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Billag: changer de modèle

Philippe Nantermod

Philippe Nantermod

Billag: changer de modèle

Le 12 septembre dernier, le Conseil national a décidé de changer le mode de paiement de la redevance TV/Radio prélevée par la société Billag : désormais, tout un chacun passera à la caisse, le fait de posséder ou non un appareil permettant de capter les chaines publiques et privées n’étant plus déterminant.
Bien que décriée, cette solution me semble juste. A l’heure où quasiment tous les appareils électroniques permettent d’écouter la RSR et de regarder la TSR, faire la distinction entre un ordinateur et un téléviseur est de plus en plus difficile. Maintenir la pratique actuelle aurait irrémédiablement conduit à créer une usine à gaz administrative coûteuse et inutile.
Ce qui ne va pas, c’est Billag. Et le montant de la redevance.
Dans la mesure où chacun est tenu de payer une taxe annuelle, rien ne justifie le maintien d’une administration fédérale des contributions bis dont les coûts administratifs atteignent des sommets. Sauf à vouloir laisser à Swisscom un monopole supplémentaire, ne pas inclure la redevance Radio/TV sur la feuille d’impôt est un non-sens technocratique que le Parlement pourra, je l’espère, bientôt corriger.
Se pose aussi la question du montant de la redevance. Vu que nous contribuerons bientôtt tous et que les frais administratifs s’atténueront, la taxe pourrait diminuer d’une centaine de francs sur les 462 qu’elle coûte actuellement selon la Confédération. C’est l’occasion de pousser la réflexion plus loin.
La redevance Radio/TV a été conçue à une époque où les médias se consommaient comme un roman. Impossible de suivre le fil sans se plier au programme décidé par la chaine, le producteur de contenu et son diffuseur étant par la nature des choses intimement liés. Internet a complètement bouleversé la donne. Grâce au Podcast et à la vidéo sur demande, chacun peut construire son propre programme et les nouvelles technologies renforcent encore les possibilités de choix.
Se pose la question de savoir s’il est nécessaire de maintenir une redevance télévisée aussi élevée qu’actuellement. Bluewin TV a récemment acquis les droits de diffusion des matchs de la Super league. De nombreux commentateurs ont crié à l’injustice, faisant fi de l’évolution médiatique. Pourquoi diable les passionarias du football ne pourraient-ils pas débourser quelques francs pour suivre le championnat ? Nous pourrions enfin revenir sur l’injustice crasse qui veut que seuls certains sports méritent un soutien massif alors que les autres sont condamnés aux abîmes des rediffusions nocturnes ?
Ce principe peut facilement être élargi à une grande partie de la production médiatique. Films, téléfilms, musique, reportages, pourquoi ne pourrait-on pas payer ce que l’on regarde et ce que l’on écoute ? Une taxe de base, bien plus faible que l’actuelle, doit impérativement être maintenue, je le conçois, afin de financer les productions qui remplissent un intérêt public évident. Rien n’interdit par contre qu’une partie de la production ne puisse être regardée que contre paiement d’un abonnement ou d’un droit de consultation ponctuelle. Globalement, le coût total de la redevance, additionnée des dépenses personnelles ne devrait pas, en moyenne, dépasser le coût actuel de la taxe. On paierait alors pour ce que l’on consomme vraiment, sans démolir pour autant le service public.
Cette adaptation prendrait enfin compte le fait que la télévision et la radio ont énormément changé depuis l’apparition des premiers transistors et que nous pouvons enfin proposer un service à la carte. La grogne – justifiée – que les consommateurs ont exprimé contre Billag trouverait enfin une réponse politique et technique, sans pour autant péjorer la qualité du service. Et plutôt que subventionner des chaines, pourquoi ne pas soutenir les programmes qui remplissent vraiment un intérêt public ? Il est grand temps de profiter enfin des possibilités que nous offre le XXIème siècle.

Commentaires

1 Comment

  1. Bonjour,
    D’accord avec votre analyse en début de texte: Billag est inutile et chère, incluons cette redevance dans les impôts et baissons-la !
    En revanche, la suite de votre raisonnement qui prône la TV à la carte pour tous, fait fi des (encore) nombreuses personnes, notamment âgées, qui n’ont pas Internet et ne savent pas l’utiliser. Encore moins podcaster ou acheter une émission en ligne… Or, ce sont souvent elles qui regardent le plus les chaînes TV, vu leur mobilité réduite ou leur isolement.


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