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Pendant la crise, 50% de rabais sur votre conseiller national

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Pendant la crise, 50% de rabais sur votre conseiller national

Pour un jour de session, un parlementaire gagne 440 francs. Une cinquantaine de francs l’heure, grosso modo. Ce n’est pas misérable, ce n’est pas indécent. Ce n’est pas non plus volé. Certains estiment toutefois le contraire…

Dans un monde idéal, L’Humanité n’existerait pas.» C’est le slogan vraiment bien trouvé du célèbre journal communiste du même nom. Mais le monde idéal du PCF n’étant vraisemblablement pas le mien, je crains plutôt l’enfer bolchevique dans lequel l’humanité disparaîtra.

Dans la même idée et dans notre Suisse imparfaite, la Weltwoche existe. Et nous en avons besoin. Pas tant pour sa ligne éditoriale que pour nous rappeler la nécessaire pluralité des opinions. Ainsi, on y retrouve chaque semaine dans la rubrique «Personenkontrolle» un florilège de dénonciations des écarts des élus, selon les critères de la rédaction. J’ai eu l’honneur d’être balancé, parfois. Pour mes votes qui ne satisfaisaient pas quelques casques à boulons côté Limmat.

Dans un élan lyrique, ils ont cette fois-ci publié la liste de 139 élus du Conseil national qui ont voté pour maintenir l’intégralité des jetons de présence les jours de session. J’en fais partie. J’avoue que je n’ai pas compris pourquoi nous devions renoncer à être payés si nous travaillions. Corona ou pas corona.

Vous n’imaginez pas les horreurs que j’ai pu lire à notre sujet. Sur ces élus qui avaient le culot d’encaisser leurs indemnités. Voleurs. Traitres à la patrie. Parasites. Pourtant, de ces commentateurs avisés, je n’en ai pas vu beaucoup pour demander de diminution de leur propre salaire. Je ne me souviens pas avoir lu les journalistes de la Weltwoche proposer une réduction du prix du journal. On s’est plutôt pliés en quatre pour que chacun touche quelque chose, avec ou sans travail.

Parlementaire de milice, à côté de mon « métier » de représentant du peuple, j’ai un « vrai » travail. Pour moi, c’est avocat. Avec un loyer, du personnel, des charges. Des délais et des clients. Quand je siège à Berne, je ne suis pas au bureau. En tant qu’affreux capitaliste turbo-libéral que je suis, je considère que mon temps, comme le vôtre, a une valeur. Et que si tout travail mérite salaire, le mien aussi. 

Dans la pure tradition weltwochienne, on pourrait toutefois exiger des élus qu’ils bossent à l’œil. Les remplacer par des bénévoles crève-la-faim. Ou des gens au-dessus de ces basses contingences matérielles, par exemple des héritiers richissimes. 

Avec l’antiparlementarisme traditionnel de certains franges politiques viendra peut-être la saison des soldes électorales. Ceux qui voudront un conseiller national à moitié prix le trouveront peut-être. Mais ce ne sera pas moi. 

 

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