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A ceux qui confondent gouverner et interdire

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

A ceux qui confondent gouverner et interdire

Ce n’est pas par amour des grosses voitures que je m’oppose à l’initiative anti-4X4: je voyage essentiellement en train et parfois dans une petite Twingo. La Suisse produit moins de 0.2% du CO2 mondial et les jeeps helvétiques n’en constituent qu’une goutte d’eau. Même si on arrêtait de conduire demain matin, et même si nous éteignons nos usines et coupions le chauffage, nous ralentirions le réchauffement climatique de quelques minutes. Peut-être.
L’initiative des Verts ne présente que peu d’intérêt écologique : vu que les 4X4 sont de moins en moins gourmands en énergie, il a fallu insérer d’autres critères d’interdiction, comme la présence de pare-boue qui constituent, comme chacun le sait, le danger le plus urgent pour l’écosystème. Le but n’est pas de protéger le climat, le but est de frustrer une minorité de la population.
Le combat des Verts n’est pas en faveur de l’environnement. Leur projet tend à imposer un mode de vie. Certains roulent en vélo, habitent les centres villes, mangent bio, et ne supportent pas que d’autres adoptent des comportements différents. Les écologistes intégristes ne peuvent admettre que tous ne partagent pas leurs convictions. Chaque ficelle est aujourd’hui bonne pour limiter un peu plus nos choix, nos plaisirs.
Les Chambres fédérales ont proposé une solution bien meilleure qui vise à diminuer progressivement la consommation moyenne des véhicules. Cette mesure, en collaboration avec constructeurs et importateurs, permettra de diminuer réellement l’impact écologique de nos habitudes sans pour autant restreindre nos choix. Mais les écologistes n’en ont cure. Pour eux, l’objectif avoué est simple : faire disparaître du paysage les objets, puis les hobbys et enfin les comportements qui leurs déplaisent.
Si nous acceptions l’initiative anti-4X4, je ne m’en porterais pas plus mal. Mais je suis convaincu que les initiatives suivantes ne manqueront pas un jour de me concerner : après les SUV, il faudra interdire, interdire et encore interdire. Interdire le ski, la chasse, l’avion, la moto, et pourquoi pas la viande. J’exagère ? Malheureusement pas. Au bout du lac, certains militent déjà pour exclure le steak de l’assiette des écoles, histoire de s’assurer que la prochaine génération abandonne cette affreuse habitude de manger du bœuf. Ceux qui confondent gouverner et interdire ont malheureusement toujours plus de pouvoir…
Publié dans le Nouvelliste, le 13 octobre 2010.

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