Catégorie : Médias

  • Philippe Nantermod au national

    Philippe Nantermod au national

    Publié dans le Régional du 30 mars 2011
    Le PLR valaisan se réunira le 31 mars en Assemblée générale pour désigner sa liste au Conseil national pour les élections d’octobre 2011. Le vice-président des jeunes libéraux-radicaux suisses a toutes ses chances.
    Sauf imprévu, nous devrions être cinq sur la listes, à savoir le Président du Conseil national, Jean-René Germanier, la Sierroise Laetitia Massy, le Sédunois Frédéric Delessert, le Martignerain Xavier Moret et moi-même», relève Philippe Nantermod
    1’000 idées à la minute
    Il en parle passionnément de la politique, Philippe Nantermod. Un kilomètre à la minute: «Je suis un peu perçu comme quelqu’un de jeune qui amène des idées et qui est parfois rentre-dedans, commente l’étoile montante du PLR. Ça a ses avantages et ses inconvénients. La preuve c’est les deux ans que j’ai passé au Grand Conseil». Une «petite expérience» que ce stagiaire dans un cabinet d’avocat à Sion et fan de Pascal Couchepin défend avec ardeur: «L’aide sociale, un projet très populaire, a été acceptée. C’est la première fois qu’une initiative parlementaire rencontre un tel succès». Si d’autres projets ont abouti, certaines propositions ont été retoquées, comme le projet de loi sur les bourses d’étude, l’abandon des jours amende ou encore la suppression du sursis «automatique» pour les premières infractions (voir la liste complète et détaillée des projets acceptés, rejetés ou en cours sur son blog www.blorange.com/nantermod/).
    «L’inconvénient, lorsque l’on dépose un projet, c’est de ne pas aller trouver des voix ailleurs. On ne peut pas non plus arriver au Parlement sans maîtriser son sujet, parce qu’on se fait dégommer tout de suite. Cela m’est arrivé sur la fiscalité, où j’avais fait une affirmation un peu à la va-vite, et je me la suis prise en pleine figure. C’est comme cela qu’on apprend».
    Trois gros dossiers
    En décembre dernier, le médiatique Nantermod a été désigné à l’unanimité par l’association libérale-radicale des districts de Monthey et de St-Maurice pour décrocher un deuxième siège pour le PLR au Conseil National en octobre prochain: «Je crève d’envie d’aller à Berne pour me battre pour mes idées sous la coupole fédérale», dit-il, avec fougue. Et des idées, Philippe Nantermod, qui milite au sein du PLR depuis l’âge de 17 ans, en a plein la tête. S’il est élu à la chambre basse, c’est avec trois grands dossiers sous le bras qu’il fera la navette entre Berne et Morgins, où il réside: «D’abord la mobilité. En Valais, on en a assez d’être la cinquième roue du train, dit-il. Ensuite, il y a la sécurité, avec notre système de répression pénale qui est complètement dépassé, et ces jours-amendes qui ne servent à rien».
    Et enfin; la formation – axée sur le bilinguisme – et son financement, que Nantermod veut «solidaire et social. Avec un stage d’immersion dans l’autre partie du pays pendant leur formation, les jeunes seront plus compétitifs sur le marché du travail en Europe. Quant au mécanisme de financement, il faut des bourses d’étude remboursables pour que cet argent profite aux autres étudiants».
    Murat Karaali

  • Asile : une nécessaire révision de la législation valaisanne

    Asile : une nécessaire révision de la législation valaisanne

    Le 24 septembre 2006, avec environ 68% d’avis favorable, la révision de la Loi fédérale sur l’asile et la nouvelle Loi sur les étrangers ont été adoptées par le peuple et par tous les cantons. Le Valais traîne aujourd’hui à se mettre à jour…
    Notre canton dispose d’une loi d’application en matière d’immigration, la Loi cantonale d’application de la loi fédérale sur le séjour et l’établissement des étrangers du 1er février 1967. Celle-ci n’a pas été révisée depuis belle lurette et mériterait quelques rénovations. C’est peu dire : elle prétend appliquer une loi qui n’existe formellement plus !
    Les récents événements liés à la création des nouvelles structures d’accueil de réfugiés montrent combien la législation actuelle est dépassée et ne correspond plus aux attentes légitimes des citoyens. La commune de Vouvry a appris la création d’un centre de requérants d’asile à peu près en même temps que la presse. Cette situation, parfaitement légale, est en totale contradiction avec les formes de gestion moderne et le principe de transparence qui gouverne les politiques publiques.
    Il n’est pas question de rejeter l’idée même d’un centre de requérants : le Valais a le devoir d’accueillir des personnes qui fuient la misère. Seulement, on ne saurait traiter cette gestion avec si peu d’égard pour les collectivités concernées. Il n’est pas certain que la décision du Département soit légale et opportune. Plus que régler les problèmes, la pratique actuelle crée des crispations légitimes de communes et d’une population qui doivent, du jour au lendemain, se préparer à faire face à un afflux d’une population pas forcément évidente à intégrer. Et cela, sans coup de semonce.
    Les événements du Haut-Lac doivent aujourd’hui inciter le Grand Conseil à mettre sur les rails une révision du droit des étrangers, comme l’ont déjà fait Vaud et Genève. Cette législation nouvelle doit notamment intégrer le principe d’une participation des communes aux décisions les concernant et la consultation du Parlement cantonal et de ses commissions lors de procédures importantes. C’est à ce prix que le débat sur l’asile pourra trouver des solutions dans une atmosphère plus propice à la discussion.
    Publié le 11 mars 2011 dans le Confédéré

  • Le marché du livre en Suisse au-devant de nouveaux changements

    Le marché du livre en Suisse au-devant de nouveaux changements

    Le Journal de 8 heures de la Première, RSR, vendredi 4 mars 2011.
    De manière inattendue, le Parlement a accepté de réglementer le marché du livre en Suisse, via le fameux « prix unique ». Cette mesure est sensée permettre aux petites librairies de rivaliser avec les grandes surfaces. A moins d’un revirement final en fin de session, même les livres électroniques devront se soumettre à cette réglementation. Ce marché est déjà sous forte pression: des perquisitions ont été menées cette semaine chez de grands éditeurs soupçonnés d’entente sur les prix des livres numériques, qui se développent: L’iPad 2, qui permet la lecture de livres, vient d’être présenté, et des libraires, comme Payot, lancent leur propre offre en matière de livre électronique. Invités: Philippe Nantermod, vice-président des jeunes libéraux-radicaux suisses, et Ivan Slatkine, député libéral au Grand Conseil genevois et éditeur.
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  • 2 ans, l'heure du bilan

