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Exploiter l’électricité ? Un risque inconsidéré !

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Exploiter l’électricité ? Un risque inconsidéré !

Publié dans le Confédéré, le 14 décembre 2012
Dans le débat sur le retour des concessions hydrauliques, de plus en plus de voix se lèvent pour réclamer que l’Etat et les communes produisent l’électricité au lieu de vendre de nouveaux droits d’exploitation de nos cours d’eau.
Démagogue, la proposition revient à affirmer que le Valais doit rester maître de ses ressources, étant sous entendu qu’en laissant des sociétés extérieures au canton produire l’électricité, notre vieux pays perdrait de sa souveraineté.
Au delà des arguments émotionnels et des discours de cantine, il convient de remettre les concessions hydrauliques dans leur contexte. Le Valais et ses communes deviennent petit à petit propriétaire d’installations hydrauliques importantes valant des sommes astronomiques. Quel que soit le modèle choisi, le producteur d’électricité cherchera à vendre des kilowattheures à des particuliers et à des entreprises.

La question qui se pose est simple : le capital ou la rente ? En attribuant les concessions hydrauliques, les autorités cantonales vendront l’électricité « en gros » plutôt qu’au détail, mais s’assureraient des rentrées financières colossales qui permettront à leur tour des investissements diversifiés, facteur du diminution du risque. A contrario, renoncer aux milliards de la vente des concessions pour exploiter nous même l’électricité permettra peut-être de gagner plus d’argent, mais pas forcément. Prendre le risque, et quel risque !

La question centrale est la suivante : la valeur de l’électricité hydraulique va-t-elle augmenter ou diminuer en moyenne durant les 80 prochaines années, durée des concessions ? Certains en sont persuadés, c’est pourtant beaucoup moins évident qu’il n’y paraît. Il suffit de regarder dans le rétroviseur pour comprendre qu’en huitante ans, il peut se passer beaucoup de choses.
Lorsque les premiers barrages ont été construits, nous ne connaissions pas de production électrique nucléaire, éolienne ou solaire. La biomasse s’appelait fumier et la concurrence de l’hydraulique tournait au charbon. Qui peut oser dire que la situation de la production d’électricité restera la même dans les prochaines décennies alors qu’on parle déjà de fusion et de thorium ? Il y a deux ans, la majorité de la classe politique pariait encore sur la construction de deux nouvelles centrales atomiques à terme, projets aujourd’hui enterrées mais qui auraient eu des effets majeurs sur le coût du kilowattheure. Cela sans soulever la question du réchauffement climatique et des effets qu’il pourrait avoir sur notre production électrique, sans compter que les mesures d’économies prônées et appliquées pourraient bien avoir des effets sur la demande à long terme.
En choisissant de mettre tous ses œufs dans le même panier et en prenant seul le risque de l’évolution du marché électrique, le Valais et ses communes commettraient une lourde erreur financière. Un tel risque ne doit pas être pris par les collectivités publiques. Au contraire, le modèle choisi il y a quatre-vingts ans reste le bon : vendre les concessions hydrauliques aux plus offrants et réinvestir cet argent dans des projets porteurs. Et pourquoi pas quelques projets énergétiques justement ?

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