Auteur/autrice : Philippe Nantermod

  • Lettre ouverte à M. l'ambassadeur de France en Suisse

    Lettre ouverte à M. l'ambassadeur de France en Suisse

    Monsieur l’ambassadeur,
    Après vous avoir entendu et lu[1], sauf votre respect, permettez-moi de vous dire que vous vous trompez lourdement à propos de la Suisse.
    Les Romands n’ont pas de problème avec la France. Votre grand pays, nous l’apprécions. Combien de mes compatriotes partent chaque année le visiter ? Nous sommes particulièrement friands de ces séjours parisiens que votre TGV nous offre. Votre culture constitue la nôtre, nous regardons vos chaînes de télévision et lisons vos journaux. D’une manière générale, les Suisses romands connaissent bien votre pays, son économie et sa vie politique. Mais, comme dans les accords internationaux qui nous lient, il n’y a pas de réciprocité.
    A contrario, il est vrai que les Suisses romands connaissent un sentiment désagréable vis-à-vis de votre gouvernement[2]. Comment l’expliquer ? Vous souvenez-vous des paroles de votre ministre du « redressement productif », Arnaud Montebourg ? Vous rappelez-vous que votre ministre du développement nous a placé sur une liste noire des paradis fiscaux à la fin mai ? Que dire des propos condescendants, proférés à chaque raout de vos G8, 9, 10, nous accusant peu ou prou de puiser notre niveau de vie dans le racket des économies européennes ?
    Monsieur l’ambassadeur, je n’ai pas de leçon à donner à votre pays. Je rappelle toutefois que la France n’a pas été capable d’équilibrer ses budgets depuis 1976 et que c’est à grands coups de dévaluations monétaires que vous avez définitivement ringardisé vos industries. Aujourd’hui, le premier secteur économique de France, c’est la fonction publique.
    La Suisse n’est pas un coffre-fort pour les fraudeurs. La Suisse est un de vos amis qui offre quotidiennement 137’000 emplois à vos ressortissants frontaliers et qui présente une balance commerciale en votre faveur. J’aime les Français comme des cousins, pas comme des pères la morale.
    Venons-en à la fameuse convention sur les successions. Vous affirmez qu’elle ne nous est pas imposée. Quelle interprétation créative de la situation. Le gouvernement que vous représentez a voulu dénoncer unilatéralement une convention en vigueur depuis 1953. On a connu mieux comme acte d’amitié internationale. La convention de remplacement « proposée » s’avère totalement déséquilibrée, ne prévoyant des avantages que pour votre gouvernement. Au lieu de la sélection d’un lieu d’imposition, l’accord introduit la notion de la « nation la plus spoliatrice », en d’autres termes, peu importe le lieu de situation des biens, du défunt ou des héritiers, c’est l’Etat qui prend le plus qui se sert, concept étatiste assez déconcertant.
    Vous avez aussi utilisé la formule inexacte qui laisse penser que la convention avait pour seul but d’imposer les Français résidant en France, oubliant ouvertement que 180’000 Suisses en feraient les frais.
    Personne ne conteste le droit de la France de dénoncer la convention de 1953. Nul n’est forcé de se montrer courtois dans ses relations internationales, certains de vos ministres l’ont bien compris. Toutefois, si une telle éventualité devait se produire, avec mes modestes fonctions politiques, je vous promets que je m’engagerai pour que nous mettions aussi un terme à toute entraide administrative en matière successorale. Chacun sa fiscalité, et les vaches seront bien gardées.
    En vous remerciant de l’attention que vous portez à la présente, je vous prie de croire, Monsieur l’ambassadeur, à l’expression de mes salutations distinguées.
    Philippe Nantermod

  • Le PLR déplore que le Conseil fédéral prête davantage d’attention aux revendications françaises qu’aux demandes des cantons confédérés

    Le PLR déplore que le Conseil fédéral prête davantage d’attention aux revendications françaises qu’aux demandes des cantons confédérés

    La réponse du Conseil fédéral à la résolution urgente du PLR, acceptée en mai par le Grand Conseil, concernant la nouvelle convention franco-suisse contre la double imposition des successions illustre à quel point le gouvernement fédéral est désormais sourd aux demandes cantonales. Les arguments avancés par le président de la Confédération montrent, contrairement à ce qu’il affirme, qu’en tous points, la situation voulue par la France est plus défavorable à la Suisse que la situation actuelle.

