Skip to content

Lara Croft n’a jamais tué personne.

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Lara Croft n’a jamais tué personne.

Le Conseil fédéral s’est donc vu confier la mission de proposer une réglementation visant à interdire la production, la publicité, l’importation, la vente et la diffusion de programmes de jeux dans lesquels de terribles actes de violence commis contre des êtres humains ou ressemblant à des humains contribuent au succès du jeu. C’est textuellement ce qu’a voté le Parlement la semaine passée.
S’il est probable que les forcenés des lycées américains s’essayaient sur Playstation avant de passer à l’acte, n’oublions pas que, de Jack l’éventreur à Una bomber, plus d’un fou furieux a pu agir sans l’inspiration des massacres numériques. A ce jour, aucune étude sérieuse n’a jamais pu démontrer un lien de cause à effet entre le nombre de litres de sang virtuels déversés sur l’écran et la délinquance réellement constatée.
Le Parlement est pris en plein délit de sale gueule. Affirmant que les jeunes seraient de plus en plus violents, nos sénateurs ont trouvé le coupable tout désigné : le jeu vidéo.
Il est regrettable de constater que les élus soient aussi déconnectés du mode de vie des jeunes Helvètes. Pour ma génération et celles qui lui succèdent, le jeu vidéo n’est pas une simple mode. C’est un élément culturel central de notre époque. L’imprimerie, le cinéma, la télévision, les médias ont tour à tour modifié en profondeur les loisirs au gré de l’Histoire, le jeu vidéo n’en est que la continuité.
Un peu comme pour les OGM ou la recherche sur les cellules souches, quand on ne connaît pas, on interdit. Cette méfiance, cette crainte du nouveau n’est pas nouvelle. On rigole aujourd’hui devant les micros-trottoirs sortis des archives de l’INA présentant les râleurs qui se plaignaient des cheveux longs, du rock et des minijupes. La différence, c’est que ceux qui râlaient à l’époque sont ceux qui écrivent aujourd’hui les lois.
Il est évident qu’un jeune de 12 ans ne devrait pas accéder à un jeu hyper violent et immoral. Au même titre que quantité de films, de chansons ou même de livres ne conviennent pas à toute une génération. N’a-t-on pas emballé le dernier Chessex de cellophane pour qu’il n’arrive pas de manière trop impromptue dans les mains d’un jeune encore trop pur ? Et que dire de Francis Ford Coppola lorsqu’il idéalise au cinéma la mafia et ses crimes pourtant bien plus abominablement réels que les caricatures développées dans certains jeux vidéos ?
Le vrai défi qui se pose est celui de l’éducation. Aux parents, aux enseignants, à la société en général d’apprendre aux jeunes la distinction entre le réel et le virtuel et entre le bien et le mal. L’interdiction généralisée des jeux trop sanguinolents n’est qu’une solution gadget pour pouvoir se vanter d’avoir « fait quelque chose » pour lutter contre la violence. Et même si ce quelque chose se trouve n’avoir aucun résultat concret, hormis celui de vexer une part importante de notre population qui vit avec son époque.

Commentaires

7 Comments

  1. Merci de votre réponse, Philippe.
    Sinon, je suis d’accord avec vous sur le fait que le jeu vidéo est le bouc émissaire moderne censé expliqué la violence chez les jeunes.
    Vos comparaisons sont plutôt justes.
    Dans les années 50 et 60 c’était le Rock et sa culture qui était censé « pervertir » la jeunesse.
    Dans les années 80, c’était le Heavy Metal. Motörhead, Van Halen, et Iron Maiden étaient les nouveaux « démons ». Les méchants groupes qui faisaient virer la jeunesse de bord.
    A chaque époque son bouc émissaire. Mais les problèmes liés à l’éducation ou a un « désengagement » des parents vis à vis de leur progéniture… personne n’en parle. On préfère mettre la faute sur les jeux vidéos. C’est bien plus simple de faire dans le cliché que d’innover, c’est bien connu 😉

  2. Bonjour Philippe,
    Je vais surement être un peu hors-sujet, mais tant pis.
    Pour ma part, je n’ai pas vu dans la trilogie des « Parrains » de Coppola (adatpés des romans de Mario Puzzo) une quelconque « idéalisation » de la Mafia et du crime organisé.
    J’y vois plutôt la relation entre un père et son fils et le poid de cette relation pour le dernier.
    Le personnage de Pacino devient « le nouveau Parrain » avant tout par désire de vengeance et d’obligation familiale si on veut.
    Certes, il devient le « Parrain » tant respecté par la « Famille », mais sa vraie famille il la perd (la mort de son frère, l’amour de sa femme et j’en passe).
    En intégrant la « Famille », il ne trouve que solitude et méfiance. Bref, je ne vais pas plus m’attarder là dessus, ce n’est pas le sujet.
    Scarface, malgré sa fin, est un film qui idéalise bien plus la Mafia que les « Parrains » selon moi qui sont plus philosophiques (Scarface a d’ailleurs bien mal vieillit et est pour moi un film bien surestimé).
    D’un passionné de cinéma et de musique !

    • Vous avez peut-être raison, c’est difficile à dire.
      En voyant le Parrain, j’avais trouvé la mafia beaucoup plus sympathique que lorsque j’ai lu le bouquin de Roberto Saviano… On peut de toute manière trouver des films plus ou moins moraux, le Parrain n’est pas le pire, c’est pas les Bisounours non plus 🙂

  3. La question de Lara Croft montre que Le croquemot, n’en n’a que pour le gambette de la miss croft. Bref un jeu de sexe c’est aussi ‘pas hyperviolent’ donc ton discours tout boutonneux qu’il soit garde le pour te faire mousser, mais laisse la politique aux non réformés du cerveau.

    • Lors de sa sortie, Tomb Raider était considéré comme un jeu violent et avait suscité pas mal de polémiques.

  4. Lara Croft n’a jamais tué personne mais les OGM si! En imposant des prix plus élevés des semences aux producteurs du tiers-monde, en poursuivant les agriculteurs comme des vulgaire contrefacteurs s’ils réutilisent les semences, enfin en obligeant l’utilisation de pesticides à hautes doses.


Add a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *