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La reconstruction

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

La reconstruction

J’ai visité 8 des 12 nouveaux pays membres de l’Union européenne. A part les routes défoncées, on retrouve systématiquement les grands panneaux indiquant les travaux de reconstruction financés par l’UE – et la Suisse. De tous ces pays, la Roumanie est sans doute celui où cette reconstruction est aujourd’hui la plus réussie. Ca sent l’Union, pourrait-on dire. A l’arrivée à la douane, une banderole invite les citoyens à contacter un numéro gratuit pour dénoncer toute opération de corruption. La corruption, la gangrène de l’Europe de l’Est. Visiblement, et selon les derniers rapports de la Commission, les Roumains ne s’en tirent pas trop mal, contrairement aux Bulgares qui ont vu s’envoler 500 millions d’euros de subventions à titre de mesure de rétorsion de Bruxelles.
A Galati, nous découvrons une gare flambant neuve, sans luxe superflu mais bénéficiant du confort moderne auquel tout voyageur devrait pouvoir s’attendre sur sol européen. Les trains sont agréables et neufs, roulent vite et sont non-fumeur.
Tout cela n’est rien en comparaison de Bucarest. La capitale a subit les assauts du « canon à pognon » de l’Europe : la vieille ville est en complète rénovation. Les rues sont pavées, les façades ravalées, l’éclairage public réinstallé. Les désastres de Ceausescu sont petit à petit effacés pour laisser apparaître une des villes les plus charmantes que j’ai eu le plaisir de visiter. Les enseignes occidentales s’étalent sur les terrasses de petits cafés aussi bobos que les coins les plus branchés du Marais parisien, pas un lieu public n’omet d’afficher fièrement son service Wi-Fi. Les travaux sont effectués par des entreprises espagnoles ou allemandes.
Ceux qui prétendent que l’Europe ne sert à rien devraient parcourir ce petit bout de trajet qui va de Kiev à Bucarest. Le point commun des deux Etats réside dans les fonds étrangers distribués pour réhabiliter ces immenses nations. La comparaison s’arrête là. La corruption régnant dans le pays de la révolution Orange se mesure au nombre de « Porsches Cayennes » stationnées à côté de vieilles Lada en décomposition. L’argent s’arrête dans la poche des fonctionnaires et de quelques investisseurs. La population, elle, ne peut que s’étonner des prix prohibitifs proposés dans les bistrots ukrainiens où une pression peut facilement dépasser les 10 francs suisses. Du côté roumain, pas de voitures de luxe, mais des milliers de Renault Logan – véhicule simple mais ô combien pratique. Pas (trop) de restaurants chers, mais un développement qui semble profiter à tous.
D’un côté du Danube, l’argent est investit. De l’autre, il est claqué. Et nul besoin de travailler pour la grande organisation continentale pour s’en apercevoir. Un bref coup d’œil révèle simplement ce qu’une Union forte peut faire dans un demi continent ravagé par cinquante ans de communisme : redonner l’espoir à un peuple martyrisé par un des pires dictateurs du siècle passé.

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