La Suisse se doit d’accueillir les personnes persécutées dans leur pays. L’asile n’est pas seulement une obligation découlant de traités internationaux, c’est aussi l’expression même des valeurs chrétiennes dont certains déplorent la prétendue disparition. La gestion de l’asile n’en demeure pas moins une affaire complexe qui mérite davantage de concertation qu’aujourd’hui.
Le récent choix du Département d’ouvrir un centre de requérants d’asile à Vouvry constitue l’exemple le plus parlant d’une autorité qui tire avant de négocier. En Lucky Luke, le Département a jugé bon de décider l’installation de requérants d’asile sans en informer les autorités locales, malgré les conséquences majeures qu’un tel choix fait peser sur les communes.
Cette manière de faire, à défaut d’être courtoise, est légale. Un arrêté du Conseil d’Etat stipule que les Conseils communaux ne sont informés de l’installation d’un hébergement collectif de requérants d’asile qu’au moment du placement si moins de 20 personnes doivent s’y trouver. Passé ce chiffre, on informe « préalablement » les autorités locales. C’est trop gentil.
De nos jours, le sacro-saint principe de transparence qui gouverne les politiques publiques impose de communiquer sur tout et rien. Sauf en matière de gestion migratoire, visiblement.
Certes, l’accueil communal n’est pas forcément des plus cordiaux lorsqu’il est question de mettre sur pied un hébergement pour des requérants d’asile. Il faut le dire, pas grand monde ne cherche absolument à vivre à côté d’un tel centre, pas plus qu’il n’est envié de vivre à côté d’une ligne à haute tension, d’une caserne de pompiers ou d’une prison. Pourtant, dans ces domaines, des discussions sont menées et les riverains généralement consultés ou entendus avant la prise de décision.
Les événements du Haut-Lac doivent aujourd’hui inciter le Grand Conseil à mettre sur les rails une révision du droit des étrangers, comme l’ont déjà fait Vaud et Genève. Cette législation nouvelle doit notamment intégrer le principe d’une participation des communes aux décisions les concernant et la consultation du Parlement cantonal et de ses commissions lors des procédures importantes. C’est à ce prix que les problèmes de l’asile pourront trouver des solutions dans une atmosphère plus propice à la discussion et éviter un pourrissement du débat. A défaut, nous donnerons des cartouches à ceux qui considèrent l’asile comme une nuisance en oubliant le principe de charité chrétienne qu’il représente.
Publié dans le Nouvelliste, le 17 mars 2011
Une motion a été déposée pour demander la modification complète de ladite loi.
Catégorie : Grand Conseil
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Asile : la charité n’interdit pas la discussion
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Une session bien remplie
La session de mars du Grand Conseil qui se déroulera la semaine prochaine sera l’aboutissement de plusieurs de mes projets et le développement d’autres. Petit tour d’horizon.
Aide sociale : le grand débat
En décembre 2009, je déposais une initiative parlementaire réclamant l’instauration d’un travail obligatoire pour les demandeurs d’aide sociale aptes à l’effectuer. L’idée, reprise de plusieurs villes et cantons alémaniques, vise à réinsérer rapidement les personnes désocialisées, notamment les jeunes.
Après plusieurs atermoiements, la Commission en charge du projet propose un contre-projet très convainquant qui reprend à peu près toutes mes revendications, en poussant parfois ma mesure plus loin.
A l’exception, d’un problème de sanction en cas d’inexécution du programme d’occupation, la proposition de la Commission me satisfait et je saurai m’y ranger si ce détail est réglé. Je déposerai donc un amendement au contre-projet et compterai sur la sagesse du Parlement pour que nous puissions trouver, tous ensemble, un consensus permettant une mise en application rapide du projet.
A suivre : mardi matin 15 mars, entrée en matière sur la révision de la Loi sur l’intégration et l’aide sociale et jeudi matin 17 mars, lecture de la loi, de mon initiative et de son contre-projet.
Bourse d’études : développement de ma motion
Ma proposition sur les bourses d’études, visant à réformer complètement les principes relatifs au remboursement des allocations de formation, sera proposée au stade du développement, soit l’acceptation d’entrer en matière, mercredi matin 16 mars.
Le projet avait fait couler beaucoup d’encre en novembre 2010 lors de la révision complète de la loi. Plutôt que de réformer tout le projet juste avant le vote final, le Grand Conseil m’a invité à revenir sur le projet par l’intermédiaire d’une motion. Ce fut chose faite, le jour même, et le processus législatif commence mercredi.
C’est Brigitte Diserens, députée PLR de Morgins, qui se chargera de défendre le projet.
A suivre : mercredi matin 16 mars, développement de ma motion sur les allocations de formation.
Fiscalité des entreprises : on parle de baisse d’impôts
Ces derniers mois, plusieurs cantons romands, dont Neuchâtel et Vaud, ont décidé de réduire considérablement l’impôt sur le bénéfice des entreprises. Baisse l’impôt sur le bénéfice, c’est augmenter la marge de manœuvre de nos PME, permettre plus d’investissements, d’engagement et de redistribution des moyens, à leur tour imposés. Conserver une fiscalité attractive, pour un canton comme le Valais, c’est aussi relever l’importance de rester compétitif en matière de promotion économique.
Mathieu Fardel, député-suppléant PLR et moi-même, avons déposé une motion réclamant une diminution de la fiscalité des entreprises en Valais. Ce sujet sera débattu la semaine prochaine au stade du développement ; c’est mon collègue qui se chargera de la défendre.
A suivre : jeudi 17 mars après-midi, développement de ma motion « pour une fiscalité en faveur des entreprises ».
Lingua: le projet aboutit
Les six postulats déposés par un groupe de jeunes élus PLR en faveur d’un programme ambitieux pour le bilinguisme sera traité jeudi prochain. La mesure phare, l’instauration de l’immersion comme condition d’obtention des diplômes de maturité, permettra au Valais de devenir le numéro 1 du bilinguisme et d’offrir aux jeunes une des clés du succès sur le marché du travail.
Dans l’ensemble, le Conseil d’Etat soutient la démarche, le projet devrait donc aboutir dans sa phase parlementaire pour revenir dans les mains du département pour son application.
A suivre : jeudi 17 mars, traitement des six postulats « lingua ».
Au niveau des dépôts…
L’aboutissement de plusieurs projets, c’est aussi le moment d’en engager de nouveaux. Je déposerai notamment une motion visant à réviser complètement la loi d’application de la législation fédérale en matière d’asile et d’étrangers. Les révisions par le peuple en 2006 de ces lois n’ont pas encore eu d’effets sur la législation d’application cantonale.
Je demande donc une mise à jour complète de la législation et l’introduction de principes de transparence et de collaboration entre les autorités afin d’éviter que se reproduise les événements de Vouvry qui ont vu le Conseil d’Etat décider l’ouverture d’un centre de requérants d’asile sans en référer aux autorités locales !
Une session bien remplie, avec pas moins de 9 propositions traitées, mars 2011 sera à n’en pas douter l’occasion de faire avancer le Valais ! -
Asile : une nécessaire révision de la législation valaisanne
Le 24 septembre 2006, avec environ 68% d’avis favorable, la révision de la Loi fédérale sur l’asile et la nouvelle Loi sur les étrangers ont été adoptées par le peuple et par tous les cantons. Le Valais traîne aujourd’hui à se mettre à jour…
Notre canton dispose d’une loi d’application en matière d’immigration, la Loi cantonale d’application de la loi fédérale sur le séjour et l’établissement des étrangers du 1er février 1967. Celle-ci n’a pas été révisée depuis belle lurette et mériterait quelques rénovations. C’est peu dire : elle prétend appliquer une loi qui n’existe formellement plus !
Les récents événements liés à la création des nouvelles structures d’accueil de réfugiés montrent combien la législation actuelle est dépassée et ne correspond plus aux attentes légitimes des citoyens. La commune de Vouvry a appris la création d’un centre de requérants d’asile à peu près en même temps que la presse. Cette situation, parfaitement légale, est en totale contradiction avec les formes de gestion moderne et le principe de transparence qui gouverne les politiques publiques.
Il n’est pas question de rejeter l’idée même d’un centre de requérants : le Valais a le devoir d’accueillir des personnes qui fuient la misère. Seulement, on ne saurait traiter cette gestion avec si peu d’égard pour les collectivités concernées. Il n’est pas certain que la décision du Département soit légale et opportune. Plus que régler les problèmes, la pratique actuelle crée des crispations légitimes de communes et d’une population qui doivent, du jour au lendemain, se préparer à faire face à un afflux d’une population pas forcément évidente à intégrer. Et cela, sans coup de semonce.
Les événements du Haut-Lac doivent aujourd’hui inciter le Grand Conseil à mettre sur les rails une révision du droit des étrangers, comme l’ont déjà fait Vaud et Genève. Cette législation nouvelle doit notamment intégrer le principe d’une participation des communes aux décisions les concernant et la consultation du Parlement cantonal et de ses commissions lors de procédures importantes. C’est à ce prix que le débat sur l’asile pourra trouver des solutions dans une atmosphère plus propice à la discussion.
