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Les errances du messianisme écologiste

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Les errances du messianisme écologiste

On l’apprenait dans le Matin Dimanche du 4 novembre, Helvetia Nostra, par l’intermédiaire de son avocat Pierre Chiffelle, a ouvert des procédures au nom de voisins qui ne l’avaient pas mandaté. Le principal intéressé a affirmé que le vrai scandale ne résidait pas dans ses manquements qu’il qualifiait de « bugs », mais dans le fait que le canton du Valais ne respectait pas la volonté populaire en octroyant des permis de construire pour des résidences secondaires.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pierre Chiffelle ne manque pas d’air. Le peuple a accepté une initiative populaire portée par son association le 11 mars dernier, qui stipulait expressément une entrée en vigueur le 1er janvier 2013. Le Conseil fédéral a soutenu cette interprétation en choisissant cette même date pour l’entrée en vigueur de son ordonnance. Aucune autorité valaisanne n’a, à aucun moment, affirmé ou laissé entendre qu’elle n’appliquerait pas la Lex Weber. Ces fantasmes d’un Valais hors-la-loi ne reposent sur aucun fondement sérieux. Une majorité de Valaisans se sont opposés à l’initiative, mais s’en remettent avec regret au choix du peuple et des cantons.
A contrario, en ouvrant des procédures sans mandat, Pierre Chiffelle a gravement violé diverses règles procédurales et déontologiques. A qui profite le crime ? Si ces procédures avaient pu être menées à leur terme, Helvetia Nostra aurait bénéficié de voies de droit que les Tribunaux cantonaux valaisan et grison lui ont déniées. Non contente des droits d’exceptions dont elle bénéficie déjà, l’association en aurait encore piqué quelques uns de-ci, de-là.
Portés par la conviction d’être habités d’une mission quasi-divine, les écologistes n’hésitent pas à invoquer le droit quand il les arrange pour le mépriser lorsqu’il contrecarre leur plan pour l’écologie. Regardez Greenpeace. Ses membres s’enchaînent illégalement à des voies ferrées, mettant en danger l’intégrité physique de leurs semblables, tout en saisissant les tribunaux le lendemain pour dénoncer les agissements soi-disant illicites des autres. Deux poids, deux mesures, tout est bon quand il s’agit de poursuivre la mission divine.
Dans cette affaire, Helvetia Nostra a montré que le droit n’avait de valeur que quand il servait ses intérêts. L’association de Franz Weber a montré qu’elle était prête à faire usage de tous les moyens, même légaux, pour arriver à ses fins. Il n’y a pas meilleur exemple du problème de confier à des organisations privées la tâche de surveiller l’application du droit environnemental. En lieu et place d’un procureur de la nature objectif et public, ces associations sont dogmatiques et prêtes à tout pour faire triompher non pas le droit, mais leur vision d’un intégrisme vert. Ces égarements messianiques ont déjà été combattus, en vain, en 2008, avec l’initiative visant à limiter le droit de recours. L’affaire Chiffelle nous montre que les excès dénoncés à l’époque sont toujours d’actualité. Il est grand temps pour le Conseil fédéral d’arrêter des sanctions contre Helvetia Nostra en lui retirant un droit de recours dont elle abuse allègrement. Et d’affirmer que la loi est la même pour tous, simple citoyen ou association environnementale archimillionnaire.

Commentaires

1 Comment

  1. Excellent Philippe. Même si par défaut, le messianisme écologique s’égare quelque soit les circonstances.


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