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Une taxe pour le climat plutôt que pour la conscience

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Une taxe pour le climat plutôt que pour la conscience

D’après un sondage, la majorité veut une taxe sur les billets d’avion. C’est la solution réclamée par des dizaines de milliers de collégiens. Mais alors assurons-nous qu’elle serve vraiment son but plutôt qu’aux caisses publiques.

«Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue à bouger, régulez-le. Si ça s’arrête de bouger, subventionnez-le.» Elle est de Ronald Reaganet elle n’a pas perdu de son actualité.

La solution du monde, c’est la taxe. A chaque problème, on en invente une. Sur le tabac, les smartphones, le sucre. Tout est prétexte à taxer. De retour des vacances de Noël, passées à constater les désastres du réchauffement climatique sur les coraux du Pacifique, on se dit qu’il faudrait vraiment faire quelque chose. Une taxe. Vingt ans après avoir arrosé de milliards notre compagnie aérienne, il faut qu’elle repasse par le «start». L’heure est à la taxe sur les billets d’avion.

En Allemagne, on le fait depuis 2011. Soucieux de la juste répartition des vacances, nos voisins craignaient que les moins fortunés ne puissent plus prendre l’avion. Ils sont rassurés. Depuis l’introduction de la taxe, le nombre des passagers allemands n’a cessé d’augmenter. Et même plus rapidement qu’en Suisse, sans taxe. Les gens paient. Et les gens s’envolent.

Tout a été fait pour, il faut le dire. On s’est bien gardé de matraquer le court-courrier. Celui qu’un TGV peut facilement remplacer. Plus le trajet est long, plus l’impôt est cher. C’est connu: moins on est disposé à renoncer au voyage, plus on l’est à payer son obole.

«Il faut agir, concrètement»

A défaut du climat, l’Allemagne aura au moins amélioré ses finances publiques. Pour le CO2, la taxe sur les billets d’avion, c’est un peu comme la grève pendant les heures de classe: ça ne coûte pas grand-chose et ça apaise la conscience.

Ne croyez pas que je refuse toute critique. Le rejet de la loi sur le CO2 est regrettable, insuffisant. Il faut agir, concrètement. Trouver le bon compromis pour avancer. Et si chacun doit mettre de l’eau dans son vin, je veux bien être le premier. D’accord pour la taxe sur les billets d’avion. A une condition.

Une taxe de plus, une taxe de moins. On veut encourager les citoyens à préférer les destinations plus locales? A voyager en train, à vélo, à cheval, plutôt qu’en avion? Alors pour chaque franc prélevé sur les billets d’avion, on réduit d’autant la TVA sur l’hôtellerie et la restauration, en Suisse. Histoire que l’effort, plutôt que de calmer les consciences et combler les caisses publiques, encourage à préférer les Alpes aux Caraïbes.

 

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