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Lex Weber : un peu de sérieux !

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Lex Weber : un peu de sérieux !

Je m’étonne des gesticulations de certains élus démocrates-chrétiens suite aux jugements du Tribunal fédéral concernant la Lex Weber. L’idée d’une contre-initiative est un gadget politique grossier servant à camoufler la responsabilité de leur parti dans les débâcles à répétition que connaît notre canton. Loin de moi l’idée d’affirmer qu’ils sont seuls responsables, mais faire profil bas s’impose un peu en l’espèce. D’autres questions beaucoup plus sérieuses se posent aujourd’hui que les discours de cantine visant à « quitter la Suisse » ou à ne pas appliquer le droit fédéral.
 
La presse fait état depuis deux jours des opinions avisées des élus démocrates-chrétiens sur la suite à donner aux jugements du TF. Deux en particulier évoquent la nécessité de lancer une « contre-initiative » pour contrecarrer les effets négatifs de l’interdiction de la construction de résidences secondaires. Il s’avère qu’entre le lancement d’une initiative, la récolte de signatures, le message du Conseil fédéral, la prise de position des chambres fédérales et le vote populaire, on prévoit généralement un délai minimum de cinq ans.
 
Une telle solution est totalement farfelue. Les entrepreneurs qui vivent aujourd’hui des résidences secondaires ne peuvent certainement pas attendre des années avant de savoir sur quel pied danser. D’ici à l’éventuelle votation de la contre-initiative, les sociétés qui ont aujourd’hui pour fonds de commerce la construction de tels objets auront disparu ou se seront reconverties. Faire miroiter un possible retour en arrière est aussi indigne qu’irresponsable.
 
Si les théoriciens d’aujourd’hui avaient été présents au Tribunal fédéral mercredi, ils auraient entendu un discours beaucoup plus alarmant: en l’état actuel, la Cour fédérale cassera très probablement en tout ou en partie l’ordonnance sur les résidences secondaires, annulant d’un coup tous les permis délivrés depuis le 1er janvier 2013 pour la parahôtellerie. Cette situation catastrophique a pour conséquence une insécurité juridique inacceptable qui doit être résolue par l’introduction immédiate dans une loi fédérale urgente (protégée par l’art. 190 Cst.) du contenu de l’ordonnance.
 
La construction de résidences secondaires telle qu’elle s’est déroulée pendant des décennies est terminée, qu’on le veuille ou non. Il n’est plus temps de jouer les fort-à-bras, mais de permettre aux entrepreneurs qui subissent de plein fouet la nouvelle législation de se redresser sur des bases juridiques solides et non pas sur des slogans de cantine.
 
D’une manière générale, je regrette les gesticulations grossières d’un PDC cherchant à camoufler sa responsabilité dans les désastres qu’a connu le Valais les deux dernières années. Quitter la Suisse, lancer une contre-initiative, ne pas appliquer le droit fédéral : autant de propositions sans lendemain destinées à masquer maladroitement le désarroi d’un parti cantonal qui n’est plus écouté par sa section fédérale.
 
Pour mémoire, en ce qui concerne la Lex Weber, les interventions publiques de certains ont, de l’avis général, coulé un peu plus la campagne des opposants à Franz Weber. C’est une Conseillère fédérale PDC qui a annoncé le soir du 11 mars 2012 que l’initiative devait être directement appliquée. Enfin, ce sont deux juges fédéraux PDC qui ont fait pencher la balance mardi pour donner raison sur toute la ligne à Helvetia Nostra. Rappelons encore que c’est bien le groupe parlementaire PDC qui permis l’adoption par le parlement de la révision de la LAT et que le PDC suisse s’est engagé pour le Oui sur cet objet. La moindre des décences serait aujourd’hui de faire profil bas plutôt qu’annoncer un feu d’artifice de mesures rocambolesques.
 
J’admets ma part de responsabilité dans l’échec de la campagne de votation de mars 2012. Je n’affirme pas que le PLR a tout fait juste, nous avons commis des erreurs, comme tout le monde. Je pense seulement qu’il est enfin temps de prendre acte de la situation que nous connaissons et de chercher des solutions constructrices et salvatrices. Il en va de la responsabilité des élus et de la dignité de la classe politique.

Commentaires

2 Comments

  1. Les responsabilités du PDC sont certes écrasantes, cela ne veut pas dire qu’une contre initiative est absurde, opportunisme politique mis à part…
    L’argument du délai d’application de 5 ans est intéressant mais il a le défaut d’être exclusif et limité dans le temps.
    L’adaptation économique se fera inéluctablement par faillite et transformation.
    Quelles sont nos valeurs, hors du temps, hors finance, là est la question
    qui devient dé lors réponse.
    Pour ma part la soumission n’est pas dans mes valeurs et de celles que je souhaite transmettre à mes 4 gamins.
    Ma vision n’est pas à 5 ans, ni a 20 ans, elle est valaisanne: elle commence après ma mort ( impôts sur les successions directes….(…) ) Raison pour laquelle je m’affirme, loin de toute influence : autonomiste valaisan, par défi certes, par provocation certes, mais aussi par un calcul inverse au votre…Profil bas ? Connais pas. Pas de risques ? Pas de profils.
    La condescendance du vainqueur envers le vaincu, historiquement, est une erreur politique. Dans les paramètres : colère et frustration, l’intensité pourrait être un facteur plus déstabilisateur que le quantitatif, avec les risques que cela comporte.
    Pour ma part, en bon Valaisan, je suis prêt au sacrifice suprême (…)
    ………….quitter le Valais…( ouf…..)
    Jamais, je n accepterai, quoiqu’il m’en coûte, quelque soit les risques, un nivellement par le bas à la française. Raison pour laquelle, j’ai déposé une demande d’immigration au US. (Green card, en cours…) ou je planifie de transférer 60 % de mon patrimoine
    dans les 10 ans.
    Y gagnerais-je ? Rien de moins sûr…
    Mais au moins ayant conduit toute ma vie une Toyota yaris,
    j’aurais la satisfaction de ne pas payer de Porsche à un socialiste….
    Ce n’est évidemment que le témoignage d’un autonomiste mal dégrossi, pleurnichard et revanchard….

  2. […] la décision du Tribunal fédéral concernant les résidences secondaires. On lira avec intérêt celle de Philippe Nantermod: "Faire profil bas s’impose un peu en l’espèce. D’autres questions beaucoup plus […]


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