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A Berne, le grand cirque climatique

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

A Berne, le grand cirque climatique

Une curieuse entente entre l’UDC et la gauche a fait capoter la révision de la loi sur le CO2. Sans être jusqu’au-boutiste, les compromis trouvés permettaient des progrès significatifs pour que la Suisse continue à respecter ses engagements. Pas assez pour la majorité, qui a préféré tout jeter à la poubelle.

Des centaines de courriels, de SMS, de coups de fil. Des lettres de lecteurs, des manifestations, des injures. Ils ont mis le paquet pour nous faire prendre conscience de l’urgence climatique. Pour respecter l’Accord de Paris. Taxer tout ce qui bouge. Et ce qui bouge encore après ça, on peut toujours l’interdire.

Pour nous convaincre, des militants sont allés frapper à la porte de mes collègues. Les citadins cela va de soi. Ils ne sont pas venus à Morgins, chez moi. Avec les transports publics, du siège du WWF, à Gland (VD), à ma porte, c’est deux heures et demie bien tapées. Pas terrible pour montrer comment se passer de moteur.

La Suisse à petits pas

Conscient de sa responsabilité envers la Création, comme le dit la Constitution, le parlement a fait ce qu’il sait faire de mieux. Légiférer. Un travail de compromis constructif. Une hausse du prix de l’essence et du CO2, la prolongation du programme d’isolation des bâtiments et une augmentation massive des compensations à la charge des importateurs de carburant. Des objectifs climatiques réalistes. C’est ainsi que va la Suisse, depuis des siècles. Par petits pas. Et ça fonctionne. En 2016, la Suisse faisait deux fois mieux que la moyenne de l’OCDE en termes d’émissions et dépassait les Objectifs de Kyoto, en réduisant déjà de 5% son niveau de production de CO2 de 1990.

Il faut que ça saigne

C’est vrai, le parlement ne s’est pas plié à toutes les exigences des écologistes. On a refusé la taxe sur les billets d’avion, ce gadget unilatéral dont l’inutilité est vécue ailleurs. On n’a pas non plus interdit de prendre des mesures à l’étranger: cela n’avait aucun sens pour le climat. Mais le réchauffement, ça ne suffit pas de le subir. Il faut aussi souffrir de ses remèdes. Il faut que ça saigne. Sinon, l’exercice de rédemption est inachevé.

Ainsi, quand il a fallu voter sur l’ensemble, les enragés de l’écologie ont pratiqué la politique de la terre brûlée. Du pire. Un «rien» vaut mieux qu’un «tiens». Ils ont rejeté le texte, purement et simplement. Alliés du coup avec l’UDC qui, elle, ne voulait rien et avait au moins le mérite de l’assumer. Le cirque climatique peut continuer. Et ceux qui engrangent des voix sur son dos s’assurent ainsi de pérenniser la recette.

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