    2 ans, l'heure du bilan

    A quelques milliers de kilomètres d’ici, une foule de jeunes se fait massacrer parce qu’elle réclame la liberté et la démocratie. Plus proche de chez nous, le canton de Genève s’offre une nouvelle Constitution, pour compenser les manquements institutionnels d’une république à bout de souffle. J’ai toujours été sceptique à l’idée que le remède aux maux genevois passait par une refonte du texte fondamental. Elle permet d’améliorer la mécanique, mais ne corrige pas les comportements d’une classe politique qui a oublié son rôle. Un fait divers m’a donné raison. Deux députés du bout du lac n’ont donc rien trouvé de mieux à faire que de se taper sur la figure à la buvette du Grand Conseil, apparemment dans un état de sobriété digne de nos meilleurs carnavals. C’est lamentable.
    Cette semaine marque la mi-législature de notre Parlement. Contrairement à Genève, notre plénum ne dispose pas de cafeteria. Il n’en travaille pas moins bien. Je siège au Grand Conseil valaisan depuis le 1er mars 2009. Deux ans, c’est une douzaine de sessions, autant d’occasions de confronter ses opinions et de proposer des projets. De gagner, de perdre.
    Deux ans, c’est le moment de tirer un bilan. Les élus du canton ont travaillé dur et on mis sous toit plusieurs lois importantes. On peut citer pêle-mêle une révision totale de la loi fiscale, l’introduction des procédures fédérales, la refonte de la législation sur le personnel de l’Etat ou encore des mises à jour dans tous les domaines phares de la gestion publique. En Valais, les interventions parlementaires peuvent être traitées généralement dans les six mois qui suivent leur dépôt. Au niveau fédéral, certaines motions attendent plusieurs législatures avant de pouvoir être traitées.
    Deux ans, c’est aussi l’occasion de dresser un bilan personnel que je publie aujourd’hui sur mon blog. Je me suis engagé pour la mise en place d’un mécanisme de préfinancement des études de projet en matière de transports publics, pour un nouveau système de bourses d’études, pour l’introduction d’un programme d’intégration par le travail des requérants de l’aide sociale. Avec d’autres jeunes élus, nous avons réclamé la création d’un programme ambitieux pour que l’école valaisanne forme des jeunes bilingues. J’ai encore défendu des baisses fiscales.
    La bonne entente qui règne dans nos travées ne signifie pas que nous oublions nos opinions, seulement nos élus se vouent un respect qui se perd ailleurs. Et loin de servir, ces querelles humilient la démocratie pour laquelle des jeunes de mon âge se font actuellement assassiner au Sud de la Méditerranée. Un billet pas comme les autres, simplement pour dire merci à mes collègues, pour leur engagement, leurs convictions et leur respect cent fois renouvelé grâce auquel le parlement des Valaisans fait vivre la démocratie.
    Publié dans le Nouvelliste, le 4 mars 2011

  • 30 000 jeunes à l'aide sociale, on fait quoi?

    30 000 jeunes à l'aide sociale, on fait quoi?

    44% des bénéficiaires de l’aide sociale ont moins de 25 ans. Le professeur bernois Robert Fluder, auteur de l’étude qui dévoile ce chiffre inquiétant, explique ce résultat par le phénomène du «cooling out», soit le fait de se mettre au frais. En d’autres termes, le problème vient de jeunes qui, à un moment ou à un autre, décrochent de l’école obligatoire ou de leur formation professionnelle pour bénéficier des diverses mesures d’intégration et autres plans sociaux (semestres de motivation, chômage, etc.). Curieusement, de nombreux jeunes citoyens ont l’air de préférer l’assistanat au travail, avec toutes les conséquences négatives que cela comporte.
    Comment atterrit-on à l’aide sociale quand on a 18 ans? Selon l’étude précitée, l’absence de formation explique l’essentiel des problèmes. Notre Etat offre pourtant un panel de formations publiques de qualité et de plus en plus large. Des HES aux EPF en passant par les EDD, ou les CFC, les acronymes désignant des filières publiques se bousculent. On serait en droit de penser que les jeunes de 2011 ont moins de problèmes de formation que les générations précédentes. Et pourtant, non. En Suisse, 30 000 jeunes de moins de 25 ans touchent l’aide sociale. Parmi ces jeunes, un tiers n’a carrément aucune activité et n’est pourtant pas à la recherche d’un emploi. A 20 ans, ça promet!
    A mon avis, le problème principal réside dans notre conception de l’intégration.
    Trop souvent, nos oeuvres sociales considèrent que la société doit intégrer le jeune qui a décroché. Je n’y crois pas. S’intégrer est avant tout l’effort de l’individu qui veut faire partie d’une société. Comme l’étranger doit faire des efforts d’insertion, le jeune pudiquement déclaré «en rupture» est responsable de son destin et doit être appelé à faire le premier pas, à faire preuve d’efforts dans le processus d’intégration. Sans nier l’utilité des mesures publiques, il s’agit de fixer l’ordre de priorités.
    En mars, le Grand Conseil débattra de la nouvelle Loi sur l’aide sociale et l’intégration et, à cette occasion, décidera du sort à donner à ma proposition en la matière. Pour mémoire, j’ai déposé une initiative parlementaire réclamant que toute personne en âge de travailler, apte au travail et sans enfant à charge soit astreinte, dès le premier jours d’aide sociale, à travailler au service de la collectivité. Un petit boulot, à plein temps, pendant un mois, pour réapprendre les valeurs du travail, retrouver l’habitude de se lever le matin, d’obéir à une hiérarchie ou de travailler en équipe.
    Là où la mesure a été expérimentée, elle s’est avérée si efficace que presque tous les cantons alémaniques s’y mettent.
    Pas de prestation publique sans contreprestation équivalente, c’est valoriser l’effort et redonner un sens au mérite.
    L’Etat l’a trop souvent oublié, il n’est pas trop tard pour y remédier.
    Publié dans le Nouvelliste, le 17 février 2011

