Quatre ans après un coup un peu raté sur l’AVS, Pascal Couchepin revient à la charge avec une proposition intelligente sur le droit du sol. Pascal Couchepin est un politicien peu aimé dans notre pays, c’est un fait. Sa plus grande qualité est de faire passer ses convictions personnelles avant les sondages d’opinion. J’insiste sur ce terme de qualité à une époque où la politique se limite de plus en plus à une application des principes émis par les manitous du sondage d’opinion.
Pour quelle raison expulse-t-on un criminel étranger et pas un Suisse ? Au delà des aspects juridiques, l’idée est que l’étranger est en Suisse pour une période déterminée alors que le Suisse s’y est établi. Si cette distinction était aussi simple, on pourrait moralement dire aux étrangers « tenez-vous bien, vous êtes nos hôtes, ne violez pas notre droit ». Je schématise à souhait. Or, comment voulez-vous dire une chose pareille à un jeune étranger né en Suisse qui a un rapport à la Suisse aussi étroit que le vôtre ou que le miens ? Ce n’est tout simplement pas possible.
A force de refuser d’octroyer la naturalisation à ceux qui sont les plus intégrés – soit ceux qui ont vécu toute leur vie en Suisse – on enlève toute la substance à la notion de nationalité. Pour rétablir l’équilibre, de nombreux cantons octroient le droit de vote aux étrangers et n’osent plus prononcer d’expulsion. Et c’est normal ! Si la nationalité ne permet plus de distinguer la personne intégrée de l’étranger de passage, elle ne peut plus être un critère équitable pour appliquer des mesures administratives. Si on continue de durcir les naturalisations, la nationalité n’aura pas plus de signification que le concept de bourgeoisie que les cantons abandonnent peu à peu.
Je suis persuadé que le temps donnera raison à Pascal Couchepin. Plus on compliquera les naturalisations, moins elles auront de sens. La naturalisation n’est pas une médaille, c’est un rapport de droit entre un individu et l’Etat, et ce rapport de droit doit correspondre à la réalité des faits, faute de quoi il risque bien de devenir un élément de folklore au même titre que la prairie du Grütli ou Guillaume Tell.
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