Publié le 11 mars 2011 dans le Confédéré -
2 ans, l'heure du bilan
A quelques milliers de kilomètres d’ici, une foule de jeunes se fait massacrer parce qu’elle réclame la liberté et la démocratie. Plus proche de chez nous, le canton de Genève s’offre une nouvelle Constitution, pour compenser les manquements institutionnels d’une république à bout de souffle. J’ai toujours été sceptique à l’idée que le remède aux maux genevois passait par une refonte du texte fondamental. Elle permet d’améliorer la mécanique, mais ne corrige pas les comportements d’une classe politique qui a oublié son rôle. Un fait divers m’a donné raison. Deux députés du bout du lac n’ont donc rien trouvé de mieux à faire que de se taper sur la figure à la buvette du Grand Conseil, apparemment dans un état de sobriété digne de nos meilleurs carnavals. C’est lamentable.
Cette semaine marque la mi-législature de notre Parlement. Contrairement à Genève, notre plénum ne dispose pas de cafeteria. Il n’en travaille pas moins bien. Je siège au Grand Conseil valaisan depuis le 1er mars 2009. Deux ans, c’est une douzaine de sessions, autant d’occasions de confronter ses opinions et de proposer des projets. De gagner, de perdre.
Deux ans, c’est le moment de tirer un bilan. Les élus du canton ont travaillé dur et on mis sous toit plusieurs lois importantes. On peut citer pêle-mêle une révision totale de la loi fiscale, l’introduction des procédures fédérales, la refonte de la législation sur le personnel de l’Etat ou encore des mises à jour dans tous les domaines phares de la gestion publique. En Valais, les interventions parlementaires peuvent être traitées généralement dans les six mois qui suivent leur dépôt. Au niveau fédéral, certaines motions attendent plusieurs législatures avant de pouvoir être traitées.
Deux ans, c’est aussi l’occasion de dresser un bilan personnel que je publie aujourd’hui sur mon blog. Je me suis engagé pour la mise en place d’un mécanisme de préfinancement des études de projet en matière de transports publics, pour un nouveau système de bourses d’études, pour l’introduction d’un programme d’intégration par le travail des requérants de l’aide sociale. Avec d’autres jeunes élus, nous avons réclamé la création d’un programme ambitieux pour que l’école valaisanne forme des jeunes bilingues. J’ai encore défendu des baisses fiscales.
La bonne entente qui règne dans nos travées ne signifie pas que nous oublions nos opinions, seulement nos élus se vouent un respect qui se perd ailleurs. Et loin de servir, ces querelles humilient la démocratie pour laquelle des jeunes de mon âge se font actuellement assassiner au Sud de la Méditerranée. Un billet pas comme les autres, simplement pour dire merci à mes collègues, pour leur engagement, leurs convictions et leur respect cent fois renouvelé grâce auquel le parlement des Valaisans fait vivre la démocratie.
Publié dans le Nouvelliste, le 4 mars 2011 -
2 ans, l'heure du bilan
Le 1er mars 2009, les électeurs du district de Monthey m’ont élu député-suppléant au Grand Conseil valaisan. Ce premier mandat électoral constitue un défi immense et l’occasion de défendre concrètement de nombreuses positions que j’ai eu l’occasion de défendre publiquement sans pouvoir les faire aboutir dans la réalité.
httpv://www.youtube.com/watch?v=Lx-REObufRQ
Deux ans après mon élection, je veux rendre des comptes. Durant cette demi-législature, j’ai eu de nombreuses occasions de défendre des projets qui me tenaient à cœur. Grâce à mes collègues, en particulier issus du groupe PLR, j’ai pu apprendre rapidement le fonctionnement du législatif cantonal, même s’il me reste encore beaucoup à découvrir.
En tant que suppléant, j’ai eu le plaisir de siéger lors de quasiment toutes les sessions parlementaires. Il n’a jamais été compliqué de participer lorsque des objets m’inspiraient en particulier. Ce fut aussi enrichissant de siéger lors de prises de décisions dans des domaines qui échappaient davantage à mes compétences ; l’occasion d’apprendre, toujours apprendre.
Télécharger mon bilan de mi-législature au format PDF.
Am 1. März 2009 haben mich die Stimmberechtigten des Bezirkes Monthey als Suppleant in den Grossen Rat gewählt. Mein erstes Mandat als Abgeordneter stellt eine grosse Herausforderung dar und gibt mir die Gelegenheit, mich konkret für zahlreiche Anliegen einzusetzen, die ich zwar zuvor bereits öffentlich vertreten hatte, ohne jedoch an ihrer Umsetzung mitwirken zu können.
httpv://www.youtube.com/watch?v=Lx-REObufRQ
Zwei Jahre nach meiner Wahl möchte ich nun Rechenschaft ablegen. Während dieser halben Legislatur konnte ich zahlreiche Geschäfte vertreten, die mir am Herzen liegen. Dank meinen Kolleginnen und Kollegen, mehrheitlich aus der FDP Fraktion, konnte ich schnell die Funktionsweise des kantonalen Gesetzgebers kennen lernen, auch wenn es für mich noch vieles zu entdecken gilt.