    La saga extraordinaire concernant la convention de double imposition sur les successions montre malheureusement à quel point le Conseil fédéral prête une oreille plus attentive aux velléités françaises qu’aux attentes des cantons confédérés. Alors que tous les ministres des finances de Suisse romande ont demandé au gouvernement de renoncer à la convention, le Conseil fédéral affirme une fois encore préférer plier aux caprices français que répondre aux expectatives légitimes des cantons.
    Contrairement à ce qu’affirme le Conseil fédéral, l’absence de convention vaut mieux qu’un dictat entièrement défavorable à la Suisse. Pour le PLR valaisan, l’impôt successoral est une compétence cantonale sur laquelle il est exclu de revenir, n’en déplaise aux options désormais envisagées par le gouvernement (cf. la réponse annexée). De surcroît, accepter les réclamations étrangères illégitimes, cela sans la moindre contrepartie, créerait un précédent inacceptable.
    Le Conseil fédéral relève enfin que la CDI n’est pas comparable avec celle signée avec l’Allemagne qui exclut les ressortissants suisses. Pour le PLR, il est exclu que l’héritage d’un défunt résident en Suisse puisse être taxé par la France, avec le concours indigne de notre pays.
    En cas de ratification de ladite convention, le PLR soutiendra tout projet de référendum contre un texte entièrement défavorable à la Suisse. Si le Conseil fédéral plie, il en ira autrement des libéraux-radicaux.
    Communiqué du PLR VS du 10 juillet 2013. 
    La réponse du Conseil fédéral en PDF.

  • Pour une meilleure coordination des vacances scolaires

    Pour une meilleure coordination des vacances scolaires

    Postulat déposé en session de juin 2013

    La répartition temporelle des vacances de février entre les cantons a des effets cruciaux sur la santé économique des stations de sports d’hiver. Les résultats des entreprises liées au tourisme peuvent varier du simple au double suivant que les cantons planifient leurs vacances scolaires en même temps ou de manière étalée.
    D’autres pays ont su intégrer cette composante dans la planification des vacances scolaires et permettent ainsi d’éviter les périodes de surchauffe, l’explosion très temporaire du prix des logements et la multiplication des semaines creuses.
    Afin d’améliorer la situation économique des milieux touristiques, le Conseil d’Etat est invité à prendre contact avec ses homologues pour arrêter une convention intercantonale imposant une répartition harmonieuse des vacances scolaires, en particulier des vacances de février-mars.

  • Motion « Pour une banque cantonale au service du Valais »

    Motion « Pour une banque cantonale au service du Valais »

    Motion déposée en session de juin 2013 au Grand Conseil valaisan.

    La BCVs appartient très majoritairement à la collectivité publique. A ce titre, elle bénéficie d’importants avantages, parmi lesquels une large réduction fiscale et la garantie de l’Etat. De surcroît, elle distribue des dividendes d’un montant inférieur à l’Etat qu’aux actionnaires privés.
    Parallèlement, de nombreuses voix s’élèvent dans le canton et se plaignent du peu d’accès au crédit, la banque cantonale ne proposant pas de conditions meilleures que celles du marché, malgré son statut et les avantages qui en découlent.
    Selon le document publié par la banque « Portrait 2012 », seulement 10.6% du crédit a été octroyé au tourisme (remontées mécaniques, restauration, hôtellerie), 6.1% pour l’industrie ou 7.3% pour l’agriculture. Des secteurs moins risqués et donc largement plus couverts par les autres banques sont bien mieux lotis, par exemple l’énergie qui se taille la part du lion avec 34.1% des crédits octroyés ou l’immobilier avec 17.6%.
    Afin d’améliorer la situation économique du canton, le Conseil d’Etat est invité à proposer une modification de la loi sur la banque cantonale prévoyant que les ressources dont la banque dispose grâce aux exonérations et aux avantages octroyés par l’Etat (exonération d’impôt, garantie publique, dividende réduit, etc.) doivent servir à améliorer l’accès au crédit des entreprises valaisannes.

  • Prix du livre: le remède de la COMCO va-t-il tuer le patient?

    Prix du livre: le remède de la COMCO va-t-il tuer le patient?

    Débat du 12 juin 2013 dans l’émission Forum sur RTS la Première.