  • Le regard des jeunes politiciens sur le combat des politiciennes

    Le regard des jeunes politiciens sur le combat des politiciennes

    Forum du  7 février 2011 sur la Radio Suisse Romande.
    Il y a quarante ans, les Suisses octroyaient le droit de vote aux femmes. Trois politiciens sont invités par Forum ce lundi soir pour parler de leur regard sur le combat féministe au niveau politique. Sur le vif: Mathias Reynard, député suppléant (PS/VS), Kevin Grangier, vice-président des jeunes UDC suisses, porte-parole adjoint de l’UDC, et Philippe Nantermod, vice-président des jeunes libéraux-radicaux suisses. Avec la participation de Louise Kasser, membre de la Constituante genevoise (Les Verts).
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  • Payer plus pour bouger mieux

    Payer plus pour bouger mieux

    Payer plus. Le message de Doris Leuthard est clair : si nous voulons de meilleures infrastructures, nous devons nous préparer à mettre la main au porte-monnaie. On peut seulement regretter que la planification des investissements ressemble à une gestion de panique : il est loin le temps où on parlait d’améliorer la qualité du service ou la vitesse des trajets. Ce qui compte désormais, c’est de parer à l’urgence, soit compenser la croissance, que dis-je, l’explosion du nombre de passagers. Bref, on investit davantage pour maintenir la qualité que pour l’améliorer.
    L’augmentation du prix des transports permettra d’améliorer la qualité, paraît-il. Mais de quelle qualité parlons-nous ? Pour l’essentiel, il s’agit d’augmenter la capacité et d’offrir une place assise à tous. On ne peut que regretter ce manque d’ambition, cette absence totale d’utopie. Une vraie vision consiste à fixer la barre haute, et à tout faire pour l’atteindre. A une autre époque, la Suisse a choisi de percer des tunnels dans les montagnes pour rapprocher ses citoyens. On proposait des projets qui offraient de véritables changements. Me garantir une place assise dans un train, ce n’est pas une amélioration, c’est seulement retrouver le service que je connaissais il y a dix ans.
    Certes, il est urgent de palier le sous-dimensionnement de nos infrastructures, tant ferroviaires que routières. On ne saurait néanmoins s’en contenter. Les pays qui nous entourent ne se satisfont pas d’augmenter la capacité de leurs trains; ils cherchent aussi à diminuer la durée des trajets. En 2050, Paris sera plus proche de Munich qu’aujourd’hui. Nous serions trop petits pour la vitesse ? L’Autriche, la Belgique ou le Luxembourg s’y mettent pourtant. En Suisse, il y a fort à parier qu’hormis quelques modifications ponctuelles, le réseau de 2050 sera la copie conforme de celui de 2010. Plutôt que bricoler les voies actuelles, nous pourrions, par exemple, construire de nouvelles lignes, à grande vitesse, pour qu’un jour Zürich ne soit plus qu’à une heure de Genève !
    Les clients des CFF ne sont pas idiots. Ils savent que les investissements ont un coût. Ce qui est rageant, c’est de payer sans constater d’améliorations réelles. Partout, que ce soit de Berne à Zurich ou de Sion à Lausanne, les projets ne consistent qu’à maintenir ce qui existe déjà. Si la Suisse veut rester dans le peloton de tête des économies mondiales, il va falloir faire mieux. Nous devons retrouver cette force d’innovation permanente, cette capacité à anticiper les développements. Décider aujourd’hui du visage de la Suisse de demain, et nous donner les moyens d’y parvenir. Alors oui, payer plus, pourquoi pas. Mais alors pour bouger mieux.
    Publié dans le Nouvelliste, le 3 février 2011