Als Suppleant konnte ich nahezu an allen Grossrats-Sessionen teilnehmen. Wenn einem die Themen zusagen, ist die Teilnahme einfach. Es ist aber auch bereichernd, an Geschäften teilzunehmen, die einem nicht ausgesprochen nahe liegen. Bei jeder Gelegenheit dazulernen, immer wieder, lautet da meine Devise.
Télécharger mon bilan de mi-législature au format PDF.
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30 000 jeunes à l'aide sociale, on fait quoi?
44% des bénéficiaires de l’aide sociale ont moins de 25 ans. Le professeur bernois Robert Fluder, auteur de l’étude qui dévoile ce chiffre inquiétant, explique ce résultat par le phénomène du «cooling out», soit le fait de se mettre au frais. En d’autres termes, le problème vient de jeunes qui, à un moment ou à un autre, décrochent de l’école obligatoire ou de leur formation professionnelle pour bénéficier des diverses mesures d’intégration et autres plans sociaux (semestres de motivation, chômage, etc.). Curieusement, de nombreux jeunes citoyens ont l’air de préférer l’assistanat au travail, avec toutes les conséquences négatives que cela comporte.
Comment atterrit-on à l’aide sociale quand on a 18 ans? Selon l’étude précitée, l’absence de formation explique l’essentiel des problèmes. Notre Etat offre pourtant un panel de formations publiques de qualité et de plus en plus large. Des HES aux EPF en passant par les EDD, ou les CFC, les acronymes désignant des filières publiques se bousculent. On serait en droit de penser que les jeunes de 2011 ont moins de problèmes de formation que les générations précédentes. Et pourtant, non. En Suisse, 30 000 jeunes de moins de 25 ans touchent l’aide sociale. Parmi ces jeunes, un tiers n’a carrément aucune activité et n’est pourtant pas à la recherche d’un emploi. A 20 ans, ça promet!
A mon avis, le problème principal réside dans notre conception de l’intégration.
Trop souvent, nos oeuvres sociales considèrent que la société doit intégrer le jeune qui a décroché. Je n’y crois pas. S’intégrer est avant tout l’effort de l’individu qui veut faire partie d’une société. Comme l’étranger doit faire des efforts d’insertion, le jeune pudiquement déclaré «en rupture» est responsable de son destin et doit être appelé à faire le premier pas, à faire preuve d’efforts dans le processus d’intégration. Sans nier l’utilité des mesures publiques, il s’agit de fixer l’ordre de priorités.
En mars, le Grand Conseil débattra de la nouvelle Loi sur l’aide sociale et l’intégration et, à cette occasion, décidera du sort à donner à ma proposition en la matière. Pour mémoire, j’ai déposé une initiative parlementaire réclamant que toute personne en âge de travailler, apte au travail et sans enfant à charge soit astreinte, dès le premier jours d’aide sociale, à travailler au service de la collectivité. Un petit boulot, à plein temps, pendant un mois, pour réapprendre les valeurs du travail, retrouver l’habitude de se lever le matin, d’obéir à une hiérarchie ou de travailler en équipe.
Là où la mesure a été expérimentée, elle s’est avérée si efficace que presque tous les cantons alémaniques s’y mettent.
Pas de prestation publique sans contreprestation équivalente, c’est valoriser l’effort et redonner un sens au mérite.
L’Etat l’a trop souvent oublié, il n’est pas trop tard pour y remédier.
Publié dans le Nouvelliste, le 17 février 2011 -
Discussion sur le nouveau modèle de financement des études prôné par le PLR Valaisan
Le système de bourses et prêts d’études en Suisse est une vraie usine à gaz. Tout le monde est d’accord. Chaque canton a son système. Des bourses aux critères d’octroi à géométrie variables; selon les établissements et selon les cantons, selon les performances, selon l’origine géographique des étudiants, etc… Bref, dans ce domaine le débat est régulier. L’été dernier, l’Union des étudiants de suisse a même lancé une initiative qui demande l’harmonisation des systèmes de bourse d’études accordées en Suisse.
Discussion sur « InterCités » sur la Radio Suisse Romande, le 1er décembre à 6h40
[dewplayer:http://medias.rsr.ch/la-1ere/programmes/le-journal-du-matin/2010/le-journal-du-matin_20101201_standard_intercites_20101201-0638_5619c8b8-fe2d-4e1e-98de-9d6e1ba40123-128k.mp3] -
Bourses et prêts d'étude: pour un système plus juste !
Le Grand Conseil valaisan traite notamment cette semaine de la deuxième lecture de la loi sur les allocations de formation (bourses et prêts d’étude). La première lecture a été marquée par le rejet surprenant de l’accord intercantonal. Toutes les discussions sont par conséquent ouvertes. Je remplis pour l’occasion le rôle de rapporteur du groupe et défends les idées – parfois originales – du PLR en la matière pour offrir des allocations de formation plus justes et plus efficaces. Pour mieux démocratiser les études !