    Le prix du livre pourrait baisser en Suisse. La Commission de la concurrence (COMCO) exige un marché plus ouvert et concurrentiel. Elle sanctionne ce mercredi dix diffuseurs-distributeurs qui ont violé la loi sur les cartels et leur inflige une amende de 16,5 millions de francs pour avoir empêché les libraires suisses à s’approvisionner en France à bon prix.
    Débat entre Patrice Fehlmann, directeur de l’Office du Livre de Fribourg, Philippe Nantermod, député PLR au Grand Conseil valaisan, et Pascal Vandenberghe, directeur de la librairie Payot.
    [dewplayer:http://download-audio.rts.ch/la-1ere/programmes/forum/2013/forum_20130612_standard_developpement-4_6e8bb3bc-133e-496b-8a25-abb84cce1358-128k.mp3]

  • Retraite des conseillers d'Etat: pour un régime standard

    Retraite des conseillers d'Etat: pour un régime standard

    Je me suis opposé à titre individuel à la nouvelle loi sur les retraites des conseillers d’Etat, en réclamant qu’ils soient soumis au régime ordinaire des retraites des fonctionnaires. Par 99 voix contre 5 et 2 abstentions, j’ai perdu. Le texte de mon intervention.

    Madame la Présidente du Grand Conseil,
    Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat,
    Chères et Chers collègues,
    Mesdames et Messieurs,
     
    A titre personnel, je m’opposerai à l’entrée en matière sur cet objet. Je ne saurais toutefois être le seul confetti rouge sur l’écran des votes sans expliquer ma position.
     
    Loin de tout acte de défiance à l’égard des conseillers d’Etat en place, mon vote a pour but de poser la question des retraites de nos élus, sans tabou.
     
    Est-il normal, en 2013, d’octroyer des rentes complètes après un passage de quelques années, dans un organe exécutif ?
     
    Est-il acceptable que les cotisations de l’employeur, par plus de 5 millions de francs, soient 50 fois plus élevées que les cotisations des salariés ? Aucune entreprise, ni publique ni privée, ne peut évidemment envisager pareille disproportion dans les rapports.
     
    Lorsque les premières règles sur les pensions des Conseillers d’Etat ont été arrêtées, on entrait dans une entreprise à dix-huit ans et on la quittait pour prendre sa retraite. A cette époque, la Suisse n’imposait aucune prévoyance obligatoire. La LPP a été instaurée depuis.
     
    Les temps ont changé, Mesdames et Messieurs,
    Réorienter sa carrière pour huit ou douze ans n’a plus rien de détonnant.
     
    Il n’est pas rare de changer plusieurs fois d’orientation professionnelle dans une vie.
     
    Personne ne s’émeut à l’idée qu’un citoyen élu au Conseil d’Etat renonce à sa carrière l’espace de quelques années avant de réintégrer  le monde professionnel.
     
    Il est des quinquagénaires moins bien armés pour retrouver un emploi que ceux qui ont officié comme chef de département, ces derniers disposant d’ailleurs de compétences dont la société se défait avec regrets.
     
    Les modèles de retraite du personnel de l’Etat ont fortement évolué, dans la plupart des cantons comme sur le plan fédéral.
     
    Un peu partout, les fonctionnaires sont soumis au principe de primauté des cotisations et les règles de la LPP trouvent application dans le secteur public : Valais, Zurich, Berne, plus de 80% des cantons ont fait le pas. A St-Gall, le peuple a même plébiscité dimanche passé un régime qui rend la caisse de pension complètement indépendante de l’Etat.
     
    Il serait dès lors tout à fait envisageable de soumettre nos conseillers d’Etat au régime de la CPVal avec une cotisation salariale et patronale.
     
    Le 3 mars 2013, le peuple et les cantons ont adopté à une majorité de 68% (64% en Valais) l’initiative dite Minder qui interdisait les parachutes dorés pour les sociétés cotées en bourse.
     
    Certes, la rente d’un conseiller d’Etat est sans comparaison avec celle de Daniel Vasella, il n’en demeure pas moins que le signal était clair et qu’il n’y aurait rien de choquant si l’on adaptait le système public à celui adopté par le peuple il y a quelques semaines.
     
    Des sacrifices sont exigés des actifs comme des rentiers. Le Conseil fédéral cherche activement des solutions pour résoudre le problème de financement des retraites sur le long terme. On cherche à pousser les actifs, en meilleure santé, à rester le plus longtemps possible dans le marché du travail. Dans ces conditions, il paraitrait légitime que les élus des exécutifs, compétents et reconnus comme tels, montrent l’exemple en se soumettant au régime commun, celui de la primauté des cotisations.
     
