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Le socialisme mikado, lui, moins il bouge, plus il perd

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Le socialisme mikado, lui, moins il bouge, plus il perd

Après douze années à la tête du PSS, force est de constater que Christian Levrat n’a pas encore assimilé la fusion des libéraux et des radicaux. Mais les Roses, eux non plus, n’ont pas enregistré un certain nombre d’évolutions de notre société.

Douze années à la tête d’un parti politique, même en Suisse, c’est une éternité. Christian Levrat est un peu notre Jean Paul II. Il aura vu défiler 16 conseillers fédéraux et une cohorte de chefs de partis. Comme président, il a connu les crises UBS, des subprimes, du secret bancaire. Les fiascos à répétition d’initiatives pas assez suisses et de campagnes mal menées. Le succès aussi de référendums lancés au bon moment et avec les bons arguments. Il aura incontestablement été une figure incontournable et influente de la politique suisse.

Curieusement, la pilule la plus amère reste peut-être la fusion des anciens Partis radical et libéral, intervenue en 2009, à peine une année après son accession au trône. La semaine passée, il parlait toujours du Parti radical, incapable de prononcer PLR. Un peu comme ceux qui disent encore «Tchécoslovaquie».

Les plus courtes sont les meilleures

Dix ans que je me demande pourquoi Christian Levrat bute sur le mot composé «libéral-radical». Longtemps, j’ai pensé que c’était une boutade. Mais les plus courtes sont les meilleures. Et même à passer ses journées avec des Alémaniques à l’humour potache, on a déjà dû lui dire que la blague était entendue. Et qu’elle était nulle.

Ou peut-être qu’il refuse aux libéraux et aux radicaux le droit de s’unir. Un comble venant du président d’un parti qui se pose en champion de la liberté de choisir sa propre identité et du mariage pour tous. Ce qui inclut le choix de son propre nom, droit que l’on ne saurait décemment nier aux autres, même à ses adversaires politiques préférés.

Le refus du changement

L’explication la plus probable, la plus méchante, reste ce refus très «socialiste suisse» d’un monde qui change. Ce courant qui n’a pas évolué depuis la chute du Mur. Qui s’arc-boute sur le tout-à-l’Etat en prônant encore le renversement du capitalisme. Cette idéologie qui croit qu’une loi peut endiguer la révolution numérique et qu’il faut sauver les cabines téléphoniques. Ce socialisme-là ne peut certainement pas accepter, même après dix ans, que deux partis aient choisi d’unir leurs destins. Malheureusement pour les tenants de cette ligne, l’histoire a montré qu’en politique, contrairement au mikado, c’est celui qui ne bouge pas qui perd.

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