Loi sur les allocations de formation
Rapport du groupe PLR – Entrée en matière
Monsieur le Président du Grand Conseil,
Madame, Messieurs les Conseillers d’Etat,
Chers collègues députés et députés-suppléants,
Mesdames et Messieurs,
Pour le PLR, la formation constitue un des domaines d’investissement les plus essentiels. A Berne, les libéraux-radicaux se sont battus et ont obtenu des augmentations de budget considérables en la matière, atteignant plus de 6% par année. Au niveau valaisan, le Parti libéral-radical, par son groupe et son représentant au gouvernement, a toujours eu à cœur de garantir une offre de formation de qualité lorsque la situation cantonale s’y prêtait et d’assurer de bonnes relations avec les cantons qui offrent les filières de formation qui nous manquent.
Dans ce paysage, un accès toujours plus démocratique aux études a été une conditions sine qua non pour que la Suisse et le Valais se portent mieux aujourd’hui qu’il y a vingt ans, et pour garantir qu’ils se porteront encore mieux dans vingt ans qu’aujourd’hui.
La loi qui nous est soumise va à n’en pas douter dans le bon sens. Le PLR prend note du refus du concordat qui ne signifie pas un rejet d’allocations de formation compétitives mais la volonté du Valais de garder une marge de manœuvre en la matière.
Parmi les améliorations à relever, il convient de rappeler l’augmentation de l’assiette des bénéficiaires des bourses et prêts d’étude, aussi pour les formations de secondaire et pour certaines écoles oubliées jusqu’ici, ainsi que pour la formation continue. De même, la volonté d’augmenter la part de bourse d’étude dans l’allocation nous paraît être un pas en direction d’études plus accessibles à tous.
Ne l’oublions pas, la formation est le meilleur ascenseur social qui existe et, pour que celui-ci rejoigne les combles en partant du rez-de-chaussée, le financement de la formation ne doit pas être une entrave infranchissable pour les plus modestes d’entre nous.
Lors de cette deuxième lecture, le PLR proposera néanmoins des modifications pour le moins substantielles.
La commission de deuxième lecture nous rend un projet qui a très peu évolué par rapport à celui adopté en première lecture. Pourtant, cette première lecture était marquée par le sceau du concordat qui nous liait. En effet, proposer des changements importants s’avérait pour ainsi dire impossible, il eut été absurde de violer une convention intercantonale à peine adoptée. Cette deuxième lecture peut par conséquent être vue d’une certaine manière comme une nouvelle première lecture.
Pour le PLR, il est normal que la question de l’octroi d’une allocation soit décidée en fonction de la capacité financière des parents de l’étudiant en formation, avant et pendant les études. Il nous semble par contre absurde de décider sur cette même base quelle doit être la répartition entre bourse et prêt. Cela peut provoquer des situations ubuesques, où des jeunes ayant terminé des études bien rémunérées – avocat par exemple – se retrouvent quasiment sans dette alors que d’autres jeunes ayant échoué ou ayant choisi une formation malheureusement moins lucrative entrent dans la vie professionnelle avec un endettement parfois important.
Le PLR propose ainsi de revenir sur le projet dans son ensemble et de réfléchir à un nouveau concept. Un système qui ne fait plus de distinction entre bourses et prêts au moment de l’octroi de l’aide. Un système qui demande le remboursement à tous ceux pour qui l’ascenseur social a bien fonctionné et qui épargne les autres. Un système qui permette des remboursements plus ciblés, espérons-le plus nombreux et permette, à l’image des grands sportifs qui financent les centres de formation des nouveaux jeunes talents, plus de solidarité entre ceux qui ont réussi grâce à l’aide et ceux qui ont aujourd’hui besoin de cette aide. Un tel changement de paradigme est certainement trop important pour être définitivement scellé dans une seconde lecture. Aussi, Chers Collègues, si vous acceptez ce nouveau principe, nous vous proposerons de renvoyer le projet en commission pour une troisième lecture et un nouveau projet. Je le rappelle, cette situation découle du fait qu’une convention intercantonale ne nous laissait si peu de manœuvre en première lecture qu’elle s’apparentait à l’acceptation du système convenu par les cantons signataires.
Si d’aventure l’assemblée ne devait pas nous soutenir, nous proposerions alors une amélioration du projet actuel pour le rendre encore un peu plus juste et plus social, en réintroduisant le terme « au moins » à l’art. 12 de la loi et ainsi renforcer un peu plus les bourses face aux prêts. Si nous continuons à tenir compte de la situation financière des parents peu fortunés pour décider du remboursement, alors celui-ci doit être le plus faible possible pour garantir aux jeunes un accès au marché du travail qui ne soit pas entravé par un endettement trop important et trop injuste. En tout état de cause, le PLR s’opposera à rendre l’accès aux allocations de formation plus difficile, il est essentiel de garder cet outil de démocratisation des études efficaces et social.
Enfin, le PLR proposera de renforcer le caractère exceptionnel de la remise de prêts d’études. Il est important que les jeunes qui se voient offrir un prêt se rendent compte de la responsabilité qui en découle. C’est aussi une question d’éducation et de réussite professionnelle.
Cela étant, le PLR accepte naturellement l’entrée en matière et se réjouit de débattre avec vous de ces questions passionnantes et très importantes.
L’article du Nouvelliste sur le sujet.
Pas perdu pour tout le monde, sur Canal 9, en parle aussi. -
Révision de la loi fiscale: deuxième lecture
Vendredi, le Grand conseil a procédé à la deuxième lecture de la révision de la Loi fiscale. Le PLR a proposé divers baisses d’impôts, malheureusement presque toutes refusées. J’ai eu la chance d’occuper la fonction de rapporteur du groupe PLR sur cette question, voici mes interventions.
Art. 29 al. 1 let. l REFUSE
Cette modification proposée par le PLR s’axe autour de deux principes : le refus d’augmenter la fiscalité et la volonté de respecter le droit fédéral.
La réforme de la LHID impose aux cantons, à compter du 1er janvier 2011, de permettre la déduction des frais de garde effectifs que les parents doivent assumer lorsqu’ils sont contraints de recourir à des tiers pour garder leurs enfants, afin de pouvoir exercer une activité lucrative.
La proposition de la commission, qui est celle du Grand conseil, nous paraît contraire au droit fédéral.
En effet, si nous appliquions littéralement l’article proposé, les parents verraient leur situation fiscale se péjorer en passant d’une garde au sein de la famille à une garde extérieure. Ils glisseront d’une déduction de CHF 3’000.- par enfant, à une déduction de CHF 3’000.- au maximum par enfant. Ce n’est plus une déduction, c’est une augmentation de la fiscalité et le droit fédéral, la volonté même du législateur, nous l’interdit.
Si nous appliquions la règle des CHF 3’000 forfaitaires pour tous, la déduction proposée ne serait alors plus une déduction, mais un rabattement. De surcroît, elle contredirait aussi le droit fédéral puisque celui-ci nous impose de prévoir la déduction des frais réels.
Il va sans dire qu’adopter l’article 29 al. 1 let. l de la Loi fiscale risque bien de l’amener rapidement devant le Tribunal fédéral. Si l’on ne peut affirmer péremptoirement que la Haute cour déclarerait la Loi comme incompatible avec la LHID, on ne peut néanmoins l’exclure.
Je souligne à ce propos que, lors du vote de la nouvelle LHID, l’UDC avait souhaité instaurer une déduction fiscale proche de celle que la Commission nous propose aujourd’hui. Dans son message, le Conseil fédéral, s’appuyant sur un avis de droit, a déclaré que le principe de l’égalité de traitement l’interdisait et qu’il manquait une base légale dans la Constitution fédérale pour agir de cette manière.
Partant, le groupe PLR souhaite aujourd’hui proposer au Grand conseil une solution un peu différente, mais identique sur le fonds, qui permettra d’aider les parents qui gardent leurs enfants eux-mêmes tout en nous assurant que le droit fédéral est respecté.
La proposition d’amendement de l’art. 20 al. 1 let l est à lire avec la proposition de modifier l’art. 31 al. 1. let. b . Nous vous soumettons la proposition suivante : les CHF 3’000.- sont attribués à tous les parents pour chacun de leurs enfants par le biais d’une augmentation du rabattement, et un montant de CHF 1’000.- peut encore être déduit pour les parents qui peuvent justifier de frais de garde effectif. De cette manière, la situation de ces parents ne sera pas non plus péjorée par le nouveau texte, l’actuel permettant une déduction jusqu’à CHF 4’000.- par enfant, et les parents gardant eux-mêmes leurs enfants bénéficieront aussi d’une amélioration fiscale.
Art. 32 VI. Calcul de l’impôt – 1. Taux REFUSE
Comme évoqué mercredi lors de l’entrée en matière sur la deuxième lecture de la loi fiscale, le groupe PLR estime que les comptes excellents de l’Etat justifient aujourd’hui que nous revoyons notre fiscalité à la baisse.
La députée Marianne Maret déclarait très justement mercredi, à propos de sa motion pour plus de rigueur financière lors de nos décisions, que derrière chaque franc dépensé par l’Etat, il y a le travail d’un contribuable. C’est vrai, et nous devons aller jusqu’au bout du raisonnement : lorsque nous renonçons à dépenser ce franc, nous devons aussi le rendre au contribuable.