    Tout cela pour préserver l’équilibre intergénérationnel, et par soucis d’équité vis-à-vis des milliers de fonctionnaires qui ont renoncé à leur belle retraite publique pour un modèle par capitalisation, plus juste, mais aussi plus sévère.
     
    Certains invoqueront l’impérieuse nécessité d’indépendance des magistrats. Vous savez pourtant comme moi la sincérité de l’engagement des gens qui aujourd’hui consacrent leur vie à la chose publique. Je refuse de mettre en doute l’intégrité de nos élus, nul besoin d’une pension en diamants pour s’assurer de leur honnêteté.
     
    Pour toutes ces raisons, je vous invite à me suivre, rejeter l’entrée en matière de la loi et inviter le Conseil d’Etat à nous fournir un nouveau modèle de retraite, qui le soumettrait aux principes communs des retraites de tous les employés de notre pays.
     

  • « Tanz dich Frei !» : Il ne faut pas se tromper de cible

    « Tanz dich Frei !» : Il ne faut pas se tromper de cible

    Publié dans le Temps, le 29 mai 2013.
    Facebook est-il responsable ? La question est sur toutes les lèvres depuis que le site Internet a servi de plateforme d’appel à la manifestation illégale en ville de Berne, avec les résultats inacceptables que l’on connaît.
    Tirer sur le réseau social est de bonne guerre. Le code pénal suisse prévoit déjà à son article 28 une punissabilité des médias dite en cascade, soit subsidiaire, lorsqu’ils ont servi à commettre un acte délictuel (en l’espèce l’instigation à l’émeute ou du moins à la violation du règlement municipal sur les manifestations) et que l’auteur ne peut être découvert ou traduit en justice en Suisse. Je suis évidemment d’avis que le format du média importe peu et assimiler un site internet comme Facebook à une publication traditionnelle est parfaitement défendable.
    Il s’impose néanmoins de garder à l’esprit que ce n’est pas Mark Zuckerberg, le créateur multimilliardaire de la start-up américaine, qui s’est mis en tête de charger la police bernoise à coup de feux d’artifice, mais bien une bande de petites frappes idéologisées en mal de sensations fortes.
    Des événements similaires à ceux qu’a connu la ville de Berne, la Suisse et le monde en ont connu des centaines ces dernières décennies. En 1999, soit bien avant l’apparition des réseaux sociaux, on se rappelle de la bande de voyous qui mettaient Seattle à feu et à sang en marge du sommet de l’OMC. Depuis, les 1ers mai, G8, matchs de football et autres forums de Davos constituent l’occasion traditionnelle pour des désaxés de saccager l’espace public et la propriété privée, au nom de valeurs politiques délétères, qui associent l’usage de la violence à la fin qu’ils poursuivent, la remise en cause complète la plus radicale de l’ordre établi. Autant dire que la qualité de cette idéologie est à l’image des rues dévastées laissées par les casseurs aux lendemains de leurs expéditions nocturnes.
    Facebook a bon dos. Tirer sur le messager est trop facile. La ville de Berne n’a pas pris la peine d’interdire ladite manifestation, malgré les appels lancés sur Internet. Les pleutres qui ont appelé au rassemblement de samedi soir n’ont même pas osé agir à visage découvert. A lire les pancartes brandies dans les défilés décrits sans ironie comme « pacifiques », on reconnaît la patte grossière de certains milieux autoproclamés alternatifs qui rejettent avec ardeur la société capitaliste, du moins tant qu’elle ne les abreuve pas de subventions et autres aides publiques à la culture.
    De même, la volonté des acteurs de la manifestation, le lendemain des heurts, à condamner les débordements ayant eu lieu en marge de la manifestation sont inacceptables. L’anonymat permis par Internet rend les abuseurs de cet anonymat à l’avance responsables de tous les dégâts causés par leurs suiveurs.
    Que certains s’affirment fièrement marginaux n’a rien de condamnable a priori. Mais la décence impose aux autorités de cesser de soutenir au moyen des deniers publics une culture qui voit dans les institutions – dont pourtant elle dépend – la source de toutes les aliénations. Quant aux démolisseurs du samedi soir, le problème se trouve davantage dans notre procédure et dans notre droit pénal que sur les serveurs internet des entreprises américaines. Il ne doit plus être admis que des déprédations puissent rester impunies. C’est aussi un problème de volonté politique. La honte de couvrir ces démolisseurs me saisirait si, en tant que représentant des autorités bernoises, je restais les bras ballants. Il y a des coupables, nous devons pouvoir attendre qu’il y ait des juges.
    Derrière chaque banc public arraché, derrière chaque arrêt de bus démoli, derrière chaque graffiti bavé, il y a un contribuable qui a renoncé à une partie de son revenu pour financer l’activité de l’Etat. Rien n’est gratuit, c’est simplement payé par quelqu’un d’autre. Qui doit dès lors payer les coûts des actes de vandalisme d’une bande de grands gamins qui confondent message politique et goût du conflit violent?
    Les coupables doivent être traduits en justice, payer les dégâts et assumer leurs responsabilités. Si quelque chose doit être fermé après les événements du week-end passé, c’est plus la Reithalle et autres squats, que Facebook.