  • La taxe sur les supports vierges : une réponse analogique à un monde numérique

    La taxe sur les supports vierges : une réponse analogique à un monde numérique

    Contrairement aux allégations quelques peut condescendantes de la SUISA, les jeunes libéraux radicaux ne contestent pas le droit de l’artiste à une juste rémunération pour son travail. Il nous semble utile de revenir sur les raisons qui nous ont motivé à agir par une pétition contre la taxe sur les supports vierges (www.tropdetaxes.ch).
    A l’époque du vinyle, l’œuvre était indissociable de son support. Le paiement des royalties était simple : pour écouter le même morceau, deux personnes devaient disposer de deux exemplaires du même disque. A la caisse du disquaire, on acquérait en réalité deux choses distinctes mais intimement liées : le support de la musique et le droit de l’écouter.
    L’apparition des enregistreurs de cassettes a considérablement transformé la donne. La musique s’est affranchie de son support, sans que celui-ci ne disparaisse complètement. Outre la possibilité d’écouter un disque, l’acheteur du disque avait désormais la possibilité de copier son contenu pour le distribuer à sa famille et à ses amis. La copie privée se démocratisait.
    En réponse à la perte de gain pour l’artiste que représentait la copie privée sur cassette, et plus tard sur CD inscriptible, les législateurs européens ont autorisé la copie privée pour le consommateur et son entourage direct, mais en mettant sur pied une redevance permettant de rémunérer équitablement l’artiste copié. Une taxe était ainsi prélevée sur les supports vierges. Ce mécanisme était juste et simple. Juste car une cassette vierge avait pour vocation première et quasiment unique de copier des œuvres enregistrées et seuls les consommateurs qui pratiquaient la copie devaient s’en acquitter. Simple car elle évitait de mettre sur pied un contrôle pour taxer chaque auditeur qui n’aurait pas acquis les droits directement.
    Il est important de relever que, contrairement à une idée reçue, la redevance ne sert pas à compenser le piratage. L’inverse serait d’ailleurs insupportable: il serait totalement injuste – pour ne pas dire illégal comme l’a souligné la Cour de cassation française – de traiter chaque acquéreur d’un support vierge comme un voleur en puissance, et de surcroît de profiter d’un acte illicite, le piratage, pour obtenir un bénéfice.
    Ce bel ordre des choses a cependant été violemment bousculé par plusieurs éléments. En premier lieu, la notion de supports vierges a connu une inflation étonnante : ordinateurs, disques durs externes, baladeurs MP3, clefs USB, Smartphone ; tous ces objets de notre vie quotidienne qui ne servent que dans une moindre mesure (ou pas du tout) à copier des disques sont taxés comme des cassettes vierges. Toutes les personnes qui ont un usage strictement bureautique, par exemple, de leur ordinateur paient donc une taxe pour un acte qu’ils ne commettent pas.
    Ensuite, le consommateur, devenu internaute, a commencé à acheter sa musique sur internet (légalement, le piratage n’est pas la question). Si le support et l’œuvre étaient auparavant indissociables, ils sont désormais complètement indépendants l’un de l’autre. Contrairement à l’époque du vinyle, lorsque j’achète un morceau légalement sur internet, je n’achète que le droit de l’utiliser. Le support, lui, m’est propre, peu importe qu’il s’agisse de mon ordinateur, de mon téléphone ou de mon baladeur numérique, acquis indépendamment de la musique que j’ai l’intention d’y stocker. L’enregistrement d’un morceau acheté sur internet, nécessaire à son écoute et partant, à la rémunération de l’artiste, ne pouvait décemment pas être taxé comme une copie. Le législateur l’a bien compris, et a exempté la musique achetée sur internet de taxe sur la copie. L’assiette de la taxe est donc réduite et ne concerne plus qu’un seul comportement : la copie d’un CD sur un ordinateur. Toutes les personnes, surtout les plus jeunes, qui ont une consommation uniquement numérique de musique paient ainsi une taxe alors qu’elles ne devraient pas, selon la volonté du législateur fédéral lui-même.