La semaine passée, le canton de Neuchâtel a décidé, malgré des finances publiques pour le moins mauvaises, de diviser par deux l’imposition du bénéfice des entreprises. Il espère par là conjurer le mauvais sort et relancer la machine économique. Nous, Valaisans, avons les moyens d’en faire au moins autant sans pour autant placer notre Etat dans la situation dramatique que connaît le canton horloger. C’est incontestablement une chance à saisir.
Oui, Mesdames et Messieurs, les comptes publics sont bons et cela n’est pas un accident de parcours. Les résultats d’exploitation de l’Etat du Valais, qui affichent un excédent de près de 800 millions de francs pour les 5 dernières années, nous montrent que les baisses d’impôt proposées sont possibles, sont même souhaitables.
M. le Conseiller d’Etat Maurice Tornay a évoqué avec justesse les défis financiers qui nous attendent pour les années à venir. Il doit tout de même être souligné que toutes les mauvaises nouvelles ne sont actuellement qu’hypothétique et il n’est pas certain que toutes se réaliseront.
La répartition de l’or de la BNS a rapporté en 2009 un bénéfice net d’environ 65 millions de francs. Si l’euro ne devait pas remonter et que notre banque nationale était contrainte de revendre ses placements dans cette devise, nous pourrions compter sur une diminution de la rentrée de quelques millions de francs. La suppression, très hypothétique, de l’imposition de la valeur locative pourrait – et je dis bien pourrait – représenter une diminution des recettes de l’Etat de l’ordre de 37 millions de francs.
Ces pertes de revenu sont certes importantes, mais restent très inférieures aux 158 millions de francs d’excédent que nous connaissons en moyenne depuis que nous avons pu désendetter le canton. Il doit être constaté que les réductions d’impôt que nous proposons sont largement à la portée de la collectivité cantonale.
La modification proposée de l’art. 32 de la Loi fiscale vise à diminuer globalement l’imposition du revenu, pour toutes et pour tous. S’il est vrai que les baisses d’impôt ciblées permettent de soutenir efficacement une partie de la population, une diminution générale permet quant à elle de faire bénéficier, pour une fois, les éternels oubliés des baisses fiscales. Je citerais en première ligne les célibataires, toujours plus nombreux. Il n’y a aucune raison valable pour que ceux-ci ne profitent jamais de l’amélioration des finances de l’Etat.
Il est vrai aussi que la diminution qui vous est soumise concerne tout le monde, quel que soit son revenu. Cela découle du fait que personne ne remet en cause la progressivité de l’impôt sur le revenu et sa mesure.
Diminuer de 5% l’imposition sur le revenu de tous les Valaisans représente une vraie diminution de la fiscalité. En acceptant cette mesure, nous augmenterons concrètement le pouvoir d’achat de 300’000 personnes et nous donnerons un grand signal en faveur de la consommation et de la croissance économique. Cette mesure coûterait environ 30 millions de francs, soit un cinquième de ce qui est actuellement prélevé en trop chaque année. Ce que j’entends par « en trop », c’est ce qui est payé par le contribuable sans bénéficier de prestation en retour.
Last but not least, cette mesure ne concerne que l’impôt sur le revenu cantonal. Les communes ne seront pas touchées par cette modification du barème fiscal.
Mesdames et Messieurs, je suis persuadé que cette diminution fiscale n’est pas un luxe, c’est un juste retour des choses que le Canton peut, et doit se permettre. Pour toutes ces raisons, le groupe PLR vous invite à soutenir sa proposition.
Art. 32 al. 4 REFUSE
Comme lors de la première lecture, le groupe PLR vous propose de renoncer pour de bon aux effets néfastes de la progression à froid.
Il ne s’agit pas ici de diminuer les impôts, il s’agit de ne pas les augmenter. Compenser la progression à froid, ce n’est rien d’autre qu’adapter la fiscalité au renchérissement.
Trouveriez-vous normal que les salaires de la fonction publique ne soient indexés que lorsque l’inflation atteint 3% ? Evidemment, non. Il en va de même pour la fiscalité. Si l’Etat a besoin de plus de recettes, il doit être responsable et décider souverainement d’augmenter ses impôts. Aucun motif valable ne justifie que l’on atteigne un certain seuil pour réadapter les impôts à l’inflation. Ce chiffre de 3% est arbitraire et nous devons décider aujourd’hui si nous estimons qu’il est normal, ne serait-ce que par principe, que l’Etat s’enrichisse sur le dos de l’inflation.
En première lecture, M. le Conseiller d’Etat avait évoqué les difficultés administratives que représentait cette compensation annuelle. Je dois dire que cette argumentation m’échappe quelque peu. En effet, il ne s’agit ici que d’adapter un barème à un pourcentage. Avec un simple tableau excel, cette opération est réalisée en 30 secondes. D’ailleurs, cette même opération est effectuée chaque année sur les 33 classes de salaires que compte l’Etat du Valais, sans nécessiter trop de ressources apparemment. Il ne s’agit que d’une adaptation de plus, administrativement simple.