  • L'Agence sur les résidences secondaires

    L'Agence sur les résidences secondaires

    Passage dans l’émission « L’Agence », le dimanche 26 mai 2013, notamment à propos des résidences secondaires.
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  • Lex Weber : un peu de sérieux !

    Lex Weber : un peu de sérieux !

    Je m’étonne des gesticulations de certains élus démocrates-chrétiens suite aux jugements du Tribunal fédéral concernant la Lex Weber. L’idée d’une contre-initiative est un gadget politique grossier servant à camoufler la responsabilité de leur parti dans les débâcles à répétition que connaît notre canton. Loin de moi l’idée d’affirmer qu’ils sont seuls responsables, mais faire profil bas s’impose un peu en l’espèce. D’autres questions beaucoup plus sérieuses se posent aujourd’hui que les discours de cantine visant à « quitter la Suisse » ou à ne pas appliquer le droit fédéral.
     
    La presse fait état depuis deux jours des opinions avisées des élus démocrates-chrétiens sur la suite à donner aux jugements du TF. Deux en particulier évoquent la nécessité de lancer une « contre-initiative » pour contrecarrer les effets négatifs de l’interdiction de la construction de résidences secondaires. Il s’avère qu’entre le lancement d’une initiative, la récolte de signatures, le message du Conseil fédéral, la prise de position des chambres fédérales et le vote populaire, on prévoit généralement un délai minimum de cinq ans.
     
    Une telle solution est totalement farfelue. Les entrepreneurs qui vivent aujourd’hui des résidences secondaires ne peuvent certainement pas attendre des années avant de savoir sur quel pied danser. D’ici à l’éventuelle votation de la contre-initiative, les sociétés qui ont aujourd’hui pour fonds de commerce la construction de tels objets auront disparu ou se seront reconverties. Faire miroiter un possible retour en arrière est aussi indigne qu’irresponsable.
     
    Si les théoriciens d’aujourd’hui avaient été présents au Tribunal fédéral mercredi, ils auraient entendu un discours beaucoup plus alarmant: en l’état actuel, la Cour fédérale cassera très probablement en tout ou en partie l’ordonnance sur les résidences secondaires, annulant d’un coup tous les permis délivrés depuis le 1er janvier 2013 pour la parahôtellerie. Cette situation catastrophique a pour conséquence une insécurité juridique inacceptable qui doit être résolue par l’introduction immédiate dans une loi fédérale urgente (protégée par l’art. 190 Cst.) du contenu de l’ordonnance.
     
    La construction de résidences secondaires telle qu’elle s’est déroulée pendant des décennies est terminée, qu’on le veuille ou non. Il n’est plus temps de jouer les fort-à-bras, mais de permettre aux entrepreneurs qui subissent de plein fouet la nouvelle législation de se redresser sur des bases juridiques solides et non pas sur des slogans de cantine.
     
    D’une manière générale, je regrette les gesticulations grossières d’un PDC cherchant à camoufler sa responsabilité dans les désastres qu’a connu le Valais les deux dernières années. Quitter la Suisse, lancer une contre-initiative, ne pas appliquer le droit fédéral : autant de propositions sans lendemain destinées à masquer maladroitement le désarroi d’un parti cantonal qui n’est plus écouté par sa section fédérale.
     