    Pour couronner le tout, les producteurs de musique s’évertuent à diffuser sur le marché des disques dont le contenu ne peut plus être reproduit, grâce à des systèmes de verrouillage de plus en plus complexes, les fameux DRM. La copie privée est techniquement empêchée. On est donc taxé pour quelque chose de plus en plus impossible, ce qui est, convenons-en, fâcheux.
    Selon la loi sur les droits d’auteur, pour calculer statistiquement une redevance raisonnable sur un Smartphone (i.e. un support vierge), il faut donc comptabiliser la part consacrée aux œuvres musicales copiée sur le support. Puis, de cette part, déduire encore celle qui provient de l’acquisition de musique sur Internet, en constante augmentation. Un véritable calcul d’épicier si compliqué qu’il en perd tout son sens. Au final, la part légitimement « taxable » variera tant d’un utilisateur à l’autre selon ses habitudes de consommation que la redevance revient forcément à faire payer un consommateur pour couvrir le comportement d’un autre. Celui qui n’a pas de musique sur son ordinateur, ou qui n’a que de la musique achetée sur internet, paie une taxe pour celui qui a copié des disques.
    Alors à quoi sert encore la taxe sur les supports vierge ? Comme précédemment mentionné seule la musique copiée depuis un disque original mérite d’être taxée. Sachant que la vente de disques est en constante diminution, l’assiette légitime de la taxe sur les supports numériques se réduit comme peau de chagrin. La copie privée objet d’une redevance est en train de disparaître ! Seule la taxe demeure.
    L’objet qui permet la copie n’est plus le support vierge, mais l’original. Il était légitime de taxer la cassette vierge qui ne servait qu’à la copie. Ce n’est pas le cas des supports numériques dont l’usage est très varié. La cause de la copie, c’est aujourd’hui le disque officiel sans verrou. Les redevances sur les supports vierges ne peuvent dès lors s’appliquer légitimement aux nouveaux outils numériques comme elles s’appliquaient à la cassette, la copie privée destinée aux proches et à la famille ayant vocation à disparaître par la volonté même des producteurs de musique qui verrouillent leur disque.
    La taxe sur les supports vierges doit être supprimée et le coût moyen des copies que l’on tirera doit être inclus dans le prix de vente de chaque disque. C’est plus simple, et c’est plus juste. Chaque acquéreur d’un disque non verrouillé par l’éditeur, achètera ainsi aussi le droit de le copier pour son usage et pour ses proches. Grâce à cette solution, les personnes qui n’ont pas de musique sur leurs ordinateurs, ou qui ont uniquement de la musique achetée sur internet ne paieront pas la taxe. Ce qui concorde avec la volonté du législateur.
    Outre l’équité à l’égard du consommateur, cette solution a aussi l’avantage de favoriser l’artiste. Plutôt qu’une répartition des droits d’auteur à la louche comme le pratique la SUISA la taxation de l’original permet de redistribuer le produit des droits d’auteur de manière ciblée, pour chaque artiste.
    Taxer les Smartphones, iPod et autres tablettes numériques comme le propose la SUISA, c’est faire une utilisation dépassée d’un instrument révolu. L’industrie musicale a déjà manqué une fois le train des nouvelles technologies. A vouloir systématiquement appliquer des solutions analogiques à un monde numérique, elle risque de rater le suivant.
    Par Matthieu Carrel et Philippe Nantermod, publié dans Le Temps du 26 janvier 2011