Mesdames et Messieurs, ce que d’autres cantons ont pu faire, notamment les cantons de Vaud et de Genève, nous pouvons le faire, surtout avec les finances publiques que nous avons. Pour toutes ces raisons, le PLR vous propose d’introduire une compensation intégrale de la progression à froid.
Art. 50 al. al. 1 let. b) deuxième phrase : REFUSE
L’imposition sur les gains immobiliers a notamment pour objectif de lutter contre la spéculation immobilière. Il s’agit là d’un impôt juste et social car la spéculation immobilière coûte avant tous aux plus démunis d’entre nous et provoque un renchérissement du logement.
Par conséquent, ceux qui ne pratiquent pas de spéculation, mais investissent dans le patrimoine et l’entretiennent ne doivent pas être pénalisés par cet impôt. Après 25 années de propriété, on peut difficilement parler de spéculation. Ces ventes immobilières sont aussi souvent la résultante d’événements douloureux : décès ou encore séparation. Si ces ventes permettent un bénéfice, c’est aussi parce que les propriétaires ont entretenu pendant toutes ces années le patrimoine immobilier valaisan. Cela n’est pas négligeable et sert à la collectivité dans son ensemble.
Pour ce qui est de la légalité de l’amendement, je tiens à souligner que plusieurs autres cantons l’ont fait, sans que cela ne pose de problème.
Au surplus, pour qu’une loi soit illégale, encore faut-il qu’une cour le constate. Et pour qu’une Cour le constate, encore faut-il pouvoir lui soumettre l’objet litigieux. Or, en l’espèce, absolument personne ne disposerait de la qualité pour agir pour demander au Tribunal fédéral de vérifier la conformité de cette baisse fiscale avec le droit fédéral. On peut difficilement admettre dans ces conditions que le présent amendement viole le droit fédéral.
Partant, il convient de supprimer définitivement l’imposition des gains immobiliers après 25 ans.
Art. 93 al. 3 ACCEPTE
L’imposition des fameux carnets de fête des grandes manifestations occasionnelles rapporte très peu à l’Etat. C’est ce qu’a affirmé le Conseiller d’Etat Maurice Tornay en commission. Mais ce n’est pas parce que cela rapporte peu que ça ne coûte rien à ceux qui le paient. Il est aujourd’hui difficile pour une société à but non lucratif de reconnaître que ses 10, 20 ou 50 premiers donateurs ne sont là que pour payer l’impôt sur le bénéfice.
Vous le savez tous, ces sociétés sont très importantes pour le tissu social valaisan. L’exemple des festivals de fanfares sont frappants : les sociétés locales de musique travaillent pour le bien de tous, renforcent la cohésion valaisanne et font partie intégrante de notre patrimoine. Si nous décidons aujourd’hui de les exonérer de l’impôt lorsque, tous les 25 ans, elles financent d’un coup un quart de siècle d’activité, nous ne faisons que les soutenir dans leur rôle social, formateur et culturel. Et dans le fonds, ne vaut-il pas mieux soutenir des œuvres culturelles lorsqu’elles trouvent elles-mêmes un financement auprès de privés, plutôt que de devoir les subventionner par la suite ?
Pour le Valais, pour nos jeunes musiciens, pour tous ceux qui consacrent leur temps libre au bien commun et culturel, le groupe PLR vous invite à supprimer cette imposition qui, de surcroît, ne rapporte quasiment rien au canton.
Art. 219 al. 2 et 3 let. b 4. Autres autorités – a) de première instance ACCEPTE
La remise d’impôt est un acte grave. C’est une dérogation au principe même fondamental que tout un chacun doit payer des impôts et doit contribuer comme il se doit à la bonne marche de l’Etat.
Le groupe PLR estime qu’il est par conséquent important que seul le Chef du département ne dispose de ce pouvoir. La remise d’impôt est en quelque sorte une grâce fiscale. Le Grand conseil n’admettrait jamais de confier la grâce à la Commission de Justice. De même, le groupe PLR estime que ce n’est que de la compétence du Chef du département de décider qui peut échapper ou non, pour divers motifs, à l’imposition.
Vote final ACCEPTE
Le PLR accepte la nouvelle Loi fiscale, malgré le peu de succès de ses amendements. Les quelques améliorations par rapport à la situation actuelle le justifie, malgré la déception. L’occasion de faire preuve de courage en diminuant les impôts a été râtée, mais elle se représentera sans doute: le Conseiller d’Etat Maurice Tornay a déjà annoncé de futures diminutions d’impôts. Le PLR les attend de pied ferme.