    Pour mémoire, en ce qui concerne la Lex Weber, les interventions publiques de certains ont, de l’avis général, coulé un peu plus la campagne des opposants à Franz Weber. C’est une Conseillère fédérale PDC qui a annoncé le soir du 11 mars 2012 que l’initiative devait être directement appliquée. Enfin, ce sont deux juges fédéraux PDC qui ont fait pencher la balance mardi pour donner raison sur toute la ligne à Helvetia Nostra. Rappelons encore que c’est bien le groupe parlementaire PDC qui permis l’adoption par le parlement de la révision de la LAT et que le PDC suisse s’est engagé pour le Oui sur cet objet. La moindre des décences serait aujourd’hui de faire profil bas plutôt qu’annoncer un feu d’artifice de mesures rocambolesques.
     
    J’admets ma part de responsabilité dans l’échec de la campagne de votation de mars 2012. Je n’affirme pas que le PLR a tout fait juste, nous avons commis des erreurs, comme tout le monde. Je pense seulement qu’il est enfin temps de prendre acte de la situation que nous connaissons et de chercher des solutions constructrices et salvatrices. Il en va de la responsabilité des élus et de la dignité de la classe politique.

  • Lex Weber: la messe est dite

    Lex Weber: la messe est dite

    Publié ce jour dans l’AGEFI
    La messe est dite, la saga politico-judiciaire des résidences secondaires s’achève.
    Le Tribunal fédéral a ainsi estimé la Lex Weber directement applicable. Selon les propres termes des juges, la notion de résidence secondaire ne constitue pas un « alien » du droit fédéral. Les définitions établies par les cantons et les offices fédéraux suffisent. Peu importe les promesses des initiants, peu importe que l’hôtellerie pourrait bien en pâtir ; est une résidence secondaire tout ce qui n’est pas principal, la messe est dite.
    Deuxième jugement, la qualité pour recourir d’Helvetia Nostra est admise. Contrairement à ce que prévoyait le droit et la jurisprudence fédérale jusqu’ici, les organisations sont désormais légitimées à recourir contre les petits projets en zone à bâtir. A juste titre mais esseulé, un des juges a estimé la décision plus politique que juridique. Camouflet pour le parlement comme pour les Tribunaux cantonaux, notre Cour suprême a élargi encore un peu le droit de recours des organisations, sans base légale et sans contrôle démocratique. Une fois de plus, la messe est dite.
    Cet après-midi, j’ai assisté en direct au massacre immédiat de quelques milliers de postes de travail. Quel que soit notre opinion sur la question, d’un trait de plume, le Tribunal fédéral a vidé le carnet de commande d’un grand nombre de sociétés. Il y avait deux options pour appliquer l’initiative : la pente douce ou le précipice. La Cour a choisi de pousser des centaines d’entreprises de construction dans le ravin. Le 11 mars 2012, je reste convaincu qu’une majorité populaire s’attendait à une application un peu plus douce de l’initiative. Il n’y a malheureusement plus rien à faire, là encore, la messe est dite.
    Il n’existe plus de voie de secours pour ceux qui vivaient de la construction de résidences secondaires, ils ne bénéficieront pas d’un temps d’adaptation, pas de seconde chance. Qu’on le veuille ou non, le Valais et les cantons alpins en général doivent désormais s’adapter à la nouvelle donne.

    Que faire? Il est urgent que le parlement fédéral édicte une loi d’application solide : les propos tenus hier par les juges fédéraux laissent penser que l’ordonnance d’application pourrait bien terminer à la poubelle lors d’un prochain recours, plongeant encore plus les milieux du bâtiment dans l’insécurité juridique. Il nous reste à mieux utiliser le patrimoine bâti. Pousser à la location, améliorer la qualité du service. En la matière, l’Etat est faible, c’est au secteur touristique de se réveiller.

    La messe me laisse encore un dernier goût d’amertume. A l’exception notoire du Conseiller aux Etats Immoberdorf, j’étais le seul élu valaisan à assister à cette séance du Tribunal fédéral. Aucun collègue pour répondre aux médias. Aucun autre député pour écouter les arguments des juges fédéraux. Nos cinq Conseillers d’Etat d’ordinaire si prompts à inaugurer le moindre passage piéton, ont brillé par leur absence. Franz Weber, Pierre Chiffelle et Philippe Roch ont obtenu gain de cause devant le Tribunal fédéral, mais aussi aux yeux du public par leur seule présence. Beau joueur, il convient de les féliciter. Et de se remettre encore une fois en question.