délégués, mais comme évoqué précédemment, je ne crois pas qu’elle puisse obtenir leur appui sans celui de la base démocrate. D’autant plus que les sondages donnent un avantage à Obama contre McCain, ce qui jouera un rôle dans le choix des supermen démocrates.
Par conséquent, je parie un cheeseburger sur Obama.
PS : je vous donne l’adresse du site pour que vous puissiez calculer vous-même : http://www.slate.com/features/delegatecounter/

Chaînes nationales, langues nationales

La Suisse compte quatre langues nationales, trois officielles. Ce constat fait fréquemment notre fierté, avec raison. L’allemand est la première langue d’Europe, le français la seconde. L’italien, loin d’être en reste, constitue encore une des grandes langues du continent. Nous bénéficions ainsi d’un argument important dans nos relations internationales : une population capable de communiquer avec les plus grands du continent.
Entre nous, peuples linguistiques de Suisse, la règle fédérale veut que chacun s’exprime dans sa langue, l’autre devant au moins comprendre les autres langues officielles. Cette habitude, excellente à priori, révèle souvent un problème de poids : s’il est aisé pour les alémaniques de comprendre le français, après des années d’apprentissage de la langue, il l’est beaucoup moins pour les romands vis-à-vis de leurs collègues germanophones.
Vous l’avez compris, je veux parler du problème que pose le Suisse allemand comme langue utilisée partout outre Sarine alors que la langue apprise par les Romands et les Tessinois est l’allemand. Ce problème se reflète particulièrement dans les médias. Si la presse écrite reste en général en Hochdeutsch, les médias audiovisuels sont diffusés pour l’essentiel en Suisse-allemand. Ce constat s’est renforcé après une année passée sur les bancs de l’université de Zürich : si je peux lire avec difficultés la NZZ, il m’est carrément impossible de suivre une émission de la DRS1.
L’article 24 de la LRTV fixe le mandat de la SSR. On peut notamment y lire l’objectif de « compréhension, de cohésion et d’échange entre les différentes communautés linguistiques du pays ». Comment voulez-vous que cet objectif soit atteint si, à l’exception des bulletins d’information, les émissions sont en Schwytzerdütch ?  Le bagage acquis à l’école devrait, du moins théoriquement, nous permettre de comprendre un minimum les DRS et les SF. En privilégiant systématiquement le dialecte, cet objectif ne peut être atteint. Que les chaînes privées parlent dans la langue de leur choix m’importe peu. Mais, par soucis de cohésion nationale et de respect de son mandat, on devrait réclamer que le service public soit diffusé dans la langue que tous les Suisse apprennent, soit l’allemand.
J’ajouterai encore que ce même article stipule que la SSR a pour mandat de fournir un service dans les trois langues nationales. De nouveau, j’ai beau tourner dans tous les sens l’article 4 de notre Constitution, la langue nationale reste l’allemand, pas le Suisse allemand. En nous proposant des débats, des reportages et des magazines exclusivement dans le dialecte, la SSR ne remplit pas son mandat, et c’est une perte importante pour nous, Suisses Romands et Tessinois qui ne pouvons pas observer notre pays par les médias publiques de 70% de nos confédérés. Dommage.

