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Ignazio Cassis, le meilleur d’entre eux

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Ignazio Cassis, le meilleur d’entre eux

Être élu, c’est accepter la critique. Elle est parfois légitime et chacun en mérite un peu sa part. Cela concerne aussi Cassis, mon conseiller fédéral préféré. Mais si on peut lui reprocher quelques maladresses ou manque de communication, les attaques dont il fait l’objet depuis quelques jours sont indignes et déplacées.

En ce début d’année 2021, en beau milieu de pandémie, la presse et en premier ligne le Temps, le dit tout net: un de nos sept conseillers fédéraux est à côté de ses pompes. N’a pas le niveau. Se plante dans son job.

La critique est dure. Une année à manquer de masques, de respirateurs, de vaccins. A être incapables de suivre correctement les cas, à tenir à jour des statistiques, à prendre des mesures cohérentes et compréhensibles. On pouvait attendre une salve contre le ministre de la santé, suite à ces errements qui nous coûtent des milliers de vies et de milliards de francs. Mais non. Le problème de la Suisse de 2021, il paraît que c’est Cassis.

Qu’à donc bien pu faire Ignazio Cassis pour que le Temps se paie presque quatre pages de témoignages aussi pleutres qu’anonymes contre lui ? En résumé, il est vilipendé par une brochette de diplomates mécontents de leur affectation. A la bonne heure ! Voilà qu’on juge un chef à sa capacité à obéir à ses subordonnés. Il paraît aussi qu’il ne convient pas aux ONG auxquelles il a eu le culot de demander de ne pas employer d’argent publique pour des campagnes électorales en Suisse. Ou a quelques organisations internationales que l’on finance, et face auxquelles le Tessinois se serait écarté d’une attitude de beni-oui-oui.

Ignazio Cassis doit rendre des comptes à l’assemblée fédérale. A personne d’autre. Il n’est pas l’élu des diplomates, des organisations internationales ou des ONG. Pas plus que Viola Amherd n’est l’élue de l’armées, Cassis n’a pas été choisi pour plaire au monde des ambassadeurs et ses férus de droit international. Il est là pour défendre les intérêts bien compris de la Suisse. Et ceux-ci, comme dans toute démocratie qui se respecte, correspondent aux aspirations de la majorité démocratique, pas aux rêves internationalistes de quelques uns.

Aussenpolitik ist Innenpolitik. La ligne du chef du DFAE exaspère à gauche, ce qui est plutôt attendu d’un élu de droite. Cassis prend le temps pour signer le pacte ONU sur les migrations ? Il ne fait que respecter la demande du parlement et analyser les conséquences d’un accord important pour une Suisse qui veut garder légitimement la main sur sa propre politique migratoire. Il se montre critique vis-à-vis de l’UNRWA ? Quoi de plus normal pour l’un des dix plus gros contributeurs d’une organisation d’aide aux réfugiés qui a été incapable de leur trouver un statut pérenne en 70 ans ?

Cassis n’est pas un diplomate. Il n’est pas l’ambassadeur qui nous gâte avec ses chocolats italiens trop sucrés. Cassis est un politicien, comme ses six autres collègues. Et c’est comme un politicien qu’il gère son département. En analysant les problèmes sous le prisme des enjeux qui concernent la Suisse, des intérêts internationaux de notre pays. Et même si cela peut parfois contrarier des plans de carrière ou contredire l’opinion de secrétaire généraux d’organisations internationales, Cassis fait ce pour quoi on l’a élu. Il gouverne.

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