  • L'année des jeunes au national

    L'année des jeunes au national

    « Cette année, il y aura sans doute moins de femmes sur les listes principales des grands partis qu’en 2007. Par contre, des jeunes populaires et médiatisés seront candidats aussi bien au PS, qu’au PLR, au PDC et à l’UDC. Ils pourraient faire fort. »
    Le Nouvelliste publie ce jour un article au sujet des candidatures de jeunes au Conseil national sur les diverses listes valaisannes. A ne pas manquer.

  • Une taxe payée par tous pour compenser le vol de quelques uns ?

    Une taxe payée par tous pour compenser le vol de quelques uns ?

    Que diriez-vous de payer une taxe de 10 ct. par centimètre cube de chaque réfrigérateur vendu pour amortir les coûts du vol à l’étalage ? Naturellement, chacun d’entre nous considérerait cela comme du vol organisé, comme le report sur les honnêtes citoyens des méfaits des autres.
    C’est pourtant ce que pratique l’organisme de redistribution des droits d’auteur, qui prélève une taxe relativement importante sur l’acquisition de chaque objet qui pourrait permettre de diffuser de la musique. Les sociétés de droit d’auteurs proposent et sont sur le point d’obtenir l’extension de cet impôt à tous les appareils qui permettent de diffuser de la musique, à savoir les téléphones portables, les tablettes numériques, les clés USB. On peut imaginer à terme que la taxe frappera aveuglément les consoles de jeux vidéo, les télévisions, les autoradios et, vu l’omniprésence de la technologie dans notre quotidien, on peut s’attendre à terme une taxe similaire sur les appareils électroménagers.
    Ces objets sont multifonctions et la musique n’est qu’une possibilité d’exploitation parmi des milliers d’autres. Ils sont notamment utilisés massivement dans le milieu professionnel et il n’est pas incongru d’imaginer qu’un téléphone portable puisse servir à tout autre chose qu’à écouter de la musique. Pourtant, il sera prochainement taxé pour compenser le préjudice que la copie fait subir aux artistes.
    Les sociétés de droits d’auteur arguent que le paiement de la taxe compense un droit à la copie privée préjudiciable pour les auteurs. L’industrie musicale s’acharne pourtant depuis des années à limiter au maximum la possibilité de copier leur musique. Les disques de dernière génération disposent de mécanismes de verrouillage empêchant toute reproduction et la musique acquise légalement sur Internet – via iTunes par exemple – ne peut pas être diffusée au-delà de son propre périphérique.
    L’industrie musicale a déjà raté une première fois le virage des nouvelles technologies. Les droits d’auteur sont bafoués par le téléchargement illicite et les nombreux procès n’ont jusqu’ici pas permis de l’enrayer. Alors que l’on cherche à limiter ces pratiques et à faire prendre conscience de la nécessité de protéger les artistes, on admet l’idée de prélever une redevance qui légitime d’une manière inacceptable des comportements illégaux.
    Ces taxes, une fois de plus, pénalisent les consommateurs honnêtes qui paient deux fois leurs droits d’auteur : lors de l’achat du support et lors de l’acquisition de la musique. Les pirates, eux, ne paient qu’une seule fois, et un montant dérisoire au regard de tout ce qu’ils pourront copier. Une pétition demandant la suppression de cette taxe a été lancée, sur le site www.tropdetaxes.ch. Je ne saurais qu’inviter les lecteurs à la signer, histoire de montrer que nous ne sommes pas toujours prêts à nous laisser tondre.
    Publié le 20 janvier 2011, dans le Nouvelliste