Une réforme qui profite à ceux qui prennent le risque d’entreprendre

La réforme proposée aux citoyens le 24 février en matière de fiscalité des entreprises s’enlise malheureusement dans une guerre de chiffres. Le principal porte sur le nombre de personnes qui bénéficieront de cette correction fiscale. Entre 13’000 et 120’000 : on navigue du simple au décuple sans savoir à quel Saint se vouer. Pourtant, ce chiffre n’a pas d’importance. L’important, c’est qu’il augmente chaque année.
Ce chiffre correspond aux personnes qui possèdent plus de 10% d’une entreprise. Les opposants prétendent – à tort – qu’il s’agit de « gros actionnaires ». La caricature est facile : haut de forme, cigare, le capitaliste des affiches de l’entre-deux guerres est de retour ! Pourtant, personne ne possède le dixième de Nestlé ou de l’UBS. La majorité des grosses entreprises cotées en bourse ne peuvent matériellement ou statutairement appartenir dans une si grande proportion à une seule personne. A quelques exceptions près, ces entreprises sont des PME qui appartiennent à leur fondateur. Selon le comité référendaire, le gros actionnaire, c’est votre plombier et ses deux employés. On est loin de l’image véhiculée par des opposants peu scrupuleux qui se permettent de traiter en bloc les chef d’entreprises de « riches » désireux de s’accaparer de tout, jusqu’à votre chemise.
Nous devons beaucoup aux entrepreneurs de notre pays. Je ne veux pas que l’économie de mon pays soit exclusivement dans les mains de quelques grosses boîtes appartenant à des fonds d’investissements asiatiques. Si nous échappons à cette situation, c’est parce que certains ont osé tout risquer pour monter leur propre affaire. Ce sont eux qui nous assurent notre chemise – et notre job – pour répondre à l’affiche démagogique des jeunes socialistes.
Cette réforme poussera nombre de jeunes à mettre leur talent au service de l’intérêt général en prenant des risques. Créer une entreprise doit être un objectif alléchant, au-delà du slogan électoral. Il y vingt ans, Google, Swatch ou Logitech n’étaient que de petites entreprises ou n’existaient pas. De nouvelles entreprises de ce calibre doivent naître. Mais pour un seul Logitech, combien de milliers de faillites ? Encourager la prise de risque, c’est assurer que notre économie ne se sclérose pas.
Oui, c’est vrai, les bénéficiaires de cette réforme ne sont peut-être que quelques dizaines de milliers. Moins d’un pourcent de la population. Et alors ? Ce sont ceux qui ont créé nos places de travail, ceux qui assurent que l’Etat puisse payer des retraites. Quel que soit le nombre réel d’entrepreneurs en Suisse, tout doit être fait pour qu’il augmente dans les années à venir. Prendre un risque n’est jamais chose aisée. Celui qui échoue ne sera pas sauvé par l’Etat. Au contraire, l’indépendant ne bénéficie pas de l’assurance chômage, la prévoyance professionnelle est souvent un rêve. C’est donc un juste retour que l’Etat soit clément au moment où l’entrepreneur récupère ce qu’il a investit, en temps et en argent ; d’autant plus que cet argent a déjà été imposé à titre de bénéfice. Les pays qui nous entourent l’ont compris. Je suis persuadé que les citoyens le comprendront aussi le 24 février en votant « OUI » à la réforme des entreprises.

Le Caire

Un petit message du Caire, sans accent (evidemment, les claviers sont british). Je n’ai malheureusement pas pu ecrire d’article ces dernieres semaines pour des raisons universitaires. Mais, promis, a mon retour, je m’y remets !
Ma’as Saalama (ou quelque chose comme ca)

Armes, chiens et 4×4 : tout n’est pas liberté fondamentale

Ces dernières années, plusieurs associations sont sorties du bois pour opposer le principe de la liberté personnelle à diverses interdictions. Cette sacro-sainte liberté devrait – selon elles –  permettre au citoyen de s’acheter le véhicule le plus polluant du marché, de posséder la race de chien la plus dangereuse ou de disposer d’un arsenal complet dans son grenier.
Peut-on, on nom de la liberté personnelle, revendiquer le droit de disposer d’une arme à feu sans raison objective ? Les récents faits divers qui ont vu la mort de plusieurs personnes dans des circonstances particulièrement macabres nous forcent à nous poser la question de la légitimité d’une telle revendication. De la même manière, face aux défis environnementaux mondiaux, l’Etat peut-il envisager de restreindre quelque peu l’accès aux véhicules polluants, au regard des libertés fondamentales ?
Sur la thématique des armes, les arguments des milieux opposés à l’initiative socialiste “Pour la protection face à la violence des armes” revendiquent ces libertés fondamentales pour justifier une forme de rapport de confiance entre l’Etat et le citoyen. Ainsi, retirer l’arme à ceux qui n’en opposent pas un usage réel devrait être taxé de mesure liberticide. Les problèmes soulevés sont pourtant bien réels : 300 morts par arme à feu en Suisse chaque année, cela n’est pas anecdotique.
Du point de vue de la liberté personnelle, la situation actuelle n’est pas acceptable. On ne peut raisonnablement accepter que des femmes, des hommes ou des enfants risquent de périr sous le tir d’un dérangé. Si nous voulons empêcher du mieux possible ce genre de drames, l’action étatique peut suivre deux voies : soit une restriction de l’accès au moyen de tuer, soit un traitement psychiatrique de toute une population susceptible, sur un coup de tête, de commettre l’irréparable. La liberté personnelle implique un certain droit à la vie avant un hypothétique droit à l’arme de service. Cette évidence trouve son application dans de nombreux domaines : la lutte contre la drogue s’appuie, par exemple, sur ce principe. Les opposants à l’initiative craignent un fichage de la population. Une rapide pesée des intérêts en question nous montre combien cette crainte est déplacée. Ce sont les armes qui seront fichées, pas les citoyens. L’affaire des fiches, qui a ébranlé la classe politique au début des années 1990, concernait un contrôle de l’Etat sur les individus selon leurs convictions. Si on suit à la lettre la prescription des opposants à l’initiative qui demandent un meilleur contrôle psychiatrique des détenteurs d’armes, nous nous dirigerons alors vers un fichage autrement plus dangereux : imaginez l’Etat contrôler la santé mentale de centaines de milliers d’individus ! L’Etat dispose aujourd’hui d’un registre des véhicules et des chiens. Ce contrôle ne constitue certainement pas une restriction grave de nos libertés fondamentales.
La même question se pose pour les mesures de contrainte envisagées vis-à-vis des véhicules les plus polluants. Plusieurs associations arguent que le citoyen sans 4×4 est un citoyen auquel on a limité de manière scandaleuse l’exercice de ses droits fondamentaux. Une fois de plus, une pesée des intérêts entre une population qui subit les nombreux problèmes liés aux pollutions atmosphériques et le plaisir individuel de circuler dans un Hummer ne joue pas en faveur de ce dernier. Pour les mêmes raisons, quand on a réalisé que la fumée était nocive, on a commencé à créer des zones séparées dans les lieux publics afin que ceux qui fument puissent le faire sans mettre en danger la santé des autres. Enfin, la question des molosses, souvent évoquée, nous permet aussi de distinguer le plaisir de posséder un chien dangereux de la gêne considérable occasionnée par une morsure gravissime.
Il surprenant de constater que les groupes créés pour défendre ces soi-disant libertés fondamentales ne s’inquiètent d’autres restrictions bien réelles aux libertés, que l’on envisage à tort et à travers. Je n’ai pas vu les défenseurs des 4×4, des armes ou des molosses s’émouvoir des propositions de couvre-feu avancées par les mouvements conservateurs de ce pays. A-t-on vu ces passionnés altruistes de nos droits fondamentaux se lever pour réclamer un débat sur la mise en place d’une loi cadre pour la vidéo-surveillance dans les lieus publics ? Restreindre la liberté de mouvement aux jeunes au-delà d’une certaine heure –  comme cela a récemment été décidé dans un certain nombre de communes – constitue un acte véritablement liberticide. Sans vouloir minimiser les actes de vandalisme, ceux-ci ne représentent pas une menace aussi grave qu’un voisin armé jusqu’aux dents avec le soutien de notre législation fédérale. Les vrais libéraux de notre pays devraient bien plus s’inquiéter des petites restrictions que l’on applique à la liberté personnelle du plus grand nombre, que de chercher à permettre à quelques individus de jouir de leur liberté avec pour seules limites celles de leur imagination, sans se soucier des conséquences pour les autres. Mais tous les graffitis du monde ne vaudront jamais la vie d’une mère de famille emportée par la folie passagère de son mari. Il est temps de nous rappeler ce que signifie les termes de liberté personnelle.
On voit ici la frontière entre une pensée libérale accompagnée d’éthique et de respect, et une pensée de type libertarien. La première cherche à garantir la liberté de tous sur le long terme, alors que la deuxième recherche la liberté la plus immédiate et absolue, sans se rendre compte que cette vision est hautement égoïste et qu’elle est éphémère : car quand leur enfant se sera fait mordre par un chien ou souffrira de problèmes de santé à cause des particules fines, les adeptes du court terme comprendront leur erreur.
Enfants, nous apprenions que la liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres. Bien que cette phrase résonne aujourd’hui pour beaucoup comme une banalité, elle mérite encore qu’on y médite : les enjeux qu’elle porte vont bien au delà de ce que nous pouvions nous représenter sur les bancs d’école.
Coécrit avec Antoine Verdon
Publié dans Le Temps, le 11 janvier 2008